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L’OPEP+ a annoncé qu’elle planifie une réduction plus importante que prévu de sa production de pétrole. Cette décision vise à faire grimper les prix du pétrole brut, qui ont chuté d’environ 40 $ US depuis le début de juin. Greg Bonnell discute avec Hussein Allidina, chef, Produits de base, Gestion de Placements TD, des raisons pour lesquelles il croit que les prix du pétrole devraient augmenter davantage.
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Le pétrole est en hausse après avoir chuté sous la barre des 80 $ le baril la semaine dernière. Toutefois, compte tenu des inquiétudes suscitées par le ralentissement de la croissance, comment ce bras de fer entre l’offre restreinte et la demande potentiellement faible se déroulera-t-il? Je reçois maintenant Hussein Allidina, chef, Produits de base, Gestion de Placements TD, qui va nous en dire un peu plus. C’est toujours un plaisir de vous recevoir.
Merci de m’avoir invité.
Commençons par ce que l’OPEP a dit cette semaine. Et la saga se poursuit parce que, bien sûr, la Maison-Blanche n’est pas très contente de ce que l’OPEP a fait. Pouvez-vous nous expliquer ça?
L’OPEP s’est donc réunie hier à Vienne et a annoncé une réduction de la production de deux millions de barils par jour, ce qui, à mon avis, est clairement supérieur à ce que la Maison-Blanche voulait, et un peu plus que ce que le marché anticipait par rapport à ses niveaux de production réels. La production dans bon nombre de ces pays n’atteignait pas la cible. On a parlé des problèmes liés à la capacité de réserve. La réduction réelle est probablement de l’ordre de 800 000 barils par jour, ce qui est préoccupant, compte tenu du niveau des stocks. Les stocks ont considérablement diminué depuis les creux de la pandémie. Et ils continuent de diminuer, et la demande, comme on le sait, augmente de façon saisonnière au quatrième trimestre. On est en quelque sorte dans une période de creux en ce moment, où on ne conduit pas autant, où on ne chauffe pas autant en novembre et en décembre. La demande devrait donc augmenter après cette période-là. Ce qui me préoccupe, ou ce qui m’empêche de dormir, Greg, c’est évidemment l’aspect macroéconomique, selon la gravité de la croissance économique, qui aura un impact sur la demande de pétrole, et ça c’est préoccupant. Mais, en fin de compte, quand on examine l’équilibre entre l’offre et la demande, on constate qu’il est serré et qu’il continue de diminuer de manière significative.
La Maison-Blanche n’est pas contente, comme on l’a dit. Que peuvent-ils faire à ce stade-ci? Peut-être qu’ils puisent dans les réserves stratégiques depuis un certain temps. À un moment donné, j’imagine que ça finira par arriver.
Oui. En mars dernier, l’administration Biden a annoncé qu’elle allait retirer l’équivalent d’environ un million de barils par jour de la RSP. En ce qui concerne les stocks ordinaires, si on ne tient pas compte de la RSP, la situation ne semble pas si grave. Mais lorsqu’on regarde la situation dans son ensemble et qu’on regarde ce qui sort de la RSP, les stocks sont remarquablement serrés aux États-Unis. Pour répondre à votre question, qu’est-ce que l’OPEP ou Biden pourrait faire? Il pourrait annoncer une diminution continue de la RSP. Mais on atteint des niveaux qui, encore une fois, sont très préoccupants. Vous savez, il est question d’assouplir les sanctions contre le Venezuela. Hier, on a rapporté que la Maison-Blanche pourrait envisager d’assouplir les sanctions contre le Venezuela pour permettre à Chevron d’accroître sa production dans ce pays. La vérité, c’est que vous ne pourrez pas obtenir une réponse à l’offre immédiatement. C’est donc un peu complexe, bien franchement.
Vous avez apporté d’excellents graphiques. On a simplement montré à l’auditoire les stocks américains quand on a parlé de la réserve stratégique et de ce qu’ils ont fait. Qu’en est-il des niveaux de production hors des États-Unis? Si les États-Unis n’obtiennent pas la production qu’ils veulent à l’autre bout du monde, qu’en est-il de ce côté-ci?
