
Les prix à la consommation aux États-Unis montrent des signes d’assouplissement, mais on s’attend toujours à ce que la Fed augmente davantage ses taux pour lutter contre l’inflation. Greg Bonnell parle des répercussions sur les marchés des titres à revenu fixe avec Hafiz Noordin, gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe à gestion active, Gestion de Placements TD.
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- Le dernier rapport sur l’inflation aux États-Unis montre que, bien que les coûts de consommation s’atténuent, il faudra un certain temps pour revenir à la fourchette cible de la Fed. Pour en savoir plus sur ce que cela signifie pour les taux et le segment des titres à revenu fixe, je reçois Hafiz Noordin, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD. C’est un plaisir de vous revoir ici.
- C’est un plaisir d’être ici.
- C’est un rapport intéressant, car, bien sûr, les marchés ont eu une réaction mitigée en essayant de décider quoi faire avec ça. Il n’y avait rien de trop grave, mais ce qu’il faut retenir, je suppose, et je pense que d’autres le pensent aussi, et j’aimerais avoir votre avis là-dessus... ça semble être un combat qui va durer un certain temps. On le sait, mais il n’y a rien de trop grave ici.
- Bien sûr, et je pense que ce qui est intéressant dans ces données sur l’IPC, c’est le thème qui a commencé à s’imposer sur le marché, et le fait que Jerome Powell a commencé à mettre de l’avant son idée de déflation. On commence à être un peu optimistes à l’idée que, oui, l’inflation va diminuer. Toutefois, ceux qui espéraient aujourd’hui voir des données conformes... ou qui ont peut-être vu des données inférieures à leurs attentes, ont été déçus.
Les données étaient conformes aux données d’un mois à l’autre, soit un demi pour cent pour l’IPC global et 0,4 % pour l’IPC de base. Mais quand on transpose ça sur 12 mois, on voit une petite augmentation : 6,4 sur 12 mois pour l’IPC global par rapport à des prévisions du marché de 6,2, et pour l’IPC de base, 5,6 sur 12 mois, par rapport à des prévisions du marché de 5,5. Je suis donc tout à fait d’accord. Le thème général du ralentissement de l’inflation est certainement présent comparativement à l’an dernier, mais ça va être difficile.
ANIMATEUR : J’aime le graphique qu’on vient de montrer à l’auditoire, qui montre où on en était du côté des pressions inflationnistes, et, en effet, on est redescendus de ces sommets, car on est entre l’IPC de base et l’IPC global. Mais quand on parle du point idéal, c’est-à-dire la ligne pointillée vers le bas, de ce 2 %, c’est évident qu’on a encore du chemin à faire. Je sais qu’on n’a pas de boule de cristal, mais combien de temps va-t-il nous falloir pour y arriver?
- Eh bien, je pense que l’un des principaux indicateurs précurseurs dont on doit tenir compte, et ce que le marché a fait, c’est le prix des logements. Ça représente environ 40 % de l’IPC. Ce avec quoi le marché est généralement un peu plus à l’aise, c’est l’idée que les prix des loyers, qui sont un bon indicateur précurseur, ainsi que les prix des logements eux-mêmes, laissent entendre que la composante du logement de l’IPC, qui accuse un retard important, évolue très lentement, et elle est très en retard par rapport aux données en temps réel. Ça devrait continuer de baisser.
C’est donc un aspect connu du ralentissement. L’autre élément connu, c’est le prix des produits. On sait donc que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement qui ont suivi la pandémie et la hausse des prix des produits de base ont eu un impact considérable. Ça a donc eu un impact important sur les prix des biens pendant quelques années.
Ça nous ramène à un contexte plus normal, où la chaîne d’approvisionnement n’est plus un problème. C’est ce qui est connu, mais ce qui est inconnu, c’est l’aspect des salaires. Donc, pour le reste des services, qui ne sont pas liés au logement, c’est la partie qui est très sensible aux salaires. Et je pense que le rythme auquel on arrive à 2 % dépend vraiment du fait que les salaires commencent à diminuer de façon durable par rapport à leurs taux de croissance élevés actuels.
