La pandémie de COVID-19 et la montée des tensions politiques ont incité les gouvernements et les entreprises à repenser les chaînes d’approvisionnement mondiales. Cela soulève des questions sur l’avenir du commerce. William Priest, cochef des placements à Epoch Investment Partners, examine les répercussions de la relocalisation sur le contexte mondial.
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Parlons un peu de la mondialisation. Vous êtes ici pour évoquer l’idée que la mondialisation a disparu. Qu’est-ce que ça veut dire exactement?
Eh bien, la mondialisation a véritablement commencé vers 1989, à la chute du mur de Berlin. C’est quand le mur de Berlin est tombé que tout a commencé. Mais le phénomène avait connu des prémisses avant cela, essentiellement au début des années 80, sous l’influence de Reagan, Thatcher et Mulroney. Puis, la Chine, lorsque Deng Xiaoping est arrivé au pouvoir, s’est ouverte.
Mais le vrai catalyseur a été la dissolution de l’Union soviétique. La Chine a rejoint l’OMC en 2001. La mondialisation a essentiellement permis l’avènement de la loi des avantages concurrentiels. L’idée, c’est qu’il faut négocier le plus possible avec d’autres pays dans le but de créer une croissance absolue pour vous et pour eux. C’est une des lois immuables. Et en économie, ça fonctionne.
Oui, on a déjà parlé des avantages comparatifs et pour ceux dont les connaissances en économie sont limitées, c’est l’idée que même si vous n’êtes pas le meilleur dans tous les domaines, il est souvent logique de commercer avec les autres pays.
Oui. L’idée la plus simple, c’est deux pays qui fabriquent de la nourriture et des vêtements et chaque pays applique les mêmes prix, mais un des pays est deux fois meilleur en matière de nourriture et trois fois pour les vêtements. Il fait quand même du commerce avec le deuxième pays parce que la clé est l’écart relatif. Tant qu’il y a un écart relatif, il faut commercer. Oui. Vous avez parlé de tout ce qui alimentait la mondialisation. Le dernier point, c’était la Chine et l’OMC. On a apporté un tableau qui le montre. Mais lorsqu’on regarde les choses qui nous rapprochent de cette nouvelle ère, on a la démondialisation. Est-ce que c’est en train de se produire? Et quelle en est la cause?
La démondialisation est en cours et elle est presque impossible à enrayer. En 1989, Francis Fukuyama a écrit un livre intitulé… [S’ÉCLAIRCIT LA GORGE] La fin de l’histoire, c’était le titre du livre. En gros, c’est ce que j’ai appelé la mort des « ismes », c’était la fin du communisme et du socialisme, qui a laissé la place à un seul « isme ».
Une combinaison de socialisme et de capitalisme, qui a duré environ 20 ans et qui a commencé à s’effondrer en 2008 avec la crise financière mondiale. Maintenant, on a ce problème géopolitique avec la montée de la Chine et les menaces que l’autocratie fait peser sur la démocratie. Tout cela a déstabilisé le monde. Alors qu’on était dans une quête d’efficacité, on est maintenant dans une quête de sécurité.
Quel est l’impact de ce phénomène? C’est à cela que ça se résume, non?
Eh bien, l’impact économique, c’est que tout va coûter plus cher parce que l’on remplace l’efficacité par la sécurité des chaînes d’approvisionnement. Il est plus important de savoir que le produit est fabriqué aux États-Unis ou au Canada plutôt que de le faire faire en Chine. Il s’agit essentiellement de relocalisation. On prend beaucoup de capitaux dépensés et on les repositionne pour pouvoir produire chez nous. Et on constate ce phénomène particulièrement dans deux domaines.
La technologie et les puces, les puces sont le nouveau pétrole. Si vous ne comprenez pas les puces, vous ne pourrez rien faire. Vous ne pourrez pas participer à l’économie à l’avenir. Chris Miller a publié un excellent livre intitulé The Chip War. Je vous le recommande vivement. Il donne une vision de ce à quoi l’avenir pourrait ressembler. Les États-Unis rendent difficile pour la Chine de posséder toute la technologie nécessaire pour fabriquer des puces plus grandes et plus puissantes.
Ça représente un tel changement. Il s’agit d’un tel changement par rapport à la situation antérieure. Et je pense que les gens doivent vraiment le comprendre. J’aimerais qu’on parle du graphique que vous avez apporté. Il concerne la fabrication, la construction, l’électronique informatique en dollars américains et la hausse importante sur le côté droit nous indique ce qui se passe en 2023. Expliquez-nous pourquoi c’est important.