Au début de cette année, selon les estimations des analystes, la production américaine allait augmenter de plus d’un million de barils par jour du début à la fin. Si on regarde le graphique ici, on voit une hausse de 500 000, 600 000 barils par jour. Et, encore une fois, c’est lié à la pénurie de main-d’œuvre, au manque de matériaux et au désir, comme vous le savez, de nombreux investisseurs de voir les entreprises ne pas accroître leur production en raison des enjeux ESG. Sur le plan de l’offre et de la demande, que ce soit aux États-Unis ou à l’échelle mondiale, la situation fondamentale est extrêmement serrée et continue de se resserrer. Je pense que la seule raison pour laquelle le pétrole se négocie à 80, 85 ou 90 $ le baril, et non plus, c’est à cause de cette inquiétude à l’égard de ce que l’avenir nous réserve. Vous savez, si l’activité économique se contracte de façon importante, la demande de pétrole va diminuer. Toutefois, quand on examine l’historique de la demande de pétrole, on constate qu’il n’y a eu que deux ou trois fois au cours des 50 dernières années où la demande a diminué en termes absolus, soit autour de la pandémie et de la crise financière. Et puis au début des années 1980, autour de la guerre Iran-Irak, au milieu des années 1970, autour de l’embargo pétrolier dans les pays arabes. Si vous croyez en la croissance du PIB, vous devez croire que la demande de pétrole va augmenter, car c’est le pétrole qui alimente le PIB. Ce graphique, si les auditeurs peuvent le voir, montre la demande de pétrole provenant des États-Unis. Elle se situe dans la fourchette moyenne où on était pendant la majeure partie de l’année, soit plus bas qu’en 2019, mais elle ne capitule pas. Et je pense que sans capitulation de la demande de pétrole, nos stocks se dirigent vers des niveaux précaires.
Étant donné que vous connaissez très bien le commerce du pétrole et que vous comprenez des termes comme contango et déport, qu’on commence à entendre un peu partout, expliquez-nous le prochain graphique. Qu’est-ce qu’il nous montre?
Oui. C’est donc très, très important, selon moi, surtout pour les investisseurs en produits de base. On utilise le terme « déport » lorsque le prix à terme d’un produit de base, quel qu’il soit, et aujourd’hui c’est du pétrole qu’on parle, lorsque le prix à terme se négocie à un cours inférieur au prix actuel. Aujourd’hui, le prix se négocie avec une prime. Donc, malgré le fait que le prix fixe, le prix que vous voyez à l’écran, qui était de plus de 100 cet été, a diminué, le déport sur le marché est demeuré aussi prononcé. Les raffineurs, ceux qui consomment le pétrole pour produire le produit final que vous et moi consommons, sont toujours prêts à payer une prime importante pour avoir ce pétrole aujourd’hui, par rapport à attendre jusqu’à demain ou le mois prochain, quand ils pourront l’obtenir à rabais. Ça témoigne du resserrement du marché. Si les stocks n’étaient pas serrés, s’ils ne diminuaient pas, le déport s’estomperait et pourrait se transformer en contango. En fin de compte, ce déport est resté aussi prononcé, sinon plus, ce qui, encore une fois, montre à quel point l’équilibre entre l’offre et la demande est serré.
Très bien. Voici le dernier graphique que nous allons présenter à l’auditoire; expliquez-nous ce qu’il nous montre, en quelque sorte les spéculations sur le commerce du pétrole.
Oui. Encore une fois, l’activité économique est préoccupante à l’approche du quatrième trimestre et de 2023. Mais si vous êtes optimiste à l’égard du pétrole, comme moi, le fait que la durée spéculative soit très faible est encourageant. On a assisté à un énorme retrait du marché de la part des participants non commerciaux. Le fait que la durée spéculative soit courte est, selon moi, encourageant, du moins de mon point de vue, car je crois que les prix du pétrole devraient augmenter.
Pour ce qui est des risques les plus importants, on en a abordé quelques-uns. Évidemment, ce que l’OPEP a fait récemment, à quel point la Maison-Blanche est mécontente. Qu’en est-il de la situation en Russie en ce qui concerne l’approvisionnement mondial en pétrole brut?
Oui, très bonne question, Greg. Si on regarde ce qui est arrivé, il est clair que la Russie envoie moins de gaz naturel à l’Europe. Mais si on regarde les données à haute fréquence, les exportations russes de pétrole brut cette année ont en fait été plus élevées qu’elles ne l’ont été en 2021. Le 5 décembre est une date importante, car c’est à ce moment-là qu’on est censés voir des sanctions contre le pétrole brut russe. Ce n’est pas encore arrivé. Si je pense à la liste des choses, si je peux dire, entre la situation actuelle et la direction vers laquelle on se dirige, la situation en Russie est soit stationnaire, soit positive pour le prix du pétrole, parce que vous allez voir la même quantité de pétrole brut, si vous n’importez pas, ou vous allez en voir moins. Dans le cas de la RSP dont on a parlé, les ventes vont se terminer à point nommé autour des élections de mi-mandat aux États-Unis; on parle d’une offre quotidienne d’un million de barils, qui provient des réserves stratégiques disponibles sur le marché. Ça se termine. De façon saisonnière, la demande augmente à l’approche du quatrième trimestre. On en a parlé au début. La Chine a été largement absente du marché. Cette année, la demande implicite en Chine est plus faible qu’elle ne l’a jamais été depuis 1991. Si la Chine rouvre, imaginez la demande supplémentaire provenant de la Chine. Donc, la liste des facteurs favorables au pétrole est certainement plus longue que celle des facteurs préoccupants, soit, encore une fois, l’activité économique.
