La Banque du Canada a relevé les taux, même si le conflit Russie-Ukraine suscite de l’incertitude concernant la croissance mondiale. Kim Parlee et Michael O’Brien, chef, Actions canadiennes de base, Gestion de Placements TD, expliquent comment le contexte inflationniste et géopolitique actuel pourrait avoir des répercussions sur les placements au Canada.
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La Banque du Canada a modifié ses taux d’intérêt aujourd’hui, ce qui était largement attendu... et on parle d’une hausse de 25 points de base. Il a bien sûr été question d’autres hausses de taux potentielles.
Bien sûr, cela s’inscrit dans le contexte du conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine.
Il se passe beaucoup de choses en ce moment. J’accueille Michael O’Brien, qui va nous aider à comprendre ce qui est important, et nous présenter ce sur quoi il porte son attention. Il est chef, Actions canadiennes de base à Gestion de Placements TD. Mike, c’est un plaisir de vous avoir parmi nous et de vous reparler. Avant d’aborder vos perspectives à l’égard des actions canadiennes et de certains secteurs intéressants, j’aimerais connaître votre réaction à ce que la Banque du Canada a dit aujourd’hui.
Bien sûr, Kim, je suis heureux d’être ici. Je pense qu’il n’y a pas eu de grandes surprises aujourd’hui. Écoutez, compte tenu de la vigueur actuelle de l’économie, du resserrement actuel du marché de l’emploi et de la baisse marquée du chômage, de l’inflation à des niveaux inégalés depuis plusieurs décennies, je pense que tout le monde se rend compte que zéro, ce n’est pas un taux directeur approprié.
Il y a donc eu, je crois, des spéculations quant à ce que la Banque du Canada allait dire à propos de la situation entre la Russie et l’Ukraine. Elle en a effectivement parlé, et, selon moi, cela a rassuré les marchés. Elle va être pragmatique par rapport à ça. Mais je pense que tout le monde se rend compte que c’est la première étape vers la normalisation des politiques, ce qui est grandement nécessaire.
Mike, pouvons-nous parler un peu de ce que signifie cette hausse des taux d’intérêt pour certains de vos placements dans votre portefeuille? Comme je l’ai mentionné, vous gérez le Fonds d’actions canadiennes TD, et les services financiers qui en font partie. Qu’est-ce que ça signifie pour eux?
C’est une bonne nouvelle pour les services financiers, et en particulier pour les banques canadiennes. Et si vous pensez à notre fonds, les banques canadiennes y sont au centre. Et pour illustrer le contexte, cinq des banques ont publié leurs rapports il y a environ une semaine. Il en reste encore une. Elles ont toutes largement dépassé les attentes.
Les pertes sur prêts ont été très faibles. La croissance des prêts a été très forte. Les positions en capital sont exceptionnelles. Ça fonctionne à plein régime. La seule chose qui manque, c’est que les marges d’intérêt nettes sont toujours comprimées. Le revenu d’intérêts net ne va donc pas augmenter.
Et c’est là que les hausses de taux de la banque centrale entrent en jeu. Donc, tant au Canada qu’aux États-Unis, alors que la Fed et la Banque du Canada commencent à relever leurs taux d’intérêt, et c’est le dernier morceau du casse-tête, les marges de taux d’intérêt nettes réagissent très bien. On s’attend donc à de bons résultats de la part de ce groupe.
Un autre élément de base du portefeuille, bien sûr, ce sont les actions canadiennes du secteur de l’énergie, qui subissent de fortes pressions depuis longtemps, le monde délaissant de plus en plus les combustibles fossiles. Comment le retour à la normale, la demande de pétrole, dont les prix ont déjà augmenté, et, bien sûr, la situation en Russie et en Ukraine... comment tout ça influence-t-il le portefeuille?
