La solide performance des marchés observée au premier semestre de l’année montre des signes de poursuite au deuxième semestre. Ben Gossack, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, affirme que même si l’accent a été mis sur quelques actions à grande capitalisation, il pourrait y avoir des occasions ailleurs sur les marchés.
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[LOGO AUDIO] * Commençons par les grandes lignes. Lorsqu’on parle des grands thèmes qui se dégagent depuis le début de l’année, tout le monde en parle, ce sont du côté des actions technologiques et des actions bancaires qu’on surveille ce qui se passe réellement et qu’on constate un certain optimisme. Êtes-vous d’accord avec ça? * Il ne fait donc aucun doute que sept actions sont le moteur de ce marché, et que le marché ne reflète pas certaines des situations macroéconomiques qui se produisent sur le terrain. Oui, j’ai beaucoup de difficulté à résister à ça. Je reconnais machinalement que les actions à grande capitalisation ont grimpé en flèche. * Je suis également d’avis que cela ne tient pas compte de ce qui s’est produit en 2022. En tant que secteur, on se soucie grandement du rendement depuis le début de l’année et par année civile. * Alors, oui, c’est probablement le meilleur début d’un premier semestre pour le NASDAQ. Il est en hausse d’environ 45 %. Mais c’était très difficile pour un investisseur ou un gestionnaire de portefeuille de détenir l’un de ces titres en 2022. Et si vous regardez leurs graphiques des cours à long terme, ils ont effectivement atteint leurs creux quand on a tourné autour du soleil et célébré la nouvelle année. * Donc, si vous détenez des titres importants dans les médias sociaux, la diffusion en continu ou les technologies, ils ont peut-être été en baisse de 50 % à 60 % l’an dernier. Donc, dans le cas d’une augmentation, disons, de 45 % ou de 50 %, un investisseur à long terme perd moins d’argent, mais n’en gagne pas. Il y a donc quelque chose d’intéressant dans ce qui se passe. Mais cela cache beaucoup de choses qu’on voit sous le marché. * Et je dirais que ce marché, qu’on observe en ce moment, est très vaste actuellement. Et il y a beaucoup de titres solides. C’est juste qu’on ne peut pas voir les choses du point de vue de la capitalisation boursière. * Cela nous amène donc à votre prochain groupe de points, et on va parler de la capitalisation boursière par rapport à une autre façon de mesurer le rendement des actions. Et vous avez apporté quelques graphiques pour vous aider à démontrer votre point de vue. Est-ce qu’on commence par les produits industriels? * Oui. J’ai un indice de référence. Je les compare aux capitalisations boursières. Je comprends donc pourquoi on met l’accent sur les capitalisations boursières. Mais ce que j’aime faire, c’est rester à l’affût des tendances, ça me fascine. En règle générale, on consacre beaucoup de temps à la vigueur relative. * La façon dont je mesure la vigueur relative... là on regarde les produits industriels. Je prends le cours du FNB d’actions industrielles. Et je le divise par le cours de l’indice S&P 500. Donc, effectivement, ce que les gens voient en ce moment, ce n’est qu’une fraction. Et je peux le faire défiler au fil du temps. Sur le... * D’accord, alors... * Pardon, allez-y. * J’allais dire, qu’est-ce qui est à gauche? Et dites-moi aussi ce qui se trouve à droite. * À gauche, vous voyez le secteur des produits industriels de l’indice S&P 500 par rapport à l’indice S&P 500, soit l’ensemble du marché, sur le plan de la capitalisation boursière. Et quand vous regardez le graphique de gauche, vous vous dites : « Oh, oh! » * [RIRES] * Il n’y a pas beaucoup de vigueur relative dans le secteur des produits industriels. En fait, cela confirme peut-être que ce marché ne repose que sur sept actions. Ces actions industrielles sont très liées à l’économie. Les données s’affaiblissent et, par conséquent, il ne faut pas croire à ce marché. * Le côté droit? * Oui. Le secteur des produits industriels est composé de 75 titres. Les 10 principaux titres représentent 40 % de la pondération. Donc, si certains conglomérats et certains chemins de fer affichent des rendements inférieurs, cela masque et fausse ce qui se passe avec les 65 autres titres. * Si on procède par répartition égale, c’est-à-dire qu’on traite toutes les sociétés sur un même pied d’égalité, et qu’on divise ça de