Merci de m’avoir invité.
Commençons par ce que l’OPEP a dit cette semaine. Et la saga se poursuit parce que, bien sûr, la Maison-Blanche n’est pas très contente de ce que l’OPEP a fait. Pouvez-vous nous expliquer ça?
L’OPEP s’est donc réunie hier à Vienne et a annoncé une réduction de la production de deux millions de barils par jour, ce qui, à mon avis, est clairement supérieur à ce que la Maison-Blanche voulait, et un peu plus que ce que le marché anticipait par rapport à ses niveaux de production réels. La production dans bon nombre de ces pays n’atteignait pas la cible. On a parlé des problèmes liés à la capacité de réserve. La réduction réelle est probablement de l’ordre de 800 000 barils par jour, ce qui est préoccupant, compte tenu du niveau des stocks. Les stocks ont considérablement diminué depuis les creux de la pandémie. Et ils continuent de diminuer, et la demande, comme on le sait, augmente de façon saisonnière au quatrième trimestre. On est en quelque sorte dans une période de creux en ce moment, où on ne conduit pas autant, où on ne chauffe pas autant en novembre et en décembre. La demande devrait donc augmenter après cette période-là. Ce qui me préoccupe, ou ce qui m’empêche de dormir, Greg, c’est évidemment l’aspect macroéconomique, selon la gravité de la croissance économique, qui aura un impact sur la demande de pétrole, et ça c’est préoccupant. Mais, en fin de compte, quand on examine l’équilibre entre l’offre et la demande, on constate qu’il est serré et qu’il continue de diminuer de manière significative.
La Maison-Blanche n’est pas contente, comme on l’a dit. Que peuvent-ils faire à ce stade-ci? Peut-être qu’ils puisent dans les réserves stratégiques depuis un certain temps. À un moment donné, j’imagine que ça finira par arriver.
Oui. En mars dernier, l’administration Biden a annoncé qu’elle allait retirer l’équivalent d’environ un million de barils par jour de la RSP. En ce qui concerne les stocks ordinaires, si on ne tient pas compte de la RSP, la situation ne semble pas si grave. Mais lorsqu’on regarde la situation dans son ensemble et qu’on regarde ce qui sort de la RSP, les stocks sont remarquablement serrés aux États-Unis. Pour répondre à votre question, qu’est-ce que l’OPEP ou Biden pourrait faire? Il pourrait annoncer une diminution continue de la RSP. Mais on atteint des niveaux qui, encore une fois, sont très préoccupants. Vous savez, il est question d’assouplir les sanctions contre le Venezuela. Hier, on a rapporté que la Maison-Blanche pourrait envisager d’assouplir les sanctions contre le Venezuela pour permettre à Chevron d’accroître sa production dans ce pays. La vérité, c’est que vous ne pourrez pas obtenir une réponse à l’offre immédiatement. C’est donc un peu complexe, bien franchement.
Vous avez apporté d’excellents graphiques. On a simplement montré à l’auditoire les stocks américains quand on a parlé de la réserve stratégique et de ce qu’ils ont fait. Qu’en est-il des niveaux de production hors des États-Unis? Si les États-Unis n’obtiennent pas la production qu’ils veulent à l’autre bout du monde, qu’en est-il de ce côté-ci?
Au début de cette année, selon les estimations des analystes, la production américaine allait augmenter de plus d’un million de barils par jour du début à la fin. Si on regarde le graphique ici, on voit une hausse de 500 000, 600 000 barils par jour. Et, encore une fois, c’est lié à la pénurie de main-d’œuvre, au manque de matériaux et au désir, comme vous le savez, de nombreux investisseurs de voir les entreprises ne pas accroître leur production en raison des enjeux ESG. Sur le plan de l’offre et de la demande, que ce soit aux États-Unis ou à l’échelle mondiale, la situation fondamentale est extrêmement serrée et continue de se resserrer. Je pense que la seule raison pour laquelle le pétrole se négocie à 80, 85 ou 90 $ le baril, et non plus, c’est à cause de cette inquiétude à l’égard de ce que l’avenir nous réserve. Vous savez, si l’activité économique se contracte de façon importante, la demande de pétrole va diminuer. Toutefois, quand on examine l’historique de la demande de pétrole, on constate qu’il n’y a eu que deux ou trois fois au cours des 50 dernières années où la demande a diminué en termes absolus, soit autour de la pandémie et de la crise financière. Et puis au début des années 1980, autour de la guerre Iran-Irak, au milieu des années 1970, autour de l’embargo pétrolier dans les pays arabes. Si vous croyez en la croissance du PIB, vous devez croire que la demande de pétrole va augmenter, car c’est le pétrole qui alimente le PIB. Ce graphique, si les auditeurs peuvent le voir, montre la demande de pétrole provenant des États-Unis. Elle se situe dans la fourchette moyenne où on était pendant la majeure partie de l’année, soit plus bas qu’en 2019, mais elle ne capitule pas. Et je pense que sans capitulation de la demande de pétrole, nos stocks se dirigent vers des niveaux précaires.
