Les ventes au détail aux États-Unis ont continué de croître en février, ce qui a entraîné un autre solide gain au premier trimestre. Anthony Okolie discute avec Maria Solovieva, économiste, Groupe Banque TD, des dernières données et des raisons pour lesquelles le risque d’une hausse de l’inflation pourrait encore avoir un impact sur les dépenses aux États-Unis.
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[MUSIQUE]
Malgré la montée en flèche de l’inflation, les ventes au détail aux États-Unis continuent de montrer des signes de résilience. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de défis à relever en ce qui a trait à la demande des consommateurs américains. Maria Solovieva, économiste au Groupe Banque TD, est ici pour nous en dire plus. Maria, compte tenu de toutes les préoccupations au sujet de l’inflation aux États-Unis, comment se fait-il que les ventes au détail continuent d’afficher de solides résultats?
Tout d’abord, merci, Tony, de m’avoir invitée aujourd’hui. Et ce que j’aimerais dire, c’est que, bien sûr, on constate que les consommateurs sont de plus en plus fatigués de l’inflation. C’est ce qui ressort le plus de l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan, qui est maintenant à son plus bas niveau depuis les 10 dernières années.
Mais il ne faut pas oublier que les consommateurs ont terminé l’année 2021 en très bonne position. La valeur nette des ménages américains a augmenté de 30 %. Elle se situe donc à 30 % au-dessus des niveaux de la pandémie. On parle en fait de 150 000 milliards de dollars.
Et on sait aussi que les consommateurs ont pu épargner un important pécule d’environ 2 700 milliards de dollars au plus. Et ils ont à peine commencé à l’utiliser. Il y a donc cette résilience chez les consommateurs américains, et c’est pourquoi les ventes au détail, en particulier, continuent de montrer une certaine vigueur.
Et il semble que cette vigueur de 2021 se soit poursuivie jusqu’en 2022. Les chiffres de janvier ont été révisés à la hausse, et les résultats de février semblent indiquer que la croissance a également été un peu plus diversifiée. Qu’est-ce que cela révèle sur l’état de la reprise aux États-Unis?
Vous avez raison de dire qu’on a été très surpris par la révision de janvier. En fait, l’augmentation de 0,3 % en février semble beaucoup plus remarquable si on tient compte du fait que le chiffre de janvier a été révisé. On aimerait voir un peu plus de diversification. Ce n’est peut-être pas aussi visible dans les ventes au détail, qui excluent les catégories de services et de dépenses.
Mais on observe une certaine amélioration par rapport à la vague Omicron. Par exemple, la catégorie du commerce électronique, qui a été l’une des têtes d’affiche pendant la pandémie, a progressé de 20 % en janvier, mais a reculé en février, ce qui donne à penser que les consommateurs dépensent maintenant pour d’autres biens. Et l’autre bonne nouvelle, c’est que les dépenses dans les restaurants ont augmenté, les dépenses en vêtements, ce qui donne à penser que les catégories liées aux sorties se sont également améliorées en février.
OK, parlons maintenant un peu plus de l’état de l’inflation et des conséquences à long terme. Voyez-vous des signes que l’inflation a des répercussions sur les consommateurs américains?
En effet, on voit ces signes. Et les ventes au détail sont un peu plus difficiles à décrire dans les activités réelles. On tente de les ajuster en fonction de l’indice des prix à la consommation en jumelant différentes catégories à l’indice des prix à la consommation, et ce qu’on constate, c’est que certaines des catégories affichent une certaine faiblesse en termes réels si on les ajuste en fonction de l’inflation.
Certaines d’entre elles le sont. Encore une fois, les stations-service qui ont augmenté les prix de l’essence ont doublé au cours de la dernière année. En termes réels, les consommateurs dépensent donc un peu moins.
On le voit aussi dans des catégories comme les meubles et les dépenses en électronique, qui ont aussi été assez élevées durant la pandémie. Et aussi dans les épiceries, on a constaté un déclin en février. Et ce qui est remarquable aussi pour certaines de ces catégories, c’est que les dépenses réelles diminuent d’une année à l’autre. Et ces catégories sont l’essence, les appareils électroniques et les magasins de meubles.
