Même si beaucoup les considèrent comme un bon secteur défensif, les titres du secteur des services publics en arrachent dans le contexte actuel de taux d’intérêt élevés. Marie Ferguson, analyste à Argus Research, explique à Greg Bonnell de MoneyTalk pourquoi les perspectives pour le secteur pourraient changer si les taux d’intérêt commencent à baisser plus tard cette année.
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Les secteurs sensibles au taux d'intérêt, comme les services publics, ont eu des difficultés pendant le cycle de hausse de taux par les banques centrales récemment, mais est-ce qu'il pourrait y avoir un revirement pour le secteur? Marie Ferguson d'Argus Research nous rejoint pour en discuter.
Bonjour, Greg.
Parlons du secteur des services publics. Tout d'abord, dans l'économie actuelle, est-ce que les services publics sont effectivement un investissement défensif?
Oui, oui, historiquement, on considère que les actions de service public sont défensives à cause de leurs bénéfices plus stables et de leurs rendements plus réguliers, pendant les périodes de baisse économique. Typiquement, les actions défensives sont des entreprises bien connues qui fournissent des biens et des services selon les consommateurs, au besoin, quel que soit le niveau des dépenses de consommation. Les services publics correspondent à ces définitions. Une autre raison pour laquelle les services publics sont considérés souvent comme une action défensive, c'est qu'elles sont réglementées. La plupart des services publics sont très réglementés afin d'en assurer la stabilité. Typiquement, ces sociétés affichent une croissance de 3 à 5 % d'un an sur l'autre. Les régulateurs ne se contentent pas de fixer les tarifs de l'électricité et du gaz naturel, mais collaborent avec les services publics pour fixer des tarifs qui vont aider les sociétés à parvenir à leurs objectifs de chiffre d'affaires pour l'année. Les régulateurs supervisent également certains éléments du bilan, par exemple le ratio de la dette à la capitalisation, et fixent le rendement du capital investi. Alors les sociétés de services publics sont des sociétés à moindre risque, le rendement est plus modeste, mais elles sont également à faible bêta, et en général, elles fournissent un revenu de dividende stable, et souvent ce sont des dividendes qualifiés qui sont imposés à un taux inférieur à celui des autres revenus, plutôt que du revenu normal, et cela intéresse certains investisseurs qui sont disposés à accepter un rendement total et les contributions des dividendes. C'est intéressant, parce qu'à l'heure actuelle, le rendement moyen en dividendes du S&P 500 est d'environ 1,6%, le rendement en dividende moyen des services publics est de 4%. Alors si nous envisageons donc une croissance des bénéfices de 2 à 3%, c'est stable, une action défensive, il s'agit d'une croissance de revenus de 4%. Alors donc ce ne sont pas tous les services publics qui rémunèrent de façon égale ou qui augmentent leur dividende de façon égale, mais typiquement, ce sont des sociétés très stables et il est très rare que nous voyions des suspensions de dividendes. Alors donc je voudrais également signaler par exemple Duke Energy, dans le secteur des services publics, qui verse des dividendes depuis 99 ans sans rater une seule année, Con Ed, notre service public local à New York, a eu 50 années consécutives d'augmentation annuelle de dividendes. Typiquement 2 à 3 %, mais dans notre secteur, dans les actions que je couvre, on verra, cette année, nous prévoyons des augmentations de dividende de 7 à 8%, par exemple à Nextera. Et à Wisconsin Energy, nous prévoyons des augmentations beaucoup plus élevées que celles de leurs pairs.
Alors donc voilà la justification pour l'investissement dans le secteur des services publics. Alors que signifie, quand on dit que les services publics sont sensibles au taux d'intérêt? Parce que de toute évidence, les taux d'intérêt, c'est à peu près tout ce dont on parle depuis un an et demi.
