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La réouverture de la Chine a donné un fort coup de pouce à plusieurs secteurs, notamment celui du commerce de détail des produits de luxe. Mais ces effets favorables peuvent-ils s’inscrire durablement? Greg Bonnell reçoit Ben Gossack, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, pour parler de la reprise chinoise et des répercussions pour les investisseurs.
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L’un des thèmes dominants en début d’année portait sur la réouverture surprise de la Chine après des années de restrictions liées à la COVID. À mesure que l’on avance dans l’année, quels secteurs profitent toujours de cette tendance, et lesquels commencent à s’essouffler? J’accueille Ben Gossack, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD. Ben, c’est un plaisir de vous retrouver.
Greg, ravi d’être avec vous. J’aime beaucoup discuter avec vous.
On a beaucoup entendu parler de la réouverture de la Chine en début d’année. Les actions ont bien commencé l’année, et ce thème a fait partie des catalyseurs. La Chine, après moult tergiversations, rouvre soudainement. Tout le monde se dit que c’est une bonne nouvelle, tous secteurs confondus. Vous avez regardé quels secteurs ont pris la balle au bond, et lesquels ont un peu manqué le coche. Que se passe-t-il sous la surface?
Oui. Au début de chaque année, on sort nos boules de cristal.
Que nous réservent les 12 prochains mois?
Nos précieuses boules de cristal. Que va-t-il se passer? Oui, la Chine a vraiment joué un rôle de catalyseur. Il manquait la crise des dépôts des banques régionales américaines sur ma carte de bingo. On ne gagne pas à tous les coups. Un point très intéressant sur la Chine, c’est qu’en parlant aux équipes de direction en novembre – celles qui dépendent vraiment de la Chine – on n’avait aucune visibilité sur la date de la réouverture. Le jour de la réouverture surprise en décembre, le coup d’envoi a été lancé. Tout le monde a profité de la réouverture de la Chine, peu importe le secteur, que ce soit les matériaux, les sociétés liées aux voyages ou à la consommation, à l’activité industrielle. Tout tournait autour de la Chine. On craignait presque de manquer des occasions, car les cours boursiers ont grimpé. L’un des premiers secteurs qui a retenu notre attention, c’est celui des casinos de Macao. L’activité était au point mort. Les actions s’étaient effondrées. Et du jour au lendemain, elles ont grimpé de 100 %. Et maintenant, cinq ou six mois après la réouverture, elles doivent s’adapter à ces fluctuations. Elles ont monté de 100 % par rapport aux niveaux les plus bas. Certaines ont depuis reculé de 20 %, mais elles font du surplace. Dans les secteurs durables, celui du luxe a continué de bien se comporter. C’est un thème dont on parle depuis un certain temps. La réouverture de la Chine alimente le secteur du luxe. Des sociétés comme Hermes et LVMH ont publié leurs chiffres, et leurs actions atteignent de nouveaux sommets. Ce qui est très intéressant – je crois que nous avons quelques graphiques pour montrer le rendement. On parle de l’instabilité et de l’incertitude qui règnent sur le marché. Les gens se demandent où placer leur argent. Et beaucoup se tournent vers les liquidités ou les CPG. Pourtant, si vous regardez la courbe de LVMH, Hermes ou d’autres valeurs de luxe, impossible de suspecter le moindre problème. C’est tout à fait étonnant. Pour certaines sociétés américaines cotées en bourse qui devraient profiter de la Chine, par exemple Nike, Starbucks ou Estee Lauder, les résultats sont mitigés.
Et Starbucks considère normalement la Chine comme un grand moteur de croissance.
D’ailleurs, Greg, Starbucks a publié ses chiffres hier. Rien qu’au mois de mars, les ventes des magasins comparables ont augmenté de 30 %. L’activité est là. Ce qui a déçu les investisseurs et explique le rachat de 9 % de sa capitalisation boursière, c’est que les attentes n’ont pas été reportées sur le reste de l’année. On se pose donc une question. On a été témoin d’un fort regain d’activité. Va-t-il se poursuivre? La direction veut-elle nous dire que ça ne durera pas? Ou se montre-t-elle très prudente pour tempérer nos attentes et pouvoir ensuite progresser? Je penche plutôt du côté de la prudence. Mais sans aucun doute, l’activité est au rendez-vous.
Estee Lauder. C’est du maquillage, non?
Oui.
Vous sortez de chez vous, vous allez vaquer à vos occupations et bien sûr, vous avez envie de bien paraître. Vous l’avez épinglé parmi les sociétés en perte de vitesse. Pourquoi?
