
L’économie américaine croît à un rythme plus lent, car les effets de la hausse des taux d’intérêt et de l’augmentation de l’inflation se font sentir. Anna Castro, gestionnaire principale de portefeuille à Gestion de Placements TD, explique pourquoi le moment est peut-être venu d’envisager d’ajouter des obligations d’État américaines à votre portefeuille.
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[LOGO SONORE]
Les marchés boursiers se débarrassent des inquiétudes suscitées par le niveau élevé des taux d’intérêt et de récession potentielle. Les actions continuent même d’augmenter cette année. Mais mon invitée affirme que le moment est bien choisi pour examiner de plus près les titres à revenu fixe, surtout au cours des prochains trimestres. Anna Castro est gestionnaire de portefeuille principale à Gestion de Placements TD. Anna, c’est un plaisir de vous retrouver.
Merci, je suis contente d’être là.
Alors, parlons un peu de tout ça. Parlons de l’effet des taux plus élevés sur le plan économique, on constate certains de ces effets et ce qu’ils pourraient signifier pour les marchés.
La croissance économique commence à ralentir. On a une légère baisse de la confiance des consommateurs, la croissance des ventes au détail pourrait être inférieure à ce qu’elle était auparavant, l’activité manufacturière aussi, parce que les coûts d’emprunt sont plus élevés et qu’emprunter est plus difficile.
C’était l’intention des banques centrales, quand elles ont augmenté les taux de façon si marquée, Anna, tenter de ralentir l’économie pour contenir l’inflation. Vous avez des graphiques qui montrent les résultats de ces efforts.
Oui, c’est un bon point, Greg. Je tiens à mentionner, quand vous avez dit que l’on est dans cette situation depuis un an, techniquement, cela ne fait que six mois depuis l’été, les taux ont commencé à être plus élevés qu’ils ne l’étaient au cours du cycle précédent. Il faut donc du temps pour que ça fasse effet. Le graphique que nous avons ici est une toile d’araignée avec divers indicateurs. De toute évidence, un creux du marché n’est pas un événement, c’est un processus. Je vais donc passer en revue certaines de ces mesures. Celles en jaune sont, par exemple, liées à l’inflation. Elles sont inférieures à celles de l’année précédente. Le taux se rapproche de 4 %, mais il est inférieur à ce que la Fed vise, c’est-à-dire 2 %. L’autre aspect est l’évaluation. Nous pensons que l’évaluation des actions est trop élevée, surtout par rapport au niveau des taux des titres à revenu fixe. Troisièmement, il y a l’attitude face au risque. Le marché boursier en particulier est très positif ou optimiste surtout quand on pense que ce ralentissement économique n’en est qu’à ses débuts. Et cette tendance pourrait se manifester davantage à l’approche de l’été et vers la fin de l’année. Les indicateurs ici, ce sont les cercles rouges. On constate que les prévisions de révision des bénéfices ont été revues à la baisse. Elles sont lentement revues à la baisse. C’est un bon signe, des attentes plus réalistes. Mais il reste à savoir quelle sera l’ampleur de cette récession. L’autre composante est la croissance. Comme je l’ai mentionné, les indicateurs de croissance économique se détériorent. Et quand on pense que ce n’est que le début, on prévoit une nouvelle détérioration au cours des prochains trimestres, comme en témoigne l’effet de décalage de la hausse des taux d’intérêt et du resserrement des conditions. C’est pourquoi nous sommes préoccupés par ce que les marchés boursiers prévoient par rapport aux titres à revenu fixe.
D’accord, dans ce cas, parlons des titres à revenu fixe. Vous dites qu’il est temps de les regarder, en particulier la dette publique américaine. Expliquez-moi cela.
La dette à long terme du gouvernement américain, c’est-à-dire à 10, 20 ou 30 ans, offre un taux de revenu d’environ 3 %, une première dans ces 15 dernières années. C’est donc intéressant en soi. Mais surtout, ces obligations d’État américaines à long terme s’apprécieraient en cas de ralentissement économique. Parce que lorsque les attentes d’inflation diminuent et les attentes de croissance économique ralentissent en raison des inquiétudes de récession et de ruée vers les titres de qualité, les taux des obligations d’État à long terme diminuent. Cela signifie que les prix des obligations d’État augmentent. Donc, leur valeur augmenterait. Dans un contexte d’aversion pour le risque, les obligations d’État américaines à long terme peuvent offrir des rendements totaux à deux chiffres et sont très liquides, ce qui vous aide à ajuster votre portefeuille si les conditions du marché changent.
Alors, quand on entend parler des obligations du gouvernement américain, on pourrait penser, si on suit la politique, que le gouvernement américain est préoccupé par le plafond de la dette. Dans quelle mesure devons-nous nous préoccuper du plafond de la dette et où pourrions-nous nous retrouver en tant qu’investisseurs?