Eh bien, c'est une tendance historiquement éprouvée. Les actions de service public voient leur cours baisser lorsque les taux d'intérêt augmentent ou pendant les périodes de taux d'intérêt élevés prolongées. La raison en est que lorsque les taux d'intérêt augmentent... les grands investisseurs institutionnels délaissent le marché boursier, vendent leurs actions et s'intéressent au marché des titres à revenu fixe. Quand les taux d'intérêt augmentent, le cours des actions peut demeurer enlisé, mais inversement, le rendement en dividendes augmente également. Alors quand les taux sont élevés, le cours des actions diminue souvent, et pour les investisseurs qui choisissent leur moment, ça pourrait être une occasion de se lancer dans le secteur. Le repère que nous utilisons typiquement dans ce secteur pour évaluer donc les taux, il ne s'agit pas uniquement des prêts hypothécaires, mais le rendement du bon du Trésor à 10 ans qui tourne autour de 4,3%. Alors donc c'est presque égal, rendement et dividendes du secteur.
Il y a des attentes, et j'allais dire que nous avons des attentes cette année de coupures de taux de la Fed, à un moment donné. Il est encore tôt, mais les marchés sont un peu impatients. Mais on s'attend à ce que nous ayons des réductions. Que faut-il attendre au niveau des bénéfices des entreprises de service public?
Alors, ce que nous attendons, et je pense que pratiquement tous les économistes prévoient que les taux d'intérêt vont diminuer à un moment donné en 2024. Nos économistes d'Argus projettent qu'il y aura sans doute trois réductions de taux de 25 points de base dans la deuxième moitié de 2024 avec d'autres coupures en 2025. Alors avec les taux qui diminuent, historiquement, quelques faits pour soutenir cette théorie, il se pourrait que ce soit un bon moment d'entrer dans le secteur des services publics. Depuis 2007, nous avons eu environ cinq périodes pendant lesquelles les taux d'intérêt affichent une baisse continue des taux d'intérêt et du rendement des bons du Trésor. En 2011, quand les taux baissaient, les services publics sont le secteur qui s'est le mieux comporté. En 2014, lorsque les bons du Trésor étaient en déclin, les services publics étaient le deuxième secteur le plus productif. Et en 2018, c'était également le deuxième meilleur secteur... ...tandis que les taux diminuaient. Inversement, en 2023, les taux augmentent et le secteur des services publics se classe dans les cinq pires secteurs.
Alors voilà un excellent contexte historique. Bien entendu, s'il y a des coupures de taux cette année, comme vous l'avez dit, les économistes, il y aura une évolution du cours des actions. Mais que dire des bénéfices? Les services publics sont une industrie à forte intensité en capital et doivent emprunter comme tout le monde.
Oui, ils doivent emprunter. La pression sous forme des charges d'intérêts a été néfaste au bénéfice. Nous faisons des généralisations au sujet du secteur. Dans une économie plus morose, les actions ont tendance à évoluer en fonction des nouvelles relatives aux taux d'intérêt, quand l'économie s'améliore, les compagnies plus importantes commencent à évoluer en fonction des nouvelles sur la croissance des bénéfices et les hausses de dividende, très généralement. La croissance de la clientèle complète le chiffre d'affaires. Le développement de nouveaux actifs complète le chiffre d'affaires, tandis que les augmentations réglementaires, les cours de l'énergie, les réductions de coûts, cela affecte les bénéfices. Alors qu'attendons-nous des bénéfices en 2024? Je crois qu'il faut envisager deux choses qui se sont produites. En 2022, il y a eu un essor considérable des cours de l'énergie. L'électricité de gros, partout au pays, était élevé. Les cours du gaz naturel étaient élevés. Il y avait... Mon repère, c'est le cours au comptant au Henry Hub. Les cours étaient supérieurs à 5$ pour 1 million de BTU pendant une bonne partie de l'année. En 2024 et 2025, nous prévoyons que les prix seront beaucoup plus près de 3$. Nous ne prévoyons pas que le cours du gaz naturel va approcher de 5$ jusqu'à 2025. Alors il y aura des réductions de coûts. Cela va donner un coup de pouce aux bénéfices, et puis il y a la météo. La plus grande partie des États-Unis, la plus grande partie des services publics, ont eu des températures beaucoup plus clémentes, les plus clémentes depuis des décennies. Il y a donc eu une baisse des bénéfices. Pas ce qui serait habituel dans un trimestre, 3%, 5 %. Il y avait des baisses de bénéfices de 8, 10, même 15% ou 20%. Alors, la bonne nouvelle, c'est que la plupart des météorologistes affirment que nous revenons à une météo normale en 2024, donc je crois que nous pouvons attendre que les services publics affichent une croissance substantielle des bénéfices pendant le premier trimestre et le troisième trimestre. Ça, c'est à cause de la comparaison favorable par rapport à la situation très défavorable de l'an dernier.
