
Les prix du pétrole ont peut-être été légèrement stimulés par la baisse de production de l’OPEP, mais le pétrole brut est toujours aux prises avec des déséquilibres à long terme. Selon Hussein Allidina, chef, Produits de base à Gestion de Placements TD, l’offre n’est tout simplement pas suffisante pour répondre à la hausse de la demande mondiale.
Print Transcript
[LOGO SONORE]
Parlez-moi des motivations de l’OPEP. Qu’est-ce qui l’incite à se comporter de cette manière?
Kim, je pense que les prix sont… il y a quelques semaines, les prix étaient bien en deçà de ce qu’ils auraient dû être, compte tenu des paramètres fondamentaux sous-jacents. Je pense que c’était en partie une fonction ou un signe de la contagion financière qui a touché le marché. Elle tentait juste de ramener les prix au niveau où ils devraient être, c’est-à-dire à des niveaux justifiés par les paramètres fondamentaux sous-jacents. Je crois qu’elle a vu l’intérêt à court terme significatif sur le marché et que cela l’a rendue nerveuse.
OK, mais qu’est-ce que cela signifie pour la fourchette de prix future? Et peut-être pourriez-vous nous dire ce que vous prévoyez pour les prochains mois, alors qu’on entre dans une période de ralentissement à l’échelle mondiale, ainsi que ce que vous prévoyez pour plus tard.
Alors, le baril va probablement se vendre entre 70 $ et 90 $ au cours des prochains mois. Il est certain que l’économie mondiale est une source d’inquiétude. Les répercussions de la contagion financière observée plus tôt cette année poseront des défis, selon moi, à la croissance de la demande mondiale. Et il ne faut pas oublier que les taux ont augmenté de 400, 500 points de base dans le monde occidental. Cela aura un impact que je ne pense pas qu’on ait déjà vraiment connu en tant que société.
Cela dit, les données fondamentales sont serrées. Les stocks sont très justes. Alors oui, on a eu une augmentation au cours des trois derniers mois. Mais on a aussi eu une météo plus chaude que la normale, ce qui a freiné la demande. Entre mai et juillet, on a une augmentation saisonnière de la demande, les gens commencent à se déplacer, c’est la saison de conduite estivale. La Chine est de retour.
La demande pourrait augmenter de 3 millions de barils par jour entre aujourd’hui et le pic en juillet. Et les stocks vont diminuer. Cela présente un potentiel de hausse des prix. Mais j’ai du mal à voir les prix atteindre les niveaux dont les gens parlent. Les taux à trois chiffres finiront par se concrétiser. Mais pas au cours des prochains mois, car je ne pense pas que l’économie peut le supporter.
J’aimerais qu’on en parle un peu plus tard. Mais pas tout de suite. Je suis curieuse et cette question vous semblera peut-être idiote. Mais quand on dit que les taux ont augmenté, et vous avez raison, les gens qui… ont des prêts hypothécaires à taux fixe, des paiements de prêt-auto, etc., n’ont pas encore vraiment ressenti le phénomène. Qu’est-ce que cela signifie pour le pétrole? Est-ce que parce qu’on paie plus cher pour tout ça, on va moins conduire ou moins prendre l’avion?
Prenons un exemple très simple. Je conduis une Ford F-150. Je l’adore. Je paie 600 $ par mois. Si je signais ce bail de location aujourd’hui, il serait de 1 200 $ par mois. Ça fait 600 $ de moins à dépenser dans l’économie, y compris l’essence, mais aussi tout le reste. Et cela a un impact sur la demande mondiale. La demande mondiale ralentit, tout comme la croissance de la demande de pétrole. Il n’est pas question d’une contraction importante ni d’une crise financière. La demande de pétrole en termes absolus augmentera. Mais sera-t-elle suffisamment solide? Sera-t-elle suffisamment robuste pour soutenir les prix à trois chiffres? Je ne le pense pas à court terme.
D’accord, quittons le court terme et parlons du plus long terme. Que va-t-il se passer plus tard, selon vous? Il faut peut-être définir ce délai.
