La Réserve fédérale américaine annonce qu’elle n’a pas fini de hausser les taux, mais elle laisse tout de même entendre que la cadence de ces hausses pourrait ralentir dans les prochains mois. Kim Parlee discute avec Michael Craig, chef Répartition des actifs, Gestion de Placements TD, de stratégie de placement dans ce contexte de hausse de taux.
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Pour commencer, on peut dire qu’il y avait un peu de tout pour tout le monde dans ce communiqué de la Fed, même si le ton semblait résolument baissier à la fin. Qu’est-ce que vous en retenez?
Dans ce communiqué, la Fed a rappelé qu’il faut du temps, sept trimestres en général, avant que les taux d’intérêt aient un effet sur l’économie réelle. Le marché s’est redressé. Le dollar américain a plongé. Ensuite, Powell est arrivé avec un message assez ferme. Pas un mot sur un changement de cap. Les taux doivent augmenter.
Et surtout, le plus important à mon avis, c’est que les taux vont monter jusqu’à 4,5 % ou 5 %, et qu’ils vont y rester. Les taux ne bougeront pas tant qu’il n’y aura pas de preuve matérielle que l’inflation a été jugulée. Et je crois que c’est là que... C’est là que l’activité économique va vraiment ralentir, pendant cette période de politique restrictive prolongée. Ça fait bien longtemps qu’on n’a pas été dans une telle situation.
Non. On a connu une très longue période de taux très bas. C’est tout l’inverse. Et c’est intéressant, car c’est tout un état d’esprit qui définit le mode de fonctionnement des entreprises et de l’économie.
Tout à fait. Et aussi des ménages. On quitte une ère où l’argent ne coûtait presque rien, avec une croissance timide, et une inflation des prix des actifs, comme dans le cas du logement. On entre dans un monde où, si vous voulez emprunter, ça va vous coûter cher. Vous allez réfléchir à deux fois à vos dépenses de consommation. La croissance va dépendre davantage des investissements que de la consommation pure, parce que les gens vont se limiter.
Regardez le taux de location d’une nouvelle voiture. On était à 1 % il y a un an. Maintenant, on est 5,5 % ou 6 %. Et ça va vraiment changer l’état d’esprit des consommateurs, surtout si ces taux se maintiennent sur une longue période. Je ne pense pas qu’on va rester à des taux aussi élevés pendant plusieurs années, mais quand les taux commenceront à baisser, à long terme, ça m’étonnerait qu’ils retombent à 1 % ou 2 %. Il va falloir que les entreprises, les ménages et les gouvernements ajustent leur mode de fonctionnement.
Oui. Rien que les frais d’intérêts que les gouvernements doivent payer vont monter en flèche.
Passons aux occasions à saisir. Ce n’est pas brillant pour les actions, mais les titres à revenu fixe... Vous m’avez dit, vous et beaucoup de membres de l’équipe, ça commence à être beaucoup plus attrayant.
Oui. D’abord, pour les titres à revenu fixe, si vous regardez la pyramide des rendements annuels des 100 dernières années, je suis presque certain que c’est la pire année depuis 100 ans en termes de rendements des titres à revenu fixe. Ça rend donc un peu nerveux. Mais il faut voir les opportunités et maintenant, il y a réellement un revenu à tirer des titres à revenu fixe. Un portefeuille d’obligations provinciales, d’État et de sociétés de qualité investissement va rapporter dans les 5 %. On était à 1,5 % et 2 % il n’y a pas si longtemps. On peut donc dégager un vrai revenu des titres à revenu fixe.
Il se peut bien sûr qu’il y ait une certaine volatilité à court terme. Aujourd’hui, la plupart des obligations typiques se négocient sous leur valeur nominale. Le rendement réel se compose pour moitié de gains en capital. C’est fiscalement efficace. Et le taux de coupon ou le rendement à l’échéance ou au refinancement est bien plus élevé. C’est donc une occasion en or pour les investisseurs, c’est le bon moment pour acheter.
Bien sûr, on n’est pas sortis du bois. La volatilité va persister pendant un ou deux trimestres. Mais au bout du compte, dans 12 mois, je crois que les titres à revenu fixe se seront bien comportés.