manière égale entre chaque société de l’indice S&P 500, on obtient probablement un graphique incroyable d’optimisme dans le secteur des produits industriels. * Je tiens également à souligner que cette percée a commencé en mars 2022, soit à peu près au moment où la Réserve fédérale et d’autres banques centrales ont amorcé leur cycle de hausses sans précédent. * Les hausses, oui. * Ce qui, en théorie, devrait ralentir ces actions sensibles aux facteurs macroéconomiques. * Je suis également d’avis qu’il semble y avoir une tendance à long terme, la COVID se situant entre les deux, ce qui témoigne d’une évolution soutenue dans le secteur des produits industriels. Mais on ne peut pas voir les choses seulement du point de vue de la capitalisation boursière. * C’est faussé. * Et même au sein de nos portefeuilles, beaucoup de titres qu’on détient ou qu’on suit se situent à des sommets de 52 semaines ou atteignent des sommets historiques. Donc si on examine toutes les capitalisations boursières, on pourrait se dire qu’il ne se passe rien dans le secteur des produits industriels, mais on a manqué une foule de rendements. * Quand vous parlez de brosser le portrait... [S’ÉCLAIRCIT LA GORGE] excusez-moi... d’un changement à long terme, qu’est-ce qui pourrait y contribuer? Qu’est-ce que vous voyez? Parce qu’avec la hausse des taux, on pourrait penser : « D’accord, l’activité économique a diminué, et ça nuit aux produits industriels. » Mais qu’est-ce qu’il pourrait y avoir d’autre? * Alors. Et je pense que les produits industriels sont un secteur intéressant sur le plan du portefeuille et de la sélection des titres, mais très difficile, selon moi, à comprendre pour les gens. Parce que tout ce qui ne correspond pas à une catégorie est classé dans les produits industriels. Donc il y a les conglomérats, les composants électriques et la machinerie. Il y a les compagnies aériennes. Il y a les constructeurs d’avions, les services professionnels et une foule d’autres choses. * Il y a beaucoup de thématiques, et les tendances à long terme sont importantes... il y a eu un sous-investissement, c’est-à-dire des dépenses en immobilisations des entreprises, pendant de nombreuses années. La modernisation est donc attendue depuis longtemps. * On a vu des efforts de relocalisation. Certains d’entre eux servent seulement à la décarbonisation. Si je n’ai pas à envoyer mes composants de l’autre côté de l’océan et que je les construis localement, je peux éliminer une tonne d’émissions de gaz à effet de serre. * Oui. * Il y a eu beaucoup de projets de loi du gouvernement pour soutenir cette initiative. Il y a eu la loi sur les semi-conducteurs. * Oui, les guerres commerciales vont être utiles. [RIRES] * Exactement. On construit des usines de semi-conducteurs qui valent des milliards de dollars. Il faut des matériaux de construction, ce genre de choses. Il y a la loi sur la réduction de l’inflation, qui vise la décarbonisation et l’électrification. Il faut remodeler le réseau électrique. On cherche des moyens de stocker le carbone. Et on veut de l’hydrogène et des pipelines. * Ça nécessite des infrastructures. Ça prend des années à construire. Et ça se reflète dans ces titres-là, qui sont récompensés. * On a parlé de ce qui se passe sur les marchés et de la façon d’examiner ces marchés pour comprendre la vigueur réelle de ce qui se produit parfois sous les indices, ce qui peut être faussé par les grandes entreprises et ce qui se passe. Et Ben nous a expliqué l’une des façons dont il examine les produits industriels. * Mais vous l’avez fait aussi avec la consommation discrétionnaire. Vous l’avez fait aussi avec la technologie et les soins de santé, qui m’intéressent beaucoup. * Oui. * Je veux donc aborder tous ces secteurs. Mais on va commencer avec la consommation discrétionnaire. Dites-nous ce que vous avez fait pour ce secteur-là. * Quand on parle du secteur de la consommation discrétionnaire, on parle en fait de Tesla et d’Amazon. Ces deux titres représentent environ 50 % du marché discrétionnaire. * Si on regarde le graphique de la vigueur relative, et qu’on regarde la consommation discrétionnaire, on la superpose à l’indice S&P, qui se trouve à gauche. On peut voir qu’elle a été à la traîne en 2022. On sait ce qu’ont fait Amazon et Tesla. Ensuite, on a une période de vigueur relative en 2023. * Le rebond, oui. * Et on se dit : « Oui, ce sont sept titres qui sont le