Oui, comme vous le dites, Kim, c’est tout simplement un revirement de situation incroyable. Il y a moins de deux ans, les mélanges de l’Ouest canadien se vendaient à un prix à un chiffre le baril, et leur cours a même été négatif pendant une courte période. Et aujourd’hui, quand j’ai fermé mon écran, le Western Canadian Select se négociait à 100 $ le baril. C’est tout simplement une amélioration incroyable qui s’est produite au cours des deux dernières années, et le contexte s’est beaucoup amélioré aussi.
De toute évidence, le premier effet que ça aura, c’est que ces sociétés, qui sont beaucoup plus agiles et solides qu’il y a deux ans, vont générer d’énormes flux de trésorerie disponibles. Et ces flux de trésorerie disponibles vont être reversés aux actionnaires, que ce soit sous forme de dividendes ou de rachats d’actions. C’est donc très constructif.
L’autre aspect très intéressant de la question, comme vous l’avez mentionné, c’est ce qui s’est passé au cours des dernières années, et du fait qu’on met davantage l’accent sur les enjeux ESG et, à mon avis, c’est injustifié, mais le Canada a été pointé du doigt par les investisseurs internationaux comme un fournisseur de pétrole sale. Ils ont parlé de l’empreinte carbone.
Je pense que ce qu’on a vu au cours des derniers mois, c’est une vision beaucoup plus pragmatique et réaliste des besoins énergétiques mondiaux, qui sont maintenant axés sur la sécurité énergétique. Et en particulier en raison des difficultés entre la Russie et l’Ukraine qui ont surpris les marchés pétroliers mondiaux, je pense que le Canada a maintenant une occasion très intéressante de jouer le rôle de fournisseur de barils sûrs.
Ce que je veux dire, c’est que nous avons un approvisionnement stable dans un territoire politique très sûr et stable, mais aussi que nous avons, ou l’industrie, très clairement exprimé un désir de réduire l’empreinte carbone. Donc si l’on tient compte de ces deux facteurs, je pense que ce désir pour des barils sûrs, le Canada pourrait jouer un rôle très important à cet égard-là.
C’est intéressant de voir que cela se produit en ce moment. Et je pense que ce sera encore plus intéressant de voir si ça change de façon plus permanente dans l’Ouest, pas seulement parce que leur situation change maintenant, mais parce qu’elle pourrait changer à l’avenir. Mais je pense que c’est un tout autre sujet. L’un de vos placements dans votre fonds, Canadian Natural Resources... quelles sont vos perspectives par rapport à ça?
Eh bien, il est extrêmement bien positionné pour ce contexte. Pensez à l’orientation actuelle des prix des produits de base, que ce soit le pétrole ou le gaz naturel, et CNQ, Canadian Natural Resources, c’est un important producteur des deux. Si les prix restent près de leur niveau actuel, il n’y aura pas une autre société à la Bourse de Toronto qui va générer autant de flux de trésorerie disponibles que CNQ cette année.
Et du point de vue des actionnaires, Kim, ce qui m’enthousiasme beaucoup, c’est qu’il n’y a plus de mégaprojets qui exigent ce capital de CNQ ou de bon nombre de ses pairs du secteur canadien des sables bitumineux. Et ce que ça signifie, c’est que cette société est vraiment en mode maintenance par rapport aux dépenses en immobilisations. Les bénéfices inespérés qu’elle va générer vont donc revenir directement aux actionnaires.
Il va y avoir beaucoup de rachats d’actions et de dividendes. On va probablement voir une autre augmentation des dividendes demain. Elle déclare ses bénéfices demain. C’est donc exactement le type de société qui est parfaite pour ce type de contexte de prix des produits de base élevés.
Il ne me reste qu’environ 15 secondes, Mike, mais pour me faire l’avocate du diable par rapport à CNQ, si un scénario contraire devait se produire, est-ce que les prix du pétrole pourraient tout simplement faire rapidement volte-face?
Oui, je pense que la seule chose qui m’inquiète par rapport aux producteurs canadiens, c’est que quelque chose vienne détruire la demande. Autrement dit, il faut surveiller les signes de récession, une récession qui détruirait la demande. Sinon, les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande pour le marché du pétrole sont tellement solides et les sociétés tellement bien positionnées que je ne vois pas grand-chose d’autre qui pourrait faire dérailler les choses à court terme.
