
Les grandes sociétés technologiques ont surpassé les attentes cette année et cette dynamique s’est poursuivie pendant la dernière période de publication des bénéfices. Vitali Mossounov, analyste des technologies mondiales à Gestion de Placements TD, discute des derniers résultats du secteur et du rôle croissant de l’IA.
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Les grandes sociétés technologiques ont surperformé depuis le début de l’année, mais ce phénomène se poursuivra-t-il face à l’inquiétude de ralentissement de la croissance? Vitali Mossounov, analyste des technologies mondiales Gestion de Placements TD, est des nôtres pour en discuter. Vitali, je vous souhaite de nouveau la bienvenue.
C’est un plaisir de vous retrouver. Il y a beaucoup de choses à dire sur le sujet, Greg.
Oui, parlons du secteur des technologies. Il a bien sûr commencé l’année en force. Jetez un œil au NASDAQ par rapport à l’indice S&P 500, le NASDAQ est fortement axé sur la technologie et il a inscrit un rendement supérieur. On vient de passer la période de publication des résultats. Donc si on met tout ça en perspective, la grande question est de savoir où on va. Qu’avez-vous observé dans ces bénéfices?
Eh bien, c’est assez simple. Ce que ces sociétés pouvaient contrôler, elles l’ont très bien fait. Et ce qu’elles ne contrôlaient pas, eh bien, parfois la fortune nous sourit. Dans la vie, quand on contrôle bien les choses, tout est plus facile et si on a en plus la chance de notre côté, c’est encore mieux. Et c’est ce qui explique ces bénéfices.
Très bien. Examinons donc les trois piliers. Commençons par les revenus. C’était la préoccupation à l’approche de ces bénéfices, en raison du ralentissement de l’économie et de toutes les craintes d’une récession, que les ventes ralentissent. Comment ça s’est passé de ce côté?
Les ventes ont continué de ralentir. Mais c’est toujours une question d’attentes, et les attentes étaient pires. Les ventes n’ont pas ralenti autant que ce que l’on craignait. Encore une fois, à court terme, c’est ce qui compte. À long terme, ce sont les évaluations. Les fondamentaux. À court terme, ce sont les attentes. Je vais vous donner des chiffres. Les ventes d’Apple ont diminué de 3 %… ce n’est pas bon. Les bénéfices stagnent. Les ventes d’Alphabet ont augmenté de 3 %… ce n’est pas terrible. Ce n’est pas ce qu’on attend des grandes sociétés technologiques, mais c’est suffisant. Et lorsqu’elles ont parlé du prochain trimestre, les investisseurs les ont écoutés et ont décrété que c’était peut-être le creux. Et si c’est le creux, c’est plutôt bien. Les premiers touchés sont les premiers rétablis. Les premières à avoir souffert l’an dernier seront peut-être les premières à s’en sortir donc on ne s’inquiète pas pour elles. On s’inquiète des titres de sociétés industrielles ou de biens de consommation. Donc pour ce qui est des revenus, ce n’est pas mal.
OK. Pas mal, c’est peut-être là qu’elles ont eu de la chance parce qu’elles ne peuvent pas contrôler cet aspect. La demande des consommateurs…
Finalement, la récession n’est jamais arrivée. Ou peut-être que si et qu’elle est là en ce moment. On ne le sait pas. Mais…
On le découvrira après coup, n’est-ce pas?
Oui, on le saura après. Tout à fait.
Mais, comme vous l’indiquez, ce qu’elles peuvent contrôler, ce sont leurs propres coûts. Et, bien sûr, les coûts sont montés en flèche durant la pandémie parce qu’elles se sont dit que tout allait bien et que ça durerait toujours. Cela dit, elles ont trouvé une certaine discipline ou la discipline recherchée par le marché?
Oui, je pense que c’est ce qui s’est passé. Et je pense que le marché leur a peut-être imposé cette discipline avec ce qu’il a fait subir à leurs cours boursiers l’an dernier. Mais elles ont fait preuve de beaucoup de discipline. Prenez Microsoft, qui a réussi à faire baisser la croissance de ses dépenses dans une fourchette à un chiffre faible et qui prévoit une croissance de 2 % au prochain trimestre. Mais c’est le cas pour tous les acteurs du secteur. Les sociétés comme Apple, Microsoft et Facebook sont en deçà même de ce à quoi elles s’attendaient il y a un trimestre. On a beaucoup entendu parler de la réduction des coûts et de la main-d’œuvre. Le gel salarial, la semaine dernière, Microsoft a parlé d’un gel du temps plein. C’est une autre mesure. Elles font ce qu’elles peuvent, dépensent moins sur l’infonuagique, par exemple. Les coûts, ce qu’elles peuvent contrôler, se portent remarquablement bien.
