
Le président Joe Biden et le chef républicain Kevin McCarthy s’engagent à ne pas laisser les États-Unis faire faillite, alors que les négociations sur le plafond de la dette se poursuivent et que la date limite approche à grands pas. Christian Medeiros, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, examine quatre scénarios possibles.
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Bien qu’il y ait des signes de progrès dans les pourparlers sur le plafond de la dette aux États-Unis, les législateurs américains ne sont toujours pas parvenus à une entente. Christian Medeiros, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour nous présenter quatre scénarios possibles et nous dire ce qui pourrait arriver ensuite. Christian, c’est un plaisir de vous retrouver.
Merci.
On parle beaucoup et on se rapproche d’une longue fin de semaine aux États-Unis, vous devez commencer à déterminer ce qui pourrait se produire. Vous avez quatre scénarios. Pouvez-vous nous les expliquer? Quel est le premier?
Oui, alors le premier, c’est qu’une entente soit conclue et qu’elle soit adoptée à la Chambre. Et c’est vraiment ce qui va devoir se produire en fin de compte, le résultat le plus probable pour qu’on puisse s’en sortir. C’est dans une semaine. Jeudi prochain, le 1er juin, ce sera le jour J. Si ce scénario devait se concrétiser, on pourrait s’attendre à ce qu’une entente quelconque soit annoncée pendant la fin de semaine, ce qui donnerait aux législateurs suffisamment de temps pour examiner le projet de loi, l’adopter à la Chambre et au Sénat, le faire signer par le président et tout régler avant le jour J. C’est donc le premier scénario et le meilleur.
Le meilleur scénario, évidemment le plus sûr, aussi, quand on parle de tout ça. Passons maintenant au deuxième scénario.
Le deuxième scénario, c’est de retarder. Donc si on ne parvient pas à conclure une entente, qu’on ne peut pas en arriver à une entente, il faut gagner plus de temps. Il y a deux façons de retarder les choses. La première façon, et le meilleur résultat de ce retard, ce serait simplement d’adopter une prolongation à court terme. On va mettre ça de côté, peut-être pendant quelques semaines. On pourrait peut-être entamer les négociations budgétaires en septembre. Attendre quelques mois ou quelques semaines de plus pour discuter du plafond de la dette. Le deuxième problème, la deuxième façon de retarder les choses, qui est beaucoup plus problématique, mais c’est techniquement possible, c’est que le Trésor pourrait décider de ne conclure aucune entente avant le jour J et de ne pas avoir d’entente, de ne pas augmenter la limite de la dette et de simplement prioriser les paiements uniquement sur le capital et les intérêts. Et donc, de cette façon, on évite un défaut de paiement pour le gouvernement américain. Le problème, c’est que le Trésor a beaucoup d’autres dépenses à faire. Et s’il ne peut pas augmenter la dette, il ne pourra pas couvrir une grande partie de ces dépenses. Donc si cela perdure, la priorité des paiements va persister pendant des semaines, des jours et peut-être même plus longtemps, ce qui va avoir un impact très important sur le PIB, car le pays va passer à côté des dépenses publiques. Deuxièmement, vous ne pourriez pas éviter une baisse de la cote de la dette du gouvernement américain, parce que les agences de notation seraient assez nerveuses dans un tel scénario. Je pense que Fitch, hier soir, les a en quelque sorte avertis qu’elle surveillait ça, et que la cote des États-Unis était AAA en ce moment. C’est donc en jeu. D’accord, alors arrangez-vous pour conclure une entente, mettez tout ça de côté et allez de l’avant. Retardez ça. Scénario numéro trois, comme vous l’avez dit, je crois, il faut adopter des résolutions plus audacieuses. Certaines idées... je ne dirais pas des idées folles, mais des idées très intéressantes ont été lancées au cours des dernières semaines.