Mike, merci beaucoup pour votre temps aujourd’hui.
Pas de problème, Kim.
[MUSIQUE]
Bien sûr, cela s’inscrit dans le contexte du conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine.
Il se passe beaucoup de choses en ce moment. J’accueille Michael O’Brien, qui va nous aider à comprendre ce qui est important, et nous présenter ce sur quoi il porte son attention. Il est chef, Actions canadiennes de base à Gestion de Placements TD. Mike, c’est un plaisir de vous avoir parmi nous et de vous reparler. Avant d’aborder vos perspectives à l’égard des actions canadiennes et de certains secteurs intéressants, j’aimerais connaître votre réaction à ce que la Banque du Canada a dit aujourd’hui.
Bien sûr, Kim, je suis heureux d’être ici. Je pense qu’il n’y a pas eu de grandes surprises aujourd’hui. Écoutez, compte tenu de la vigueur actuelle de l’économie, du resserrement actuel du marché de l’emploi et de la baisse marquée du chômage, de l’inflation à des niveaux inégalés depuis plusieurs décennies, je pense que tout le monde se rend compte que zéro, ce n’est pas un taux directeur approprié.
Il y a donc eu, je crois, des spéculations quant à ce que la Banque du Canada allait dire à propos de la situation entre la Russie et l’Ukraine. Elle en a effectivement parlé, et, selon moi, cela a rassuré les marchés. Elle va être pragmatique par rapport à ça. Mais je pense que tout le monde se rend compte que c’est la première étape vers la normalisation des politiques, ce qui est grandement nécessaire.
Mike, pouvons-nous parler un peu de ce que signifie cette hausse des taux d’intérêt pour certains de vos placements dans votre portefeuille? Comme je l’ai mentionné, vous gérez le Fonds d’actions canadiennes TD, et les services financiers qui en font partie. Qu’est-ce que ça signifie pour eux?
C’est une bonne nouvelle pour les services financiers, et en particulier pour les banques canadiennes. Et si vous pensez à notre fonds, les banques canadiennes y sont au centre. Et pour illustrer le contexte, cinq des banques ont publié leurs rapports il y a environ une semaine. Il en reste encore une. Elles ont toutes largement dépassé les attentes.
Les pertes sur prêts ont été très faibles. La croissance des prêts a été très forte. Les positions en capital sont exceptionnelles. Ça fonctionne à plein régime. La seule chose qui manque, c’est que les marges d’intérêt nettes sont toujours comprimées. Le revenu d’intérêts net ne va donc pas augmenter.
Et c’est là que les hausses de taux de la banque centrale entrent en jeu. Donc, tant au Canada qu’aux États-Unis, alors que la Fed et la Banque du Canada commencent à relever leurs taux d’intérêt, et c’est le dernier morceau du casse-tête, les marges de taux d’intérêt nettes réagissent très bien. On s’attend donc à de bons résultats de la part de ce groupe.
Un autre élément de base du portefeuille, bien sûr, ce sont les actions canadiennes du secteur de l’énergie, qui subissent de fortes pressions depuis longtemps, le monde délaissant de plus en plus les combustibles fossiles. Comment le retour à la normale, la demande de pétrole, dont les prix ont déjà augmenté, et, bien sûr, la situation en Russie et en Ukraine... comment tout ça influence-t-il le portefeuille?
Oui, comme vous le dites, Kim, c’est tout simplement un revirement de situation incroyable. Il y a moins de deux ans, les mélanges de l’Ouest canadien se vendaient à un prix à un chiffre le baril, et leur cours a même été négatif pendant une courte période. Et aujourd’hui, quand j’ai fermé mon écran, le Western Canadian Select se négociait à 100 $ le baril. C’est tout simplement une amélioration incroyable qui s’est produite au cours des deux dernières années, et le contexte s’est beaucoup amélioré aussi.
