Le taux d’inflation au Canada s’est assoupli en août, ce qui donne à penser que des hausses importantes des taux pourraient commencer à s’installer. Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, affirme à Greg Bonnell que même si l’inflation a ralenti le mois dernier, la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude sur les marchés se poursuivront probablement.
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[MUSIQUE]
L’inflation au Canada a diminué pour un deuxième mois d’affilée en août, mais elle demeure à un taux annuel de 7 %. Bien sûr, c’est beaucoup plus que ce que la Banque du Canada aimerait voir. Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour nous expliquer ce que ça signifie pour les taux d’intérêt et l’économie en général.
Michael, c’est un plaisir de vous revoir ici.
Oui. Merci de m’avoir réinvité.
Très bien, alors la grande lutte cette année a évidemment été contre l’inflation, une priorité pour les banques centrales. Et puis on a eu des données un peu plus favorables que prévu sur l’inflation. Est-ce que ça va définir en grande partie la politique bancaire du pays?
Je ne pense pas que ça ait un gros impact sur la prochaine ou les deux prochaines décisions. Je pense que la Banque du Canada sait exactement ce qu’elle souhaite faire lors de sa prochaine réunion, mais c’est clairement un pas dans la bonne direction. Ça ne fait aucun doute.
Je pense que tout le monde se rend compte que l’inflation doit diminuer pour que les banques centrales puissent reculer, et il faudra probablement que les banques centrales fassent marche arrière avant que les actions, en tant que catégorie d’actif, commencent à grimper considérablement. Et il y a aussi le fait qu’on a connu quelques mois consécutifs où les pressions inflationnistes semblaient culminer, sinon reculer, de manière trop importante. Il faut prendre les victoires là où on peut les avoir. C’était une bonne nouvelle.
GREG BONNELL : On va prendre les victoires là où on peut les avoir. En même temps, on parle de ce que ça signifie en fin de compte pour les actions et pour nos portefeuilles d’actions. Après la petite remontée de l’été, les choses ont été encore difficiles. Comme on l’a dit, la Fed est prête pour demain. Et selon la sévérité avec laquelle Jerome Powell va s’adresser à nous... en fait, j’aimerais savoir ce que vous en pensez.
Avec quelle sévérité va-t-il s’adresser à nous? Parce qu’il y a eu une remontée au cours de l’été, puis il y a eu Jackson Hole. Et parfois ça peut être plutôt tranquille à Jackson Hole. Mais il a prononcé un discours émouvant qui semble enfin être pris au sérieux.
MICHAEL O'BRIEN : Oui. Je pense que c’est exactement ça. Au début de l’été, avant Jackson Hole, je croyais que le FOMC, le comité de la Fed, avait été assez clair sur ce qu’il voulait accomplir. Il voulait agir rapidement, en amorçant en quelque sorte les hausses de taux, les mêmes que la Banque du Canada, et adopter la même stratégie.
Et il a dit qu’il voulait les amener à un niveau pour ralentir l’inflation et, par conséquent, la croissance. Et il veut les maintenir pendant un certain temps et voir ce qui se passe.
Mais si on revient à... je crois que c’était en juillet, il y a eu beaucoup d’enthousiasme sur le marché à l’égard d’un soi-disant virage de la Fed, selon lequel elle était sur le point de reculer. De toute évidence, ce n’était pas du tout l’intention. Je pense qu’à Jackson Hole, le président Powell a en fait remis les pendules à l’heure en disant : « Non, non, non, ce n’est pas de ça dont on parle. Les taux seront là pendant encore un certain temps. »
Et je pense qu’il a vraiment sonné l’alarme à ce moment-là. Je pense que de plus en plus de gens, au fil des semaines depuis Jackson Hole, de plus en plus de gens comprennent ceci : les taux vont augmenter à partir de maintenant, et ils vont rester là pendant un certain temps. Je pense que c’est l’écart qui a probablement perturbé le FOMC au cours de l’été.
La plupart des investisseurs et des prévisionnistes pensaient que les taux allaient augmenter pour atteindre 3,75 %, 4 %, 4,25 %, ce qui est, selon moi, un point d’atterrissage réaliste pour le taux directeur de la Fed. Puis ils ont prévu une diminution des taux d’intérêt aux deuxième et troisième trimestres de 2023, ce qui, selon moi, était inacceptable pour le FOMC. Ce n’est pas ce qu’il voulait communiquer.