Étant donné que vous connaissez très bien le commerce du pétrole et que vous comprenez des termes comme contango et déport, qu’on commence à entendre un peu partout, expliquez-nous le prochain graphique. Qu’est-ce qu’il nous montre?
Oui. C’est donc très, très important, selon moi, surtout pour les investisseurs en produits de base. On utilise le terme « déport » lorsque le prix à terme d’un produit de base, quel qu’il soit, et aujourd’hui c’est du pétrole qu’on parle, lorsque le prix à terme se négocie à un cours inférieur au prix actuel. Aujourd’hui, le prix se négocie avec une prime. Donc, malgré le fait que le prix fixe, le prix que vous voyez à l’écran, qui était de plus de 100 cet été, a diminué, le déport sur le marché est demeuré aussi prononcé. Les raffineurs, ceux qui consomment le pétrole pour produire le produit final que vous et moi consommons, sont toujours prêts à payer une prime importante pour avoir ce pétrole aujourd’hui, par rapport à attendre jusqu’à demain ou le mois prochain, quand ils pourront l’obtenir à rabais. Ça témoigne du resserrement du marché. Si les stocks n’étaient pas serrés, s’ils ne diminuaient pas, le déport s’estomperait et pourrait se transformer en contango. En fin de compte, ce déport est resté aussi prononcé, sinon plus, ce qui, encore une fois, montre à quel point l’équilibre entre l’offre et la demande est serré.
Très bien. Voici le dernier graphique que nous allons présenter à l’auditoire; expliquez-nous ce qu’il nous montre, en quelque sorte les spéculations sur le commerce du pétrole.
Oui. Encore une fois, l’activité économique est préoccupante à l’approche du quatrième trimestre et de 2023. Mais si vous êtes optimiste à l’égard du pétrole, comme moi, le fait que la durée spéculative soit très faible est encourageant. On a assisté à un énorme retrait du marché de la part des participants non commerciaux. Le fait que la durée spéculative soit courte est, selon moi, encourageant, du moins de mon point de vue, car je crois que les prix du pétrole devraient augmenter.
Pour ce qui est des risques les plus importants, on en a abordé quelques-uns. Évidemment, ce que l’OPEP a fait récemment, à quel point la Maison-Blanche est mécontente. Qu’en est-il de la situation en Russie en ce qui concerne l’approvisionnement mondial en pétrole brut?
Oui, très bonne question, Greg. Si on regarde ce qui est arrivé, il est clair que la Russie envoie moins de gaz naturel à l’Europe. Mais si on regarde les données à haute fréquence, les exportations russes de pétrole brut cette année ont en fait été plus élevées qu’elles ne l’ont été en 2021. Le 5 décembre est une date importante, car c’est à ce moment-là qu’on est censés voir des sanctions contre le pétrole brut russe. Ce n’est pas encore arrivé. Si je pense à la liste des choses, si je peux dire, entre la situation actuelle et la direction vers laquelle on se dirige, la situation en Russie est soit stationnaire, soit positive pour le prix du pétrole, parce que vous allez voir la même quantité de pétrole brut, si vous n’importez pas, ou vous allez en voir moins. Dans le cas de la RSP dont on a parlé, les ventes vont se terminer à point nommé autour des élections de mi-mandat aux États-Unis; on parle d’une offre quotidienne d’un million de barils, qui provient des réserves stratégiques disponibles sur le marché. Ça se termine. De façon saisonnière, la demande augmente à l’approche du quatrième trimestre. On en a parlé au début. La Chine a été largement absente du marché. Cette année, la demande implicite en Chine est plus faible qu’elle ne l’a jamais été depuis 1991. Si la Chine rouvre, imaginez la demande supplémentaire provenant de la Chine. Donc, la liste des facteurs favorables au pétrole est certainement plus longue que celle des facteurs préoccupants, soit, encore une fois, l’activité économique.