Oui. C’est difficile. On est tous victimes de l’effet de récence, et on se dit que –
MICHAEL CRAIG : C’est terrible.
Oui, les temps sont durs. Une autre question sur l’année prochaine. Pensez-vous que la volatilité va perdurer? Je suppose que les sociétés vont annoncer leurs bénéfices, et par rapport à l’an dernier, ce sera difficile. La barre est encore haute, comparativement. Il y a les élections de mi-mandat. Le monde continue de tourner, comme d’habitude. À quoi faut-il se préparer pour l’année prochaine?
Pour reprendre les paroles de Jerome Powell, il a dit à plusieurs reprises qu’une grande incertitude pèse sur toutes les déclarations de la Fed. Autrement dit, personne ne sait ce qui va se passer. C’est vraiment difficile en ce moment.
J’aimerais souligner plusieurs choses. D’abord, on s’attend à un marché boursier baissier pendant encore quelques trimestres. L’activité économique n’a pas touché le fond. Je pense qu’il faut que le marché descende vraiment plus bas. Selon moi, ça arrivera en milieu d’année prochaine, plus ou moins un trimestre. Pour ce qui est des titres à revenu fixe, on approche de la fin du cycle de hausse. Ce sera peut-être en février ou en mars, mais on en voit le bout.
Et ensuite, que va-t-il se passer?
Plusieurs choses. D’abord, les élections de mi-mandat la semaine prochaine. On s’attend à un gouvernement divisé.
KIM PARLEE : Oui. C’est généralement une bonne nouvelle.
Paradoxalement, oui. Sans être trop cynique, oui.
KIM PARLEE : Pas pour la société, mais pour les marchés. Pour ce qui est de l’Ukraine, je crois qu’on entre dans une période où le conflit est dans l’impasse. Il va y avoir des pressions. Ça va être difficile pour chacun des deux camps de prendre réellement le dessus. On voit donc un enlisement. Et on arrivera à la fin de ce cycle de hausse. On a donc trois éléments plutôt positifs pour les marchés.
Je m’attends à ce que le premier semestre reste difficile pour les actifs à risque. Mais le deuxième semestre s’annonce bien. On travaille à nos hypothèses sur les marchés des capitaux, à nos prévisions à long terme pour les actions. Sans surprise, elles sont plus élevées que l’an dernier en raison de la faiblesse des marchés cette année et de notre position dans le cycle de croissance.
J’entrevois encore une période de turbulences. Mais le redressement va s’amorcer et le deuxième semestre ne sera peut-être pas si mal.
Intéressant. Mais vous vous attendez à ce que la volatilité persiste. Une autre question : avec l’inflation, beaucoup de gens se tournent vers les produits de base. C’est vrai que c’est plutôt attrayant. La structure du secteur de l’énergie évolue, etc. Est-ce que c’est un domaine intéressant?
Oui, et à long terme. J’aime la simplicité. J’aime que les choses soient très compréhensibles. En ce qui concerne les produits de base, il y a deux facteurs. D’abord, ça fait longtemps que l’on n’investit plus dans de nouvelles sources. Aujourd’hui, en raison des préoccupations environnementales, de gouvernance et de sécurité, c’est extrêmement difficile de construire de nouvelles mines. Il y a peu de soutien pour l’exploitation de nouvelles sources de combustibles fossiles. Et on n’est pas encore au point où les énergies renouvelables peuvent prendre la relève des combustibles fossiles. Il y a donc un déficit du côté des produits de base.
En revanche, on va devoir réinvestir dans les infrastructures des villes. Le changement climatique est bien réel. Les villes devront résister à des vagues de chaleur et de froid plus intenses. Il va donc y avoir une forte demande pour les produits de base. Beaucoup de conditions sont réunies pour une hausse des produits de base. Cette année, alors que les titres à revenu fixe et les actions étaient en difficulté, les produits de base se sont bien comportés. Ils enrichissent donc considérablement les portefeuilles multiactifs.
On aime les produits de base. On est en train de constituer un groupe. Mais on ne vise pas l’année prochaine. C’est plutôt une stratégie à 10 ans, très franchement, voire plus. Et c’est la durée typique des cycles des produits de base, 10 ans. Celui-ci sera probablement plus long, parce qu’il ne va pas y avoir d’ajustement de l’offre dans ce marché tendu où il est difficile d’exploiter de nouvelles sources.