Oui. Ce n’est pas n’importe quel maquillage. On parle vraiment d’une marque de prestige. C’est une société que l’on suit dans le domaine financier.
C’est le type de produits qu’on utilise. On est devant la caméra. On veut du prestige.
Bien sûr. Et ses marges s’apparentent beaucoup à celles d’une société de logiciels. C’est donc une activité très rentable. C’est très intéressant de regarder le graphique de l’action d’Estee Lauder, Greg. Juste avant la COVID, vers octobre, elle se négociait presque au plus bas. La réouverture est à son avantage. Les ventes d’Estee Lauder sont fortement liées aux voyages. Quand les gens voyagent, ils vont dans les boutiques hors taxe. Ils achètent du maquillage dans les boutiques que vous voyez à l’aéroport. Estee Lauder dépend des voyages. On lui a donc accordé le bénéfice du doute. Tout comme les investisseurs doivent faire des hypothèses sur les sociétés qui profiteront de la réouverture, les équipes de direction doivent estimer quelles quantités commander, quelles quantités vendre aux circuits de distribution et, en bout de ligne, aux commerçants qui vont nous vendre du maquillage pour qu’on paraisse bien. Elles ont dû faire beaucoup de grandes hypothèses. Et il y a de l’activité, tout comme pour Starbucks. Il y a de l’activité, mais elle ne se traduit pas en ventes. En ce moment, les stocks et le circuit de distribution sont saturés. Les revenus sont comptabilisés quand les produits sont vendus aux commerçants, mais en ce moment, les commerçants croulent sous les stocks. Même dans des provinces comme Hainan qui sont très touristiques, le volume d’activité est énorme, mais les clients n’achètent tout simplement pas de produits de beauté. La confiance des consommateurs a vraiment été ébranlée par la COVID en Chine. Les gens sortent. Ils veulent voyager. Ils recherchent le bien-être. Mais ils sont très sélectifs quand ils dépensent leur argent.
Justement, parlons du secteur des voyages. Dès qu’une économie rouvre ses portes et que les gens peuvent partir en vacances, qu’ils peuvent voyager, certains noms sortent évidemment du lot. Trip.com, Ctrip. Rien qu’au nom, je suppose que c’est lié aux voyages. Est-ce que je tire des conclusions hâtives?
C’est une entreprise de voyages en ligne, un peu comme booking.com ou Tripadvisor. On a accordé à cette société le bénéfice du doute. Actuellement, on entrevoit des prises de bénéfices, mais l’activité n’est pas à la hauteur de nos attentes. Dans le secteur des voyages, d’après ce que m’ont dit les gens sur le terrain, beaucoup de citoyens chinois ont vu leur passeport expirer pendant la COVID. Ils doivent souvent demander un visa pour voyager à l’étranger. Vous vous dites que les Chinois vont se remettre à voyager. L’activité des compagnies aériennes nationales dépasse les niveaux d’avant la COVID, mais l’activité internationale reste très modérée. Je crois qu’il y a encore des occasions extraordinaires qui se matérialiseront sans doute vers la fin du printemps et à l’été, quand les voyageurs auront des visas à jour, quand ils iront en Europe et dans d’autres pays et commenceront à dépenser.
Quels sont les risques pour ce type de société qui compte sur un rebond des voyages? Que les gens ne veulent tout simplement pas voyager à l’étranger?
Oui. Les gens ont envie d’aller à l’étranger. Mais il faut entrer dans l’esprit des consommateurs et se dire qu’ils pourraient acheter tel produit, mais pas l’autre. C’est là qu’est la difficulté. Ce sera un défi pour les investisseurs, et ce sera frustrant pour les équipes de direction. Si vous mettez un produit à vendre en magasin, vous ne voulez pas vous retrouver avec des tablettes vides. Mais le risque, c’est de fournir trop de marchandises, car il faut ensuite écouler les stocks. Ce n’est pas différent de ce qui s’est passé pendant la pandémie. On a acheté trop de biens, la chaîne d’approvisionnement s’est tendue, puis on a livré trop de stocks et il a fallu vendre au rabais. Maintenant, l’euphorie est terminée. La poussière est en train de retomber. Certaines entreprises s’en sortent bien, mais d’autres comme Estee Lauder ou Starbucks ont reculé. Et même dans le secteur des produits industriels ou des matériaux, on pensait qu’après la COVID, on assisterait à une relance. On constate que l’activité manufacturière est inférieure aux attentes. Par ailleurs, des matériaux comme le minerai de fer ont augmenté, avant de complètement reculer et de rebondir. Aucun secteur n’est épargné. Après cette vague initiale, l’euphorie est retombée. Je dirais que les secteurs durables sont ceux de l’aérospatiale et du luxe. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
L’un des thèmes dominants en début d’année portait sur la réouverture surprise de la Chine après des années de restrictions liées à la COVID. À mesure que l’on avance dans l’année, quels secteurs profitent toujours de cette tendance, et lesquels commencent à s’essouffler? J’accueille Ben Gossack, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD. Ben, c’est un plaisir de vous retrouver.