Oui, Jerome Powell les a appelées ainsi lors de récents témoignages et réunions; il les a appelées le lapin et le chapeau. Ce sont des scénarios dont les gens discutent. L’un d’eux serait une pièce de 1 000 milliards de dollars. Techniquement, le Trésor peut frapper une pièce de 1 000 milliards de dollars, la déposer auprès de la Fed dans son compte de trésorerie générale, puis la dépenser, sans avoir à s’inquiéter d’augmenter la dette. Les deux parties ne pensent pas que c’est une bonne option pour de nombreuses raisons. Il est plutôt improbable qu’on frappe une pièce de 1 000 milliards de dollars. Le deuxième dont on a un peu plus parlé, c’est le 14e amendement. Techniquement, la Constitution américaine prévoit un 14e amendement stipulant que la validité de la dette américaine ne doit pas être remise en question. Il est très discutable de savoir si la Cour suprême et les contestations judiciaires résisteraient si le président invoquait le 14e amendement. Le Trésor continue d’émettre des titres de créance. Il faut éviter le plafond de la dette. C’est inconstitutionnel. Dans ce scénario, tout titre de créance émis après le 14e amendement serait considéré comme un deuxième palier du Trésor, car les gens ne seraient pas certains si la Cour suprême dirait que le titre est valide ou non. C’est donc un scénario très risqué, et on ne pense pas que cela se produirait à moins qu’on vive le pire scénario absolu.
D’accord, cela nous amène, je crois, au quatrième scénario, soit le pire scénario.
Oui, le pire scénario serait un défaut de paiement absolu. Encore une fois, deux parties se disputent. On se rapproche de plus en plus du précipice. Mais comme je l’ai mentionné, il y a un certain nombre de parachutes qui pourraient nous empêcher d’en arriver à un défaut de paiement. Ça pourrait être de retarder les choses, d’utiliser la priorisation des dettes pour ne payer que les intérêts. On pourrait utiliser le 14e amendement, peut-être d’autres scénarios loufoques. Mais si tous ces scénarios venaient à échouer, il y aurait un défaut de paiement, parce qu’il manquerait des paiements d’intérêts sur ces titres de créance après le jour J. Ça serait donc le pire scénario. Ce serait un événement grave sur le marché. Ça remettrait vraiment en question...
Comprend-on seulement les conséquences de cet événement sur le marché? J’ai parlé à des gens qui m’ont essentiellement dit que, parce qu’on se trouve en terrain inconnu, on sait que ce serait grave. Mais on ne peut pas dire que ceci et cela va arriver, parce qu’on ne le sait tout simplement pas. Non, en effet. D’une part, il y a l’aspect opérationnel, qui ressemble un peu à l’an 2000. On n’a jamais traité de cas de défaillance de titres du Trésor américain par le passé. Nos courtiers, nos plateformes, tout le monde qui serait prêt à composer avec des titres du Trésor en défaut... les systèmes technologiques d’arrière-guichet du marché financier seraient-ils prêts à faire face à une telle situation? Est-ce que ce serait encore permis à titre de garantie? Si non, il pourrait y avoir des situations ou des préoccupations de liquidation assez graves dans un scénario de défaut de paiement. L’autre aspect, c’est que la dette du gouvernement américain est l’actif sans risque du monde entier. C’est une catégorie d’actif très importante. Et si cela devait être remis en question, ça soulèverait toute une série de problèmes pour toutes les catégories d’actif. Je pense donc que ce serait un événement très négatif sur le marché, mais on a mis en place de nombreux mécanismes pour l’éviter, espérons-le.
Ça serait normal pour les investisseurs d’espérer, compte tenu de ce qui s’est passé au cours de la dernière décennie ou plus, lorsqu’il y a eu des difficultés, et que la banque centrale et la Fed se sont portées à la rescousse. Et si on se retrouve dans un scénario de défaut de paiement, y a-t-il quelque chose que la Fed peut faire? On a quelques indications de ce qu’elle pourrait faire, car en 2011, quand on a eu un autre conflit très litigieux concernant le plafond de la dette, la Fed s’est réunie peu après la conclusion de l’entente. Et elle s’est demandé ce qu’elle aurait fait si la situation s’était vraiment détériorée. Et ce qu’elle aurait pu faire, c’était principalement de fournir au marché des liquidités, par l’intermédiaire de facilités de pension sur titres et de prise en pension de titres. Peut-être appuyer les fonds du marché monétaire. Il a également été question d’échanger les titres en défaut. Il y a donc des mesures qu’elle pourrait prendre pour injecter des liquidités dans le marché, mais elle a pris grand soin dans les procès-verbaux de s’assurer de ne pas invalider l’indépendance de la Fed, n’est-ce pas? Elle ne veut pas être perçue comme finançant le gouvernement ou entravant la politique budgétaire. Elle fournirait donc des liquidités pour s’assurer que les marchés continuent de fonctionner le plus harmonieusement possible, mais la Fed ne pourra pas redresser la situation. En fin de compte, les législateurs doivent adopter une hausse du plafond de la dette pour résoudre ce problème. [MUSIQUE]
Bien qu’il y ait des signes de progrès dans les pourparlers sur le plafond de la dette aux États-Unis, les législateurs américains ne sont toujours pas parvenus à une entente. Christian Medeiros, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour nous présenter quatre scénarios possibles et nous dire ce qui pourrait arriver ensuite. Christian, c’est un plaisir de vous retrouver.