De toute évidence, le premier effet que ça aura, c’est que ces sociétés, qui sont beaucoup plus agiles et solides qu’il y a deux ans, vont générer d’énormes flux de trésorerie disponibles. Et ces flux de trésorerie disponibles vont être reversés aux actionnaires, que ce soit sous forme de dividendes ou de rachats d’actions. C’est donc très constructif.
L’autre aspect très intéressant de la question, comme vous l’avez mentionné, c’est ce qui s’est passé au cours des dernières années, et du fait qu’on met davantage l’accent sur les enjeux ESG et, à mon avis, c’est injustifié, mais le Canada a été pointé du doigt par les investisseurs internationaux comme un fournisseur de pétrole sale. Ils ont parlé de l’empreinte carbone.
Je pense que ce qu’on a vu au cours des derniers mois, c’est une vision beaucoup plus pragmatique et réaliste des besoins énergétiques mondiaux, qui sont maintenant axés sur la sécurité énergétique. Et en particulier en raison des difficultés entre la Russie et l’Ukraine qui ont surpris les marchés pétroliers mondiaux, je pense que le Canada a maintenant une occasion très intéressante de jouer le rôle de fournisseur de barils sûrs.
Ce que je veux dire, c’est que nous avons un approvisionnement stable dans un territoire politique très sûr et stable, mais aussi que nous avons, ou l’industrie, très clairement exprimé un désir de réduire l’empreinte carbone. Donc si l’on tient compte de ces deux facteurs, je pense que ce désir pour des barils sûrs, le Canada pourrait jouer un rôle très important à cet égard-là.
C’est intéressant de voir que cela se produit en ce moment. Et je pense que ce sera encore plus intéressant de voir si ça change de façon plus permanente dans l’Ouest, pas seulement parce que leur situation change maintenant, mais parce qu’elle pourrait changer à l’avenir. Mais je pense que c’est un tout autre sujet. L’un de vos placements dans votre fonds, Canadian Natural Resources... quelles sont vos perspectives par rapport à ça?
Eh bien, il est extrêmement bien positionné pour ce contexte. Pensez à l’orientation actuelle des prix des produits de base, que ce soit le pétrole ou le gaz naturel, et CNQ, Canadian Natural Resources, c’est un important producteur des deux. Si les prix restent près de leur niveau actuel, il n’y aura pas une autre société à la Bourse de Toronto qui va générer autant de flux de trésorerie disponibles que CNQ cette année.
Et du point de vue des actionnaires, Kim, ce qui m’enthousiasme beaucoup, c’est qu’il n’y a plus de mégaprojets qui exigent ce capital de CNQ ou de bon nombre de ses pairs du secteur canadien des sables bitumineux. Et ce que ça signifie, c’est que cette société est vraiment en mode maintenance par rapport aux dépenses en immobilisations. Les bénéfices inespérés qu’elle va générer vont donc revenir directement aux actionnaires.
Il va y avoir beaucoup de rachats d’actions et de dividendes. On va probablement voir une autre augmentation des dividendes demain. Elle déclare ses bénéfices demain. C’est donc exactement le type de société qui est parfaite pour ce type de contexte de prix des produits de base élevés.
Il ne me reste qu’environ 15 secondes, Mike, mais pour me faire l’avocate du diable par rapport à CNQ, si un scénario contraire devait se produire, est-ce que les prix du pétrole pourraient tout simplement faire rapidement volte-face?
Oui, je pense que la seule chose qui m’inquiète par rapport aux producteurs canadiens, c’est que quelque chose vienne détruire la demande. Autrement dit, il faut surveiller les signes de récession, une récession qui détruirait la demande. Sinon, les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande pour le marché du pétrole sont tellement solides et les sociétés tellement bien positionnées que je ne vois pas grand-chose d’autre qui pourrait faire dérailler les choses à court terme.
Mike, merci beaucoup pour votre temps aujourd’hui.
Pas de problème, Kim.
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