Greg, ravi d’être avec vous. J’aime beaucoup discuter avec vous.
On a beaucoup entendu parler de la réouverture de la Chine en début d’année. Les actions ont bien commencé l’année, et ce thème a fait partie des catalyseurs. La Chine, après moult tergiversations, rouvre soudainement. Tout le monde se dit que c’est une bonne nouvelle, tous secteurs confondus. Vous avez regardé quels secteurs ont pris la balle au bond, et lesquels ont un peu manqué le coche. Que se passe-t-il sous la surface?
Oui. Au début de chaque année, on sort nos boules de cristal.
Que nous réservent les 12 prochains mois?
Nos précieuses boules de cristal. Que va-t-il se passer? Oui, la Chine a vraiment joué un rôle de catalyseur. Il manquait la crise des dépôts des banques régionales américaines sur ma carte de bingo. On ne gagne pas à tous les coups. Un point très intéressant sur la Chine, c’est qu’en parlant aux équipes de direction en novembre – celles qui dépendent vraiment de la Chine – on n’avait aucune visibilité sur la date de la réouverture. Le jour de la réouverture surprise en décembre, le coup d’envoi a été lancé. Tout le monde a profité de la réouverture de la Chine, peu importe le secteur, que ce soit les matériaux, les sociétés liées aux voyages ou à la consommation, à l’activité industrielle. Tout tournait autour de la Chine. On craignait presque de manquer des occasions, car les cours boursiers ont grimpé. L’un des premiers secteurs qui a retenu notre attention, c’est celui des casinos de Macao. L’activité était au point mort. Les actions s’étaient effondrées. Et du jour au lendemain, elles ont grimpé de 100 %. Et maintenant, cinq ou six mois après la réouverture, elles doivent s’adapter à ces fluctuations. Elles ont monté de 100 % par rapport aux niveaux les plus bas. Certaines ont depuis reculé de 20 %, mais elles font du surplace. Dans les secteurs durables, celui du luxe a continué de bien se comporter. C’est un thème dont on parle depuis un certain temps. La réouverture de la Chine alimente le secteur du luxe. Des sociétés comme Hermes et LVMH ont publié leurs chiffres, et leurs actions atteignent de nouveaux sommets. Ce qui est très intéressant – je crois que nous avons quelques graphiques pour montrer le rendement. On parle de l’instabilité et de l’incertitude qui règnent sur le marché. Les gens se demandent où placer leur argent. Et beaucoup se tournent vers les liquidités ou les CPG. Pourtant, si vous regardez la courbe de LVMH, Hermes ou d’autres valeurs de luxe, impossible de suspecter le moindre problème. C’est tout à fait étonnant. Pour certaines sociétés américaines cotées en bourse qui devraient profiter de la Chine, par exemple Nike, Starbucks ou Estee Lauder, les résultats sont mitigés.
Et Starbucks considère normalement la Chine comme un grand moteur de croissance.
D’ailleurs, Greg, Starbucks a publié ses chiffres hier. Rien qu’au mois de mars, les ventes des magasins comparables ont augmenté de 30 %. L’activité est là. Ce qui a déçu les investisseurs et explique le rachat de 9 % de sa capitalisation boursière, c’est que les attentes n’ont pas été reportées sur le reste de l’année. On se pose donc une question. On a été témoin d’un fort regain d’activité. Va-t-il se poursuivre? La direction veut-elle nous dire que ça ne durera pas? Ou se montre-t-elle très prudente pour tempérer nos attentes et pouvoir ensuite progresser? Je penche plutôt du côté de la prudence. Mais sans aucun doute, l’activité est au rendez-vous.
Estee Lauder. C’est du maquillage, non?
Oui.
Vous sortez de chez vous, vous allez vaquer à vos occupations et bien sûr, vous avez envie de bien paraître. Vous l’avez épinglé parmi les sociétés en perte de vitesse. Pourquoi?
Oui. Ce n’est pas n’importe quel maquillage. On parle vraiment d’une marque de prestige. C’est une société que l’on suit dans le domaine financier.