Donc, dans l’ensemble, le plafond de la dette américaine, cette fois-ci, est plus préoccupant que par le passé. En 2011, on a eu une aversion pour le risque sur le marché avec des ventes massives. La valeur des obligations d’État américaines à long terme s’apprécierait et profiterait de cette configuration parce qu’il y aurait une ruée vers les valeurs refuges. Si vous avez une polarisation ou un débat prolongé sur le plafond de la dette américaine, plus le problème met longtemps à être résolu, plus il est volatil et plus la croissance économique est négative. Et cela signifierait que la baisse des attentes sur la croissance économique est positive pour les taux des obligations d’État américaines à long terme.
D’accord, c’est donc le cas pour les titres à revenu fixe. Mais quand on parle de la gestion du portefeuille et de la répartition des fonds, on ne dit pas non aux actions. Mais qu’est-ce qu’un investisseur doit garder à l’esprit dans une période comme celle-ci, s’il examine les nouvelles positions des actions?
Il s’agit de mettre l’accent sur la qualité. Les obligations d’État américaines offrent des revenus et des options de qualité. Les actions et les placements alternatifs ne sont pas mauvais si on privilégie la qualité, des modèles d’affaires robustes, des actifs de qualité et des sources de revenus de qualité qui peuvent composer avec différents types de cycles économiques.
Quand on parle du fait que, bien sûr, on vit avec ces hausses de taux d’intérêt massives depuis un an maintenant… et on commence à voir les effets dans l’économie… on pense au marché du travail. On pense à beaucoup de choses dont vous parlez, les dépenses de consommation au détail. On observe des tensions, très particulières à certaines banques régionales américaines. Cette situation n’est pas terminée. La Fed a laissé entendre que cela pourrait les aider un peu, en resserrant le crédit. Que devrions-nous penser de ces événements?
Excellente question. Principalement parce que les petites et moyennes entreprises dépendent beaucoup de leurs sources de crédit, comme les banques régionales. Les banques régionales connaissent des difficultés, même si on n’a pas de contagion, les coûts d’emprunt pour les entreprises ne sont pas seulement élevés, mais elles ont plus de difficulté à emprunter. Et cela a des répercussions sur leurs dépenses en immobilisations ainsi que leur capacité à continuer de payer leurs employés ou à accroître le nombre d’employés. Il y a donc des répercussions en aval. Dans l’ensemble, un crédit difficile, un crédit plus cher, ce n’est pas bon pour l’économie, à long terme. Mais cela prend du temps. Et pour revenir à ce que je disais tout à l’heure, il faudra attendre quelques trimestres avant de vraiment voir l’impact sur l’ensemble de l’économie.
Avant de vous laisser partir, j’aimerais vous poser la question suivante : quels sont les risques pour la thèse selon laquelle les obligations vont prendre de la valeur à l’avenir, compte tenu de tout ce qui se passe, de tout ce qui pourrait se produire?
Le principal risque est un autre choc inflationniste qui modifierait la trajectoire actuelle du ralentissement de l’inflation. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
Les marchés boursiers se débarrassent des inquiétudes suscitées par le niveau élevé des taux d’intérêt et de récession potentielle. Les actions continuent même d’augmenter cette année. Mais mon invitée affirme que le moment est bien choisi pour examiner de plus près les titres à revenu fixe, surtout au cours des prochains trimestres. Anna Castro est gestionnaire de portefeuille principale à Gestion de Placements TD. Anna, c’est un plaisir de vous retrouver.
Merci, je suis contente d’être là.
Alors, parlons un peu de tout ça. Parlons de l’effet des taux plus élevés sur le plan économique, on constate certains de ces effets et ce qu’ils pourraient signifier pour les marchés.
La croissance économique commence à ralentir. On a une légère baisse de la confiance des consommateurs, la croissance des ventes au détail pourrait être inférieure à ce qu’elle était auparavant, l’activité manufacturière aussi, parce que les coûts d’emprunt sont plus élevés et qu’emprunter est plus difficile.
C’était l’intention des banques centrales, quand elles ont augmenté les taux de façon si marquée, Anna, tenter de ralentir l’économie pour contenir l’inflation. Vous avez des graphiques qui montrent les résultats de ces efforts.
Oui, c’est un bon point, Greg. Je tiens à mentionner, quand vous avez dit que l’on est dans cette situation depuis un an, techniquement, cela ne fait que six mois depuis l’été, les taux ont commencé à être plus élevés qu’ils ne l’étaient au cours du cycle précédent. Il faut donc du temps pour que ça fasse effet. Le graphique que nous avons ici est une toile d’araignée avec divers indicateurs. De toute évidence, un creux du marché n’est pas un événement, c’est un processus. Je vais donc passer en revue certaines de ces mesures. Celles en jaune sont, par exemple, liées à l’inflation. Elles sont inférieures à celles de l’année précédente. Le taux se rapproche de 4 %, mais il est inférieur à ce que la Fed vise, c’est-à-dire 2 %. L’autre aspect est l’évaluation. Nous pensons que l’évaluation des actions est trop élevée, surtout par rapport au niveau des taux des titres à revenu fixe. Troisièmement, il y a l’attitude face au risque. Le marché boursier en particulier est très positif ou optimiste surtout quand on pense que ce ralentissement économique n’en est qu’à ses débuts. Et cette tendance pourrait se manifester davantage à l’approche de l’été et vers la fin de l’année. Les indicateurs ici, ce sont les cercles rouges. On constate que les prévisions de révision des bénéfices ont été revues à la baisse. Elles sont lentement revues à la baisse. C’est un bon signe, des attentes plus réalistes. Mais il reste à savoir quelle sera l’ampleur de cette récession. L’autre composante est la croissance. Comme je l’ai mentionné, les indicateurs de croissance économique se détériorent. Et quand on pense que ce n’est que le début, on prévoit une nouvelle détérioration au cours des prochains trimestres, comme en témoigne l’effet de décalage de la hausse des taux d’intérêt et du resserrement des conditions. C’est pourquoi nous sommes préoccupés par ce que les marchés boursiers prévoient par rapport aux titres à revenu fixe.