Merci.
On parle beaucoup et on se rapproche d’une longue fin de semaine aux États-Unis, vous devez commencer à déterminer ce qui pourrait se produire. Vous avez quatre scénarios. Pouvez-vous nous les expliquer? Quel est le premier?
Oui, alors le premier, c’est qu’une entente soit conclue et qu’elle soit adoptée à la Chambre. Et c’est vraiment ce qui va devoir se produire en fin de compte, le résultat le plus probable pour qu’on puisse s’en sortir. C’est dans une semaine. Jeudi prochain, le 1er juin, ce sera le jour J. Si ce scénario devait se concrétiser, on pourrait s’attendre à ce qu’une entente quelconque soit annoncée pendant la fin de semaine, ce qui donnerait aux législateurs suffisamment de temps pour examiner le projet de loi, l’adopter à la Chambre et au Sénat, le faire signer par le président et tout régler avant le jour J. C’est donc le premier scénario et le meilleur.
Le meilleur scénario, évidemment le plus sûr, aussi, quand on parle de tout ça. Passons maintenant au deuxième scénario.
Le deuxième scénario, c’est de retarder. Donc si on ne parvient pas à conclure une entente, qu’on ne peut pas en arriver à une entente, il faut gagner plus de temps. Il y a deux façons de retarder les choses. La première façon, et le meilleur résultat de ce retard, ce serait simplement d’adopter une prolongation à court terme. On va mettre ça de côté, peut-être pendant quelques semaines. On pourrait peut-être entamer les négociations budgétaires en septembre. Attendre quelques mois ou quelques semaines de plus pour discuter du plafond de la dette. Le deuxième problème, la deuxième façon de retarder les choses, qui est beaucoup plus problématique, mais c’est techniquement possible, c’est que le Trésor pourrait décider de ne conclure aucune entente avant le jour J et de ne pas avoir d’entente, de ne pas augmenter la limite de la dette et de simplement prioriser les paiements uniquement sur le capital et les intérêts. Et donc, de cette façon, on évite un défaut de paiement pour le gouvernement américain. Le problème, c’est que le Trésor a beaucoup d’autres dépenses à faire. Et s’il ne peut pas augmenter la dette, il ne pourra pas couvrir une grande partie de ces dépenses. Donc si cela perdure, la priorité des paiements va persister pendant des semaines, des jours et peut-être même plus longtemps, ce qui va avoir un impact très important sur le PIB, car le pays va passer à côté des dépenses publiques. Deuxièmement, vous ne pourriez pas éviter une baisse de la cote de la dette du gouvernement américain, parce que les agences de notation seraient assez nerveuses dans un tel scénario. Je pense que Fitch, hier soir, les a en quelque sorte avertis qu’elle surveillait ça, et que la cote des États-Unis était AAA en ce moment. C’est donc en jeu. D’accord, alors arrangez-vous pour conclure une entente, mettez tout ça de côté et allez de l’avant. Retardez ça. Scénario numéro trois, comme vous l’avez dit, je crois, il faut adopter des résolutions plus audacieuses. Certaines idées... je ne dirais pas des idées folles, mais des idées très intéressantes ont été lancées au cours des dernières semaines.
Oui, Jerome Powell les a appelées ainsi lors de récents témoignages et réunions; il les a appelées le lapin et le chapeau. Ce sont des scénarios dont les gens discutent. L’un d’eux serait une pièce de 1 000 milliards de dollars. Techniquement, le Trésor peut frapper une pièce de 1 000 milliards de dollars, la déposer auprès de la Fed dans son compte de trésorerie générale, puis la dépenser, sans avoir à s’inquiéter d’augmenter la dette. Les deux parties ne pensent pas que c’est une bonne option pour de nombreuses raisons. Il est plutôt improbable qu’on frappe une pièce de 1 000 milliards de dollars. Le deuxième dont on a un peu plus parlé, c’est le 14e amendement. Techniquement, la Constitution américaine prévoit un 14e amendement stipulant que la validité de la dette américaine ne doit pas être remise en question. Il est très discutable de savoir si la Cour suprême et les contestations judiciaires résisteraient si le président invoquait le 14e amendement. Le Trésor continue d’émettre des titres de créance. Il faut éviter le plafond de la dette. C’est inconstitutionnel. Dans ce scénario, tout titre de créance émis après le 14e amendement serait considéré comme un deuxième palier du Trésor, car les gens ne seraient pas certains si la Cour suprême dirait que le titre est valide ou non. C’est donc un scénario très risqué, et on ne pense pas que cela se produirait à moins qu’on vive le pire scénario absolu.