C’est le type de produits qu’on utilise. On est devant la caméra. On veut du prestige.
Bien sûr. Et ses marges s’apparentent beaucoup à celles d’une société de logiciels. C’est donc une activité très rentable. C’est très intéressant de regarder le graphique de l’action d’Estee Lauder, Greg. Juste avant la COVID, vers octobre, elle se négociait presque au plus bas. La réouverture est à son avantage. Les ventes d’Estee Lauder sont fortement liées aux voyages. Quand les gens voyagent, ils vont dans les boutiques hors taxe. Ils achètent du maquillage dans les boutiques que vous voyez à l’aéroport. Estee Lauder dépend des voyages. On lui a donc accordé le bénéfice du doute. Tout comme les investisseurs doivent faire des hypothèses sur les sociétés qui profiteront de la réouverture, les équipes de direction doivent estimer quelles quantités commander, quelles quantités vendre aux circuits de distribution et, en bout de ligne, aux commerçants qui vont nous vendre du maquillage pour qu’on paraisse bien. Elles ont dû faire beaucoup de grandes hypothèses. Et il y a de l’activité, tout comme pour Starbucks. Il y a de l’activité, mais elle ne se traduit pas en ventes. En ce moment, les stocks et le circuit de distribution sont saturés. Les revenus sont comptabilisés quand les produits sont vendus aux commerçants, mais en ce moment, les commerçants croulent sous les stocks. Même dans des provinces comme Hainan qui sont très touristiques, le volume d’activité est énorme, mais les clients n’achètent tout simplement pas de produits de beauté. La confiance des consommateurs a vraiment été ébranlée par la COVID en Chine. Les gens sortent. Ils veulent voyager. Ils recherchent le bien-être. Mais ils sont très sélectifs quand ils dépensent leur argent.
Justement, parlons du secteur des voyages. Dès qu’une économie rouvre ses portes et que les gens peuvent partir en vacances, qu’ils peuvent voyager, certains noms sortent évidemment du lot. Trip.com, Ctrip. Rien qu’au nom, je suppose que c’est lié aux voyages. Est-ce que je tire des conclusions hâtives?
C’est une entreprise de voyages en ligne, un peu comme booking.com ou Tripadvisor. On a accordé à cette société le bénéfice du doute. Actuellement, on entrevoit des prises de bénéfices, mais l’activité n’est pas à la hauteur de nos attentes. Dans le secteur des voyages, d’après ce que m’ont dit les gens sur le terrain, beaucoup de citoyens chinois ont vu leur passeport expirer pendant la COVID. Ils doivent souvent demander un visa pour voyager à l’étranger. Vous vous dites que les Chinois vont se remettre à voyager. L’activité des compagnies aériennes nationales dépasse les niveaux d’avant la COVID, mais l’activité internationale reste très modérée. Je crois qu’il y a encore des occasions extraordinaires qui se matérialiseront sans doute vers la fin du printemps et à l’été, quand les voyageurs auront des visas à jour, quand ils iront en Europe et dans d’autres pays et commenceront à dépenser.
Quels sont les risques pour ce type de société qui compte sur un rebond des voyages? Que les gens ne veulent tout simplement pas voyager à l’étranger?
Oui. Les gens ont envie d’aller à l’étranger. Mais il faut entrer dans l’esprit des consommateurs et se dire qu’ils pourraient acheter tel produit, mais pas l’autre. C’est là qu’est la difficulté. Ce sera un défi pour les investisseurs, et ce sera frustrant pour les équipes de direction. Si vous mettez un produit à vendre en magasin, vous ne voulez pas vous retrouver avec des tablettes vides. Mais le risque, c’est de fournir trop de marchandises, car il faut ensuite écouler les stocks. Ce n’est pas différent de ce qui s’est passé pendant la pandémie. On a acheté trop de biens, la chaîne d’approvisionnement s’est tendue, puis on a livré trop de stocks et il a fallu vendre au rabais. Maintenant, l’euphorie est terminée. La poussière est en train de retomber. Certaines entreprises s’en sortent bien, mais d’autres comme Estee Lauder ou Starbucks ont reculé. Et même dans le secteur des produits industriels ou des matériaux, on pensait qu’après la COVID, on assisterait à une relance. On constate que l’activité manufacturière est inférieure aux attentes. Par ailleurs, des matériaux comme le minerai de fer ont augmenté, avant de complètement reculer et de rebondir. Aucun secteur n’est épargné. Après cette vague initiale, l’euphorie est retombée. Je dirais que les secteurs durables sont ceux de l’aérospatiale et du luxe. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]