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Le prix de l’or est quelque peu retombé, après avoir atteint de nouveaux sommets en début de mois. Greg Barnes, chef, Recherche sur les actions minières à Valeurs Mobilières TD, explique à Greg Bonnell pourquoi le métal précieux devrait, selon lui, repartir à la hausse.
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[LOGO SONORE] L’or redescend après des sommets inégalés depuis des décennies en début de mois. Mais le métal précieux a commencé l’année en force par rapport au cuivre, dont les prix ont fortement chuté ces derniers temps. Pour mieux comprendre les origines de ces tendances et savoir si elles vont se poursuivre, j’accueille Greg Barnes, chef, Recherche sur les actions minières à Valeurs Mobilières TD. Greg, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Merci, Greg. Ravi de vous voir. On observe deux trajectoires divergentes. On va expliquer pourquoi. Commençons par l’or. Après la flambée des derniers mois, le prix de l’or semble en suspens, dans l’attente d’un catalyseur. Qu’est-ce qui nous a menés jusque-là, et à quoi peut-on s’attendre? Cette flambée résulte de plusieurs facteurs. D’abord, l’inflation, car l’or est bien sûr un refuge pour se protéger de l’inflation. La faiblesse du dollar américain depuis le début l’année. Les inquiétudes persistantes à l’égard du plafond de la dette. Sans oublier les achats massifs de la part des banques centrales, qui ont fortement soutenu le prix de l’or. Ces achats sont surtout le fait des pays en développement. Après les sanctions des États-Unis contre la Russie et contre les liquidités russes hors de la Russie, l’or est un peu devenu une valeur refuge pour les banques centrales du monde entier. Je crois que cette flambée s’explique par toute une conjonction de facteurs. La politique de Fed entre aussi en jeu, et les attentes relatives aux taux d’intérêt. On constate qu’historiquement, quand la Fed commence à réduire les taux, c’est en général très favorable pour l’or. Le coût d’opportunité des placements aurifères diminue, ce qui fait monter les prix de l’or. Je crois que le prix de l’or intègre le moment où on anticipe une baisse de taux de la Fed. Les causes sont donc multifactorielles. Pour ce qui est de la tendance... Rien ne progresse jamais de façon linéaire. Mais à Valeurs Mobilières TD, nous pensons que le prix de l’or va dépasser les niveaux actuels. Est-ce que les prix pourraient encore grimper fortement? On a vu cette hausse spectaculaire au-delà de la barre des 2 000 $, jusqu’à des sommets historiques. Et une telle flambée incite toujours à la prudence. On se demande si ça peut continuer. L’or a-t-il encore une marge de progression? Il n’est pas inconcevable que l’on atteigne 2 500 $. C’est un chiffre rond qui sonne bien. Je crois que c’est conforme aux attentes du marché dans ce contexte. Et la Fed réduit les taux. Je ne vois donc aucune raison pour qu’on n’y parvienne pas. Si on atteint 2 500 $, qu’en est-il du secteur minier et des titres sensibles à l’or? Est-ce que ce serait une bonne nouvelle ou le début d’une divergence? Je sais que d’autres pressions s’exercent. Il y a d’une part le prix de ce qu’on extrait du sol, et d’autre part le coût de l’extraction minière. Effectivement. Les pressions liées aux coûts sont un problème majeur pour les sociétés aurifères depuis 18 mois. En 2022, les coûts ont augmenté de 15 % à 20 %. Les coûts ont donc effacé une grande part des gains liés à la hausse de l’or. Les pressions inflationnistes se sont un peu atténuées. Si la Fed voit juste et que sa politique fonctionne, les pressions inflationnistes devraient diminuer. Je ne suis pas certain que l’on retombera à 2 %, mais ça aiderait. De toute évidence, on espère une augmentation des marges. Si le prix de l’or monte et que les pressions liées aux coûts diminuent, ce serait une très bonne nouvelle pour les sociétés aurifères. Vous dites que l’or pourrait se hisser à 2 500 $, compte tenu de certains facteurs. Quels sont les obstacles potentiels? Qu’est-ce qui pourrait barrer la route? Si pour une raison quelconque, le dollar américain s’apprécie - ce qui ne devrait pas arriver si la Fed réduit les taux - et si l’inflation baisse, l’or perdra de son attrait en tant que valeur refuge contre l’inflation. Si