Et quand vous parlez de biens, vous ne pouvez pas ne pas parler des problèmes de la chaîne d’approvisionnement, et ça a été un problème par le passé. Où en sommes-nous par rapport à la chaîne d’approvisionnement?
On observe une certaine amélioration, ce qui est excellent. En fait, si vous faites le point sur les stocks, à l’exception des véhicules automobiles, on observe une augmentation d’environ 20 % des stocks. Et on observe également une baisse des prix et des coûts de transport, ainsi qu’une amélioration des délais de livraison pour les indices ISM dans les secteurs de la fabrication et des services.
Ce qu’on ne voit pas, c’est une amélioration dans le secteur automobile. En fait, les stocks sont encore inférieurs de près de 30 % à ce qu’ils étaient avant la pandémie. Donc ça a certainement des répercussions sur ce secteur.
Quels sont les autres obstacles auxquels l’économie américaine est confrontée, et le déclin du variant Omicron sera-t-il suffisant pour maintenir la dynamique économique?
Le déclin d’Omicron est une excellente nouvelle. Ça va aider le consommateur à faire la transition vers les services, et on l’espère, surtout au deuxième trimestre. N’oubliez pas qu’on n’est pas revenus aux niveaux d’avant la pandémie en ce qui a trait aux restrictions. À mesure que d’autres restrictions vont être levées en raison de la baisse de la virulence du virus, on espère que les consommateurs vont recommencer à dépenser pour les services.
En même temps, il est probable que l’inflation accentue les pressions. Dans nos prévisions actuelles, on augmente le prix du pétrole. Notre prévision est passée de 72 $ à 110 $, ce qui représente une augmentation importante.
Et comme l’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuit, les prix vont augmenter. Cela signifie des prix plus élevés aux stations-service. Et ça va probablement se répercuter sur les prix des aliments, parce que la guerre a aussi des répercussions sur les prix des produits de base et des produits alimentaires de base. Cela va donc créer des obstacles pour les consommateurs.
On espère donc que la baisse des dépenses en biens va être compensée par une augmentation des dépenses en services. On s’attend donc toujours à un ralentissement au premier trimestre, possiblement une baisse des biens au deuxième trimestre, qui va être compensée par l’accélération des dépenses dans les services. Et on s’attend toujours à une augmentation réelle d’environ 2,5 % des dépenses au premier semestre de 2022.
Maria, merci beaucoup pour votre temps.
Merci.
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Malgré la montée en flèche de l’inflation, les ventes au détail aux États-Unis continuent de montrer des signes de résilience. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de défis à relever en ce qui a trait à la demande des consommateurs américains. Maria Solovieva, économiste au Groupe Banque TD, est ici pour nous en dire plus. Maria, compte tenu de toutes les préoccupations au sujet de l’inflation aux États-Unis, comment se fait-il que les ventes au détail continuent d’afficher de solides résultats?
Tout d’abord, merci, Tony, de m’avoir invitée aujourd’hui. Et ce que j’aimerais dire, c’est que, bien sûr, on constate que les consommateurs sont de plus en plus fatigués de l’inflation. C’est ce qui ressort le plus de l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan, qui est maintenant à son plus bas niveau depuis les 10 dernières années.
Mais il ne faut pas oublier que les consommateurs ont terminé l’année 2021 en très bonne position. La valeur nette des ménages américains a augmenté de 30 %. Elle se situe donc à 30 % au-dessus des niveaux de la pandémie. On parle en fait de 150 000 milliards de dollars.
Et on sait aussi que les consommateurs ont pu épargner un important pécule d’environ 2 700 milliards de dollars au plus. Et ils ont à peine commencé à l’utiliser. Il y a donc cette résilience chez les consommateurs américains, et c’est pourquoi les ventes au détail, en particulier, continuent de montrer une certaine vigueur.
Et il semble que cette vigueur de 2021 se soit poursuivie jusqu’en 2022. Les chiffres de janvier ont été révisés à la hausse, et les résultats de février semblent indiquer que la croissance a également été un peu plus diversifiée. Qu’est-ce que cela révèle sur l’état de la reprise aux États-Unis?
Vous avez raison de dire qu’on a été très surpris par la révision de janvier. En fait, l’augmentation de 0,3 % en février semble beaucoup plus remarquable si on tient compte du fait que le chiffre de janvier a été révisé. On aimerait voir un peu plus de diversification. Ce n’est peut-être pas aussi visible dans les ventes au détail, qui excluent les catégories de services et de dépenses.
