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Les marchés boursiers ont inscrit de solides rendements à la fin de l’année dernière, en raison des réductions de taux prévues dès mars. Michael O’Brien, chef de l’équipe des actions canadiennes de base, Gestion de Placements TD, explique pourquoi il pense que les investisseurs devraient gérer leurs attentes à l’égard des actions en ce qui concerne l’année 2024.
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Bienvenue à Parlons argent. Ici Kim Parlee. C’est un plaisir de vous retrouver. Merci beaucoup d’être des nôtres. La nouvelle année de négociation est en cours, mais sera-t-elle en mesure de poursuivre la reprise observée à la fin de 2023? Les marchés ont inscrit de solides rendements à la fin de l’année dernière, en grande partie grâce aux prévisions selon lesquelles la Fed pourrait commencer à réduire les taux d’intérêt dès mars. Mais mon prochain invité affirme que les investisseurs voudront peut-être gérer leurs attentes lorsque l’année 2024 sera amorcée. Michael O’Brien, directeur général et chef de l’équipe des actions canadiennes de base à Gestion de Placements TD, se joint maintenant à moi. Ravie de vous voir. Bonne année!
Merci beaucoup. Bonne année à vous aussi, Kim.
Donc vous dites que nous devons gérer nos attentes?
Eh bien, si on met les choses en perspective, on a terminé l’an dernier en force, en novembre et en décembre, dans l’ensemble. Ça a été une excellente remontée. Ce que je pense, c’est que nous sommes allés de l’avant... certains de ces rendements qu’on pouvait raisonnablement s’attendre à obtenir en 2024, je pense que nous les avons atteints. Je crois qu’on a reçu un cadeau de Noël à l’avance.
D’accord, alors qu’est-ce que cela signifie alors que les taux d’intérêt finiront par réagir? Pour revenir un peu en arrière, qu’est-ce que vous prévoyez qu’il adviendra des taux d’intérêt l’an prochain?
Oui. Eh bien, de toute évidence, c’est le changement d’opinion des investisseurs quant à l’orientation des taux d’intérêt qui a motivé cette forte remontée annuelle. Les investisseurs étaient plutôt pessimistes quant à la poursuite de la hausse des taux d’intérêt. Les gens craignaient de passer à 5 %. Vers la fin octobre, quelques points de données économiques ont été un peu plus rassurants, l’inflation ayant diminué.
Puis, le président de la Réserve fédérale américaine, M. Powell, a donné ce qui a été perçu comme une conférence de presse très conciliante au début de décembre. Cela a en quelque sorte consolidé le point de vue selon lequel l’inflation diminue, mais sans avoir vraiment un impact important sur le marché de l’emploi, et qu’on peut entrevoir un atterrissage en douceur. Je pense que c’est vraiment ce qui a déclenché la remontée. Mais, tout comme les marchés, je pense qu’ils sont allés un peu trop loin à court terme.
Alors quand je pense au début de l’année, je fais preuve d’une certaine prudence. Cela ne veut pas dire que je suis négatif pour l’ensemble de 2024. C’est juste qu’il faut être réaliste. On a anticipé certains de ces rendements en novembre et en décembre, car on s’attendait à recevoir beaucoup de bonnes nouvelles en 2024.
Une des bonnes nouvelles que les investisseurs anticipent et dont ils tiennent compte, c’est qu’ils pensent que la Réserve fédérale américaine commencera en fait à réduire les taux en mars. Quand je regarde ça, le taux de chômage est de 3,7 % aux États-Unis. L’inflation est en fait supérieure au taux de chômage. Il semble étrange que les gens tiennentcompte des réductions de taux aussi rapidement.
Ce que je dis, du moins pour commencer l’année, c’est qu’il faut s’attendre à une phase de digestion ou de consolidation, car les gens deviennent peut-être plus réalistes quant au nombre de réductions de taux d’intérêt que nous verrons aux États-Unis et à la vitesse à laquelle elles seront mises en œuvre. Parce que je suppose qu’au fur et à mesure que le temps passera d’ici mars, il sera peut-être plus évident qu’ils ne seront pas aussi pressés de réduire les taux que les investisseurs le souhaiteraient.
Oui. Vous vous attendez donc à ce que les données soient un peu plus solides?