D’accord, cela nous amène, je crois, au quatrième scénario, soit le pire scénario.
Oui, le pire scénario serait un défaut de paiement absolu. Encore une fois, deux parties se disputent. On se rapproche de plus en plus du précipice. Mais comme je l’ai mentionné, il y a un certain nombre de parachutes qui pourraient nous empêcher d’en arriver à un défaut de paiement. Ça pourrait être de retarder les choses, d’utiliser la priorisation des dettes pour ne payer que les intérêts. On pourrait utiliser le 14e amendement, peut-être d’autres scénarios loufoques. Mais si tous ces scénarios venaient à échouer, il y aurait un défaut de paiement, parce qu’il manquerait des paiements d’intérêts sur ces titres de créance après le jour J. Ça serait donc le pire scénario. Ce serait un événement grave sur le marché. Ça remettrait vraiment en question...
Comprend-on seulement les conséquences de cet événement sur le marché? J’ai parlé à des gens qui m’ont essentiellement dit que, parce qu’on se trouve en terrain inconnu, on sait que ce serait grave. Mais on ne peut pas dire que ceci et cela va arriver, parce qu’on ne le sait tout simplement pas. Non, en effet. D’une part, il y a l’aspect opérationnel, qui ressemble un peu à l’an 2000. On n’a jamais traité de cas de défaillance de titres du Trésor américain par le passé. Nos courtiers, nos plateformes, tout le monde qui serait prêt à composer avec des titres du Trésor en défaut... les systèmes technologiques d’arrière-guichet du marché financier seraient-ils prêts à faire face à une telle situation? Est-ce que ce serait encore permis à titre de garantie? Si non, il pourrait y avoir des situations ou des préoccupations de liquidation assez graves dans un scénario de défaut de paiement. L’autre aspect, c’est que la dette du gouvernement américain est l’actif sans risque du monde entier. C’est une catégorie d’actif très importante. Et si cela devait être remis en question, ça soulèverait toute une série de problèmes pour toutes les catégories d’actif. Je pense donc que ce serait un événement très négatif sur le marché, mais on a mis en place de nombreux mécanismes pour l’éviter, espérons-le.
Ça serait normal pour les investisseurs d’espérer, compte tenu de ce qui s’est passé au cours de la dernière décennie ou plus, lorsqu’il y a eu des difficultés, et que la banque centrale et la Fed se sont portées à la rescousse. Et si on se retrouve dans un scénario de défaut de paiement, y a-t-il quelque chose que la Fed peut faire? On a quelques indications de ce qu’elle pourrait faire, car en 2011, quand on a eu un autre conflit très litigieux concernant le plafond de la dette, la Fed s’est réunie peu après la conclusion de l’entente. Et elle s’est demandé ce qu’elle aurait fait si la situation s’était vraiment détériorée. Et ce qu’elle aurait pu faire, c’était principalement de fournir au marché des liquidités, par l’intermédiaire de facilités de pension sur titres et de prise en pension de titres. Peut-être appuyer les fonds du marché monétaire. Il a également été question d’échanger les titres en défaut. Il y a donc des mesures qu’elle pourrait prendre pour injecter des liquidités dans le marché, mais elle a pris grand soin dans les procès-verbaux de s’assurer de ne pas invalider l’indépendance de la Fed, n’est-ce pas? Elle ne veut pas être perçue comme finançant le gouvernement ou entravant la politique budgétaire. Elle fournirait donc des liquidités pour s’assurer que les marchés continuent de fonctionner le plus harmonieusement possible, mais la Fed ne pourra pas redresser la situation. En fin de compte, les législateurs doivent adopter une hausse du plafond de la dette pour résoudre ce problème. [MUSIQUE]