Mais on observe une certaine amélioration par rapport à la vague Omicron. Par exemple, la catégorie du commerce électronique, qui a été l’une des têtes d’affiche pendant la pandémie, a progressé de 20 % en janvier, mais a reculé en février, ce qui donne à penser que les consommateurs dépensent maintenant pour d’autres biens. Et l’autre bonne nouvelle, c’est que les dépenses dans les restaurants ont augmenté, les dépenses en vêtements, ce qui donne à penser que les catégories liées aux sorties se sont également améliorées en février.
OK, parlons maintenant un peu plus de l’état de l’inflation et des conséquences à long terme. Voyez-vous des signes que l’inflation a des répercussions sur les consommateurs américains?
En effet, on voit ces signes. Et les ventes au détail sont un peu plus difficiles à décrire dans les activités réelles. On tente de les ajuster en fonction de l’indice des prix à la consommation en jumelant différentes catégories à l’indice des prix à la consommation, et ce qu’on constate, c’est que certaines des catégories affichent une certaine faiblesse en termes réels si on les ajuste en fonction de l’inflation.
Certaines d’entre elles le sont. Encore une fois, les stations-service qui ont augmenté les prix de l’essence ont doublé au cours de la dernière année. En termes réels, les consommateurs dépensent donc un peu moins.
On le voit aussi dans des catégories comme les meubles et les dépenses en électronique, qui ont aussi été assez élevées durant la pandémie. Et aussi dans les épiceries, on a constaté un déclin en février. Et ce qui est remarquable aussi pour certaines de ces catégories, c’est que les dépenses réelles diminuent d’une année à l’autre. Et ces catégories sont l’essence, les appareils électroniques et les magasins de meubles.
Et quand vous parlez de biens, vous ne pouvez pas ne pas parler des problèmes de la chaîne d’approvisionnement, et ça a été un problème par le passé. Où en sommes-nous par rapport à la chaîne d’approvisionnement?
On observe une certaine amélioration, ce qui est excellent. En fait, si vous faites le point sur les stocks, à l’exception des véhicules automobiles, on observe une augmentation d’environ 20 % des stocks. Et on observe également une baisse des prix et des coûts de transport, ainsi qu’une amélioration des délais de livraison pour les indices ISM dans les secteurs de la fabrication et des services.
Ce qu’on ne voit pas, c’est une amélioration dans le secteur automobile. En fait, les stocks sont encore inférieurs de près de 30 % à ce qu’ils étaient avant la pandémie. Donc ça a certainement des répercussions sur ce secteur.
Quels sont les autres obstacles auxquels l’économie américaine est confrontée, et le déclin du variant Omicron sera-t-il suffisant pour maintenir la dynamique économique?
Le déclin d’Omicron est une excellente nouvelle. Ça va aider le consommateur à faire la transition vers les services, et on l’espère, surtout au deuxième trimestre. N’oubliez pas qu’on n’est pas revenus aux niveaux d’avant la pandémie en ce qui a trait aux restrictions. À mesure que d’autres restrictions vont être levées en raison de la baisse de la virulence du virus, on espère que les consommateurs vont recommencer à dépenser pour les services.
En même temps, il est probable que l’inflation accentue les pressions. Dans nos prévisions actuelles, on augmente le prix du pétrole. Notre prévision est passée de 72 $ à 110 $, ce qui représente une augmentation importante.
Et comme l’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuit, les prix vont augmenter. Cela signifie des prix plus élevés aux stations-service. Et ça va probablement se répercuter sur les prix des aliments, parce que la guerre a aussi des répercussions sur les prix des produits de base et des produits alimentaires de base. Cela va donc créer des obstacles pour les consommateurs.
On espère donc que la baisse des dépenses en biens va être compensée par une augmentation des dépenses en services. On s’attend donc toujours à un ralentissement au premier trimestre, possiblement une baisse des biens au deuxième trimestre, qui va être compensée par l’accélération des dépenses dans les services. Et on s’attend toujours à une augmentation réelle d’environ 2,5 % des dépenses au premier semestre de 2022.
Maria, merci beaucoup pour votre temps.
Merci.
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