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La Banque du Canada (BdC) assume un mandat élargi : elle surveillera dorénavant le marché de l’emploi. Anthony Okolie et James Orlando, économiste principal, Groupe Banque TD, discutent de l’année à venir et des répercussions possibles du variant Omicron sur les perspectives de la BdC pour 2022.
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[MUSIQUE]
La Banque du Canada a fait lles manchettes à a fin décembre, quand elle a annoncé le renouvellement de son mandat. James, qu’est-ce qui a changé dans cette nouvelle directive?
Au Canada, on a ce qu’on appelle une cible d’inflation. C’est le secteur d’activités de la Banque du Canada, donc c’est sa grande priorité depuis une trentaine d’années.
Depuis 1991, la Banque du Canada a déclaré qu’elle voulait s’assurer que l’inflation demeure autour de 2 %, dans une fourchette de 1 % à 3 %. Au moment de renouveler son mandat, il y a eu un débat sur la façon dont elle pourrait le modifier. Certains se demandaient si elle devrait se concentrer sur des aspects comme l’emploi, ou plutôt sur des facteurs comme l’habitation.
En fin de compte, la Banque n’a pas fait de changement particulier à son mandat principal. Au lieu de ça, elle dit qu’elle allait tenir compte d’autres facteurs sur la scène économique. Mais sa principale priorité, son secteur, vont continuer d’être l’inflation et l’atteinte de la stabilité des prix au Canada.
D’accord, étant donné ce nouvel accent mis sur l’emploi dans le cadre de son mandat, où en est le marché de l’emploi au Canada à l’heure actuelle, surtout depuis la hausse du variant Omicron?
Eh bien, avant qu’Omicron ne devienne une grande préoccupation au Canada, l’économie canadienne et le marché du travail canadien se portaient à merveille. En ce qui concerne le chômage, ce qu’on veut, c’est déterminer le nombre de Canadiens qui ont un emploi, et actuellement, au Canada, il y a plus de gens qui travaillent qu’avant la pandémie.
Même le nombre de personnes qui font partie de la population active a augmenté. Près de 80 % des personnes en âge de travailler ont un emploi. Et c’est énorme. C’est l’un des pourcentages les plus élevés parmi les pays développés, le plus élevé de l’histoire du Canada.
La situation de l’emploi au Canada est donc excellente. Alors, si la Banque du Canada souhaite évaluer, évidemment, ce n’est pas une exigence officielle, mais simplement évaluer nos résultats sur le plan de l’emploi, tout semble bien aller en ce moment.
Omicron présente un risque énorme, bien sûr. On a des mesures de confinement au Canada. On a des restrictions. Et naturellement, ça va se répercuter sur la croissance de l’emploi, surtout pour décembre, dont on va obtenir les données bientôt, mais aussi pour janvier, en raison des restrictions qui sont mises en place en ce moment au Canada.
Mais ce qu’on a remarqué dans le passé, c’est que ces restrictions, oui, elles sont là et entraînent des répercussions pendant cette période. Mais la reprise est solide. Elle a toujours été solide.
Les Canadiens sur le marché du travail, les employeurs ont une grande résilience. On s’attend donc à une solide reprise une fois les restrictions levées.
Et qu’en est-il du marché du logement? On sait que 2021 a été une très bonne année pour le secteur de l’habitation au Canada. Mais quel va être l’impact de ce nouveau mandat sur ce secteur à l’avenir?
Oui, le logement est clairement une priorité pour la plupart des Canadiens, et il l’est pour la Banque du Canada. En ce moment, on regarde à l’étranger, et on constate que d’autres banques centrales commencent à tenir compte de l’habitation dans leur façon d’appliquer leur politique monétaire. Donc, si le prix du logement commence à augmenter beaucoup, ce que vont faire les autres économies, les autres banques centrales, c’est augmenter les taux d’intérêt.
Au Canada, la banque centrale dit qu’elle n’est pas la mieux placée pour gérer ce risque. Ce qui va arriver, c’est ce qu’on appelle de la politique macroprudentielle, c’est-à-dire que le gouvernement du Canada va ajuster les politiques pour rendre un peu plus difficile l’obtention de prêts hypothécaires élevés.
On a déjà vu ça par le passé. On l’a vu avec la ligne directrice B-20. Des tas de restrictions sont entrées en vigueur, qui étaient censées limiter l’effervescence du marché de l’habitation. Et, selon ce que dit le Canada, c’est comme ça qu’il va procéder.
