
Les dernières données sur l’emploi au Canada ont facilement dépassé les attentes pour le mois d’août. Malgré cela, Leslie Preston, économiste principale à la TD, affirme à Greg Bonnell que, si vous examinez les résultats un peu plus en profondeur, la croissance de l’emploi commence à ralentir.
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* La Banque du Canada a repris sa pause, mais les signes de ralentissement économique sont-ils suffisants pour l’empêcher de relever à nouveau ses taux? Accueillons Leslie Preston, économiste principale à la TD. Lesley, c’est un plaisir de vous ravoir avec nous.
* Je vous en prie.
*C’est le bon moment pour vous avoir ici, car j’aimerais prendre le pouls de la situation. Beaucoup de choses se sont passées la semaine dernière, du côté de la Banque du Canada, la pause, puis on a eu l’information sur le marché du travail deux jours plus tard, plus d’emplois que prévu. Comment faire le calcul pour déterminer où on va?
* Eh bien, je vais commencer par la dernière chose dont vous avez parlé, le marché de l’emploi, le nombre d’emplois plus élevé que prévu. Mais en poussant l’analyse un peu plus loin, on voit que beaucoup de ces emplois sont du travail autonome, ce qui peut être avantageux pour le travailleur autonome, mais en général, on ne voit pas ça comme un signe de vigueur économique. En ce qui concerne les emplois dans le secteur privé, la tendance continue de ralentir.
* On constate un ralentissement de la croissance de l’emploi dans le marché de l’emploi. Et le fait que le taux de chômage est demeuré à 5,5 %, ce qui représente une hausse par rapport au creux de la pandémie, ça correspond à un marché qui se replie progressivement.
* On a beaucoup parlé aussi des gains sur le marché du travail pendant un mois, il y a donc de très bonnes raisons d’aller au-delà de ce chiffre. Il y a aussi l’immigration, n’est-ce pas? Le taux de croissance de la population comparé à la croissance de la main-d’œuvre, on commence à voir un peu plus de nuances sur ce nombre.
* Oui, absolument. Et je pense que les observateurs et les prévisionnistes doivent ajuster leurs attentes à l’égard d’un mois typique, 15 000 à 20 000 emplois… ce nombre est plus élevé maintenant. Cela dit, je pense que les économistes et les prévisionnistes qui font les prévisions pour ce nombre un mois d’avance s’attendaient à un ralentissement plus important. Il y a eu 40 000 nouveaux emplois, ce qui suit le rythme de la croissance démographique, mais les prévisionnistes s’attendaient plutôt à un chiffre entre 15 000 et 20 000.
* C’est donc une bonne surprise. Mais en net, si on regarde les caractéristiques des gains d’emplois en dessous, et les données sur le marché du travail canadien qui sont toujours volatiles; et le taux de chômage a augmenté au cours des derniers mois. Selon moi, le fait qu’on n’a pas vu de reprise montre bien que ce ralentissement des derniers mois sur le marché du travail est un peu plus persistant.
* C’était donc vendredi. J’ai l’impression qu’on va reculer dans le temps parce que la décision relative aux taux arrive mercredi. Mais on n’a pas vraiment entendu parler de la banque, mis à part la déclaration, jusqu’à jeudi, et du discours du gouverneur Tiff Macklem à Calgary. Et selon vous, qu’est-ce qu’ils en pensent? J’ai eu l’impression que c’était une journée où on espère que les manchettes indiquaient qu’on pourrait trouver quelque chose dans ce discours.
* Oui, c’est certainement le cas. La Banque du Canada a du mal à établir sa politique monétaire. Elle sait qu’elle a beaucoup augmenté les taux d’intérêt. Elle sait que les répercussions de tout ce resserrement monétaire se fait encore sentir dans le système.
* En même temps, elle ne veut pas que les marchés s’emballent et commencent à fixer des prix trop élevés, car l’inflation doit encore baisser. Elle veut maintenir des taux d’intérêt élevés sur le marché pour aider à ralentir le rythme. Mais dans l’ensemble, je pense que c’est intéressant que vous ayez utilisé le mot « pause » dans vos premières questions. Je pense que le gouverneur Macklem a pris grand soin de ne pas utiliser le mot « pause » dans ses observations.
* Ça n’a tout simplement pas démarré. Mais il ne faut pas appeler ça une pause.
* Il ne faut pas… cette situation s’est produite plus tôt dans l’année, alors qu’elle était en pause et l’habitation a relancé le marché de l’habitation, ce que la banque ne veut pas voir. Les choses ont commencé à s’améliorer. Mais je pense qu’elle attend de voir, c’est certain.