Eh bien, lorsqu’on regarde le graphique… la courbe était relativement stable quand la loi de l’avantage comparatif dominait. Cela a changé. Cela a changé en raison de la politique nationale. On veut la sécurité énergétique. On veut la sécurité technologique. Et on veut que la chaîne d’approvisionnement soit chez nous.
Les États-Unis dépensent des dizaines de milliards pour construire ces usines. Les usines de fabrication coûtent une fortune. Et il faut beaucoup de temps pour les construire. Mais l’effet se fera sentir… si on examine la chaîne de valeur ajoutée, prenons la différence entre les bénéfices et la main-d’œuvre, le capital et la main-d’œuvre. Si on regarde le rendement du capital sur une longue période, les 20 ou 30 dernières années, une grande partie est revenue aux profits.
Ça va changer. Il y aura des profits. La main-d’œuvre bénéficiera d’une partie de la valeur ajoutée. L’effet de la relocalisation suffira à entraîner l’augmentation des salaires beaucoup plus rapidement que par le passé.
Et tout ça, c’est inflationniste. C’est ce que l’on voit en ce moment. Mais il semble que ça va s’aggraver, non?
L’inflation ne disparaîtra pas très rapidement. Je ferai également remarquer que la politique de la Fed vise une cible de 2 %. Or je pense que la cible raisonnable de 2 % sera remplacée par une cible de 4 %. Il sera très difficile d’obtenir que l’inflation, les taux d’intérêt… de revenir à une période où l’inflation est à 2 %. Les pressions sous-jacentes sur les salaires sont simplement trop élevées.
L’autre façon de voir les choses est de prendre… l’exemple du PIB, la plupart d’entre nous avons appris qu’il s’agit de la consommation plus l’investissement plus les dépenses publiques plus les exportations nettes. Mais il y a une autre façon d’y penser. Et c’est la chaîne de valeur ajoutée. Sur la chaîne de valeur ajoutée appelée produit national net, 70 % ou 75 % représentent la main-d’œuvre. Ce chiffre augmente, cela signifie que les profits sont un pourcentage de la valeur ajoutée qui diminue. Il y aura des profits, mais beaucoup moins qu’avant.
Qu’est-ce que ça veut dire?
Eh bien, ce que cela signifie, et ce sont des spéculations de ma part, c’est que la fourchette de ratios cours-bénéfice à laquelle on est habitués depuis 10 ans, sera plus faible à l’avenir. Les ratios cours-bénéfice sont vraiment liés aux taux d’intérêt. Si les taux d’intérêt sont élevés, les ratios C/B sont bas. Si les taux d’intérêt sont bas, les ratios C/B sont élevés. Si les taux augmentent ou restent au niveau d’aujourd’hui, les ratios C/B seront moins élevés qu’ils ne l’étaient les 10 dernières années. C’est comme les taux de capitalisation.
Les taux de capitalisation appliqués aux profits augmenteront. Mais le taux de croissance des bénéfices devrait aussi être un peu plus lent que prévu. Seule la technologie peut compenser cette baisse. Si vous pouvez utiliser la technologie, si vous exploitez une entreprise et que vous pouvez remplacer la main-d’œuvre par la technologie tout en assurant vos revenus, vos marges bénéficiaires augmenteront. Si vous pouvez remplacer des installations physiques par la technologie et garder vos revenus, le rendement du capital de l’entreprise augmentera. Tant que vous avez une stratégie et c’est ce que j’appelle la stratégie pour l’ère numérique, ma question préférée quand je parle aux chefs des finances, c’est quelle est votre stratégie pour l’ère numérique? Si vous en avez une, vous avez peut-être une chance. Si vous n’en avez pas, vous n’en avez aucune. Je pense que la technologie pourrait compenser certaines de ces tendances macroéconomiques. Mais vous devez l’envisager sérieusement, car si vous ne le faites pas, vous allez souffrir sur le plan de la rentabilité. C’est une discussion fascinante, Bill, parce vous incluez tellement d’éléments. On parle de tous les courants contraires qui influencent actuellement les marchés. Et vous avez identifié la sous-traitance de proximité comme élément très inflationniste, la technologie, très déflationniste. Comment tout ça se traduit-il? Selon vous… Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés financiers alors qu’ils tentent de déterminer ce qui va se passer?
