Actions / Économie / Énergie / Canada / International / Idées de placement / Nouvelles / Vue d’ensemble
Un rapport historique de l’ONU lance un avertissement sévère sans précédent sur le changement climatique, une « alerte rouge pour l’humanité ». Anthony Okolie s’entretient avec Priti Shokeen, chef, Recherche et engagement ESG, Gestion de Placements TD, des occasions et des risques pour les investisseurs.
Print Transcript
En début de semaine, les Nations Unies ont lancé un avertissement sévère sur le changement climatique dans un rapport détaillé sur l’état de la climatologie mondiale. Preti, pouvez-vous nous donner les principales conclusions de ce rapport? Je vais commencer par l’information la plus importante : la dernière décennie a été la période la plus chaude depuis 125 000 années.
Oui, Anthony, nous savons que ce rapport va être la principale source scientifique de la prochaine conférence sur le climat à Glasgow, la COP26. Elle aura lieu en novembre cette année. Les gouvernements y discuteront de leurs progrès et objectifs en matière de changement climatique. Les informations du rapport les plus importantes comportent notamment celle que vous venez de mentionner. La première constatation, c’est qu’il ne fait aucun doute que les influences humaines réchauffent l’atmosphère, les océans et la terre, comme nous pouvons le constater avec l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère depuis 1750. Et cela peut être directement attribué à l’activité humaine, en grande partie la combustion du charbon, du pétrole et d’autres combustibles fossiles liée à l’industrialisation progressive du monde. L’une des autres principales conclusions, c’est que les températures continueront d’augmenter au moins jusqu’au milieu du siècle dans tous les scénarios d’émissions envisagés. C’est vraiment grave, parce que le réchauffement de la planète de 1,5 degré et 2 degrés sera dépassé au cours du 21e siècle, à moins que nous ne réduisions de manière drastique les émissions de carbone et autres gaz à effet de serre prévues dans les prochaines décennies. La Terre s’est donc déjà réchauffée de 1,1 degré. Cela peut sembler peu, mais c’est important. Et ce réchauffement se poursuivra pendant au moins 30 ans. Même si nous prenons des mesures immédiates pour éliminer les émissions. Cela signifie que bon nombre des phénomènes météorologiques extrêmes actuels continueront de s’aggraver au moins jusqu’en 2050 et probablement même au-delà. Ce sont les deux points qui me viennent à l’esprit et qui sont extrêmement sombres.
Je veux également parler de la réduction des émissions de carbone, car le Secrétaire général de l’ONU a tiré la sonnette d’alarme, qualifiant le rapport d’alerte rouge pour l’humanité et a demandé des mesures pour l’énergie. Il a détaillé en parlant notamment du charbon et les combustibles fossiles. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
Bien sûr. La communauté scientifique nous a mis en garde sur la consommation de combustibles fossiles. Ces avertissements existent depuis longtemps. Mais maintenant que nous constatons plus les effets du changement climatique, cela devient plus réel pour nous. Le Secrétaire général de l’ONU a donc émis une déclaration à la suite du rapport indiquant que nous devons prendre des mesures immédiates sur l’énergie et que, sans une réduction importante des émissions de carbone, l’objectif de 1,5 degré Celsius que nous souhaitons atteindre sera rapidement hors de portée et nous mettrons en péril nos efforts pour atténuer le changement climatique et les effets catastrophiques que cela aura sur la planète et sur l’humanité.
Dans l’état actuel des choses, que signifient ces conclusions pour les investisseurs en matière d’occasions et de risques?