Alors, je pense qu’il serait difficile de trouver une société technologique qui n’a pas mentionné l’IA ce trimestre. Certaines pour de bonnes raisons, évidemment. Microsoft et Google sont en concurrence sur le front de l’IA. Mais, vraiment, chaque communiqué mentionnait l’intelligence artificielle. Quelle est votre analyse et qu’est-ce qu’il faut garder à l’esprit?
C’était la question la plus attendue. Et cela ne se limitait pas aux sociétés technologiques. La plupart des entreprises ont dû répondre à cette question. On a eu beaucoup de réponses génériques. On ne va pas se mentir. Les entreprises s’étaient préparées. Et elles y ont répondu. Elles ont expliqué qu’elles investissaient dans l’IA depuis de nombreuses années. Et que les produits seraient disponibles sous peu. Elles ont la feuille de route des produits et la stratégie pour monétiser l’IA. Certaines sociétés ont mieux travaillé, dans le sens où leur réponse était plus détaillée et descriptive. Je mettrais Microsoft dans ce camp. Et elle devait le faire. Une grande partie de sa stratégie future porte sur l’IA avec son leadership dû au fait qu’elle détient une part des actions d’OpenAI. D’autres sociétés ne nous ont pas donné autant de détails. Apple est dans ce camp. Mais c’est typique d’Apple. Apple aime dire qu’elle crée des produits extraordinaires, mais qu’on les découvrira quand elle les lancera. C’est toujours ce qu’elle fait. Donc sa réponse était très vague quant à l’intelligence artificielle. Mais, encore une fois, c’est typique d’Apple. On a donc eu beaucoup de réponses sur l’IA. Mais les vraies réponses viendront avec le temps, quand on verra les produits réels. À l’heure actuelle, c’est surtout du vent.
Et bien sûr, on s’attend à ce que les sociétés technologiques en parlent. Mais vous dites que même en dehors du secteur des technologies, les sociétés pensent à l’IA.
Ces questions sont posées à toutes les sociétés. Et on leur demande si c’est une menace importante pour elles. Par exemple, certaines sociétés de services de TI, mais également des secteurs comme la finance et la sous-traitance comptable, on a posé la question à une grande société américaine cotée à la Bourse de New York que les grandes sociétés utilisent pour sous-traiter beaucoup de travail très répétitif et facile, les débits et les crédits, la gestion du grand livre, par exemple. Est-ce que ce ne sont pas des tâches qu’on peut facilement éliminer? Et n’est-ce pas une menace importante pour vous? Et les actions ont fortement réagi en conséquence. Mais cela va plus loin que ça. On a des sociétés d’appareils médicaux qui ont le potentiel de passer d’un appareil incroyable, mais simple à l’utilisation de la puissance et de la compréhension du corps humain, son état d’esprit, ses émotions, et d’utiliser ces données pour les monétiser. Les investisseurs cherchent à déterminer pour tout modèle d’affaires et dans n’importe quel secteur où sont les menaces et les occasions.
Il s’agit d’une nouveauté, même si les personnes qui travaillent dans le secteur de l’IA vous diront qu’elles y travaillent depuis toujours. Pour le grand public, il y a une certaine nouveauté dans ces développements. Et cela soulève des préoccupations. On a des poids lourds du secteur des technologies qui sont préoccupés sur la façon dont ça pourrait changer nos vies. Et, bien sûr, les travailleurs sont inquiets sur la façon dont cela pourrait changer la leur. Que va-t-il se passer pour leur travail?