* Les prochaines données, en particulier sur l’inflation, seront très importantes pour confirmer qu’on continue d’assister à un ralentissement graduel de l’inflation. Franchement, la banque préférerait peut-être un ralentissement plus rapide de l’inflation. On s’attend à ce que l’inflation continue sa baisse avec le ralentissement économique. Les Services économiques TD sont d’avis que la Banque du Canada est au sommet du cycle de hausse des taux, mais cette position ferme et ce discours seront maintenus jusqu’à ce que la Banque soit davantage convaincue à l’égard de l’inflation.
* On prévoit un ralentissement important de la croissance au deuxième semestre de l’année et au début de l’an prochain. Et on pense que ça va suffire à ralentir l’inflation et permettre à la Banque du Canada de maintenir le statu quo pendant une période prolongée.
* Dans les prochains jours, le Canada va publier un nouveau rapport sur l’inflation. Ce que j’ai trouvé intéressant dans l’énoncé accompagnant la décision relative aux taux la semaine dernière, c’est qu’on nous dit de ne pas s’attendre à ce que ce soit… et je ne pense pas qu’on nous ait dit que ça pourrait être une trajectoire directe de haut en bas, il y a un petit coup. On est revenus au-dessus de 3 % au cours de l’été. Une petite mise en garde au sujet des prix de l’essence. La situation pourrait-elle être un peu cahoteuse?
* Tout à fait. La Banque a eu la sage idée de le signaler, car on prévoit une hausse de l’inflation globale à 3,7 % pour le mois d’août. Vous avez mentionné un retour au-dessus de 3 %, alors visez un peu plus de 3 %. Et c’est exactement ce que vous disiez à propos de la hausse des prix de l’essence… la hausse des prix du pétrole sur les marchés internationaux.
* Il s’agit de l’inflation globale. Lorsqu’elle établit sa politique monétaire, la banque met l’accent sur ses mesures de base de l’inflation sous-jacente, parce que le pétrole et l’essence sont l’un des prix qui montent, qui baissent et qui pourraient donner un signal trompeur sur l’orientation de l’inflation. On s’attend donc à ce que les mesures d’inflation de base continuent de ralentir légèrement, mais sur 12 mois, pour rester au-dessus de 3 %. Ce qu’on observe c’est une baisse de l’inflation de base, mais c’est très lent.
* Les gains faciles obtenus grâce à une inflation plus faible sont derrière nous. Et ce sont les prix de ces services qui ont été les plus élevés, il faut que ces gains ralentissent. Et ça se produit très lentement. Voilà notre point de vue.
* Si les résultats sont très différents, comme je l’ai dit, la Banque du Canada se trouve à un moment crucial… si les données du rapport sont plus élevées que prévu, alors on commencerait probablement à se demander si la banque remonterait de nouveau. À l’heure actuelle, nous et la Banque du Canada dépendons beaucoup des données.
* Ma prochaine question pour vous, on va avoir l’impression de sauter le pas si on parle des données économiques plus élevées que prévu, ce qui, bien sûr, la banque nous a avertis qu’ils pourraient remonter les taux en cas de besoin. Mais la question principale c’est : quand est-ce qu’il vont commencer à réduire les taux? C’est une chose d’être, peut-être, en pause et d’arrêter les hausses, mais quand verrons-nous les baisses?
* Eh bien, je pense que ce n’est pas pour tout de suite. Et je pense que le gouverneur avait raison de dire qu’il est trop tôt pour en parler, compte tenu de la dernière question de laquelle on vient de discuter… la possibilité d’une nouvelle hausse. On ne pense pas que la Banque va réduire les taux avant le milieu de l’année prochaine Lorsqu’on va observer un ralentissement plus convaincant de l’inflation sur une base annualisée sur trois mois se rapprochant beaucoup, ou si l’inflation se rapproche de la cible de 2 %.
* La Fed arrivera aussi plus tard ce mois-ci. Cette décision sur les taux d’intérêt est un important moteur de marché mondialement. Est-ce qu’elle est dans le même camp que la Banque du Canada? Ou est-ce qu’elle emprunte une voie différente?
* Eh bien, du point de vue de nos prévisions, en fait, la trajectoire est très semblable. On s’attend également à ce que, conformément à nos prévisions économiques, l’économie américaine ralentisse moins au troisième trimestre, mais au quatrième trimestre de cette année… a la croissance économique sera freinée par le fait que la Fed est en pause. Mais encore une fois, tout dépend des données.