- Évidemment, la personne moyenne n’apprécie pas ces pressions sur les prix. En même temps, en tant qu’investisseurs, la raison pour laquelle on s’intéresse tant à cette question est, bien sûr, que fait la Fed de cette information? Pendant un certain temps, c’est comme si le marché obligataire se battait contre la Fed pour que le président Powell, comme vous l’avez dit, parle de pressions déflationnistes qui s’installent. Mais on doit atteindre des taux encore plus élevés et les maintenir avant que d’autres marchés obligataires ne procèdent à des réductions d’ici la fin de l’année. Cette situation commence-t-elle à changer?
- Oui, en fait, la Fed a presque gagné cette bataille, en quelque sorte, car les prix du marché de cette année ont commencé à augmenter, et on voit un taux stable autour de 4 à 5 %, près de 5 %. C’est donc vers ça que le marché a commencé à se diriger et il progresse maintenant un peu plus que ça, en ce sens qu’on commence à anticiper un taux directeur de 5,25 % pour les États-Unis, et même à voir des premiers signes d’un taux à 5,5 %. Je pense que c’est là où se situe encore, selon moi, cette détermination des prix, pour ainsi dire, et que ça sera point de données par point de données.
Le nombre d’emplois a beaucoup augmenté il y a quelques semaines, ce qui montre la résilience du marché de l’emploi. Les données publiées aujourd’hui contribuent à accélérer encore plus les choses pour montrer qu’il va falloir du temps pour revenir à 2 %, et je pense que ce qui est probablement le plus important, ce n’est pas seulement de savoir si l’inflation diminue, mais de savoir quel est le plancher? Est-ce qu’on va vraiment en arriver à 2 %? Je pense qu’il y a beaucoup d’incertitude à cet égard-là. D’après le travail qu’on fait, ce n’est pas nécessairement chose faite, vous savez? Un taux de 3 % à 4 % est raisonnable, compte tenu des tendances actuelles de l’inflation immobilière, mais il y a une grande détermination des prix qui entoure cette tendance.
- Donc, pour ce qui est du taux des fonds fédéraux, si on atteint un point final plus élevé, que le taux final est un peu plus élevé qu’on le pensait, peut-être il y a quelques semaines ou quelques mois, et que la Fed reste là, une fois qu’elle s’est rendue à ce taux-là, et qu’elle ne réduit pas les taux avant la fin de l’année, comment cela permet-il d’établir des titres à revenu fixe pour cette année?
- Eh bien, dans l’ensemble, le marché se dirige déjà dans cette direction-là. Après une remontée initiale des obligations au début de l’année, les taux obligataires se sont quelque peu repliés au cours des dernières semaines. Cela s’explique en partie par la réévaluation du taux final pour cette année, mais les prix du marché vont continuer d’indiquer des réductions de taux l’an prochain. Ça reste donc assez audacieux, de sorte qu’il y a encore une certaine marge si les données sur l’inflation demeurent solides ou si les données sur l’emploi demeurent très robustes. On pourrait assister à un autre repli de certaines des réductions de taux qui sont prévues pour l’an prochain.
Ça aurait principalement un impact sur le court terme et le point de la courbe à cinq ans, parce que c’est le plus sensible au taux directeur de la Fed et aux attentes à l’égard de ce taux au cours des prochaines années. Dans le cas des taux obligataires à long terme, ils ne sont pas nécessairement aussi touchés. Les taux pourraient encore augmenter à long terme, mais ils vont être plus sensibles aux résultats de croissance attendus. Alors si le marché s’attend à ce qu’une récession survienne, parce que le taux directeur doit rester plus élevé pendant plus longtemps, les obligations à long terme pourraient se stabiliser et peut-être même reculer, si on entre dans cette partie du cycle.
- La situation a-t-elle changé dans le segment des obligations cette année, même si on ne sait toujours pas exactement où on en est avec la politique des banques centrales et l’inflation, parce que les taux obligataires sont en fait assez intéressants pour la première fois depuis très longtemps?
HAFIZ NOORDIN : Bien sûr, c’est presque le double de l’an dernier. Donc, en tant qu’investisseur en titres à revenu fixe, votre point de départ demeure ce niveau de revenu très élevé, soit de 4 % à 5 %, selon l’endroit où vous vous trouvez sur la courbe. Et puis, en même temps, si le risque lié à la durée ou le risque de taux d’intérêt dans votre portefeuille survient parce que vous êtes un peu en dehors de la courbe, ça contribue à stimuler vos rendements totaux en période de récession si les taux baissent. Il ne fait donc aucun doute que le profil risque-rendement a été beaucoup plus favorable aux rendements totaux positifs des titres à revenu fixe. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’il y aura de la volatilité en cours de route avec les nouvelles données.