Oui. Et je pense qu’on n’y accorde peut-être pas suffisamment d’attention. Cela prendra quelques années. Mais je suis d’avis que l’IA stimulera la productivité, surtout dans l’économie du savoir, et on verra des effets à court et à moyen terme. Il y a des développements qui sont à notre portée. Mais à moyen et à long terme, et je parle de trois, quatre ou cinq ans, c’est la première technologie qui a vraiment le potentiel de remplacer les travailleurs humains. L’IA, les outils que l’on va créer avec elle, sont des outils d’automatisation. Et ces outils d’automatisation, les sociétés qui les construisent vont les utiliser pour automatiser des tâches effectuées par des êtres humains. Et même s’ils ne réussissent qu’en partie, cela aura pour effet de réduire les salaires. À moyen et à long terme, il faut être très prudent. Et les équipes de direction l’ont déjà souligné. Le chef de la direction d’IBM a officiellement déclaré qu’il envisage d’automatiser jusqu’à 30 % de ses services d’arrière-guichet et de fonctions comme les RH. Ce ne sont que des paroles pour le moment. Encore une fois, il ne faut pas trop s’emballer. Mais l’avenir nous le dira.
Je suppose que les sociétés peuvent présenter ça en disant qu’elles vont se débarrasser des tâches répétitives et pénibles. Parce que les êtres humains ne veulent pas faire ces tâches de toute façon. Mais si votre travail consiste en ces tâches, qu’elles n’existent plus et qu’il n’y a pas d’autre poste pour vous, ça va forcément générer de l’anxiété. Oui. Chaque poste comporte des tâches répétitives. Et en général, c’est une bonne façon de présenter les choses pour les sociétés. Sauf que la plupart d’entre nous ne construisons pas la Chapelle Sixtine. Notre travail est ce qu’il est et on s’efforce de bien le faire. Les entreprises tenteront de trouver des moyens d’économiser de l’argent. C’est l’impératif capitaliste. Et elles devront bien le présenter. Prudemment. Mais on devine leurs véritables intentions. Par exemple, Microsoft a donné un indice. Elle a dit qu’elle allait geler le salaire à temps plein. D’ailleurs, ce n’était pas un communiqué public, mais il y a eu des fuites. Donc elle a dit qu’elle allait mettre en place un gel du temps plein et qu’elle utiliserait l’argent épargné pour investir dans des initiatives d’IA. On dit donc aux travailleurs qu’on ne va pas les payer davantage et qu’on utilisera l’argent économisé pour financer quelque chose qui pourrait les remplacer, ou plutôt « éliminer la pénibilité du travail »… [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
Les grandes sociétés technologiques ont surperformé depuis le début de l’année, mais ce phénomène se poursuivra-t-il face à l’inquiétude de ralentissement de la croissance? Vitali Mossounov, analyste des technologies mondiales Gestion de Placements TD, est des nôtres pour en discuter. Vitali, je vous souhaite de nouveau la bienvenue.
C’est un plaisir de vous retrouver. Il y a beaucoup de choses à dire sur le sujet, Greg.
Oui, parlons du secteur des technologies. Il a bien sûr commencé l’année en force. Jetez un œil au NASDAQ par rapport à l’indice S&P 500, le NASDAQ est fortement axé sur la technologie et il a inscrit un rendement supérieur. On vient de passer la période de publication des résultats. Donc si on met tout ça en perspective, la grande question est de savoir où on va. Qu’avez-vous observé dans ces bénéfices?
Eh bien, c’est assez simple. Ce que ces sociétés pouvaient contrôler, elles l’ont très bien fait. Et ce qu’elles ne contrôlaient pas, eh bien, parfois la fortune nous sourit. Dans la vie, quand on contrôle bien les choses, tout est plus facile et si on a en plus la chance de notre côté, c’est encore mieux. Et c’est ce qui explique ces bénéfices.
Très bien. Examinons donc les trois piliers. Commençons par les revenus. C’était la préoccupation à l’approche de ces bénéfices, en raison du ralentissement de l’économie et de toutes les craintes d’une récession, que les ventes ralentissent. Comment ça s’est passé de ce côté?
