
Des réunions des banques centrales aux données économiques, les signaux ne manqueront pas. Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active, Gestion de Placements TD, discute avec Kim Parlee des possibles répercussions sur les marchés.
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Quand est-ce qu’on arrive? On est beaucoup à se poser la question, à savoir si la Fed est arrivée à la fin de son cycle de resserrement ou si une autre hausse de taux est probable, et, si c’est le cas, quand elle aura lieu. Lors du symposium de Jackson Hole de cette année, le président de la Fed, Jerome Powell, a de nouveau déclaré qu’il était prêt à relever les taux d’intérêt si besoin, d’autant plus que l’économie continue à défier les attentes.
Qu’est-ce que ça signifie pour les taux, les titres à revenu fixe et l’économie globale? Mon invité affirme que le mois de septembre pourrait être très intéressant. Scott Colbourne est directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active à GPTD. Je ne sais pas si j’aime le mot intéressant, pour citer Confucius, « Puissiez-vous vivre à une époque intéressante. » Mais quelles sont vos prévisions? Que pourrait-il se passer en septembre?
Mais c’est vraiment une période intéressante, non? C’est la fin des vacances, les enfants retournent à l’école. Les participants aux marchés sont aussi de retour. On a donc beaucoup de pain sur la planche. Cette semaine, on a eu un véritable avant-goût de données clés. D’abord avec Jackson Hole, puis on aura… ça va être intéressant, car on aura les réunions des banques centrales.
Quatre réunions des banques centrales majeures vont avoir lieu en septembre. C’est habituellement une période caractérisée par la volatilité. Historiquement, le mois d’octobre est intéressant sur le marché. On aura plus d’indications sur l’orientation de l’économie. Des difficultés commencent à se manifester.
Est-ce qu’on va vers un atterrissage en douceur ou brutal? C’est comme ça que je définirais l’automne. On a eu un très bon été. Les actions ont été très performantes. Le crédit a eu un bon rendement. Les taux sont évidemment plus élevés. Mais un nouveau scénario va se développer sur le marché.
Je commence à me rendre compte que le mot intéressant est un nouvel indicateur baissier! Je sais que vous surveillez les données de très près. Commencez-vous à voir des fissures? Et qu’est-ce que vous dites de… Je sais que vous disiez plus tôt que cela dépend du chemin. Le chemin est-il plus long, plus lent? Va-t-on voir une descente plus rapide? Où en est-on actuellement?
Je pense que, cette année, les participants aux stratégies de titres à revenu fixe, en particulier, ont souffert de différents discours. On a commencé en mettant l’accent sur la récession. Puis, il y a eu la faillite de la SVB et la réaction de la Fed. Les taux se sont fortement redressés. Ensuite, on s’attendait à une contraction du crédit et à une récession. Mais ça n’a pas eu lieu. On a eu une formidable remontée et une croissance économique extraordinaire.
On est maintenant au troisième trimestre de l’année. Et les facteurs favorables de la politique monétaire s’atténuent. Les facteurs favorables de la politique budgétaire sont en baisse. Bon nombre des surprises qu’on a eues en matière de croissance s’atténuent. Les États-Unis ont connu un deuxième trimestre exceptionnel. La croissance a été incroyable.
Mais l’Europe a ralenti. La Chine aussi. Le Canada a connu le même phénomène. Il y a donc eu une exception américaine en quelque sorte. Alors qu’on entre dans le dernier tiers de l’année, la plupart des économies commencent vraiment à ralentir.
Et s’il y a une remontée, elle est très modeste. Il faut s’attendre à une remontée modeste des obligations. Je ne veux pas trop m’avancer, mais je pense que le cycle des taux est terminé. La semaine prochaine, ce sera au tour de la Banque du Canada.
Oui.
Aucune donnée n’est prise en compte.
Oui.
Et je ne pense pas qu’on verra quoi que ce soit. Dans l’ensemble, les données indiquent qu’il faut attendre. Deux semaines plus tard, il y aura la Fed. Encore une fois, il n’y a pas vraiment de prise en compte. Il y a la BCE et la Banque d’Angleterre, avec peut-être une hausse ou peut-être une hausse pour les deux. Mais c’est un peu « pile ou face ».
Les données commencent à montrer que la croissance ralentit. Le marché de l’emploi ralentit cette semaine aux États-Unis, ce qui est bon signe. Mais d’autres fissures émergent et elles vont mener à la fin des hausses de taux, puis à une pause et à une remontée des taux.
Puis-je vous demander… une chose que vous avez mentionnée, c’est que les données, évidemment, sont importantes. Mais si on prend les titres de créance de sociétés, par exemple, vous m’avez dit plus tôt qu’il y avait une divergence entre les émetteurs d’obligations de sociétés solides et ceux qui ne le sont pas. Que voyez-vous à ce niveau?