Oui. Et je ne serais pas surpris de voir les taux d’intérêt remonter un peu, compte tenu du moment où ils seront réduits et du nombre de réductions auxquelles nous pouvons nous attendre. Je pense donc que ce sera un peu volatil ou un peu cahoteux au cours des premiers mois de l’année. C’est ce que je pense.
Oui. C’est ce que je ressens. Vous savez, après le souper de Noël, je digère encore, et c’est encore agité. Donc je ressens la même chose en ce moment. Qu’en est-il de la Banque du Canada? Que pensez-vous de ce que la Fed et le Canada vont faire? Et peut-être pourriez-vous extrapoler un peu pour voir ce que cela pourrait signifier pour les devises?
Oui, absolument. C’est intéressant. Si on examine les attentes des investisseurs à l’égard de la banque centrale américaine, la Réserve fédérale, ils sont plutôt optimistes quant au fait que la Fed commencera à effectuer des réductions plus tôt qu’elle ne le mentionne et plus qu’elle ne le fait, malgré la vigueur persistante du marché de l’emploi en ce moment. Au Canada, je dirais que les investisseurs, à l’égard de l’économie canadienne, qu’il s’agisse d’une économie beaucoup plus sobre ou beaucoup plus baissière, sont selon moi clairement d’avis que l’économie canadienne se trouve dans une position plus faible que celle de l’économie américaine à l’heure actuelle. Je pense que les investisseurs ont à juste titre l’impression que le consommateur canadien est beaucoup plus sensible aux taux d’intérêt que le consommateur américain.
Donc je pense que les investisseurs ont peu d’attentes à l’égard du contexte économique canadien. Tandis qu’aux États-Unis, je crois que la plupart des gens semblent maintenant croire qu’un atterrissage en douceur est certainement en vue, si ce n’est déjà fait. Les trajectoires sont donc très différentes. En soi, cela justifierait que la Banque du Canada procède à des réductions avant les États-Unis.
Je pense que ce qui retient la Banque du Canada, ou qui pourrait la freiner un peu à court terme, c’est que nous affichons encore des salaires assez élevés, en termes de croissance des salaires et d’inflation. Donc, même si notre économie est un peu plus faible et que notre marché de l’emploi est un peu plus faible qu’aux États-Unis, les rapports sur l’inflation que nous avons vus dernièrement ne coopèrent pas vraiment.
Donc je suppose que la Banque du Canada veut assurer un peu plus ses arrières. Elle aimerait que les hausses de salaire diminuent un peu plus, que les rapports sur l’IPC fléchissent un peu plus pour lui permettre de commencer à réduire ses taux. Mais je pense qu’au bout du compte, d’ici la fin de 2024, la Banque du Canada aura procédé à des réductions plus importantes que celles des États-Unis.
Oui. Il faut juste attendre un peu pour le voir. Qu’en est-il des banques? Il ne me reste qu’environ une minute. Mais quand on regarde les banques canadiennes, je dirais que l’année dernière a été mouvementée pour bon nombre d’entre elles. À quoi vous attendez-vous cette année?
Comme pour mes commentaires sur l’économie canadienne, mes attentes sont modérées. Les attentes des banques canadiennes, selon moi, sont réalistes, car elles font face à un contexte difficile. Les banques canadiennes ont beaucoup de difficulté à générer des bénéfices. Mais la bonne nouvelle, c’est que tout le monde est très conscient de ces difficultés. On ne parle pas ici de résultats exagérés. Je pense donc qu’un point de vue réaliste signifie que même si nous éprouvons quelques difficultés sur le plan macroéconomique, les banques canadiennes sont en quelque sorte prises en compte. Si on reçoit quelques bonnes nouvelles, si on a des surprises positives, alors je pense que c’est là qu’il y a un potentiel de hausse.
Passons maintenant à l’énergie, que vous suivez depuis un bon moment, le pétrole et le gaz naturel. L’année dernière a été plutôt décevante. Et le pétrole, wow. Quel début d’année, ça a été plutôt cahoteux.