Il y a beaucoup de matière à réflexion et le secteur des placements examine ces questions depuis un certain temps. Mais essentiellement, tout n’est pas perdu à ce stade parce que la communauté scientifique nous indique qu’il y en a encore des possibilités de modifier l’évolution du climat. L’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, qui est le scénario le plus ambitieux prévu par le GIEC, pourrait ramener le réchauffement en dessous de 1,5 degré dans la deuxième moitié du siècle. Il est donc probable que l’accent sera mis sur les sociétés et états les plus gros émetteurs qui n’ont pas pris d’engagement à l’égard de cet objectif d’ici 2050 et ceux qui s’y sont engagés, mais qui n’ont pas une stratégie crédible pour y parvenir. Les investisseurs feront donc beaucoup plus attention à ces émetteurs. Du point de vue de l’investissement, ce rapport sonne certainement le glas pour les activités économiques émettant des émissions de carbone, en particulier la consommation de charbon et de combustibles fossiles dans l’énergie et le transport. Les retombées sur certains secteurs que nous observons actuellement sur le marché traditionnel de l’énergie seront plus prononcées. Le rapport demande qu’aucune nouvelle centrale au charbon ne soit construite après 2021 et que tous les pays de l’OCDE éliminent progressivement le charbon existant d’ici 2030, tous les autres devront suivre d’ici 2040. Si ce n’était pas clair jusqu’à maintenant, cela devrait désormais l’être : il faut se débarrasser du charbon et toutes les activités liées au charbon seront probablement boudées par les investisseurs. Il y a également certaines conséquences géographiques et les pays avec des projets et objectifs moins audacieux seront surveillés de près par les investisseurs et cela aura aussi une incidence sur leur note de crédit. On demande aux pays de mettre fin à toute exploration et production de nouveaux combustibles fossiles et de remplacer les subventions des énergies fossiles par celles des combustibles renouvelables. Il y a donc certainement des occasions à saisir qui sont également dictées par la tarification du carbone. Le Canada lui-même a ciblé un prix du carbone aux alentours de 170 $ d’ici 2030. Le rapport recommande que d’ici 2030, la capacité de l’énergie solaire et l’énergie éolienne soit quadruplée et les investissements dans les énergies renouvelables devraient tripler pour atteindre zéro émission au milieu du siècle. Ce rapport doit être pris très au sérieux par tous les gestionnaires et entreprises de placements, car il permettra de définir clairement beaucoup de mesures. Pour les pays qui se retrouvent à Glasgow en fin d’année, les répercussions seront importantes sur l’élaboration des politiques.
Preti, merci beaucoup d’avoir été là aujourd’hui pour ce sujet très important.
Merci de l’invitation, Anthony.
Oui, Anthony, nous savons que ce rapport va être la principale source scientifique de la prochaine conférence sur le climat à Glasgow, la COP26. Elle aura lieu en novembre cette année. Les gouvernements y discuteront de leurs progrès et objectifs en matière de changement climatique. Les informations du rapport les plus importantes comportent notamment celle que vous venez de mentionner. La première constatation, c’est qu’il ne fait aucun doute que les influences humaines réchauffent l’atmosphère, les océans et la terre, comme nous pouvons le constater avec l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère depuis 1750. Et cela peut être directement attribué à l’activité humaine, en grande partie la combustion du charbon, du pétrole et d’autres combustibles fossiles liée à l’industrialisation progressive du monde. L’une des autres principales conclusions, c’est que les températures continueront d’augmenter au moins jusqu’au milieu du siècle dans tous les scénarios d’émissions envisagés. C’est vraiment grave, parce que le réchauffement de la planète de 1,5 degré et 2 degrés sera dépassé au cours du 21e siècle, à moins que nous ne réduisions de manière drastique les émissions de carbone et autres gaz à effet de serre prévues dans les prochaines décennies. La Terre s’est donc déjà réchauffée de 1,1 degré. Cela peut sembler peu, mais c’est important. Et ce réchauffement se poursuivra pendant au moins 30 ans. Même si nous prenons des mesures immédiates pour éliminer les émissions. Cela signifie que bon nombre des phénomènes météorologiques extrêmes actuels continueront de s’aggraver au moins jusqu’en 2050 et probablement même au-delà. Ce sont les deux points qui me viennent à l’esprit et qui sont extrêmement sombres.
