La fin du confinement devait permettre à l’économie chinoise de progresser, mais après une année de stagnation, les choses s’annoncent-elles mieux pour 2024? Greg Bonnell de Parlons Argent discute avec Haining Zha, vice-président et directeur, Recherche sur la répartition des actifs, Gestion de Placements TD.
Publié initialement le 1er décembre 2023
Print Transcript
La fin du confinement devait permettre à l'économie chinoise de progresser, mais après une année de stagnation, les choses s'annoncent-elles mieux pour 2024? Haining Zha de Gestion de placements TD nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Haining. - Bonjour, Greg. - Nous allons parler de toutes sortes de choses relatives à l'économie chinoise. Commençons par récapituler l'année que l'on vient de vivre. Les attentes étaient très fortes au début de l'année, mais ont été déçues. - Oui, la plus grande déception... ... c'est que l'on a sous-estimé les dégâts causés au bilan des ménages et des entreprises en général. Dès que l'économie a été déconfinée, l'activité a monté en flèche, mais les dépenses de consommation en particulier ont bientôt reculé. Les entreprises déjà fragiles après le confinement, face à la demande réduite, ont fait preuve de prudence dans l'embauche. La relance attendue s'est transformée en morosité. Par ailleurs, on sous-estime les mesures budgétaires qui ont été prises cette année. Aux États-Unis, il y a eu une situation budgétaire étonnamment positive. En Chine, c'est le contraire. Une fois que l'économie a été déconfinée, les recettes de l'État ont été rétablies, et les dépenses ont diminué car beaucoup de gouvernements locaux sont très endettés et sujets à de fortes pressions budgétaires. Troisième facteur. Le secteur de l'immobilier. La pandémie a complètement changé les attentes à l'égard des prix du logement, quant à la perception de l'offre de la demande sur le marché immobilier. Les promoteurs sont toujours enlisés dans des procédures de restructuration et de défaillance. Cela a beaucoup nui à la confiance à l'égard du secteur de l'immobilier. Par ailleurs, après une période de dépenses excessives dans les économies développées pendant la pandémie, la consommation de biens entame une phase de ralentissement... pour la plupart des économies avancées. C'est pourquoi les exportations chinoises se portent plutôt mal, en cumul annuel. Je crois que les derniers chiffres montrent une baisse de 6 % sur 12 mois. Quand on additionne tous ces facteurs, des pressions très fortes s'exercent sur l'économie chinoise. Pendant les quelques premiers mois de l'année, chaque fois que... On entendait dire que la Chine ne voyait pas une reprise comme on le prévoyait, mais les participants du marché attendaient les mesures de relance. Il y a eu de petites mesures, mais rien d'important. Qu'est-ce qui inquiétait donc la Chine? Pourquoi ne pas prendre des mesures de relance puisque l'économie était faible? Cela ne s'est pas produit. Il y a deux facteurs à l'œuvre. Tout d'abord, la Chine a voulu prendre des mesures très prudentes sachant que l'économie est très endettée. Les pouvoirs publics ont voulu se ménager autant de marge que possible et observer soigneusement l'évolution de l'économie. Deuxième facteur, pendant le premier trimestre, il y a eu une forte poussée d'activité. Dans une telle situation, il n'est pas nécessaire de prendre des mesures de relance. C'est la situation qui a engendré une année décevante pour l'économie chinoise alors que les attentes étaient élevées. L'année 2024 est très proche. Nous sommes presque en décembre. À quoi s'attendre pour l'économie chinoise? Nous sommes un peu plus optimistes. Le consensus des économistes veut qu'en 2024, l'économie chinoise connaîtra une croissance sur 12 mois de 4,5 %. Nous croyons qu'il est possible de faire mieux. En fonction des mêmes facteurs que j'ai énumérés pour 2023, par exemple les dépenses de consommation, après que les ménages auront reconstitué leur épargne d'urgence et fait preuve de beaucoup de prudence, on voit une relance progressive de la consommation. En juillet, les ventes au détail... affichent une augmentation de 2,5 % sur 12 mois. En octobre, l'augmentation est déjà de 7,6 % sur 12 mois. Même si l'on exclut certaines des catégories qui présentent une dynamique bien précise, comme les automobiles ou encore la restauration et l'alimentation, à cause du déconfinement, la croissance des dépenses de consommation est toujours forte, à 6 %. Et ce n'est pas à cause des chiffres comparateurs en octobre de l'an dernier, la consommation n'était déjà pas si mauvaise. Il semble que c'est la demande intérieure qui relance l'économie chinoise. Alors que l'Occident réduit les achats de biens et privilégie des services, nous achetons moins de produits chinois. Est-ce que cela pourrait être un joker pour l'année prochaine? Y aura-t-il un atterrissage en douceur, un atterrissage brutal, aucun atterrissage des économies occidentales? Est-ce que notre appétit de biens chinois va diminuer et pourrait représenter un obstacle? Le consommateur américain faiblit un peu à l'heure actuelle et cela pourrait représenter un facteur négatif. L'épargne du consommateur américain est en cours d'être drainé. La base d'exportation est déjà faible. Cela représente donc un facteur négatif moins important pour l'an prochain. Il y a des facteurs intérieurs également. On a parlé des problèmes budgétaires. Le mois dernier, la Chine a approuvé... 1 milliard de renminbis de bons du Trésor spéciaux qui sont utilisés pour des dépenses d'infrastructures. Si l'on tient compte de l'effet multiplicateur, cela représentera 1,2 % du PIB. C'est une forte somme. Par ailleurs, bon nombre des mesures de desserrement monétaire prennent fin après la fin du troisième trimestre. Par exemple, la réduction du taux sur les prêts hypothécaires existants, nous calculons que cela représente 400 milliards de renminbis, soit 0,3 % du PIB. Essentiellement, toutes ces mesures peuvent être converties en dépenses. C'est de l'argent de plus dans la poche des consommateurs. Ceci constitue un facteur positif également. Vu l'ensemble des choses, quelles conséquences pour la bourse chinoise? L'évolution de la bourse chinoise sera beaucoup plus nuancée. En effet, 20 % ou davantage de l'indice MSCI300 se situe dans le secteur financier. Comme on le sait, les secteurs immobilier et financier doivent toujours résorber d'importantes pressions. Ce secteur du marché pourrait bien ne pas se comporter aussi bien qu'on le prévoit. Mais les valorisations sont déjà très faibles. 0,5 % de ratio cours-bénéfice et des dividendes intéressants. Tant que l'économie chinoise peut se maintenir et recouvrer sa dynamique, j'arrive mal à imaginer qu'il y aurait tout à coup une forte baisse de la bourse. Mais certains autres secteurs, par exemple les véhicules électriques et l'énergie solaire, pourraient afficher une meilleure dynamique l'an prochain.