Pour le marché de l’habitation en particulier, on sait et on a appris, en 2020 et en 2021, que les taux d’intérêt sont importants. C’est la Banque du Canada qui fixe les taux d’intérêt, et dans le contexte actuel, elle va vouloir que le gouvernement limite réellement l’effervescence du marché de l’habitation au cours de 2022.
Mais elle va avoir une influence considérable sur l’évolution réelle des choses. Alors, les taux d’intérêt qui seront établis en 2022 vont probablement avoir plus d’influence sur le marché de l’habitation à court terme que va en avoir le changement de mandat.
D’accord, passons aux taux d’intérêt, puisque tu en parles. L’an dernier, la Banque du Canada a devancé son échéancier pour les hausses de taux d’intérêt cette année. Maintenant, en raison de la recrudescence du nombre de cas d’Omicron, quand prévois-tu qu’on verra la première hausse de taux au Canada?
Je suis d’avis que le recul d’Omicron qu’on a en ce moment ne va pas du tout retarder la Banque du Canada. On pense qu’on va effectivement avoir un ralentissement de la croissance économique, et peut-être un léger recul du marché du travail.
Mais comme je l’ai mentionné plus tôt, le rebond va être important. Et ça devrait inciter la Banque du Canada à relever ses taux d’intérêt au cours des prochains mois. Ça va se produire bientôt.
Comme je l’ai mentionné, même avant Omicron, le marché de l’emploi était excellent. C’est un aspect dont la Banque du Canada tient compte. Quant au marché de l’habitation, il est en effervescence. On sait qu’il faut des taux d’intérêt plus élevés pour s’assurer que la croissance à deux chiffres du prix des maisons qu’on a vue en 2021 ne se répète pas en 2022.
Sans parler du problème de fond, qui est la forte inflation. On a mentionné que la Banque du Canada veut maintenir l’inflation à 2 %, dans une fourchette de 1 % à 3 %. On a dépassé ça ce moment.
La Banque du Canada le reconnaît. Et honnêtement, Omicron, le ralentissement de la croissance économique, les restrictions, les répercussions sur la chaîne d’approvisionnement... tout ça va avoir pour effet de hausser davantage l’inflation et d’en augmenter la durée. Selon moi, il va probablement falloir que les taux d’intérêt augmentent au cours des prochains mois.
Et on va amorcer ce cycle des taux d’intérêt. Il faut donc s’attendre à une hausse des taux directeurs, des taux obligataires et des taux hypothécaires au cours de 2022.
Et James, en ce début d’année, à part le variant, que tu as mentionné et l’inflation, quels sont les autres risques importants selon les perspectives de la Banque du Canada à court terme?
Oui, je pense que tu as frappé en plein dans le mille pour les deux premiers. L’inflation est un risque important. Au Canada, elle est exagérément élevée. Tu sais, elle diminue le pouvoir d’achat des Canadiens.
On doit veiller à ce qu’il y ait une stabilité des prix apparente au Canada, parce que lorsque les prix augmentent et que les salaires ne suivent pas, ça se répercute sur les dépenses de consommation. On doit veiller au bien-être économique des consommateurs, car c’est le moteur de la croissance au Canada.
Autre chose, on pourrait assister à un ralentissement d’Omicron, même si, à l’heure actuelle, je ne pense pas qu’on puisse faire grand-chose. Tu sais, la situation peut s’aggraver assez rapidement. On voit à quel point le nombre de cas est élevé en ce moment.
Ces risques sont donc très importants. Évidemment, le secteur de l’habitation en est un, c’est l’un des plus importants, car on pense que les déséquilibres financiers provoqués par le prix élevé des maisons, l’augmentation des prêts hypothécaires que les gens contractent pour pouvoir simplement s’acheter un toit, un endroit où vivre, ça représente un risque énorme, et pas seulement pour les trimestres ou les mois en cours, mais aussi pour l’avenir.
Voilà, c’est ce qu’on surveille. On commence l’année sur d’assez bonnes bases, car l’économie canadienne s’est presque entièrement remise de la pandémie. Mais tous ces risques arrivent. Et on doit simplement s’assurer de garder le cap, de faire en sorte que les dépenses, la croissance du PIB, la vigueur de l’emploi actuelle sont maintenues.
Il va y avoir des reculs. Même les valorisations des marchés financiers sont très élevées en ce moment. Les marchés financiers n’ont pas reculé depuis le début de la pandémie.
C’est une très longue période sans même une seule petite correction saine jusqu’à présent. Il se peut donc qu’on assiste à un peu plus de volatilité cette année. Tout dépend de la vitesse à laquelle on se rétablit de ce genre de situation. Voilà ce qu’on surveille pour la prochaine année.