* On a observé un ralentissement encourageant des mesures d’inflation du côté américain. L’inflation aux États-Unis est devenue plus élevée qu’au Canada. Ils ont donc dû reculer davantage. Mais là aussi, le marché de l’emploi a ralenti aux États-Unis. On pense donc que l’inflation pourrait fléchir. La Fed est sûrement très consciente du risque d’une reprise des pressions inflationnistes ou s’ils ne voient pas le ralentissement auquel ils s’attendent sur le marché du travail.
[MUSIQUE]
* Je vous en prie.
*C’est le bon moment pour vous avoir ici, car j’aimerais prendre le pouls de la situation. Beaucoup de choses se sont passées la semaine dernière, du côté de la Banque du Canada, la pause, puis on a eu l’information sur le marché du travail deux jours plus tard, plus d’emplois que prévu. Comment faire le calcul pour déterminer où on va?
* Eh bien, je vais commencer par la dernière chose dont vous avez parlé, le marché de l’emploi, le nombre d’emplois plus élevé que prévu. Mais en poussant l’analyse un peu plus loin, on voit que beaucoup de ces emplois sont du travail autonome, ce qui peut être avantageux pour le travailleur autonome, mais en général, on ne voit pas ça comme un signe de vigueur économique. En ce qui concerne les emplois dans le secteur privé, la tendance continue de ralentir.
* On constate un ralentissement de la croissance de l’emploi dans le marché de l’emploi. Et le fait que le taux de chômage est demeuré à 5,5 %, ce qui représente une hausse par rapport au creux de la pandémie, ça correspond à un marché qui se replie progressivement.
* On a beaucoup parlé aussi des gains sur le marché du travail pendant un mois, il y a donc de très bonnes raisons d’aller au-delà de ce chiffre. Il y a aussi l’immigration, n’est-ce pas? Le taux de croissance de la population comparé à la croissance de la main-d’œuvre, on commence à voir un peu plus de nuances sur ce nombre.
* Oui, absolument. Et je pense que les observateurs et les prévisionnistes doivent ajuster leurs attentes à l’égard d’un mois typique, 15 000 à 20 000 emplois… ce nombre est plus élevé maintenant. Cela dit, je pense que les économistes et les prévisionnistes qui font les prévisions pour ce nombre un mois d’avance s’attendaient à un ralentissement plus important. Il y a eu 40 000 nouveaux emplois, ce qui suit le rythme de la croissance démographique, mais les prévisionnistes s’attendaient plutôt à un chiffre entre 15 000 et 20 000.
* C’est donc une bonne surprise. Mais en net, si on regarde les caractéristiques des gains d’emplois en dessous, et les données sur le marché du travail canadien qui sont toujours volatiles; et le taux de chômage a augmenté au cours des derniers mois. Selon moi, le fait qu’on n’a pas vu de reprise montre bien que ce ralentissement des derniers mois sur le marché du travail est un peu plus persistant.
* C’était donc vendredi. J’ai l’impression qu’on va reculer dans le temps parce que la décision relative aux taux arrive mercredi. Mais on n’a pas vraiment entendu parler de la banque, mis à part la déclaration, jusqu’à jeudi, et du discours du gouverneur Tiff Macklem à Calgary. Et selon vous, qu’est-ce qu’ils en pensent? J’ai eu l’impression que c’était une journée où on espère que les manchettes indiquaient qu’on pourrait trouver quelque chose dans ce discours.
* Oui, c’est certainement le cas. La Banque du Canada a du mal à établir sa politique monétaire. Elle sait qu’elle a beaucoup augmenté les taux d’intérêt. Elle sait que les répercussions de tout ce resserrement monétaire se fait encore sentir dans le système.
* En même temps, elle ne veut pas que les marchés s’emballent et commencent à fixer des prix trop élevés, car l’inflation doit encore baisser. Elle veut maintenir des taux d’intérêt élevés sur le marché pour aider à ralentir le rythme. Mais dans l’ensemble, je pense que c’est intéressant que vous ayez utilisé le mot « pause » dans vos premières questions. Je pense que le gouverneur Macklem a pris grand soin de ne pas utiliser le mot « pause » dans ses observations.
* Ça n’a tout simplement pas démarré. Mais il ne faut pas appeler ça une pause.
* Il ne faut pas… cette situation s’est produite plus tôt dans l’année, alors qu’elle était en pause et l’habitation a relancé le marché de l’habitation, ce que la banque ne veut pas voir. Les choses ont commencé à s’améliorer. Mais je pense qu’elle attend de voir, c’est certain.
* Les prochaines données, en particulier sur l’inflation, seront très importantes pour confirmer qu’on continue d’assister à un ralentissement graduel de l’inflation. Franchement, la banque préférerait peut-être un ralentissement plus rapide de l’inflation. On s’attend à ce que l’inflation continue sa baisse avec le ralentissement économique. Les Services économiques TD sont d’avis que la Banque du Canada est au sommet du cycle de hausse des taux, mais cette position ferme et ce discours seront maintenus jusqu’à ce que la Banque soit davantage convaincue à l’égard de l’inflation.