D’accord, dans ce cas, parlons des titres à revenu fixe. Vous dites qu’il est temps de les regarder, en particulier la dette publique américaine. Expliquez-moi cela.
La dette à long terme du gouvernement américain, c’est-à-dire à 10, 20 ou 30 ans, offre un taux de revenu d’environ 3 %, une première dans ces 15 dernières années. C’est donc intéressant en soi. Mais surtout, ces obligations d’État américaines à long terme s’apprécieraient en cas de ralentissement économique. Parce que lorsque les attentes d’inflation diminuent et les attentes de croissance économique ralentissent en raison des inquiétudes de récession et de ruée vers les titres de qualité, les taux des obligations d’État à long terme diminuent. Cela signifie que les prix des obligations d’État augmentent. Donc, leur valeur augmenterait. Dans un contexte d’aversion pour le risque, les obligations d’État américaines à long terme peuvent offrir des rendements totaux à deux chiffres et sont très liquides, ce qui vous aide à ajuster votre portefeuille si les conditions du marché changent.
Alors, quand on entend parler des obligations du gouvernement américain, on pourrait penser, si on suit la politique, que le gouvernement américain est préoccupé par le plafond de la dette. Dans quelle mesure devons-nous nous préoccuper du plafond de la dette et où pourrions-nous nous retrouver en tant qu’investisseurs?
Donc, dans l’ensemble, le plafond de la dette américaine, cette fois-ci, est plus préoccupant que par le passé. En 2011, on a eu une aversion pour le risque sur le marché avec des ventes massives. La valeur des obligations d’État américaines à long terme s’apprécierait et profiterait de cette configuration parce qu’il y aurait une ruée vers les valeurs refuges. Si vous avez une polarisation ou un débat prolongé sur le plafond de la dette américaine, plus le problème met longtemps à être résolu, plus il est volatil et plus la croissance économique est négative. Et cela signifierait que la baisse des attentes sur la croissance économique est positive pour les taux des obligations d’État américaines à long terme.
D’accord, c’est donc le cas pour les titres à revenu fixe. Mais quand on parle de la gestion du portefeuille et de la répartition des fonds, on ne dit pas non aux actions. Mais qu’est-ce qu’un investisseur doit garder à l’esprit dans une période comme celle-ci, s’il examine les nouvelles positions des actions?
Il s’agit de mettre l’accent sur la qualité. Les obligations d’État américaines offrent des revenus et des options de qualité. Les actions et les placements alternatifs ne sont pas mauvais si on privilégie la qualité, des modèles d’affaires robustes, des actifs de qualité et des sources de revenus de qualité qui peuvent composer avec différents types de cycles économiques.
Quand on parle du fait que, bien sûr, on vit avec ces hausses de taux d’intérêt massives depuis un an maintenant… et on commence à voir les effets dans l’économie… on pense au marché du travail. On pense à beaucoup de choses dont vous parlez, les dépenses de consommation au détail. On observe des tensions, très particulières à certaines banques régionales américaines. Cette situation n’est pas terminée. La Fed a laissé entendre que cela pourrait les aider un peu, en resserrant le crédit. Que devrions-nous penser de ces événements?
Excellente question. Principalement parce que les petites et moyennes entreprises dépendent beaucoup de leurs sources de crédit, comme les banques régionales. Les banques régionales connaissent des difficultés, même si on n’a pas de contagion, les coûts d’emprunt pour les entreprises ne sont pas seulement élevés, mais elles ont plus de difficulté à emprunter. Et cela a des répercussions sur leurs dépenses en immobilisations ainsi que leur capacité à continuer de payer leurs employés ou à accroître le nombre d’employés. Il y a donc des répercussions en aval. Dans l’ensemble, un crédit difficile, un crédit plus cher, ce n’est pas bon pour l’économie, à long terme. Mais cela prend du temps. Et pour revenir à ce que je disais tout à l’heure, il faudra attendre quelques trimestres avant de vraiment voir l’impact sur l’ensemble de l’économie.
Avant de vous laisser partir, j’aimerais vous poser la question suivante : quels sont les risques pour la thèse selon laquelle les obligations vont prendre de la valeur à l’avenir, compte tenu de tout ce qui se passe, de tout ce qui pourrait se produire?
Le principal risque est un autre choc inflationniste qui modifierait la trajectoire actuelle du ralentissement de l’inflation. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]