James, merci beaucoup de ta présence.
Merci.
[MUSIQUE]
La Banque du Canada a fait lles manchettes à a fin décembre, quand elle a annoncé le renouvellement de son mandat. James, qu’est-ce qui a changé dans cette nouvelle directive?
Au Canada, on a ce qu’on appelle une cible d’inflation. C’est le secteur d’activités de la Banque du Canada, donc c’est sa grande priorité depuis une trentaine d’années.
Depuis 1991, la Banque du Canada a déclaré qu’elle voulait s’assurer que l’inflation demeure autour de 2 %, dans une fourchette de 1 % à 3 %. Au moment de renouveler son mandat, il y a eu un débat sur la façon dont elle pourrait le modifier. Certains se demandaient si elle devrait se concentrer sur des aspects comme l’emploi, ou plutôt sur des facteurs comme l’habitation.
En fin de compte, la Banque n’a pas fait de changement particulier à son mandat principal. Au lieu de ça, elle dit qu’elle allait tenir compte d’autres facteurs sur la scène économique. Mais sa principale priorité, son secteur, vont continuer d’être l’inflation et l’atteinte de la stabilité des prix au Canada.
D’accord, étant donné ce nouvel accent mis sur l’emploi dans le cadre de son mandat, où en est le marché de l’emploi au Canada à l’heure actuelle, surtout depuis la hausse du variant Omicron?
Eh bien, avant qu’Omicron ne devienne une grande préoccupation au Canada, l’économie canadienne et le marché du travail canadien se portaient à merveille. En ce qui concerne le chômage, ce qu’on veut, c’est déterminer le nombre de Canadiens qui ont un emploi, et actuellement, au Canada, il y a plus de gens qui travaillent qu’avant la pandémie.
Même le nombre de personnes qui font partie de la population active a augmenté. Près de 80 % des personnes en âge de travailler ont un emploi. Et c’est énorme. C’est l’un des pourcentages les plus élevés parmi les pays développés, le plus élevé de l’histoire du Canada.
La situation de l’emploi au Canada est donc excellente. Alors, si la Banque du Canada souhaite évaluer, évidemment, ce n’est pas une exigence officielle, mais simplement évaluer nos résultats sur le plan de l’emploi, tout semble bien aller en ce moment.
Omicron présente un risque énorme, bien sûr. On a des mesures de confinement au Canada. On a des restrictions. Et naturellement, ça va se répercuter sur la croissance de l’emploi, surtout pour décembre, dont on va obtenir les données bientôt, mais aussi pour janvier, en raison des restrictions qui sont mises en place en ce moment au Canada.
Mais ce qu’on a remarqué dans le passé, c’est que ces restrictions, oui, elles sont là et entraînent des répercussions pendant cette période. Mais la reprise est solide. Elle a toujours été solide.
Les Canadiens sur le marché du travail, les employeurs ont une grande résilience. On s’attend donc à une solide reprise une fois les restrictions levées.
Et qu’en est-il du marché du logement? On sait que 2021 a été une très bonne année pour le secteur de l’habitation au Canada. Mais quel va être l’impact de ce nouveau mandat sur ce secteur à l’avenir?
Oui, le logement est clairement une priorité pour la plupart des Canadiens, et il l’est pour la Banque du Canada. En ce moment, on regarde à l’étranger, et on constate que d’autres banques centrales commencent à tenir compte de l’habitation dans leur façon d’appliquer leur politique monétaire. Donc, si le prix du logement commence à augmenter beaucoup, ce que vont faire les autres économies, les autres banques centrales, c’est augmenter les taux d’intérêt.
Au Canada, la banque centrale dit qu’elle n’est pas la mieux placée pour gérer ce risque. Ce qui va arriver, c’est ce qu’on appelle de la politique macroprudentielle, c’est-à-dire que le gouvernement du Canada va ajuster les politiques pour rendre un peu plus difficile l’obtention de prêts hypothécaires élevés.
On a déjà vu ça par le passé. On l’a vu avec la ligne directrice B-20. Des tas de restrictions sont entrées en vigueur, qui étaient censées limiter l’effervescence du marché de l’habitation. Et, selon ce que dit le Canada, c’est comme ça qu’il va procéder.
Pour le marché de l’habitation en particulier, on sait et on a appris, en 2020 et en 2021, que les taux d’intérêt sont importants. C’est la Banque du Canada qui fixe les taux d’intérêt, et dans le contexte actuel, elle va vouloir que le gouvernement limite réellement l’effervescence du marché de l’habitation au cours de 2022.