Je pense donc que la plupart des gens sont plus réalistes en ce moment, qu’ils sont sur la même longueur d’onde que le FOMC. Je ne m’attends donc pas à ce que la décision de demain soit aussi surprenante. Mais en même temps, je ne crois pas qu’on devrait se leurrer en pensant qu’il considère son travail comme terminé. Il reste encore du travail à faire.
Encore du travail. Il a dit qu’il y aurait aussi des difficultés. Pour en revenir à la santé de nos portefeuilles, on sait que la banque centrale, que ce soit la nôtre ou la Fed, prend très au sérieux la lutte contre l’inflation.
Pour y parvenir, bien sûr, la grande préoccupation, c’est qu’elle aille trop loin, et qu’il n’y ait pas de récession en douceur, ou une légère récession, ou tout ce à quoi on espère qu’une récession pourrait ressembler et qui ne nous ferait pas trop mal. Il y a des moments difficiles. Les perspectives pour les actions ne semblent pas reluisantes si elle ne parvient pas à effectuer un atterrissage en douceur.
Non, et, de toute évidence, ça se reflète dans les fluctuations plus larges du marché depuis plusieurs mois, n’est-ce pas? Il faut être réalistes. C’est un contexte difficile pour les actions en tant que catégorie d’actif.
Ce que je veux dire, c’est que si les banques centrales resserrent pas mal les taux à l’unisson à l’échelle mondiale, à l’exception peut-être de la Chine et du Japon, tout le monde va resserrer les taux directeurs. La croissance ralentit parce que c’est nécessaire. L’inflation est l’ennemi numéro un, comme je l’ai dit, non seulement en Amérique du Nord, mais partout dans le monde.
C’est généralement une période difficile pour les actions de briller en tant que catégorie d’actif. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’occasions sur le marché. Ça ne veut pas dire que certaines actions ne présentent pas d’occasions ni qu’on va demeurer éternellement dans cette situation. Ce que ça signifie pour moi, c’est qu’il faut faire preuve d’un peu de patience.
Des jours meilleurs nous attendent. Mais pour en arriver là, il faut que les banques centrales cessent de relever les taux. Et la seule façon pour les banques centrales de mettre fin à la hausse des taux, c’est qu’elles voient collectivement l’inflation commencer à diminuer, pas en une seule fois, pas après un seul bon rapport, mais de façon constante, à l’échelle d’un large éventail de mesures.
Comme je l’ai dit au début, c’est un résultat positif pour le rapport sur l’IPC canadien d’aujourd’hui. Parce que non seulement l’IPC global a diminué et qu’il est en baisse pour le mois, mais il a aussi diminué de plus d’un pour cent par rapport à juin. On fait donc des progrès.
Mais c’est en plus des perturbations du secteur énergétique et, oui, les prix de l’essence étaient en hausse, puis en baisse. Les mesures de base plus larges de l’IPC au Canada ont en fait progressé dans la bonne direction ce mois-ci.
Et je pense que ce qu’on doit voir pour être vraiment plus optimistes à l’égard du marché dans son ensemble, c’est qu’on a besoin d’autres données comme celles-là, où les mesures de base, le vaste éventail de données entrantes sur les prix indiquent que le pire est derrière nous. Parce que c’est ce que les banques centrales doivent voir pour reculer.
Une fois que les banques centrales vont avoir l’impression d’en avoir assez fait et d’être en mesure de faire savoir aux marchés que les taux directeurs ne vont probablement pas augmenter beaucoup plus, je pense que c’est à ce moment-là qu’on va devenir plus constructifs, et qu’on va en quelque sorte tous se lancer dans la négociation d’actions. Mais ce n’est pas pour aujourd’hui. On a encore du chemin à faire pour y arriver.