Absolument. C’est toujours un produit de base volatil. Il semble que ce soit de plus en plus [RIRES] au fil des ans. 2023 a été toute une année. On revient à la fin de l’été, au début de l’automne, et les gens étaient convaincus que le pétrole se dirigeait vers 100 $ le baril. Et aujourd’hui, le sentiment est terrible. Vous entendez des gens parler de 60 $ ou moins pour le pétrole. Comme toujours, il faut prendre ça avec un grain de sel. C’est un produit de base tellement volatil. Le marché à terme du pétrole a tendance à faire fluctuer le prix beaucoup plus que ce que justifieraient les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande. C’est simplement une réalité du marché du pétrole. Ça nous donne des ulcères, mais on commence à s’y habituer.
Oui. Et vous vous attendez à ce que cette volatilité persiste en 2024?
Eh bien, je pense qu’il va y avoir des hauts et des bas. Je pense que nous commençons l’année avec des attentes très modestes, ce qui est positif, mais à contre-courant. À mon avis, les investisseurs ne s’attendent pas à grand-chose quant aux prix du pétrole cette année. On estime aujourd’hui que l’offre sur le marché est abondante et que la demande est discutable, car les gens sont préoccupés par le contexte économique.
En 2023, l’une des raisons pour lesquelles le prix du pétrole n’a jamais atteint 100 $ le baril, ou qu’il a terminé sur une note décevante, c’était que beaucoup de choses se sont bien passées, sur le plan de l’offre. Beaucoup de ces pays qui étaient très suspects ou peu fiables dans le passé; des endroits comme la Libye, le Nigeria et l’Iran, auxquels des sanctions étaient associées... beaucoup de choses positives se sont produites. Ces pays ont en fait produit davantage. Tout s’est bien passé pour eux. Cela n’arrive pratiquement jamais.
Donc ce que je me demande pour 2024, c’est si nous aurons une autre année parfaite où tout ira bien. Les gaz de schiste américains abondent, aucun accident. J’en doute. Quelque chose va mal tourner à un certain moment. Compte tenu de l’humeur négative à l’heure actuelle, je crois qu’il est possible de surprendre positivement lorsque le marché est soudainement beaucoup plus serré que ce que l’on pense. Je pense donc qu’il y a des jours où le prix du pétrole va recommencer à augmenter. Et je parie qu’avec le pétrole à moins de 75 $, il finira l’année en hausse plutôt qu’en baisse.
Qu’en est-il du gaz naturel? Le temps est tellement doux. Il n’y a pratiquement pas de neige au Canada.
C’est le deuxième « non-hiver » d’affilée pour l’hémisphère nord, ce qui est évidemment désastreux pour les prix du gaz. Aussi frustrant que puisse être le pétrole parfois, en ce qui a trait aux fluctuations, c’est vraiment très difficile pour le gaz naturel en Amérique du Nord depuis un bon moment. L’offre est simplement trop importante. La clé du marché du gaz naturel en Amérique du Nord, c’est l’offre excédentaire, mais beaucoup de gens en ont besoin ailleurs dans le monde. Il faut donc construire et faire fonctionner ces installations de GNL pour qu’on puisse exporter ce gaz naturel et l’envoyer là où il sera vraiment payant.
Encore une fois, nous avons connu une année où il n’y a pas eu d’hiver et où les facteurs de ce type n’ont pas offert beaucoup de soutien fondamental. Certains des grands projets de GNL pour lesquels l’offre allait être exportée ont été repoussés. Donc évidemment, les investisseurs sont consternés. Les prix le reflètent. À New York, NYMEX est bien en-deçà de 3 $. AECO Gas dans l’Ouest canadien est très faible. Encore une fois, le point de départ est très faible. Dans une optique à contre-courant, c’est en fait un élément positif, car les choses peuvent peut-être bien aller. Et certaines des choses qui peuvent bien aller et qui sont devant nous, c’est que ces installations de GNL commencent à être achevées.
Puis, tout à coup, la demande monte en flèche.
Exactement. Il semblait donc que le projet LNG Canada n’allait jamais aboutir, mais à pareille date l’an prochain, il pourrait bien fonctionner. Il pourrait être fonctionnel. Ce sont des événements très importants pour le marché du gaz naturel. Encore une fois, c’est un de ces éléments où, sur le plan directionnel, on comprend pourquoi les prix du gaz naturel sont faibles, mais sur le plan de la confiance, on constate que les gens ont presque jeté l’éponge. Il y aura donc des améliorations structurelles fondamentales légitimes dans 12 à 18 mois. C’est là que ça devient intéressant pour les actions.