moteur du marché. » * Oui. * Maintenant, si on égalise les choses et qu’on traite chaque société sur un même pied d’égalité, et qu’on pense à tous les placements qui composent le secteur discrétionnaire. Il y a les services de détail. Il y a les fabricants d’automobiles, les fournisseurs de pièces automobiles et des tonnes d’entreprises de loisirs. Les hôtels. Il y a... * Les lignes de croisières, non? * ... les lignes de croisières. Il y a les jeux de hasard. Il y a toute une série d’entreprises qui composent le secteur discrétionnaire. On les traite toutes de façon égale. Et la situation est presque la même que dans le secteur des produits industriels. On constate également une évolution de l’activité et une vigueur relative, aussi, selon moi, depuis avril 2022. * Et c’est drôle aussi, parce qu’on voit... je pense aux compagnies aériennes qui atteignent toutes des sommets en ce moment. Beaucoup de gens voyagent en ce moment. Encore une fois, c’est la même chose... il y a la vigueur. On observe une vigueur de la consommation. * Et puis... oui, ça donne l’occasion de revenir sur certains scénarios concernant la santé des consommateurs, la façon dont ils composent avec la hausse des taux d’intérêt. Et, encore une fois, il s’agit de détenir des actions et de surpasser les indices de référence à long terme. * Alors, oui, il se passe des choses qui ont des répercussions sur le portefeuille des gens. Et puis, il y a une autre discussion sur ce qui se passe parmi les titres. * Oui. On va passer en revue la technologie et ce que vous y avez vu. * Oui, encore une fois, je ne suis pas en désaccord avec ce scénario. Il y a Apple, Microsoft et NVIDIA. Ces trois titres représentent environ 60 % de l’indice technologique. Mais l’indice technologique compte 65 titres. Donc, quand on superpose les sociétés technologiques à grande capitalisation boursière sur l’indice S&P 500, le secteur des technologies affiche un rendement supérieur. Je ne crois pas avoir à convaincre qui que ce soit là-dessus. * Non. * Ce que je trouve fascinant, c’est qu’on a un graphique très semblable quand on traite chaque entreprise de manière égale. Et ce que ça signifie, ce n’est pas seulement Microsoft, NVIDIA et Apple. En moyenne, presque tous les titres technologiques, qu’ils soient gros ou petits, affichent un rendement élevé et montrent de la vigueur par rapport au marché. * C’est intéressant, parce que si on regarde ceux-ci, ils représentent probablement les ensembles les plus similaires. Ils sont semblables quand on met les deux côte à côte. * Mais, encore une fois, ça revient à dire qu’il ne s’agit que de trois titres. * Oui, je parlais juste d’eux. * De nombreux titres technologiques démontrent de la vigueur. * Oui, il y a toute une gamme de ce côté-là. Enfin, j’aimerais parler un peu des soins de santé. * Oui, les soins de santé ont enregistré un rendement nettement supérieur en 2022, en particulier pour les titres pharmaceutiques. Il y a cette hausse des taux d’intérêt. Les actions technologiques ont reculé, et d’autres actions de croissance aussi. Et les soins de santé constituaient des valeurs refuges. * Et il y a eu cette hausse. Et on a assisté à une formidable percée pour toutes ces sociétés de soins de santé. Et donc, même si ces titres ont affiché un rendement supérieur, en 2023, il faut abandonner tous ces titres. * Oui. * Il ne faut pas détenir de titres dans le secteur des soins de santé. Encore une fois, je suis d’accord avec ça d’un point de vue de la capitalisation boursière. On a vu de nombreuses sociétés d’appareils médicaux et de fournitures médicales. Certaines sociétés pharmaceutiques sont tombées de leurs sommets et ont été à la traîne. * Mais si vous traitez tous les titres du secteur des soins de santé de la même façon et éliminez cette distorsion de la capitalisation boursière, du côté droit, la situation est complètement différente. * Oui, tout à fait. Oui, on la voit vraiment, je dirais, cette petite tendance à long terme qui commence vraiment à prendre de la vitesse du côté droit. Et, de toute évidence, on voit la vigueur de ces petites sociétés. * Et je vais vous poser la même question que je vous ai posée au sujet des produits industriels. Selon vous, qu’est-ce qui alimente cette ampleur? * Il y a le lent mouvement des baby-boomers. * Oui. * Et on sait qu’à un certain âge, on consomme plus, disons, de services et plus... * Les choses