Vous avez dit qu’il fallait être patients, n’est-ce pas? Est-ce que ce sera la discipline la plus difficile à adopter pour les investisseurs? J’ai l’impression qu’on a traversé une longue période où on n’avait pas à être patients, où la Fed ou quelqu’un d’autre répondait à nos besoins si on n’était pas satisfaits de la situation. Et maintenant, on vient de nous dire : « Écoutez, le chemin est long et on ne va pas venir à votre rescousse. »
La patience semble... je devrais être patient à mon âge, et j’ai l’impression de ne plus avoir de patience pour quoi que ce soit.
Bien sûr, y a-t-il quelqu’un qui l’est?
GREG BONNELL : En effet.
Non, je pense que vous avez soulevé un point très important, à savoir que le contexte actuel est différent de celui auquel la plupart d’entre nous sont habitués depuis une décennie. Au cours de la dernière décennie, le problème était que les banques centrales ne parvenaient pas à obtenir une inflation suffisante. Elles ont continué d’établir des objectifs inférieurs en matière de politiques. Et en raison de ça, chaque fois que la croissance semblait vouloir fléchir, comme vous l’avez dit, ou qu’il y avait des problèmes à l’horizon, quelque chose s’est produit, et les banques centrales ont été très rapides à intervenir et à corriger la situation. Parce ce que ce contre quoi elles luttaient, c’était une inflation inférieure à la cible.
C’est pourquoi la Fed a toujours été notre amie tout au long de cette période. On entend parler de la stratégie de la Fed. Autrement dit, la Fed va sauver la mise. Et elle l’a fait pendant près de 10 ou 15 ans, je suppose, depuis 2009.
C’est un contexte très différent. Il y a donc eu une concordance d’intérêts. Les investisseurs et les décideurs avaient les mêmes intérêts, soit protéger la croissance afin que l’inflation puisse revenir à la cible.
Maintenant, ces deux parties ne sont plus en accord. Les investisseurs ne veulent pas la même chose que la banque centrale. La banque centrale veut un ralentissement de la croissance et des taux d’intérêt plus élevés, moins d’inflation. On a tendance à vouloir des taux plus bas et une croissance plus élevée.
[RIRES] On ne fait plus partie de la même équipe.
Et quand il y a cette divergence, quand les parties ne sont plus en accord, on dit alors qu’il ne faut pas combattre la Fed. Ce sont les banques centrales qui vont remporter cette bataille. Pour revenir à ce que vous disiez, il faut être patients et laisser le processus suivre son cours.
[MUSIQUE]
L’inflation au Canada a diminué pour un deuxième mois d’affilée en août, mais elle demeure à un taux annuel de 7 %. Bien sûr, c’est beaucoup plus que ce que la Banque du Canada aimerait voir. Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour nous expliquer ce que ça signifie pour les taux d’intérêt et l’économie en général.
Michael, c’est un plaisir de vous revoir ici.
Oui. Merci de m’avoir réinvité.
Très bien, alors la grande lutte cette année a évidemment été contre l’inflation, une priorité pour les banques centrales. Et puis on a eu des données un peu plus favorables que prévu sur l’inflation. Est-ce que ça va définir en grande partie la politique bancaire du pays?
Je ne pense pas que ça ait un gros impact sur la prochaine ou les deux prochaines décisions. Je pense que la Banque du Canada sait exactement ce qu’elle souhaite faire lors de sa prochaine réunion, mais c’est clairement un pas dans la bonne direction. Ça ne fait aucun doute.
Je pense que tout le monde se rend compte que l’inflation doit diminuer pour que les banques centrales puissent reculer, et il faudra probablement que les banques centrales fassent marche arrière avant que les actions, en tant que catégorie d’actif, commencent à grimper considérablement. Et il y a aussi le fait qu’on a connu quelques mois consécutifs où les pressions inflationnistes semblaient culminer, sinon reculer, de manière trop importante. Il faut prendre les victoires là où on peut les avoir. C’était une bonne nouvelle.
GREG BONNELL : On va prendre les victoires là où on peut les avoir. En même temps, on parle de ce que ça signifie en fin de compte pour les actions et pour nos portefeuilles d’actions. Après la petite remontée de l’été, les choses ont été encore difficiles. Comme on l’a dit, la Fed est prête pour demain. Et selon la sévérité avec laquelle Jerome Powell va s’adresser à nous... en fait, j’aimerais savoir ce que vous en pensez.