Intéressant. Eh bien, parlons de certaines des actions qui sont dans votre mire. Il ne nous reste qu’environ une minute et demie. Mais parlons de CNQ.
Pour ce qui est de CNQ, ce qu’il ne faut pas oublier au sujet des prix du pétrole, c’est que les producteurs canadiens ont traversé des années très difficiles. Avec le baril de pétrole de 70 $ à 80 $ pour ces producteurs canadiens, ils vont continuer de générer beaucoup d’argent, et leur bilan s’est amélioré par rapport à ce qu’il était il y a plusieurs années.
Je pense donc que l’un des thèmes des producteurs canadiens sera l’atteinte par ces sociétés, comme CNQ, de leur cible de dette nette de 10 milliards de dollars au premier semestre de cette année. Par ailleurs, tous leurs flux de trésorerie disponibles seront investis dans des rachats d’actions et des dividendes. C’est un élément très positif. Et sans pétrole à 100 $, c’est ce qui se produira. L’un des thèmes que nous examinons est donc la sous-évaluation des occasions de remboursement de capital de certains des grands joueurs canadiens.
Et les risques pour ces sociétés sont simplement le prix du pétrole et leurs propres dépenses, je suppose, la façon dont elles gèrent ça. MEG Energy.
Donc, MEG se retrouve dans la même catégorie, c’est-à-dire qu’elle est sur le point d’atteindre sa cible de dette nette de 600 millions de dollars, ce qui lui permettra de racheter beaucoup plus d’actions. Et c’est sa façon préférée de rembourser le capital : racheter des actions. De plus, MEG est l’exemple par excellence pour ce qui est de l’écart de prix entre le léger et le lourd. Ils produisent ces barils de pétrole lourd de l’ouest du Canada, qui se négocient parfois à un cours très inférieur.
Trans Mountain Pipeline. Encore une fois, le projet d’expansion de Trans Mountain, c’est l’un de ces projets qui semblent prendre une éternité à se réaliser. Il sera achevé plus tard cette année. Cela pourrait réduire considérablement l’écart de prix entre le léger et le lourd. MEG en profite grandement. C’est une autre de ces structures dont on ne tient pas compte en ce moment. La confiance est faible. Mais, sur le plan structurel, cela changera le marché canadien pour le mieux pendant de nombreuses années. [MUSIQUE]
Bienvenue à Parlons argent. Ici Kim Parlee. C’est un plaisir de vous retrouver. Merci beaucoup d’être des nôtres. La nouvelle année de négociation est en cours, mais sera-t-elle en mesure de poursuivre la reprise observée à la fin de 2023? Les marchés ont inscrit de solides rendements à la fin de l’année dernière, en grande partie grâce aux prévisions selon lesquelles la Fed pourrait commencer à réduire les taux d’intérêt dès mars. Mais mon prochain invité affirme que les investisseurs voudront peut-être gérer leurs attentes lorsque l’année 2024 sera amorcée. Michael O’Brien, directeur général et chef de l’équipe des actions canadiennes de base à Gestion de Placements TD, se joint maintenant à moi. Ravie de vous voir. Bonne année!
Merci beaucoup. Bonne année à vous aussi, Kim.
Donc vous dites que nous devons gérer nos attentes?
Eh bien, si on met les choses en perspective, on a terminé l’an dernier en force, en novembre et en décembre, dans l’ensemble. Ça a été une excellente remontée. Ce que je pense, c’est que nous sommes allés de l’avant... certains de ces rendements qu’on pouvait raisonnablement s’attendre à obtenir en 2024, je pense que nous les avons atteints. Je crois qu’on a reçu un cadeau de Noël à l’avance.
D’accord, alors qu’est-ce que cela signifie alors que les taux d’intérêt finiront par réagir? Pour revenir un peu en arrière, qu’est-ce que vous prévoyez qu’il adviendra des taux d’intérêt l’an prochain?
Oui. Eh bien, de toute évidence, c’est le changement d’opinion des investisseurs quant à l’orientation des taux d’intérêt qui a motivé cette forte remontée annuelle. Les investisseurs étaient plutôt pessimistes quant à la poursuite de la hausse des taux d’intérêt. Les gens craignaient de passer à 5 %. Vers la fin octobre, quelques points de données économiques ont été un peu plus rassurants, l’inflation ayant diminué.