Quand je vois sur 12, 18 ou 24 mois, on n’a pas investi du côté de l’offre. On utilise encore beaucoup de pétrole. Si l’économie mondiale finit par croître, cette croissance nécessitera du pétrole. Et on n’investit pas dans l’offre. La décision de l’OPEP de ramener les prix à la hausse dans une fourchette plus fondamentalement justifiée soutiendra, selon moi, en marge, un certain investissement.
Mais, parce qu’on n’a pas suffisamment investi dans les 5, 7 et 10 derniers mois en raison du marché baissier, il faut beaucoup de temps pour lancer la production. Et les producteurs de gaz de schiste aux États-Unis, les plus prompts à réagir, ne dépensent pas pour augmenter leur production. Ils dépensent pour leurs actionnaires.
Quand cela va-t-il changer? Quel serait l’élément déclencheur pour que l’offre augmente de nouveau, les producteurs d’appoint et les producteurs de gaz de schiste, se disent OK, on va vraiment avoir des prix à trois chiffres constants dans le futur?
C’est une question très intéressante. Tout d’abord, la volatilité du pétrole qu’on a observée au cours des dernières années a vraiment compliqué l’investissement, même dans la production à court terme. Depuis cinq ou sept ans, les investisseurs boursiers demandent à ces sociétés de ne pas investir et de reverser l’argent. Elles ont fini par changer et par reverser l’argent. C’est l’investisseur en actions qui devra forcer la société à investir.
Ce n’est pas ce qui se passe pour le moment. Ces sociétés le disent, elles ne cherchent pas à accroître leur production de pétrole. L’accent est mis sur les facteurs ESG et l’environnement. Les facteurs ESG et l’environnement sont très importants, mais il y a un décalage, car l’utilisation de pétrole est toujours importante, mais on n’encourage pas ceux qui peuvent accroître l’offre à le faire.
Oui. Qu’est-ce que cela signifie pour les personnes qui, qu’elles examinent les actions des produits de base ou les produits de base eux-mêmes, comment les investisseurs doivent-ils aborder la question ces prochains mois, disons, six mois, puis au cours des prochaines années?
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’avoir des prix du pétrole à trois chiffres ou qu’ils continuent de grimper pour dégager des rendements positifs du côté des actions ou des produits de base. En ce qui concerne les produits de base en particulier, les stocks progressent, la courbe passe à une courbe rétrospective. Je ne veux pas être trop technique.
Vous le pouvez. Pas de problème. Dites-nous!
Une courbe montre une situation de déport lorsque le prix du pétrole dans 6 ou 12 mois est moins cher que le prix actuel. Un investisseur en produits de base peut acheter des titres dans l’extrémité longue. Mon taux obtenu en détenant des titres de cette extrémité et en montant le long de la courbe est de 10 %.
Donc l’investisseur dans les produits de base ne veut pas de pétrole à 120 $ ou 150 $. Il est très satisfait du pétrole à 80 $. Il est satisfait de la stabilité du prix du pétrole et des stocks serrés parce qu’il obtient ce rendement, vous voyez? Quand le prix du pétrole sera à 120 $/150 $, il aura peur de l’effondrement de la demande. L’économie peut-elle composer avec cela? 80 $ pour le pétrole, c’est gagnant-gagnant pour l’OPEP, pour les investisseurs en produits de base et pour le consommateur.
C’est intéressant. À long terme, pensez-vous que les choses se régleront ou non?
Non. Je ne le pense pas. Je pense que ça montera plus haut, car on n’a pas investi du côté de l’offre. En ce qui concerne la demande, on n’agit pas assez rapidement. En début de semaine, on a obtenu des données des États-Unis. 7 % des véhicules immatriculés en janvier étaient des véhicules électriques. C’est très bien. Il s’agit d’une hausse par rapport aux 4 % de l’an dernier. Mais ils ne représentent que 2 % de l’ensemble du parc de véhicules aux États-Unis.
Les consommateurs américains consomment 10 millions de barils d’essence par jour. Cela représente 10 % de la consommation mondiale. La substitution du côté de la demande ne se fait pas assez rapidement. Et on n’a pas pensé à l’offre. Très peu d’investissements sont effectués en amont. Sans cet investissement, les prix devront, quand la croissance de la demande sera là, atteindre un niveau qui rationnera la demande. Et ça ne sera pas 80 $ le baril. Ça sera un prix à trois chiffres.