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Pour commencer, on peut dire qu’il y avait un peu de tout pour tout le monde dans ce communiqué de la Fed, même si le ton semblait résolument baissier à la fin. Qu’est-ce que vous en retenez?
Dans ce communiqué, la Fed a rappelé qu’il faut du temps, sept trimestres en général, avant que les taux d’intérêt aient un effet sur l’économie réelle. Le marché s’est redressé. Le dollar américain a plongé. Ensuite, Powell est arrivé avec un message assez ferme. Pas un mot sur un changement de cap. Les taux doivent augmenter.
Et surtout, le plus important à mon avis, c’est que les taux vont monter jusqu’à 4,5 % ou 5 %, et qu’ils vont y rester. Les taux ne bougeront pas tant qu’il n’y aura pas de preuve matérielle que l’inflation a été jugulée. Et je crois que c’est là que... C’est là que l’activité économique va vraiment ralentir, pendant cette période de politique restrictive prolongée. Ça fait bien longtemps qu’on n’a pas été dans une telle situation.
Non. On a connu une très longue période de taux très bas. C’est tout l’inverse. Et c’est intéressant, car c’est tout un état d’esprit qui définit le mode de fonctionnement des entreprises et de l’économie.
Tout à fait. Et aussi des ménages. On quitte une ère où l’argent ne coûtait presque rien, avec une croissance timide, et une inflation des prix des actifs, comme dans le cas du logement. On entre dans un monde où, si vous voulez emprunter, ça va vous coûter cher. Vous allez réfléchir à deux fois à vos dépenses de consommation. La croissance va dépendre davantage des investissements que de la consommation pure, parce que les gens vont se limiter.
Regardez le taux de location d’une nouvelle voiture. On était à 1 % il y a un an. Maintenant, on est 5,5 % ou 6 %. Et ça va vraiment changer l’état d’esprit des consommateurs, surtout si ces taux se maintiennent sur une longue période. Je ne pense pas qu’on va rester à des taux aussi élevés pendant plusieurs années, mais quand les taux commenceront à baisser, à long terme, ça m’étonnerait qu’ils retombent à 1 % ou 2 %. Il va falloir que les entreprises, les ménages et les gouvernements ajustent leur mode de fonctionnement.
Oui. Rien que les frais d’intérêts que les gouvernements doivent payer vont monter en flèche.
Passons aux occasions à saisir. Ce n’est pas brillant pour les actions, mais les titres à revenu fixe... Vous m’avez dit, vous et beaucoup de membres de l’équipe, ça commence à être beaucoup plus attrayant.
Oui. D’abord, pour les titres à revenu fixe, si vous regardez la pyramide des rendements annuels des 100 dernières années, je suis presque certain que c’est la pire année depuis 100 ans en termes de rendements des titres à revenu fixe. Ça rend donc un peu nerveux. Mais il faut voir les opportunités et maintenant, il y a réellement un revenu à tirer des titres à revenu fixe. Un portefeuille d’obligations provinciales, d’État et de sociétés de qualité investissement va rapporter dans les 5 %. On était à 1,5 % et 2 % il n’y a pas si longtemps. On peut donc dégager un vrai revenu des titres à revenu fixe.
Il se peut bien sûr qu’il y ait une certaine volatilité à court terme. Aujourd’hui, la plupart des obligations typiques se négocient sous leur valeur nominale. Le rendement réel se compose pour moitié de gains en capital. C’est fiscalement efficace. Et le taux de coupon ou le rendement à l’échéance ou au refinancement est bien plus élevé. C’est donc une occasion en or pour les investisseurs, c’est le bon moment pour acheter.
Bien sûr, on n’est pas sortis du bois. La volatilité va persister pendant un ou deux trimestres. Mais au bout du compte, dans 12 mois, je crois que les titres à revenu fixe se seront bien comportés.
Oui. C’est difficile. On est tous victimes de l’effet de récence, et on se dit que –
MICHAEL CRAIG : C’est terrible.