Les ventes ont continué de ralentir. Mais c’est toujours une question d’attentes, et les attentes étaient pires. Les ventes n’ont pas ralenti autant que ce que l’on craignait. Encore une fois, à court terme, c’est ce qui compte. À long terme, ce sont les évaluations. Les fondamentaux. À court terme, ce sont les attentes. Je vais vous donner des chiffres. Les ventes d’Apple ont diminué de 3 %… ce n’est pas bon. Les bénéfices stagnent. Les ventes d’Alphabet ont augmenté de 3 %… ce n’est pas terrible. Ce n’est pas ce qu’on attend des grandes sociétés technologiques, mais c’est suffisant. Et lorsqu’elles ont parlé du prochain trimestre, les investisseurs les ont écoutés et ont décrété que c’était peut-être le creux. Et si c’est le creux, c’est plutôt bien. Les premiers touchés sont les premiers rétablis. Les premières à avoir souffert l’an dernier seront peut-être les premières à s’en sortir donc on ne s’inquiète pas pour elles. On s’inquiète des titres de sociétés industrielles ou de biens de consommation. Donc pour ce qui est des revenus, ce n’est pas mal.
OK. Pas mal, c’est peut-être là qu’elles ont eu de la chance parce qu’elles ne peuvent pas contrôler cet aspect. La demande des consommateurs…
Finalement, la récession n’est jamais arrivée. Ou peut-être que si et qu’elle est là en ce moment. On ne le sait pas. Mais…
On le découvrira après coup, n’est-ce pas?
Oui, on le saura après. Tout à fait.
Mais, comme vous l’indiquez, ce qu’elles peuvent contrôler, ce sont leurs propres coûts. Et, bien sûr, les coûts sont montés en flèche durant la pandémie parce qu’elles se sont dit que tout allait bien et que ça durerait toujours. Cela dit, elles ont trouvé une certaine discipline ou la discipline recherchée par le marché?
Oui, je pense que c’est ce qui s’est passé. Et je pense que le marché leur a peut-être imposé cette discipline avec ce qu’il a fait subir à leurs cours boursiers l’an dernier. Mais elles ont fait preuve de beaucoup de discipline. Prenez Microsoft, qui a réussi à faire baisser la croissance de ses dépenses dans une fourchette à un chiffre faible et qui prévoit une croissance de 2 % au prochain trimestre. Mais c’est le cas pour tous les acteurs du secteur. Les sociétés comme Apple, Microsoft et Facebook sont en deçà même de ce à quoi elles s’attendaient il y a un trimestre. On a beaucoup entendu parler de la réduction des coûts et de la main-d’œuvre. Le gel salarial, la semaine dernière, Microsoft a parlé d’un gel du temps plein. C’est une autre mesure. Elles font ce qu’elles peuvent, dépensent moins sur l’infonuagique, par exemple. Les coûts, ce qu’elles peuvent contrôler, se portent remarquablement bien.
Alors, je pense qu’il serait difficile de trouver une société technologique qui n’a pas mentionné l’IA ce trimestre. Certaines pour de bonnes raisons, évidemment. Microsoft et Google sont en concurrence sur le front de l’IA. Mais, vraiment, chaque communiqué mentionnait l’intelligence artificielle. Quelle est votre analyse et qu’est-ce qu’il faut garder à l’esprit?
C’était la question la plus attendue. Et cela ne se limitait pas aux sociétés technologiques. La plupart des entreprises ont dû répondre à cette question. On a eu beaucoup de réponses génériques. On ne va pas se mentir. Les entreprises s’étaient préparées. Et elles y ont répondu. Elles ont expliqué qu’elles investissaient dans l’IA depuis de nombreuses années. Et que les produits seraient disponibles sous peu. Elles ont la feuille de route des produits et la stratégie pour monétiser l’IA. Certaines sociétés ont mieux travaillé, dans le sens où leur réponse était plus détaillée et descriptive. Je mettrais Microsoft dans ce camp. Et elle devait le faire. Une grande partie de sa stratégie future porte sur l’IA avec son leadership dû au fait qu’elle détient une part des actions d’OpenAI. D’autres sociétés ne nous ont pas donné autant de détails. Apple est dans ce camp. Mais c’est typique d’Apple. Apple aime dire qu’elle crée des produits extraordinaires, mais qu’on les découvrira quand elle les lancera. C’est toujours ce qu’elle fait. Donc sa réponse était très vague quant à l’intelligence artificielle. Mais, encore une fois, c’est typique d’Apple. On a donc eu beaucoup de réponses sur l’IA. Mais les vraies réponses viendront avec le temps, quand on verra les produits réels. À l’heure actuelle, c’est surtout du vent.