Bonjour, Greg.
Parlons du secteur des services publics. Tout d'abord, dans l'économie actuelle, est-ce que les services publics sont effectivement un investissement défensif?
Oui, oui, historiquement, on considère que les actions de service public sont défensives à cause de leurs bénéfices plus stables et de leurs rendements plus réguliers, pendant les périodes de baisse économique. Typiquement, les actions défensives sont des entreprises bien connues qui fournissent des biens et des services selon les consommateurs, au besoin, quel que soit le niveau des dépenses de consommation. Les services publics correspondent à ces définitions. Une autre raison pour laquelle les services publics sont considérés souvent comme une action défensive, c'est qu'elles sont réglementées. La plupart des services publics sont très réglementés afin d'en assurer la stabilité. Typiquement, ces sociétés affichent une croissance de 3 à 5 % d'un an sur l'autre. Les régulateurs ne se contentent pas de fixer les tarifs de l'électricité et du gaz naturel, mais collaborent avec les services publics pour fixer des tarifs qui vont aider les sociétés à parvenir à leurs objectifs de chiffre d'affaires pour l'année. Les régulateurs supervisent également certains éléments du bilan, par exemple le ratio de la dette à la capitalisation, et fixent le rendement du capital investi. Alors les sociétés de services publics sont des sociétés à moindre risque, le rendement est plus modeste, mais elles sont également à faible bêta, et en général, elles fournissent un revenu de dividende stable, et souvent ce sont des dividendes qualifiés qui sont imposés à un taux inférieur à celui des autres revenus, plutôt que du revenu normal, et cela intéresse certains investisseurs qui sont disposés à accepter un rendement total et les contributions des dividendes. C'est intéressant, parce qu'à l'heure actuelle, le rendement moyen en dividendes du S&P 500 est d'environ 1,6%, le rendement en dividende moyen des services publics est de 4%. Alors si nous envisageons donc une croissance des bénéfices de 2 à 3%, c'est stable, une action défensive, il s'agit d'une croissance de revenus de 4%. Alors donc ce ne sont pas tous les services publics qui rémunèrent de façon égale ou qui augmentent leur dividende de façon égale, mais typiquement, ce sont des sociétés très stables et il est très rare que nous voyions des suspensions de dividendes. Alors donc je voudrais également signaler par exemple Duke Energy, dans le secteur des services publics, qui verse des dividendes depuis 99 ans sans rater une seule année, Con Ed, notre service public local à New York, a eu 50 années consécutives d'augmentation annuelle de dividendes. Typiquement 2 à 3 %, mais dans notre secteur, dans les actions que je couvre, on verra, cette année, nous prévoyons des augmentations de dividende de 7 à 8%, par exemple à Nextera. Et à Wisconsin Energy, nous prévoyons des augmentations beaucoup plus élevées que celles de leurs pairs.
Alors donc voilà la justification pour l'investissement dans le secteur des services publics. Alors que signifie, quand on dit que les services publics sont sensibles au taux d'intérêt? Parce que de toute évidence, les taux d'intérêt, c'est à peu près tout ce dont on parle depuis un an et demi.
Eh bien, c'est une tendance historiquement éprouvée. Les actions de service public voient leur cours baisser lorsque les taux d'intérêt augmentent ou pendant les périodes de taux d'intérêt élevés prolongées. La raison en est que lorsque les taux d'intérêt augmentent... les grands investisseurs institutionnels délaissent le marché boursier, vendent leurs actions et s'intéressent au marché des titres à revenu fixe. Quand les taux d'intérêt augmentent, le cours des actions peut demeurer enlisé, mais inversement, le rendement en dividendes augmente également. Alors quand les taux sont élevés, le cours des actions diminue souvent, et pour les investisseurs qui choisissent leur moment, ça pourrait être une occasion de se lancer dans le secteur. Le repère que nous utilisons typiquement dans ce secteur pour évaluer donc les taux, il ne s'agit pas uniquement des prêts hypothécaires, mais le rendement du bon du Trésor à 10 ans qui tourne autour de 4,3%. Alors donc c'est presque égal, rendement et dividendes du secteur.