Puis, le président de la Réserve fédérale américaine, M. Powell, a donné ce qui a été perçu comme une conférence de presse très conciliante au début de décembre. Cela a en quelque sorte consolidé le point de vue selon lequel l’inflation diminue, mais sans avoir vraiment un impact important sur le marché de l’emploi, et qu’on peut entrevoir un atterrissage en douceur. Je pense que c’est vraiment ce qui a déclenché la remontée. Mais, tout comme les marchés, je pense qu’ils sont allés un peu trop loin à court terme.
Alors quand je pense au début de l’année, je fais preuve d’une certaine prudence. Cela ne veut pas dire que je suis négatif pour l’ensemble de 2024. C’est juste qu’il faut être réaliste. On a anticipé certains de ces rendements en novembre et en décembre, car on s’attendait à recevoir beaucoup de bonnes nouvelles en 2024.
Une des bonnes nouvelles que les investisseurs anticipent et dont ils tiennent compte, c’est qu’ils pensent que la Réserve fédérale américaine commencera en fait à réduire les taux en mars. Quand je regarde ça, le taux de chômage est de 3,7 % aux États-Unis. L’inflation est en fait supérieure au taux de chômage. Il semble étrange que les gens tiennentcompte des réductions de taux aussi rapidement.
Ce que je dis, du moins pour commencer l’année, c’est qu’il faut s’attendre à une phase de digestion ou de consolidation, car les gens deviennent peut-être plus réalistes quant au nombre de réductions de taux d’intérêt que nous verrons aux États-Unis et à la vitesse à laquelle elles seront mises en œuvre. Parce que je suppose qu’au fur et à mesure que le temps passera d’ici mars, il sera peut-être plus évident qu’ils ne seront pas aussi pressés de réduire les taux que les investisseurs le souhaiteraient.
Oui. Vous vous attendez donc à ce que les données soient un peu plus solides?
Oui. Et je ne serais pas surpris de voir les taux d’intérêt remonter un peu, compte tenu du moment où ils seront réduits et du nombre de réductions auxquelles nous pouvons nous attendre. Je pense donc que ce sera un peu volatil ou un peu cahoteux au cours des premiers mois de l’année. C’est ce que je pense.
Oui. C’est ce que je ressens. Vous savez, après le souper de Noël, je digère encore, et c’est encore agité. Donc je ressens la même chose en ce moment. Qu’en est-il de la Banque du Canada? Que pensez-vous de ce que la Fed et le Canada vont faire? Et peut-être pourriez-vous extrapoler un peu pour voir ce que cela pourrait signifier pour les devises?
Oui, absolument. C’est intéressant. Si on examine les attentes des investisseurs à l’égard de la banque centrale américaine, la Réserve fédérale, ils sont plutôt optimistes quant au fait que la Fed commencera à effectuer des réductions plus tôt qu’elle ne le mentionne et plus qu’elle ne le fait, malgré la vigueur persistante du marché de l’emploi en ce moment. Au Canada, je dirais que les investisseurs, à l’égard de l’économie canadienne, qu’il s’agisse d’une économie beaucoup plus sobre ou beaucoup plus baissière, sont selon moi clairement d’avis que l’économie canadienne se trouve dans une position plus faible que celle de l’économie américaine à l’heure actuelle. Je pense que les investisseurs ont à juste titre l’impression que le consommateur canadien est beaucoup plus sensible aux taux d’intérêt que le consommateur américain.
Donc je pense que les investisseurs ont peu d’attentes à l’égard du contexte économique canadien. Tandis qu’aux États-Unis, je crois que la plupart des gens semblent maintenant croire qu’un atterrissage en douceur est certainement en vue, si ce n’est déjà fait. Les trajectoires sont donc très différentes. En soi, cela justifierait que la Banque du Canada procède à des réductions avant les États-Unis.
Je pense que ce qui retient la Banque du Canada, ou qui pourrait la freiner un peu à court terme, c’est que nous affichons encore des salaires assez élevés, en termes de croissance des salaires et d’inflation. Donc, même si notre économie est un peu plus faible et que notre marché de l’emploi est un peu plus faible qu’aux États-Unis, les rapports sur l’inflation que nous avons vus dernièrement ne coopèrent pas vraiment.