[MUSIQUE]
- Le dernier rapport sur l’inflation aux États-Unis montre que, bien que les coûts de consommation s’atténuent, il faudra un certain temps pour revenir à la fourchette cible de la Fed. Pour en savoir plus sur ce que cela signifie pour les taux et le segment des titres à revenu fixe, je reçois Hafiz Noordin, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD. C’est un plaisir de vous revoir ici.
- C’est un plaisir d’être ici.
- C’est un rapport intéressant, car, bien sûr, les marchés ont eu une réaction mitigée en essayant de décider quoi faire avec ça. Il n’y avait rien de trop grave, mais ce qu’il faut retenir, je suppose, et je pense que d’autres le pensent aussi, et j’aimerais avoir votre avis là-dessus... ça semble être un combat qui va durer un certain temps. On le sait, mais il n’y a rien de trop grave ici.
- Bien sûr, et je pense que ce qui est intéressant dans ces données sur l’IPC, c’est le thème qui a commencé à s’imposer sur le marché, et le fait que Jerome Powell a commencé à mettre de l’avant son idée de déflation. On commence à être un peu optimistes à l’idée que, oui, l’inflation va diminuer. Toutefois, ceux qui espéraient aujourd’hui voir des données conformes... ou qui ont peut-être vu des données inférieures à leurs attentes, ont été déçus.
Les données étaient conformes aux données d’un mois à l’autre, soit un demi pour cent pour l’IPC global et 0,4 % pour l’IPC de base. Mais quand on transpose ça sur 12 mois, on voit une petite augmentation : 6,4 sur 12 mois pour l’IPC global par rapport à des prévisions du marché de 6,2, et pour l’IPC de base, 5,6 sur 12 mois, par rapport à des prévisions du marché de 5,5. Je suis donc tout à fait d’accord. Le thème général du ralentissement de l’inflation est certainement présent comparativement à l’an dernier, mais ça va être difficile.
ANIMATEUR : J’aime le graphique qu’on vient de montrer à l’auditoire, qui montre où on en était du côté des pressions inflationnistes, et, en effet, on est redescendus de ces sommets, car on est entre l’IPC de base et l’IPC global. Mais quand on parle du point idéal, c’est-à-dire la ligne pointillée vers le bas, de ce 2 %, c’est évident qu’on a encore du chemin à faire. Je sais qu’on n’a pas de boule de cristal, mais combien de temps va-t-il nous falloir pour y arriver?
- Eh bien, je pense que l’un des principaux indicateurs précurseurs dont on doit tenir compte, et ce que le marché a fait, c’est le prix des logements. Ça représente environ 40 % de l’IPC. Ce avec quoi le marché est généralement un peu plus à l’aise, c’est l’idée que les prix des loyers, qui sont un bon indicateur précurseur, ainsi que les prix des logements eux-mêmes, laissent entendre que la composante du logement de l’IPC, qui accuse un retard important, évolue très lentement, et elle est très en retard par rapport aux données en temps réel. Ça devrait continuer de baisser.
C’est donc un aspect connu du ralentissement. L’autre élément connu, c’est le prix des produits. On sait donc que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement qui ont suivi la pandémie et la hausse des prix des produits de base ont eu un impact considérable. Ça a donc eu un impact important sur les prix des biens pendant quelques années.
Ça nous ramène à un contexte plus normal, où la chaîne d’approvisionnement n’est plus un problème. C’est ce qui est connu, mais ce qui est inconnu, c’est l’aspect des salaires. Donc, pour le reste des services, qui ne sont pas liés au logement, c’est la partie qui est très sensible aux salaires. Et je pense que le rythme auquel on arrive à 2 % dépend vraiment du fait que les salaires commencent à diminuer de façon durable par rapport à leurs taux de croissance élevés actuels.
- Évidemment, la personne moyenne n’apprécie pas ces pressions sur les prix. En même temps, en tant qu’investisseurs, la raison pour laquelle on s’intéresse tant à cette question est, bien sûr, que fait la Fed de cette information? Pendant un certain temps, c’est comme si le marché obligataire se battait contre la Fed pour que le président Powell, comme vous l’avez dit, parle de pressions déflationnistes qui s’installent. Mais on doit atteindre des taux encore plus élevés et les maintenir avant que d’autres marchés obligataires ne procèdent à des réductions d’ici la fin de l’année. Cette situation commence-t-elle à changer?