se brisent, Ben, c’est bien ça? * Les choses se brisent. Il faut prendre plus de médicaments. On consomme donc plus de services médicaux. On a aussi réalisé des percées sur le plan de l’innovation. * Oui. * Et donc, quand je regarde un graphique comme celui-là, je trouve ça très intéressant. On passe beaucoup de temps dans le secteur des soins de santé. Encore une fois, je pense que c’est un peu comme les produits industriels, c’est un domaine où un gestionnaire de portefeuille ou un investisseur peut investir. Il existe de nombreuses occasions d’accomplir le travail, de suivre un processus, d’adopter une philosophie, de trouver des titres. * Et donc, même si les soins de santé sont à la traîne sur le plan de la capitalisation boursière, si vous trouvez la bonne société pharmaceutique, la bonne société de biotechnologie, le bon fournisseur ou le bon assureur, vous pouvez obtenir un rendement nettement supérieur. * Je pense que c’était... et je ne veux pas vous faire dire ce que vous n’avez pas dit. Mais je discutais avec quelqu’un la semaine dernière des progrès réalisés dans le domaine de l’IA. Et, encore une fois, beaucoup de facteurs sont pris en compte. Mais c’est presque comme les avancées secondaires qui découlent de la mise au point de nouveaux médicaments, des essais de nouveaux médicaments. * Dans le secteur des soins de santé, ils disent qu’ils ont à peine effleuré ce que l’IA peut faire, et que dans 10 ans, on pourrait avoir chacun nos propres médicaments sur mesure pour notre corps qui dépérit, au fur et à mesure qu’on vieillit. C’est incroyable. Et c’est ce que je vois dans cette tendance à long terme. * Oui. Oui, on parle de l’IA. On a des retombées du projet du génome humain. Et cette année, on pourrait voir un médicament qui soigne la drépanocytose. Et il s’agit de modifier les gènes. * Certaines sociétés en croissance désactivent des gènes. Et donc, on voit beaucoup de choses, même maintenant, sur la réduction des symptômes de la démence, comme la maladie d’Alzheimer. Ça ne guérit pas la maladie, mais ça peut en réduire les symptômes. * Il y a donc énormément d’activité et d’enthousiasme. Et puis, oui, il faut accomplir le travail. On ne peut pas simplement acheter des titres d’une entreprise. * Ce qui est formidable dans le secteur des soins de santé par rapport, disons, à la technologie, c’est que les sociétés de logiciels s’améliorent. On peut acheter beaucoup de titres de sociétés de logiciels. On peut voir des développements dans le secteur pharmaceutique. Mais si vous achetez les mauvais titres pharmaceutiques, cela pourrait être une catastrophe ou un excellent coup. * Oui. * [RIRES] * Oui. Vos dernières réflexions? Ce que je veux dire, c’est que dans l’ensemble, je dirais qu’il y a un réel sentiment d’optimisme. * Oui. * Y a-t-il une mise en garde à faire de ce côté-là? * J’ai avancé une thèse moins pessimiste. Beaucoup de gens sont pessimistes. Il y a des choses pour lesquelles je suis pessimiste. J’ai simplement pensé qu’il valait mieux être moins pessimiste. * Ce qui m’inquiète... en fait, je suis toujours d’avis que seuls les paranoïaques survivent. Alors, ce qui me préoccupe, ce qui, selon moi, changerait certaines de ces tendances, je m’inquiète d’une nouvelle accélération de l’inflation. * Oui. * J’ai l’impression que ça changerait la donne. À l’heure actuelle, les comparaisons sont faciles. Et on voit l’inflation diminuer. Mais s’il y avait une nouvelle accélération, cela pourrait changer ce que je constate en ce moment. * Ce qui m’inquiète aussi, c’est que je crois que les cours boursiers sont des indicateurs avancés. Ils peuvent tenir compte de beaucoup de mauvaises nouvelles, parfois même un an, un an et demi à l’avance. La seule chose que je ne peux pas vous dire, Kim, c’est combien de mauvaises nouvelles ont été prises en compte. * Bien sûr. * Alors chaque fois que quelque chose survient, je me dis : « Oh, je ne m’attendais pas à ça. » * Oui. Une probabilité de 5 % ou de 50 %. * Ça semble nouveau. * Oui. * Est-ce que ça a été pris en compte ou non? Jusqu’à présent, toutes les mauvaises nouvelles qu’on a vues, les manchettes, semblent avoir été prises en compte. Mais je m’inquiète toujours des nouvelles manchettes : est-ce que ça a été pris en compte, ou est-ce que ce sont de nouvelles informations? Et ça change les tendances qu’on surveille. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]