Oui, les temps sont durs. Une autre question sur l’année prochaine. Pensez-vous que la volatilité va perdurer? Je suppose que les sociétés vont annoncer leurs bénéfices, et par rapport à l’an dernier, ce sera difficile. La barre est encore haute, comparativement. Il y a les élections de mi-mandat. Le monde continue de tourner, comme d’habitude. À quoi faut-il se préparer pour l’année prochaine?
Pour reprendre les paroles de Jerome Powell, il a dit à plusieurs reprises qu’une grande incertitude pèse sur toutes les déclarations de la Fed. Autrement dit, personne ne sait ce qui va se passer. C’est vraiment difficile en ce moment.
J’aimerais souligner plusieurs choses. D’abord, on s’attend à un marché boursier baissier pendant encore quelques trimestres. L’activité économique n’a pas touché le fond. Je pense qu’il faut que le marché descende vraiment plus bas. Selon moi, ça arrivera en milieu d’année prochaine, plus ou moins un trimestre. Pour ce qui est des titres à revenu fixe, on approche de la fin du cycle de hausse. Ce sera peut-être en février ou en mars, mais on en voit le bout.
Et ensuite, que va-t-il se passer?
Plusieurs choses. D’abord, les élections de mi-mandat la semaine prochaine. On s’attend à un gouvernement divisé.
KIM PARLEE : Oui. C’est généralement une bonne nouvelle.
Paradoxalement, oui. Sans être trop cynique, oui.
KIM PARLEE : Pas pour la société, mais pour les marchés. Pour ce qui est de l’Ukraine, je crois qu’on entre dans une période où le conflit est dans l’impasse. Il va y avoir des pressions. Ça va être difficile pour chacun des deux camps de prendre réellement le dessus. On voit donc un enlisement. Et on arrivera à la fin de ce cycle de hausse. On a donc trois éléments plutôt positifs pour les marchés.
Je m’attends à ce que le premier semestre reste difficile pour les actifs à risque. Mais le deuxième semestre s’annonce bien. On travaille à nos hypothèses sur les marchés des capitaux, à nos prévisions à long terme pour les actions. Sans surprise, elles sont plus élevées que l’an dernier en raison de la faiblesse des marchés cette année et de notre position dans le cycle de croissance.
J’entrevois encore une période de turbulences. Mais le redressement va s’amorcer et le deuxième semestre ne sera peut-être pas si mal.
Intéressant. Mais vous vous attendez à ce que la volatilité persiste. Une autre question : avec l’inflation, beaucoup de gens se tournent vers les produits de base. C’est vrai que c’est plutôt attrayant. La structure du secteur de l’énergie évolue, etc. Est-ce que c’est un domaine intéressant?
Oui, et à long terme. J’aime la simplicité. J’aime que les choses soient très compréhensibles. En ce qui concerne les produits de base, il y a deux facteurs. D’abord, ça fait longtemps que l’on n’investit plus dans de nouvelles sources. Aujourd’hui, en raison des préoccupations environnementales, de gouvernance et de sécurité, c’est extrêmement difficile de construire de nouvelles mines. Il y a peu de soutien pour l’exploitation de nouvelles sources de combustibles fossiles. Et on n’est pas encore au point où les énergies renouvelables peuvent prendre la relève des combustibles fossiles. Il y a donc un déficit du côté des produits de base.
En revanche, on va devoir réinvestir dans les infrastructures des villes. Le changement climatique est bien réel. Les villes devront résister à des vagues de chaleur et de froid plus intenses. Il va donc y avoir une forte demande pour les produits de base. Beaucoup de conditions sont réunies pour une hausse des produits de base. Cette année, alors que les titres à revenu fixe et les actions étaient en difficulté, les produits de base se sont bien comportés. Ils enrichissent donc considérablement les portefeuilles multiactifs.
On aime les produits de base. On est en train de constituer un groupe. Mais on ne vise pas l’année prochaine. C’est plutôt une stratégie à 10 ans, très franchement, voire plus. Et c’est la durée typique des cycles des produits de base, 10 ans. Celui-ci sera probablement plus long, parce qu’il ne va pas y avoir d’ajustement de l’offre dans ce marché tendu où il est difficile d’exploiter de nouvelles sources.
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