Avec quelle sévérité va-t-il s’adresser à nous? Parce qu’il y a eu une remontée au cours de l’été, puis il y a eu Jackson Hole. Et parfois ça peut être plutôt tranquille à Jackson Hole. Mais il a prononcé un discours émouvant qui semble enfin être pris au sérieux.
MICHAEL O'BRIEN : Oui. Je pense que c’est exactement ça. Au début de l’été, avant Jackson Hole, je croyais que le FOMC, le comité de la Fed, avait été assez clair sur ce qu’il voulait accomplir. Il voulait agir rapidement, en amorçant en quelque sorte les hausses de taux, les mêmes que la Banque du Canada, et adopter la même stratégie.
Et il a dit qu’il voulait les amener à un niveau pour ralentir l’inflation et, par conséquent, la croissance. Et il veut les maintenir pendant un certain temps et voir ce qui se passe.
Mais si on revient à... je crois que c’était en juillet, il y a eu beaucoup d’enthousiasme sur le marché à l’égard d’un soi-disant virage de la Fed, selon lequel elle était sur le point de reculer. De toute évidence, ce n’était pas du tout l’intention. Je pense qu’à Jackson Hole, le président Powell a en fait remis les pendules à l’heure en disant : « Non, non, non, ce n’est pas de ça dont on parle. Les taux seront là pendant encore un certain temps. »
Et je pense qu’il a vraiment sonné l’alarme à ce moment-là. Je pense que de plus en plus de gens, au fil des semaines depuis Jackson Hole, de plus en plus de gens comprennent ceci : les taux vont augmenter à partir de maintenant, et ils vont rester là pendant un certain temps. Je pense que c’est l’écart qui a probablement perturbé le FOMC au cours de l’été.
La plupart des investisseurs et des prévisionnistes pensaient que les taux allaient augmenter pour atteindre 3,75 %, 4 %, 4,25 %, ce qui est, selon moi, un point d’atterrissage réaliste pour le taux directeur de la Fed. Puis ils ont prévu une diminution des taux d’intérêt aux deuxième et troisième trimestres de 2023, ce qui, selon moi, était inacceptable pour le FOMC. Ce n’est pas ce qu’il voulait communiquer.
Je pense donc que la plupart des gens sont plus réalistes en ce moment, qu’ils sont sur la même longueur d’onde que le FOMC. Je ne m’attends donc pas à ce que la décision de demain soit aussi surprenante. Mais en même temps, je ne crois pas qu’on devrait se leurrer en pensant qu’il considère son travail comme terminé. Il reste encore du travail à faire.
Encore du travail. Il a dit qu’il y aurait aussi des difficultés. Pour en revenir à la santé de nos portefeuilles, on sait que la banque centrale, que ce soit la nôtre ou la Fed, prend très au sérieux la lutte contre l’inflation.
Pour y parvenir, bien sûr, la grande préoccupation, c’est qu’elle aille trop loin, et qu’il n’y ait pas de récession en douceur, ou une légère récession, ou tout ce à quoi on espère qu’une récession pourrait ressembler et qui ne nous ferait pas trop mal. Il y a des moments difficiles. Les perspectives pour les actions ne semblent pas reluisantes si elle ne parvient pas à effectuer un atterrissage en douceur.
Non, et, de toute évidence, ça se reflète dans les fluctuations plus larges du marché depuis plusieurs mois, n’est-ce pas? Il faut être réalistes. C’est un contexte difficile pour les actions en tant que catégorie d’actif.
Ce que je veux dire, c’est que si les banques centrales resserrent pas mal les taux à l’unisson à l’échelle mondiale, à l’exception peut-être de la Chine et du Japon, tout le monde va resserrer les taux directeurs. La croissance ralentit parce que c’est nécessaire. L’inflation est l’ennemi numéro un, comme je l’ai dit, non seulement en Amérique du Nord, mais partout dans le monde.
C’est généralement une période difficile pour les actions de briller en tant que catégorie d’actif. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’occasions sur le marché. Ça ne veut pas dire que certaines actions ne présentent pas d’occasions ni qu’on va demeurer éternellement dans cette situation. Ce que ça signifie pour moi, c’est qu’il faut faire preuve d’un peu de patience.