Il y aura plus de volatilité. Et une expression qui a été utilisée par… j’ai oublié le nom de l’économiste qui a parlé de la grande modération. Ce phénomène est probablement terminé. Les marchés seront plus volatils. Nous allons probablement avoir un petit… un petit ratio C/B. Les chiffres absolus seront élevés.
Mais on n’aura pas une uniformité de… la fourchette ne sera pas étroite en matière de ratios. Je pense qu’ils seront plus élevés. Et il faut aussi identifier les segments qui vont prospérer pendant cette période. La croissance sera lente. Lorsqu’on pense à la croissance, la croissance du PIB est la somme de deux choses… la main-d’œuvre et la productivité.
À l’échelle mondiale, il n’y a pas de croissance de la population hors de l’Afrique. Dans 30 ou 40 ans, la croissance de la main-d’œuvre sera de 50 points de base. C’est très peu. On se demande aussi ce que sera la productivité. Cela variera en fonction des secteurs. Plus elle sera élevée, plus vous serez rentable. Vous aurez de la chance si vous obtenez une croissance réelle de 2 %, peut-être 2,5 %. Vous aurez beaucoup de chance si vous obtenez ça à l’avenir. Ce sera différent de ce que l’on a connu au cours de la dernière décennie.
C’est vraiment, ce dont vous parlez, c’est vraiment l’aube d’un tout nouveau régime de placement.
Il y aura un nouveau régime de placement. Et si on regarde… on investit dans un but précis. Le plus grand défi auquel on est confrontés aujourd’hui, dans les pays développés, est le vieillissement de la population. On a un problème de remplacement du revenu. Dans la mesure où les gens prennent normalement leur retraite vers 65 ans, l’espérance de vie si vous atteignez les 65 ans est de 80 ans. Comment allez-vous financer ces années après 65 ans? C’est un défi pour toutes les sociétés en ce moment. Et il n’y a pas de solution facile. Vous avez vu les pressions en France, alors qu’on voulait simplement faire passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
La rue s’est enflammée.
S’ils ne réussissent pas à régler le problème, le pays fera faillite. Il faut que quelqu’un finance cette dette dont on a besoin pour payer les retraites. Il ne reste plus qu’à attendre de voir ce qui se passe. Mais les occasions pour une société de placement porteront sur le remplacement du revenu. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
Parlons un peu de la mondialisation. Vous êtes ici pour évoquer l’idée que la mondialisation a disparu. Qu’est-ce que ça veut dire exactement?
Eh bien, la mondialisation a véritablement commencé vers 1989, à la chute du mur de Berlin. C’est quand le mur de Berlin est tombé que tout a commencé. Mais le phénomène avait connu des prémisses avant cela, essentiellement au début des années 80, sous l’influence de Reagan, Thatcher et Mulroney. Puis, la Chine, lorsque Deng Xiaoping est arrivé au pouvoir, s’est ouverte.
Mais le vrai catalyseur a été la dissolution de l’Union soviétique. La Chine a rejoint l’OMC en 2001. La mondialisation a essentiellement permis l’avènement de la loi des avantages concurrentiels. L’idée, c’est qu’il faut négocier le plus possible avec d’autres pays dans le but de créer une croissance absolue pour vous et pour eux. C’est une des lois immuables. Et en économie, ça fonctionne.
Oui, on a déjà parlé des avantages comparatifs et pour ceux dont les connaissances en économie sont limitées, c’est l’idée que même si vous n’êtes pas le meilleur dans tous les domaines, il est souvent logique de commercer avec les autres pays.
Oui. L’idée la plus simple, c’est deux pays qui fabriquent de la nourriture et des vêtements et chaque pays applique les mêmes prix, mais un des pays est deux fois meilleur en matière de nourriture et trois fois pour les vêtements. Il fait quand même du commerce avec le deuxième pays parce que la clé est l’écart relatif. Tant qu’il y a un écart relatif, il faut commercer. Oui. Vous avez parlé de tout ce qui alimentait la mondialisation. Le dernier point, c’était la Chine et l’OMC. On a apporté un tableau qui le montre. Mais lorsqu’on regarde les choses qui nous rapprochent de cette nouvelle ère, on a la démondialisation. Est-ce que c’est en train de se produire? Et quelle en est la cause?
La démondialisation est en cours et elle est presque impossible à enrayer. En 1989, Francis Fukuyama a écrit un livre intitulé… [S’ÉCLAIRCIT LA GORGE] La fin de l’histoire, c’était le titre du livre. En gros, c’est ce que j’ai appelé la mort des « ismes », c’était la fin du communisme et du socialisme, qui a laissé la place à un seul « isme ».