On observe vraiment des tensions sur le marché du crédit. Les grands sondages de la Fed et des responsables des prêts indiquent clairement que les grandes banques réduisent le crédit. Les faillites : le mois de juillet a été l’un des mois records pour les faillites aux États-Unis. Et on devrait connaître la pire année en matière de faillites aux États-Unis depuis 2010.
Les taux de défaillance sont légèrement en hausse. Pour moi, c’est l’indicateur avancé. Les provisions pour les pertes sur prêts de certaines banques…
sont en hausse, oui.
Des défauts de paiement de cartes de crédit commencent à apparaître. C’est donc une indication qu’on va vers plus de stress. Et pour revenir à cette idée de période intéressante, le stress s’accentue sur le marché du crédit. Les tensions économiques à l’échelle mondiale sont évidentes. On observe un ralentissement de la croissance. Le PIB des États-Unis est plus faible que prévu.
L’un de mes indicateurs favoris qui ne suscite pas beaucoup d’intérêt est le RIB, le revenu intérieur brut. Le PIB et le RIB doivent être égaux. Il indique une croissance nulle, voire une croissance en récession. Les signes de ralentissement de la croissance commencent à se manifester aux États-Unis, ainsi que le ralentissement du marché de l’emploi et des fissures sur le marché du crédit. Voilà pourquoi cet automne devrait être intéressant.
Il ne me reste que quelques secondes, mais j’aimerais revenir sur le point que vous avez mentionné, pour certains des meilleurs émetteurs de titres de créance vous ne voyez pas ces tendances, et c’est parce qu’ils ont utilisé cette période pour rembourser des dettes, accumuler les liquidités, ce qui peut fausser ce qu’on a vu récemment. En même temps, ce sont de grands employeurs, ce qui pourrait signifier une résilience plus longue.
Il y a une réelle divergence sur le marché du crédit. Les mégacapitalisations et emprunteurs à grande capitalisation se comportent très bien. En fait, avec cette hausse de 500 points de base des taux, ils n’ont pas eu de répercussions. Mais lorsqu’on examine le palier inférieur et le palier encore inférieur, on voit des signes de tensions sur le marché du crédit.
Ils n’ont pas accès aux marchés financiers pour régler leur dette et ont vraiment laissé de côté les liquidités. Les répercussions sur les intérêts sont fortes et continueront de l’être jusqu’en 2024. Il va donc vraiment falloir surveiller tout ça. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
Quand est-ce qu’on arrive? On est beaucoup à se poser la question, à savoir si la Fed est arrivée à la fin de son cycle de resserrement ou si une autre hausse de taux est probable, et, si c’est le cas, quand elle aura lieu. Lors du symposium de Jackson Hole de cette année, le président de la Fed, Jerome Powell, a de nouveau déclaré qu’il était prêt à relever les taux d’intérêt si besoin, d’autant plus que l’économie continue à défier les attentes.
Qu’est-ce que ça signifie pour les taux, les titres à revenu fixe et l’économie globale? Mon invité affirme que le mois de septembre pourrait être très intéressant. Scott Colbourne est directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active à GPTD. Je ne sais pas si j’aime le mot intéressant, pour citer Confucius, « Puissiez-vous vivre à une époque intéressante. » Mais quelles sont vos prévisions? Que pourrait-il se passer en septembre?
Mais c’est vraiment une période intéressante, non? C’est la fin des vacances, les enfants retournent à l’école. Les participants aux marchés sont aussi de retour. On a donc beaucoup de pain sur la planche. Cette semaine, on a eu un véritable avant-goût de données clés. D’abord avec Jackson Hole, puis on aura… ça va être intéressant, car on aura les réunions des banques centrales.
Quatre réunions des banques centrales majeures vont avoir lieu en septembre. C’est habituellement une période caractérisée par la volatilité. Historiquement, le mois d’octobre est intéressant sur le marché. On aura plus d’indications sur l’orientation de l’économie. Des difficultés commencent à se manifester.
Est-ce qu’on va vers un atterrissage en douceur ou brutal? C’est comme ça que je définirais l’automne. On a eu un très bon été. Les actions ont été très performantes. Le crédit a eu un bon rendement. Les taux sont évidemment plus élevés. Mais un nouveau scénario va se développer sur le marché.
Je commence à me rendre compte que le mot intéressant est un nouvel indicateur baissier! Je sais que vous surveillez les données de très près. Commencez-vous à voir des fissures? Et qu’est-ce que vous dites de… Je sais que vous disiez plus tôt que cela dépend du chemin. Le chemin est-il plus long, plus lent? Va-t-on voir une descente plus rapide? Où en est-on actuellement?