Donc je suppose que la Banque du Canada veut assurer un peu plus ses arrières. Elle aimerait que les hausses de salaire diminuent un peu plus, que les rapports sur l’IPC fléchissent un peu plus pour lui permettre de commencer à réduire ses taux. Mais je pense qu’au bout du compte, d’ici la fin de 2024, la Banque du Canada aura procédé à des réductions plus importantes que celles des États-Unis.
Oui. Il faut juste attendre un peu pour le voir. Qu’en est-il des banques? Il ne me reste qu’environ une minute. Mais quand on regarde les banques canadiennes, je dirais que l’année dernière a été mouvementée pour bon nombre d’entre elles. À quoi vous attendez-vous cette année?
Comme pour mes commentaires sur l’économie canadienne, mes attentes sont modérées. Les attentes des banques canadiennes, selon moi, sont réalistes, car elles font face à un contexte difficile. Les banques canadiennes ont beaucoup de difficulté à générer des bénéfices. Mais la bonne nouvelle, c’est que tout le monde est très conscient de ces difficultés. On ne parle pas ici de résultats exagérés. Je pense donc qu’un point de vue réaliste signifie que même si nous éprouvons quelques difficultés sur le plan macroéconomique, les banques canadiennes sont en quelque sorte prises en compte. Si on reçoit quelques bonnes nouvelles, si on a des surprises positives, alors je pense que c’est là qu’il y a un potentiel de hausse.
Passons maintenant à l’énergie, que vous suivez depuis un bon moment, le pétrole et le gaz naturel. L’année dernière a été plutôt décevante. Et le pétrole, wow. Quel début d’année, ça a été plutôt cahoteux.
Absolument. C’est toujours un produit de base volatil. Il semble que ce soit de plus en plus [RIRES] au fil des ans. 2023 a été toute une année. On revient à la fin de l’été, au début de l’automne, et les gens étaient convaincus que le pétrole se dirigeait vers 100 $ le baril. Et aujourd’hui, le sentiment est terrible. Vous entendez des gens parler de 60 $ ou moins pour le pétrole. Comme toujours, il faut prendre ça avec un grain de sel. C’est un produit de base tellement volatil. Le marché à terme du pétrole a tendance à faire fluctuer le prix beaucoup plus que ce que justifieraient les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande. C’est simplement une réalité du marché du pétrole. Ça nous donne des ulcères, mais on commence à s’y habituer.
Oui. Et vous vous attendez à ce que cette volatilité persiste en 2024?
Eh bien, je pense qu’il va y avoir des hauts et des bas. Je pense que nous commençons l’année avec des attentes très modestes, ce qui est positif, mais à contre-courant. À mon avis, les investisseurs ne s’attendent pas à grand-chose quant aux prix du pétrole cette année. On estime aujourd’hui que l’offre sur le marché est abondante et que la demande est discutable, car les gens sont préoccupés par le contexte économique.
En 2023, l’une des raisons pour lesquelles le prix du pétrole n’a jamais atteint 100 $ le baril, ou qu’il a terminé sur une note décevante, c’était que beaucoup de choses se sont bien passées, sur le plan de l’offre. Beaucoup de ces pays qui étaient très suspects ou peu fiables dans le passé; des endroits comme la Libye, le Nigeria et l’Iran, auxquels des sanctions étaient associées... beaucoup de choses positives se sont produites. Ces pays ont en fait produit davantage. Tout s’est bien passé pour eux. Cela n’arrive pratiquement jamais.
Donc ce que je me demande pour 2024, c’est si nous aurons une autre année parfaite où tout ira bien. Les gaz de schiste américains abondent, aucun accident. J’en doute. Quelque chose va mal tourner à un certain moment. Compte tenu de l’humeur négative à l’heure actuelle, je crois qu’il est possible de surprendre positivement lorsque le marché est soudainement beaucoup plus serré que ce que l’on pense. Je pense donc qu’il y a des jours où le prix du pétrole va recommencer à augmenter. Et je parie qu’avec le pétrole à moins de 75 $, il finira l’année en hausse plutôt qu’en baisse.
Qu’en est-il du gaz naturel? Le temps est tellement doux. Il n’y a pratiquement pas de neige au Canada.