Et bien sûr, on s’attend à ce que les sociétés technologiques en parlent. Mais vous dites que même en dehors du secteur des technologies, les sociétés pensent à l’IA.
Ces questions sont posées à toutes les sociétés. Et on leur demande si c’est une menace importante pour elles. Par exemple, certaines sociétés de services de TI, mais également des secteurs comme la finance et la sous-traitance comptable, on a posé la question à une grande société américaine cotée à la Bourse de New York que les grandes sociétés utilisent pour sous-traiter beaucoup de travail très répétitif et facile, les débits et les crédits, la gestion du grand livre, par exemple. Est-ce que ce ne sont pas des tâches qu’on peut facilement éliminer? Et n’est-ce pas une menace importante pour vous? Et les actions ont fortement réagi en conséquence. Mais cela va plus loin que ça. On a des sociétés d’appareils médicaux qui ont le potentiel de passer d’un appareil incroyable, mais simple à l’utilisation de la puissance et de la compréhension du corps humain, son état d’esprit, ses émotions, et d’utiliser ces données pour les monétiser. Les investisseurs cherchent à déterminer pour tout modèle d’affaires et dans n’importe quel secteur où sont les menaces et les occasions.
Il s’agit d’une nouveauté, même si les personnes qui travaillent dans le secteur de l’IA vous diront qu’elles y travaillent depuis toujours. Pour le grand public, il y a une certaine nouveauté dans ces développements. Et cela soulève des préoccupations. On a des poids lourds du secteur des technologies qui sont préoccupés sur la façon dont ça pourrait changer nos vies. Et, bien sûr, les travailleurs sont inquiets sur la façon dont cela pourrait changer la leur. Que va-t-il se passer pour leur travail?
Oui. Et je pense qu’on n’y accorde peut-être pas suffisamment d’attention. Cela prendra quelques années. Mais je suis d’avis que l’IA stimulera la productivité, surtout dans l’économie du savoir, et on verra des effets à court et à moyen terme. Il y a des développements qui sont à notre portée. Mais à moyen et à long terme, et je parle de trois, quatre ou cinq ans, c’est la première technologie qui a vraiment le potentiel de remplacer les travailleurs humains. L’IA, les outils que l’on va créer avec elle, sont des outils d’automatisation. Et ces outils d’automatisation, les sociétés qui les construisent vont les utiliser pour automatiser des tâches effectuées par des êtres humains. Et même s’ils ne réussissent qu’en partie, cela aura pour effet de réduire les salaires. À moyen et à long terme, il faut être très prudent. Et les équipes de direction l’ont déjà souligné. Le chef de la direction d’IBM a officiellement déclaré qu’il envisage d’automatiser jusqu’à 30 % de ses services d’arrière-guichet et de fonctions comme les RH. Ce ne sont que des paroles pour le moment. Encore une fois, il ne faut pas trop s’emballer. Mais l’avenir nous le dira.
Je suppose que les sociétés peuvent présenter ça en disant qu’elles vont se débarrasser des tâches répétitives et pénibles. Parce que les êtres humains ne veulent pas faire ces tâches de toute façon. Mais si votre travail consiste en ces tâches, qu’elles n’existent plus et qu’il n’y a pas d’autre poste pour vous, ça va forcément générer de l’anxiété. Oui. Chaque poste comporte des tâches répétitives. Et en général, c’est une bonne façon de présenter les choses pour les sociétés. Sauf que la plupart d’entre nous ne construisons pas la Chapelle Sixtine. Notre travail est ce qu’il est et on s’efforce de bien le faire. Les entreprises tenteront de trouver des moyens d’économiser de l’argent. C’est l’impératif capitaliste. Et elles devront bien le présenter. Prudemment. Mais on devine leurs véritables intentions. Par exemple, Microsoft a donné un indice. Elle a dit qu’elle allait geler le salaire à temps plein. D’ailleurs, ce n’était pas un communiqué public, mais il y a eu des fuites. Donc elle a dit qu’elle allait mettre en place un gel du temps plein et qu’elle utiliserait l’argent épargné pour investir dans des initiatives d’IA. On dit donc aux travailleurs qu’on ne va pas les payer davantage et qu’on utilisera l’argent économisé pour financer quelque chose qui pourrait les remplacer, ou plutôt « éliminer la pénibilité du travail »… [LOGO SONORE] [MUSIQUE]