les banques centrales mettent un frein à leurs achats massifs, ce serait bien sûr très défavorable à l’or. Les achats des banques centrales ont battu des records. Je doute qu’elles puissent continuer à ce rythme. Il y a donc des facteurs qui pourraient freiner le cours de l’or. Mais, là encore, si on entre dans un contexte où la Fed baisse les taux, ce sera a priori favorable à l’or et on devrait observer une hausse des prix. D’accord. Au début de notre conversation, on a évoqué une autre trajectoire. On a fait un bon tour d’horizon des facteurs favorables et des perspectives pour l’or. Qu’en est-il du cuivre? Il y a plusieurs points à observer. D’abord, le monde se dirige vers une récession dans le courant de l’année, peut-être début 2024. On ne sait pas si elle sera profonde ou modérée. On verra. On se dirige clairement vers un ralentissement économique. Les indicateurs avancés nous le montrent. Les stocks de cuivre à la bourse des métaux de Londres repartent à la hausse après avoir atteint des niveaux très bas. Et les stocks demeurent très bas, c’est le moins qu’on puisse dire. On observe donc une tendance à la hausse, ce qui a tendance à peser sur le prix du cuivre. L’offre de cuivre devrait s’améliorer au cours du second semestre. Quelques mines accroissent la production. Une partie des problèmes sociaux et politiques en Amérique du Sud se sont résorbés, ce qui devrait aussi contribuer à la hausse du prix du cuivre. Et à vrai dire, la réouverture du commerce avec la Chine en début d’année a fait fortement grimper les prix du cuivre, pour finalement décevoir. La réouverture - Pourquoi cette déception? Le raisonnement semblait couler de source au début de l’année. La Chine lève assez brusquement ses restrictions liées à la COVID et tout le monde y voit le signal du coup d’envoi, notamment le secteur des matériaux. Mais l’embellie ne s’est pas produite. Je pense que le reste du monde ralentit, ce qui nuit aux exportations chinoises. La réouverture des échanges a été plutôt positive pour la consommation, mais pas pour la production industrielle. Or, c’est ce qui est important pour le cuivre. Les nouvelles sont décevantes sur le plan de la consommation de cuivre et de la production industrielle. Les chiffres de la production industrielle chinoise de la semaine dernière sont décevants. La production n’a pas été aussi forte qu’on l’espérait. Je pense que tous ces facteurs contribuent à la faiblesse récente des prix du cuivre. À long terme, on entend constamment dire qu’il faut tout électrifier. Ce n’est pas une mince affaire. À moins qu’on ne découvre un moyen de produire de l’électricité sans cuivre, comment voyez-vous l’avenir du cuivre à long terme? On voit toujours un écart entre l’offre et une demande plus forte. Ces deux forces devraient atteindre un point d’équilibre et vont certainement entraîner une hausse des prix du cuivre. En ce moment, l’offre de cuivre connaît un léger rebond, car plusieurs grandes mines entrent en phase d’exploitation. Mais au-delà de ces deux ou trois grandes mines, il y a très peu de projets de nouvelles grandes exploitations de cuivre en préparation. Ces projets n’existent pas. L’offre sera insuffisante dans la seconde moitié de la décennie. Et si la demande s’accentue, l’offre de cuivre demeurera déficitaire. Avant de conclure, j’aimerais que l’on parle de la période d’annonce des bénéfices des sociétés minières. Qu’est-ce qui la caractérise, selon vous? Des chiffres décevants, comme prévu. Décevants, comme prévu? Le premier trimestre est toujours décevant, que ce soit en raison du caractère saisonnier ou du réajustement après des résultats traditionnellement très solides. Les sociétés font le maximum au quatrième trimestre pour atteindre leurs cibles annuelles. Il y a donc toujours un léger recul au premier trimestre. Je crois que ce phénomène a pris des proportions un peu extrêmes au premier trimestre, tant pour l’or que pour les métaux de base. Mais on s’attend à une amélioration de la production d’ici la fin de l’année avec la mise en exploitation de plusieurs mines, la hausse des teneurs et moins de maintenance. Je crois donc que la production va s’améliorer, tant du côté du cuivre que de l’or, au second semestre de 2023. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]