C’est le deuxième « non-hiver » d’affilée pour l’hémisphère nord, ce qui est évidemment désastreux pour les prix du gaz. Aussi frustrant que puisse être le pétrole parfois, en ce qui a trait aux fluctuations, c’est vraiment très difficile pour le gaz naturel en Amérique du Nord depuis un bon moment. L’offre est simplement trop importante. La clé du marché du gaz naturel en Amérique du Nord, c’est l’offre excédentaire, mais beaucoup de gens en ont besoin ailleurs dans le monde. Il faut donc construire et faire fonctionner ces installations de GNL pour qu’on puisse exporter ce gaz naturel et l’envoyer là où il sera vraiment payant.
Encore une fois, nous avons connu une année où il n’y a pas eu d’hiver et où les facteurs de ce type n’ont pas offert beaucoup de soutien fondamental. Certains des grands projets de GNL pour lesquels l’offre allait être exportée ont été repoussés. Donc évidemment, les investisseurs sont consternés. Les prix le reflètent. À New York, NYMEX est bien en-deçà de 3 $. AECO Gas dans l’Ouest canadien est très faible. Encore une fois, le point de départ est très faible. Dans une optique à contre-courant, c’est en fait un élément positif, car les choses peuvent peut-être bien aller. Et certaines des choses qui peuvent bien aller et qui sont devant nous, c’est que ces installations de GNL commencent à être achevées.
Puis, tout à coup, la demande monte en flèche.
Exactement. Il semblait donc que le projet LNG Canada n’allait jamais aboutir, mais à pareille date l’an prochain, il pourrait bien fonctionner. Il pourrait être fonctionnel. Ce sont des événements très importants pour le marché du gaz naturel. Encore une fois, c’est un de ces éléments où, sur le plan directionnel, on comprend pourquoi les prix du gaz naturel sont faibles, mais sur le plan de la confiance, on constate que les gens ont presque jeté l’éponge. Il y aura donc des améliorations structurelles fondamentales légitimes dans 12 à 18 mois. C’est là que ça devient intéressant pour les actions.
Intéressant. Eh bien, parlons de certaines des actions qui sont dans votre mire. Il ne nous reste qu’environ une minute et demie. Mais parlons de CNQ.
Pour ce qui est de CNQ, ce qu’il ne faut pas oublier au sujet des prix du pétrole, c’est que les producteurs canadiens ont traversé des années très difficiles. Avec le baril de pétrole de 70 $ à 80 $ pour ces producteurs canadiens, ils vont continuer de générer beaucoup d’argent, et leur bilan s’est amélioré par rapport à ce qu’il était il y a plusieurs années.
Je pense donc que l’un des thèmes des producteurs canadiens sera l’atteinte par ces sociétés, comme CNQ, de leur cible de dette nette de 10 milliards de dollars au premier semestre de cette année. Par ailleurs, tous leurs flux de trésorerie disponibles seront investis dans des rachats d’actions et des dividendes. C’est un élément très positif. Et sans pétrole à 100 $, c’est ce qui se produira. L’un des thèmes que nous examinons est donc la sous-évaluation des occasions de remboursement de capital de certains des grands joueurs canadiens.
Et les risques pour ces sociétés sont simplement le prix du pétrole et leurs propres dépenses, je suppose, la façon dont elles gèrent ça. MEG Energy.
Donc, MEG se retrouve dans la même catégorie, c’est-à-dire qu’elle est sur le point d’atteindre sa cible de dette nette de 600 millions de dollars, ce qui lui permettra de racheter beaucoup plus d’actions. Et c’est sa façon préférée de rembourser le capital : racheter des actions. De plus, MEG est l’exemple par excellence pour ce qui est de l’écart de prix entre le léger et le lourd. Ils produisent ces barils de pétrole lourd de l’ouest du Canada, qui se négocient parfois à un cours très inférieur.
Trans Mountain Pipeline. Encore une fois, le projet d’expansion de Trans Mountain, c’est l’un de ces projets qui semblent prendre une éternité à se réaliser. Il sera achevé plus tard cette année. Cela pourrait réduire considérablement l’écart de prix entre le léger et le lourd. MEG en profite grandement. C’est une autre de ces structures dont on ne tient pas compte en ce moment. La confiance est faible. Mais, sur le plan structurel, cela changera le marché canadien pour le mieux pendant de nombreuses années. [MUSIQUE]