Je veux également parler de la réduction des émissions de carbone, car le Secrétaire général de l’ONU a tiré la sonnette d’alarme, qualifiant le rapport d’alerte rouge pour l’humanité et a demandé des mesures pour l’énergie. Il a détaillé en parlant notamment du charbon et les combustibles fossiles. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
Bien sûr. La communauté scientifique nous a mis en garde sur la consommation de combustibles fossiles. Ces avertissements existent depuis longtemps. Mais maintenant que nous constatons plus les effets du changement climatique, cela devient plus réel pour nous. Le Secrétaire général de l’ONU a donc émis une déclaration à la suite du rapport indiquant que nous devons prendre des mesures immédiates sur l’énergie et que, sans une réduction importante des émissions de carbone, l’objectif de 1,5 degré Celsius que nous souhaitons atteindre sera rapidement hors de portée et nous mettrons en péril nos efforts pour atténuer le changement climatique et les effets catastrophiques que cela aura sur la planète et sur l’humanité.
Dans l’état actuel des choses, que signifient ces conclusions pour les investisseurs en matière d’occasions et de risques?
Il y a beaucoup de matière à réflexion et le secteur des placements examine ces questions depuis un certain temps. Mais essentiellement, tout n’est pas perdu à ce stade parce que la communauté scientifique nous indique qu’il y en a encore des possibilités de modifier l’évolution du climat. L’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, qui est le scénario le plus ambitieux prévu par le GIEC, pourrait ramener le réchauffement en dessous de 1,5 degré dans la deuxième moitié du siècle. Il est donc probable que l’accent sera mis sur les sociétés et états les plus gros émetteurs qui n’ont pas pris d’engagement à l’égard de cet objectif d’ici 2050 et ceux qui s’y sont engagés, mais qui n’ont pas une stratégie crédible pour y parvenir. Les investisseurs feront donc beaucoup plus attention à ces émetteurs. Du point de vue de l’investissement, ce rapport sonne certainement le glas pour les activités économiques émettant des émissions de carbone, en particulier la consommation de charbon et de combustibles fossiles dans l’énergie et le transport. Les retombées sur certains secteurs que nous observons actuellement sur le marché traditionnel de l’énergie seront plus prononcées. Le rapport demande qu’aucune nouvelle centrale au charbon ne soit construite après 2021 et que tous les pays de l’OCDE éliminent progressivement le charbon existant d’ici 2030, tous les autres devront suivre d’ici 2040. Si ce n’était pas clair jusqu’à maintenant, cela devrait désormais l’être : il faut se débarrasser du charbon et toutes les activités liées au charbon seront probablement boudées par les investisseurs. Il y a également certaines conséquences géographiques et les pays avec des projets et objectifs moins audacieux seront surveillés de près par les investisseurs et cela aura aussi une incidence sur leur note de crédit. On demande aux pays de mettre fin à toute exploration et production de nouveaux combustibles fossiles et de remplacer les subventions des énergies fossiles par celles des combustibles renouvelables. Il y a donc certainement des occasions à saisir qui sont également dictées par la tarification du carbone. Le Canada lui-même a ciblé un prix du carbone aux alentours de 170 $ d’ici 2030. Le rapport recommande que d’ici 2030, la capacité de l’énergie solaire et l’énergie éolienne soit quadruplée et les investissements dans les énergies renouvelables devraient tripler pour atteindre zéro émission au milieu du siècle. Ce rapport doit être pris très au sérieux par tous les gestionnaires et entreprises de placements, car il permettra de définir clairement beaucoup de mesures. Pour les pays qui se retrouvent à Glasgow en fin d’année, les répercussions seront importantes sur l’élaboration des politiques.
Preti, merci beaucoup d’avoir été là aujourd’hui pour ce sujet très important.
Merci de l’invitation, Anthony.