Des jours meilleurs nous attendent. Mais pour en arriver là, il faut que les banques centrales cessent de relever les taux. Et la seule façon pour les banques centrales de mettre fin à la hausse des taux, c’est qu’elles voient collectivement l’inflation commencer à diminuer, pas en une seule fois, pas après un seul bon rapport, mais de façon constante, à l’échelle d’un large éventail de mesures.
Comme je l’ai dit au début, c’est un résultat positif pour le rapport sur l’IPC canadien d’aujourd’hui. Parce que non seulement l’IPC global a diminué et qu’il est en baisse pour le mois, mais il a aussi diminué de plus d’un pour cent par rapport à juin. On fait donc des progrès.
Mais c’est en plus des perturbations du secteur énergétique et, oui, les prix de l’essence étaient en hausse, puis en baisse. Les mesures de base plus larges de l’IPC au Canada ont en fait progressé dans la bonne direction ce mois-ci.
Et je pense que ce qu’on doit voir pour être vraiment plus optimistes à l’égard du marché dans son ensemble, c’est qu’on a besoin d’autres données comme celles-là, où les mesures de base, le vaste éventail de données entrantes sur les prix indiquent que le pire est derrière nous. Parce que c’est ce que les banques centrales doivent voir pour reculer.
Une fois que les banques centrales vont avoir l’impression d’en avoir assez fait et d’être en mesure de faire savoir aux marchés que les taux directeurs ne vont probablement pas augmenter beaucoup plus, je pense que c’est à ce moment-là qu’on va devenir plus constructifs, et qu’on va en quelque sorte tous se lancer dans la négociation d’actions. Mais ce n’est pas pour aujourd’hui. On a encore du chemin à faire pour y arriver.
Vous avez dit qu’il fallait être patients, n’est-ce pas? Est-ce que ce sera la discipline la plus difficile à adopter pour les investisseurs? J’ai l’impression qu’on a traversé une longue période où on n’avait pas à être patients, où la Fed ou quelqu’un d’autre répondait à nos besoins si on n’était pas satisfaits de la situation. Et maintenant, on vient de nous dire : « Écoutez, le chemin est long et on ne va pas venir à votre rescousse. »
La patience semble... je devrais être patient à mon âge, et j’ai l’impression de ne plus avoir de patience pour quoi que ce soit.
Bien sûr, y a-t-il quelqu’un qui l’est?
GREG BONNELL : En effet.
Non, je pense que vous avez soulevé un point très important, à savoir que le contexte actuel est différent de celui auquel la plupart d’entre nous sont habitués depuis une décennie. Au cours de la dernière décennie, le problème était que les banques centrales ne parvenaient pas à obtenir une inflation suffisante. Elles ont continué d’établir des objectifs inférieurs en matière de politiques. Et en raison de ça, chaque fois que la croissance semblait vouloir fléchir, comme vous l’avez dit, ou qu’il y avait des problèmes à l’horizon, quelque chose s’est produit, et les banques centrales ont été très rapides à intervenir et à corriger la situation. Parce ce que ce contre quoi elles luttaient, c’était une inflation inférieure à la cible.
C’est pourquoi la Fed a toujours été notre amie tout au long de cette période. On entend parler de la stratégie de la Fed. Autrement dit, la Fed va sauver la mise. Et elle l’a fait pendant près de 10 ou 15 ans, je suppose, depuis 2009.
C’est un contexte très différent. Il y a donc eu une concordance d’intérêts. Les investisseurs et les décideurs avaient les mêmes intérêts, soit protéger la croissance afin que l’inflation puisse revenir à la cible.
Maintenant, ces deux parties ne sont plus en accord. Les investisseurs ne veulent pas la même chose que la banque centrale. La banque centrale veut un ralentissement de la croissance et des taux d’intérêt plus élevés, moins d’inflation. On a tendance à vouloir des taux plus bas et une croissance plus élevée.
[RIRES] On ne fait plus partie de la même équipe.
Et quand il y a cette divergence, quand les parties ne sont plus en accord, on dit alors qu’il ne faut pas combattre la Fed. Ce sont les banques centrales qui vont remporter cette bataille. Pour revenir à ce que vous disiez, il faut être patients et laisser le processus suivre son cours.
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