Je pense que, cette année, les participants aux stratégies de titres à revenu fixe, en particulier, ont souffert de différents discours. On a commencé en mettant l’accent sur la récession. Puis, il y a eu la faillite de la SVB et la réaction de la Fed. Les taux se sont fortement redressés. Ensuite, on s’attendait à une contraction du crédit et à une récession. Mais ça n’a pas eu lieu. On a eu une formidable remontée et une croissance économique extraordinaire.
On est maintenant au troisième trimestre de l’année. Et les facteurs favorables de la politique monétaire s’atténuent. Les facteurs favorables de la politique budgétaire sont en baisse. Bon nombre des surprises qu’on a eues en matière de croissance s’atténuent. Les États-Unis ont connu un deuxième trimestre exceptionnel. La croissance a été incroyable.
Mais l’Europe a ralenti. La Chine aussi. Le Canada a connu le même phénomène. Il y a donc eu une exception américaine en quelque sorte. Alors qu’on entre dans le dernier tiers de l’année, la plupart des économies commencent vraiment à ralentir.
Et s’il y a une remontée, elle est très modeste. Il faut s’attendre à une remontée modeste des obligations. Je ne veux pas trop m’avancer, mais je pense que le cycle des taux est terminé. La semaine prochaine, ce sera au tour de la Banque du Canada.
Oui.
Aucune donnée n’est prise en compte.
Oui.
Et je ne pense pas qu’on verra quoi que ce soit. Dans l’ensemble, les données indiquent qu’il faut attendre. Deux semaines plus tard, il y aura la Fed. Encore une fois, il n’y a pas vraiment de prise en compte. Il y a la BCE et la Banque d’Angleterre, avec peut-être une hausse ou peut-être une hausse pour les deux. Mais c’est un peu « pile ou face ».
Les données commencent à montrer que la croissance ralentit. Le marché de l’emploi ralentit cette semaine aux États-Unis, ce qui est bon signe. Mais d’autres fissures émergent et elles vont mener à la fin des hausses de taux, puis à une pause et à une remontée des taux.
Puis-je vous demander… une chose que vous avez mentionnée, c’est que les données, évidemment, sont importantes. Mais si on prend les titres de créance de sociétés, par exemple, vous m’avez dit plus tôt qu’il y avait une divergence entre les émetteurs d’obligations de sociétés solides et ceux qui ne le sont pas. Que voyez-vous à ce niveau?
On observe vraiment des tensions sur le marché du crédit. Les grands sondages de la Fed et des responsables des prêts indiquent clairement que les grandes banques réduisent le crédit. Les faillites : le mois de juillet a été l’un des mois records pour les faillites aux États-Unis. Et on devrait connaître la pire année en matière de faillites aux États-Unis depuis 2010.
Les taux de défaillance sont légèrement en hausse. Pour moi, c’est l’indicateur avancé. Les provisions pour les pertes sur prêts de certaines banques…
sont en hausse, oui.
Des défauts de paiement de cartes de crédit commencent à apparaître. C’est donc une indication qu’on va vers plus de stress. Et pour revenir à cette idée de période intéressante, le stress s’accentue sur le marché du crédit. Les tensions économiques à l’échelle mondiale sont évidentes. On observe un ralentissement de la croissance. Le PIB des États-Unis est plus faible que prévu.
L’un de mes indicateurs favoris qui ne suscite pas beaucoup d’intérêt est le RIB, le revenu intérieur brut. Le PIB et le RIB doivent être égaux. Il indique une croissance nulle, voire une croissance en récession. Les signes de ralentissement de la croissance commencent à se manifester aux États-Unis, ainsi que le ralentissement du marché de l’emploi et des fissures sur le marché du crédit. Voilà pourquoi cet automne devrait être intéressant.
Il ne me reste que quelques secondes, mais j’aimerais revenir sur le point que vous avez mentionné, pour certains des meilleurs émetteurs de titres de créance vous ne voyez pas ces tendances, et c’est parce qu’ils ont utilisé cette période pour rembourser des dettes, accumuler les liquidités, ce qui peut fausser ce qu’on a vu récemment. En même temps, ce sont de grands employeurs, ce qui pourrait signifier une résilience plus longue.
Il y a une réelle divergence sur le marché du crédit. Les mégacapitalisations et emprunteurs à grande capitalisation se comportent très bien. En fait, avec cette hausse de 500 points de base des taux, ils n’ont pas eu de répercussions. Mais lorsqu’on examine le palier inférieur et le palier encore inférieur, on voit des signes de tensions sur le marché du crédit.
Ils n’ont pas accès aux marchés financiers pour régler leur dette et ont vraiment laissé de côté les liquidités. Les répercussions sur les intérêts sont fortes et continueront de l’être jusqu’en 2024. Il va donc vraiment falloir surveiller tout ça. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]