Il y a des attentes, et j'allais dire que nous avons des attentes cette année de coupures de taux de la Fed, à un moment donné. Il est encore tôt, mais les marchés sont un peu impatients. Mais on s'attend à ce que nous ayons des réductions. Que faut-il attendre au niveau des bénéfices des entreprises de service public?
Alors, ce que nous attendons, et je pense que pratiquement tous les économistes prévoient que les taux d'intérêt vont diminuer à un moment donné en 2024. Nos économistes d'Argus projettent qu'il y aura sans doute trois réductions de taux de 25 points de base dans la deuxième moitié de 2024 avec d'autres coupures en 2025. Alors avec les taux qui diminuent, historiquement, quelques faits pour soutenir cette théorie, il se pourrait que ce soit un bon moment d'entrer dans le secteur des services publics. Depuis 2007, nous avons eu environ cinq périodes pendant lesquelles les taux d'intérêt affichent une baisse continue des taux d'intérêt et du rendement des bons du Trésor. En 2011, quand les taux baissaient, les services publics sont le secteur qui s'est le mieux comporté. En 2014, lorsque les bons du Trésor étaient en déclin, les services publics étaient le deuxième secteur le plus productif. Et en 2018, c'était également le deuxième meilleur secteur... ...tandis que les taux diminuaient. Inversement, en 2023, les taux augmentent et le secteur des services publics se classe dans les cinq pires secteurs.
Alors voilà un excellent contexte historique. Bien entendu, s'il y a des coupures de taux cette année, comme vous l'avez dit, les économistes, il y aura une évolution du cours des actions. Mais que dire des bénéfices? Les services publics sont une industrie à forte intensité en capital et doivent emprunter comme tout le monde.
Oui, ils doivent emprunter. La pression sous forme des charges d'intérêts a été néfaste au bénéfice. Nous faisons des généralisations au sujet du secteur. Dans une économie plus morose, les actions ont tendance à évoluer en fonction des nouvelles relatives aux taux d'intérêt, quand l'économie s'améliore, les compagnies plus importantes commencent à évoluer en fonction des nouvelles sur la croissance des bénéfices et les hausses de dividende, très généralement. La croissance de la clientèle complète le chiffre d'affaires. Le développement de nouveaux actifs complète le chiffre d'affaires, tandis que les augmentations réglementaires, les cours de l'énergie, les réductions de coûts, cela affecte les bénéfices. Alors qu'attendons-nous des bénéfices en 2024? Je crois qu'il faut envisager deux choses qui se sont produites. En 2022, il y a eu un essor considérable des cours de l'énergie. L'électricité de gros, partout au pays, était élevé. Les cours du gaz naturel étaient élevés. Il y avait... Mon repère, c'est le cours au comptant au Henry Hub. Les cours étaient supérieurs à 5$ pour 1 million de BTU pendant une bonne partie de l'année. En 2024 et 2025, nous prévoyons que les prix seront beaucoup plus près de 3$. Nous ne prévoyons pas que le cours du gaz naturel va approcher de 5$ jusqu'à 2025. Alors il y aura des réductions de coûts. Cela va donner un coup de pouce aux bénéfices, et puis il y a la météo. La plus grande partie des États-Unis, la plus grande partie des services publics, ont eu des températures beaucoup plus clémentes, les plus clémentes depuis des décennies. Il y a donc eu une baisse des bénéfices. Pas ce qui serait habituel dans un trimestre, 3%, 5 %. Il y avait des baisses de bénéfices de 8, 10, même 15% ou 20%. Alors, la bonne nouvelle, c'est que la plupart des météorologistes affirment que nous revenons à une météo normale en 2024, donc je crois que nous pouvons attendre que les services publics affichent une croissance substantielle des bénéfices pendant le premier trimestre et le troisième trimestre. Ça, c'est à cause de la comparaison favorable par rapport à la situation très défavorable de l'an dernier.