Hussein, c’était fantastique de vous avoir avec nous.
Merci de l’invitation. [MUSIQUE]
Parlez-moi des motivations de l’OPEP. Qu’est-ce qui l’incite à se comporter de cette manière?
Kim, je pense que les prix sont… il y a quelques semaines, les prix étaient bien en deçà de ce qu’ils auraient dû être, compte tenu des paramètres fondamentaux sous-jacents. Je pense que c’était en partie une fonction ou un signe de la contagion financière qui a touché le marché. Elle tentait juste de ramener les prix au niveau où ils devraient être, c’est-à-dire à des niveaux justifiés par les paramètres fondamentaux sous-jacents. Je crois qu’elle a vu l’intérêt à court terme significatif sur le marché et que cela l’a rendue nerveuse.
OK, mais qu’est-ce que cela signifie pour la fourchette de prix future? Et peut-être pourriez-vous nous dire ce que vous prévoyez pour les prochains mois, alors qu’on entre dans une période de ralentissement à l’échelle mondiale, ainsi que ce que vous prévoyez pour plus tard.
Alors, le baril va probablement se vendre entre 70 $ et 90 $ au cours des prochains mois. Il est certain que l’économie mondiale est une source d’inquiétude. Les répercussions de la contagion financière observée plus tôt cette année poseront des défis, selon moi, à la croissance de la demande mondiale. Et il ne faut pas oublier que les taux ont augmenté de 400, 500 points de base dans le monde occidental. Cela aura un impact que je ne pense pas qu’on ait déjà vraiment connu en tant que société.
Cela dit, les données fondamentales sont serrées. Les stocks sont très justes. Alors oui, on a eu une augmentation au cours des trois derniers mois. Mais on a aussi eu une météo plus chaude que la normale, ce qui a freiné la demande. Entre mai et juillet, on a une augmentation saisonnière de la demande, les gens commencent à se déplacer, c’est la saison de conduite estivale. La Chine est de retour.
La demande pourrait augmenter de 3 millions de barils par jour entre aujourd’hui et le pic en juillet. Et les stocks vont diminuer. Cela présente un potentiel de hausse des prix. Mais j’ai du mal à voir les prix atteindre les niveaux dont les gens parlent. Les taux à trois chiffres finiront par se concrétiser. Mais pas au cours des prochains mois, car je ne pense pas que l’économie peut le supporter.
J’aimerais qu’on en parle un peu plus tard. Mais pas tout de suite. Je suis curieuse et cette question vous semblera peut-être idiote. Mais quand on dit que les taux ont augmenté, et vous avez raison, les gens qui… ont des prêts hypothécaires à taux fixe, des paiements de prêt-auto, etc., n’ont pas encore vraiment ressenti le phénomène. Qu’est-ce que cela signifie pour le pétrole? Est-ce que parce qu’on paie plus cher pour tout ça, on va moins conduire ou moins prendre l’avion?
Prenons un exemple très simple. Je conduis une Ford F-150. Je l’adore. Je paie 600 $ par mois. Si je signais ce bail de location aujourd’hui, il serait de 1 200 $ par mois. Ça fait 600 $ de moins à dépenser dans l’économie, y compris l’essence, mais aussi tout le reste. Et cela a un impact sur la demande mondiale. La demande mondiale ralentit, tout comme la croissance de la demande de pétrole. Il n’est pas question d’une contraction importante ni d’une crise financière. La demande de pétrole en termes absolus augmentera. Mais sera-t-elle suffisamment solide? Sera-t-elle suffisamment robuste pour soutenir les prix à trois chiffres? Je ne le pense pas à court terme.
D’accord, quittons le court terme et parlons du plus long terme. Que va-t-il se passer plus tard, selon vous? Il faut peut-être définir ce délai.
Quand je vois sur 12, 18 ou 24 mois, on n’a pas investi du côté de l’offre. On utilise encore beaucoup de pétrole. Si l’économie mondiale finit par croître, cette croissance nécessitera du pétrole. Et on n’investit pas dans l’offre. La décision de l’OPEP de ramener les prix à la hausse dans une fourchette plus fondamentalement justifiée soutiendra, selon moi, en marge, un certain investissement.