Mais elle va avoir une influence considérable sur l’évolution réelle des choses. Alors, les taux d’intérêt qui seront établis en 2022 vont probablement avoir plus d’influence sur le marché de l’habitation à court terme que va en avoir le changement de mandat.
D’accord, passons aux taux d’intérêt, puisque tu en parles. L’an dernier, la Banque du Canada a devancé son échéancier pour les hausses de taux d’intérêt cette année. Maintenant, en raison de la recrudescence du nombre de cas d’Omicron, quand prévois-tu qu’on verra la première hausse de taux au Canada?
Je suis d’avis que le recul d’Omicron qu’on a en ce moment ne va pas du tout retarder la Banque du Canada. On pense qu’on va effectivement avoir un ralentissement de la croissance économique, et peut-être un léger recul du marché du travail.
Mais comme je l’ai mentionné plus tôt, le rebond va être important. Et ça devrait inciter la Banque du Canada à relever ses taux d’intérêt au cours des prochains mois. Ça va se produire bientôt.
Comme je l’ai mentionné, même avant Omicron, le marché de l’emploi était excellent. C’est un aspect dont la Banque du Canada tient compte. Quant au marché de l’habitation, il est en effervescence. On sait qu’il faut des taux d’intérêt plus élevés pour s’assurer que la croissance à deux chiffres du prix des maisons qu’on a vue en 2021 ne se répète pas en 2022.
Sans parler du problème de fond, qui est la forte inflation. On a mentionné que la Banque du Canada veut maintenir l’inflation à 2 %, dans une fourchette de 1 % à 3 %. On a dépassé ça ce moment.
La Banque du Canada le reconnaît. Et honnêtement, Omicron, le ralentissement de la croissance économique, les restrictions, les répercussions sur la chaîne d’approvisionnement... tout ça va avoir pour effet de hausser davantage l’inflation et d’en augmenter la durée. Selon moi, il va probablement falloir que les taux d’intérêt augmentent au cours des prochains mois.
Et on va amorcer ce cycle des taux d’intérêt. Il faut donc s’attendre à une hausse des taux directeurs, des taux obligataires et des taux hypothécaires au cours de 2022.
Et James, en ce début d’année, à part le variant, que tu as mentionné et l’inflation, quels sont les autres risques importants selon les perspectives de la Banque du Canada à court terme?
Oui, je pense que tu as frappé en plein dans le mille pour les deux premiers. L’inflation est un risque important. Au Canada, elle est exagérément élevée. Tu sais, elle diminue le pouvoir d’achat des Canadiens.
On doit veiller à ce qu’il y ait une stabilité des prix apparente au Canada, parce que lorsque les prix augmentent et que les salaires ne suivent pas, ça se répercute sur les dépenses de consommation. On doit veiller au bien-être économique des consommateurs, car c’est le moteur de la croissance au Canada.
Autre chose, on pourrait assister à un ralentissement d’Omicron, même si, à l’heure actuelle, je ne pense pas qu’on puisse faire grand-chose. Tu sais, la situation peut s’aggraver assez rapidement. On voit à quel point le nombre de cas est élevé en ce moment.
Ces risques sont donc très importants. Évidemment, le secteur de l’habitation en est un, c’est l’un des plus importants, car on pense que les déséquilibres financiers provoqués par le prix élevé des maisons, l’augmentation des prêts hypothécaires que les gens contractent pour pouvoir simplement s’acheter un toit, un endroit où vivre, ça représente un risque énorme, et pas seulement pour les trimestres ou les mois en cours, mais aussi pour l’avenir.
Voilà, c’est ce qu’on surveille. On commence l’année sur d’assez bonnes bases, car l’économie canadienne s’est presque entièrement remise de la pandémie. Mais tous ces risques arrivent. Et on doit simplement s’assurer de garder le cap, de faire en sorte que les dépenses, la croissance du PIB, la vigueur de l’emploi actuelle sont maintenues.
Il va y avoir des reculs. Même les valorisations des marchés financiers sont très élevées en ce moment. Les marchés financiers n’ont pas reculé depuis le début de la pandémie.
C’est une très longue période sans même une seule petite correction saine jusqu’à présent. Il se peut donc qu’on assiste à un peu plus de volatilité cette année. Tout dépend de la vitesse à laquelle on se rétablit de ce genre de situation. Voilà ce qu’on surveille pour la prochaine année.
James, merci beaucoup de ta présence.
Merci.
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