* On prévoit un ralentissement important de la croissance au deuxième semestre de l’année et au début de l’an prochain. Et on pense que ça va suffire à ralentir l’inflation et permettre à la Banque du Canada de maintenir le statu quo pendant une période prolongée.
* Dans les prochains jours, le Canada va publier un nouveau rapport sur l’inflation. Ce que j’ai trouvé intéressant dans l’énoncé accompagnant la décision relative aux taux la semaine dernière, c’est qu’on nous dit de ne pas s’attendre à ce que ce soit… et je ne pense pas qu’on nous ait dit que ça pourrait être une trajectoire directe de haut en bas, il y a un petit coup. On est revenus au-dessus de 3 % au cours de l’été. Une petite mise en garde au sujet des prix de l’essence. La situation pourrait-elle être un peu cahoteuse?
* Tout à fait. La Banque a eu la sage idée de le signaler, car on prévoit une hausse de l’inflation globale à 3,7 % pour le mois d’août. Vous avez mentionné un retour au-dessus de 3 %, alors visez un peu plus de 3 %. Et c’est exactement ce que vous disiez à propos de la hausse des prix de l’essence… la hausse des prix du pétrole sur les marchés internationaux.
* Il s’agit de l’inflation globale. Lorsqu’elle établit sa politique monétaire, la banque met l’accent sur ses mesures de base de l’inflation sous-jacente, parce que le pétrole et l’essence sont l’un des prix qui montent, qui baissent et qui pourraient donner un signal trompeur sur l’orientation de l’inflation. On s’attend donc à ce que les mesures d’inflation de base continuent de ralentir légèrement, mais sur 12 mois, pour rester au-dessus de 3 %. Ce qu’on observe c’est une baisse de l’inflation de base, mais c’est très lent.
* Les gains faciles obtenus grâce à une inflation plus faible sont derrière nous. Et ce sont les prix de ces services qui ont été les plus élevés, il faut que ces gains ralentissent. Et ça se produit très lentement. Voilà notre point de vue.
* Si les résultats sont très différents, comme je l’ai dit, la Banque du Canada se trouve à un moment crucial… si les données du rapport sont plus élevées que prévu, alors on commencerait probablement à se demander si la banque remonterait de nouveau. À l’heure actuelle, nous et la Banque du Canada dépendons beaucoup des données.
* Ma prochaine question pour vous, on va avoir l’impression de sauter le pas si on parle des données économiques plus élevées que prévu, ce qui, bien sûr, la banque nous a avertis qu’ils pourraient remonter les taux en cas de besoin. Mais la question principale c’est : quand est-ce qu’il vont commencer à réduire les taux? C’est une chose d’être, peut-être, en pause et d’arrêter les hausses, mais quand verrons-nous les baisses?
* Eh bien, je pense que ce n’est pas pour tout de suite. Et je pense que le gouverneur avait raison de dire qu’il est trop tôt pour en parler, compte tenu de la dernière question de laquelle on vient de discuter… la possibilité d’une nouvelle hausse. On ne pense pas que la Banque va réduire les taux avant le milieu de l’année prochaine Lorsqu’on va observer un ralentissement plus convaincant de l’inflation sur une base annualisée sur trois mois se rapprochant beaucoup, ou si l’inflation se rapproche de la cible de 2 %.
* La Fed arrivera aussi plus tard ce mois-ci. Cette décision sur les taux d’intérêt est un important moteur de marché mondialement. Est-ce qu’elle est dans le même camp que la Banque du Canada? Ou est-ce qu’elle emprunte une voie différente?
* Eh bien, du point de vue de nos prévisions, en fait, la trajectoire est très semblable. On s’attend également à ce que, conformément à nos prévisions économiques, l’économie américaine ralentisse moins au troisième trimestre, mais au quatrième trimestre de cette année… a la croissance économique sera freinée par le fait que la Fed est en pause. Mais encore une fois, tout dépend des données.
* On a observé un ralentissement encourageant des mesures d’inflation du côté américain. L’inflation aux États-Unis est devenue plus élevée qu’au Canada. Ils ont donc dû reculer davantage. Mais là aussi, le marché de l’emploi a ralenti aux États-Unis. On pense donc que l’inflation pourrait fléchir. La Fed est sûrement très consciente du risque d’une reprise des pressions inflationnistes ou s’ils ne voient pas le ralentissement auquel ils s’attendent sur le marché du travail.
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