Mais, parce qu’on n’a pas suffisamment investi dans les 5, 7 et 10 derniers mois en raison du marché baissier, il faut beaucoup de temps pour lancer la production. Et les producteurs de gaz de schiste aux États-Unis, les plus prompts à réagir, ne dépensent pas pour augmenter leur production. Ils dépensent pour leurs actionnaires.
Quand cela va-t-il changer? Quel serait l’élément déclencheur pour que l’offre augmente de nouveau, les producteurs d’appoint et les producteurs de gaz de schiste, se disent OK, on va vraiment avoir des prix à trois chiffres constants dans le futur?
C’est une question très intéressante. Tout d’abord, la volatilité du pétrole qu’on a observée au cours des dernières années a vraiment compliqué l’investissement, même dans la production à court terme. Depuis cinq ou sept ans, les investisseurs boursiers demandent à ces sociétés de ne pas investir et de reverser l’argent. Elles ont fini par changer et par reverser l’argent. C’est l’investisseur en actions qui devra forcer la société à investir.
Ce n’est pas ce qui se passe pour le moment. Ces sociétés le disent, elles ne cherchent pas à accroître leur production de pétrole. L’accent est mis sur les facteurs ESG et l’environnement. Les facteurs ESG et l’environnement sont très importants, mais il y a un décalage, car l’utilisation de pétrole est toujours importante, mais on n’encourage pas ceux qui peuvent accroître l’offre à le faire.
Oui. Qu’est-ce que cela signifie pour les personnes qui, qu’elles examinent les actions des produits de base ou les produits de base eux-mêmes, comment les investisseurs doivent-ils aborder la question ces prochains mois, disons, six mois, puis au cours des prochaines années?
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’avoir des prix du pétrole à trois chiffres ou qu’ils continuent de grimper pour dégager des rendements positifs du côté des actions ou des produits de base. En ce qui concerne les produits de base en particulier, les stocks progressent, la courbe passe à une courbe rétrospective. Je ne veux pas être trop technique.
Vous le pouvez. Pas de problème. Dites-nous!
Une courbe montre une situation de déport lorsque le prix du pétrole dans 6 ou 12 mois est moins cher que le prix actuel. Un investisseur en produits de base peut acheter des titres dans l’extrémité longue. Mon taux obtenu en détenant des titres de cette extrémité et en montant le long de la courbe est de 10 %.
Donc l’investisseur dans les produits de base ne veut pas de pétrole à 120 $ ou 150 $. Il est très satisfait du pétrole à 80 $. Il est satisfait de la stabilité du prix du pétrole et des stocks serrés parce qu’il obtient ce rendement, vous voyez? Quand le prix du pétrole sera à 120 $/150 $, il aura peur de l’effondrement de la demande. L’économie peut-elle composer avec cela? 80 $ pour le pétrole, c’est gagnant-gagnant pour l’OPEP, pour les investisseurs en produits de base et pour le consommateur.
C’est intéressant. À long terme, pensez-vous que les choses se régleront ou non?
Non. Je ne le pense pas. Je pense que ça montera plus haut, car on n’a pas investi du côté de l’offre. En ce qui concerne la demande, on n’agit pas assez rapidement. En début de semaine, on a obtenu des données des États-Unis. 7 % des véhicules immatriculés en janvier étaient des véhicules électriques. C’est très bien. Il s’agit d’une hausse par rapport aux 4 % de l’an dernier. Mais ils ne représentent que 2 % de l’ensemble du parc de véhicules aux États-Unis.
Les consommateurs américains consomment 10 millions de barils d’essence par jour. Cela représente 10 % de la consommation mondiale. La substitution du côté de la demande ne se fait pas assez rapidement. Et on n’a pas pensé à l’offre. Très peu d’investissements sont effectués en amont. Sans cet investissement, les prix devront, quand la croissance de la demande sera là, atteindre un niveau qui rationnera la demande. Et ça ne sera pas 80 $ le baril. Ça sera un prix à trois chiffres.
Hussein, c’était fantastique de vous avoir avec nous.
Merci de l’invitation. [MUSIQUE]