- Oui, en fait, la Fed a presque gagné cette bataille, en quelque sorte, car les prix du marché de cette année ont commencé à augmenter, et on voit un taux stable autour de 4 à 5 %, près de 5 %. C’est donc vers ça que le marché a commencé à se diriger et il progresse maintenant un peu plus que ça, en ce sens qu’on commence à anticiper un taux directeur de 5,25 % pour les États-Unis, et même à voir des premiers signes d’un taux à 5,5 %. Je pense que c’est là où se situe encore, selon moi, cette détermination des prix, pour ainsi dire, et que ça sera point de données par point de données.
Le nombre d’emplois a beaucoup augmenté il y a quelques semaines, ce qui montre la résilience du marché de l’emploi. Les données publiées aujourd’hui contribuent à accélérer encore plus les choses pour montrer qu’il va falloir du temps pour revenir à 2 %, et je pense que ce qui est probablement le plus important, ce n’est pas seulement de savoir si l’inflation diminue, mais de savoir quel est le plancher? Est-ce qu’on va vraiment en arriver à 2 %? Je pense qu’il y a beaucoup d’incertitude à cet égard-là. D’après le travail qu’on fait, ce n’est pas nécessairement chose faite, vous savez? Un taux de 3 % à 4 % est raisonnable, compte tenu des tendances actuelles de l’inflation immobilière, mais il y a une grande détermination des prix qui entoure cette tendance.
- Donc, pour ce qui est du taux des fonds fédéraux, si on atteint un point final plus élevé, que le taux final est un peu plus élevé qu’on le pensait, peut-être il y a quelques semaines ou quelques mois, et que la Fed reste là, une fois qu’elle s’est rendue à ce taux-là, et qu’elle ne réduit pas les taux avant la fin de l’année, comment cela permet-il d’établir des titres à revenu fixe pour cette année?
- Eh bien, dans l’ensemble, le marché se dirige déjà dans cette direction-là. Après une remontée initiale des obligations au début de l’année, les taux obligataires se sont quelque peu repliés au cours des dernières semaines. Cela s’explique en partie par la réévaluation du taux final pour cette année, mais les prix du marché vont continuer d’indiquer des réductions de taux l’an prochain. Ça reste donc assez audacieux, de sorte qu’il y a encore une certaine marge si les données sur l’inflation demeurent solides ou si les données sur l’emploi demeurent très robustes. On pourrait assister à un autre repli de certaines des réductions de taux qui sont prévues pour l’an prochain.
Ça aurait principalement un impact sur le court terme et le point de la courbe à cinq ans, parce que c’est le plus sensible au taux directeur de la Fed et aux attentes à l’égard de ce taux au cours des prochaines années. Dans le cas des taux obligataires à long terme, ils ne sont pas nécessairement aussi touchés. Les taux pourraient encore augmenter à long terme, mais ils vont être plus sensibles aux résultats de croissance attendus. Alors si le marché s’attend à ce qu’une récession survienne, parce que le taux directeur doit rester plus élevé pendant plus longtemps, les obligations à long terme pourraient se stabiliser et peut-être même reculer, si on entre dans cette partie du cycle.
- La situation a-t-elle changé dans le segment des obligations cette année, même si on ne sait toujours pas exactement où on en est avec la politique des banques centrales et l’inflation, parce que les taux obligataires sont en fait assez intéressants pour la première fois depuis très longtemps?
HAFIZ NOORDIN : Bien sûr, c’est presque le double de l’an dernier. Donc, en tant qu’investisseur en titres à revenu fixe, votre point de départ demeure ce niveau de revenu très élevé, soit de 4 % à 5 %, selon l’endroit où vous vous trouvez sur la courbe. Et puis, en même temps, si le risque lié à la durée ou le risque de taux d’intérêt dans votre portefeuille survient parce que vous êtes un peu en dehors de la courbe, ça contribue à stimuler vos rendements totaux en période de récession si les taux baissent. Il ne fait donc aucun doute que le profil risque-rendement a été beaucoup plus favorable aux rendements totaux positifs des titres à revenu fixe. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’il y aura de la volatilité en cours de route avec les nouvelles données.
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