Une combinaison de socialisme et de capitalisme, qui a duré environ 20 ans et qui a commencé à s’effondrer en 2008 avec la crise financière mondiale. Maintenant, on a ce problème géopolitique avec la montée de la Chine et les menaces que l’autocratie fait peser sur la démocratie. Tout cela a déstabilisé le monde. Alors qu’on était dans une quête d’efficacité, on est maintenant dans une quête de sécurité.
Quel est l’impact de ce phénomène? C’est à cela que ça se résume, non?
Eh bien, l’impact économique, c’est que tout va coûter plus cher parce que l’on remplace l’efficacité par la sécurité des chaînes d’approvisionnement. Il est plus important de savoir que le produit est fabriqué aux États-Unis ou au Canada plutôt que de le faire faire en Chine. Il s’agit essentiellement de relocalisation. On prend beaucoup de capitaux dépensés et on les repositionne pour pouvoir produire chez nous. Et on constate ce phénomène particulièrement dans deux domaines.
La technologie et les puces, les puces sont le nouveau pétrole. Si vous ne comprenez pas les puces, vous ne pourrez rien faire. Vous ne pourrez pas participer à l’économie à l’avenir. Chris Miller a publié un excellent livre intitulé The Chip War. Je vous le recommande vivement. Il donne une vision de ce à quoi l’avenir pourrait ressembler. Les États-Unis rendent difficile pour la Chine de posséder toute la technologie nécessaire pour fabriquer des puces plus grandes et plus puissantes.
Ça représente un tel changement. Il s’agit d’un tel changement par rapport à la situation antérieure. Et je pense que les gens doivent vraiment le comprendre. J’aimerais qu’on parle du graphique que vous avez apporté. Il concerne la fabrication, la construction, l’électronique informatique en dollars américains et la hausse importante sur le côté droit nous indique ce qui se passe en 2023. Expliquez-nous pourquoi c’est important.
Eh bien, lorsqu’on regarde le graphique… la courbe était relativement stable quand la loi de l’avantage comparatif dominait. Cela a changé. Cela a changé en raison de la politique nationale. On veut la sécurité énergétique. On veut la sécurité technologique. Et on veut que la chaîne d’approvisionnement soit chez nous.
Les États-Unis dépensent des dizaines de milliards pour construire ces usines. Les usines de fabrication coûtent une fortune. Et il faut beaucoup de temps pour les construire. Mais l’effet se fera sentir… si on examine la chaîne de valeur ajoutée, prenons la différence entre les bénéfices et la main-d’œuvre, le capital et la main-d’œuvre. Si on regarde le rendement du capital sur une longue période, les 20 ou 30 dernières années, une grande partie est revenue aux profits.
Ça va changer. Il y aura des profits. La main-d’œuvre bénéficiera d’une partie de la valeur ajoutée. L’effet de la relocalisation suffira à entraîner l’augmentation des salaires beaucoup plus rapidement que par le passé.
Et tout ça, c’est inflationniste. C’est ce que l’on voit en ce moment. Mais il semble que ça va s’aggraver, non?
L’inflation ne disparaîtra pas très rapidement. Je ferai également remarquer que la politique de la Fed vise une cible de 2 %. Or je pense que la cible raisonnable de 2 % sera remplacée par une cible de 4 %. Il sera très difficile d’obtenir que l’inflation, les taux d’intérêt… de revenir à une période où l’inflation est à 2 %. Les pressions sous-jacentes sur les salaires sont simplement trop élevées.
L’autre façon de voir les choses est de prendre… l’exemple du PIB, la plupart d’entre nous avons appris qu’il s’agit de la consommation plus l’investissement plus les dépenses publiques plus les exportations nettes. Mais il y a une autre façon d’y penser. Et c’est la chaîne de valeur ajoutée. Sur la chaîne de valeur ajoutée appelée produit national net, 70 % ou 75 % représentent la main-d’œuvre. Ce chiffre augmente, cela signifie que les profits sont un pourcentage de la valeur ajoutée qui diminue. Il y aura des profits, mais beaucoup moins qu’avant.
Qu’est-ce que ça veut dire?
Eh bien, ce que cela signifie, et ce sont des spéculations de ma part, c’est que la fourchette de ratios cours-bénéfice à laquelle on est habitués depuis 10 ans, sera plus faible à l’avenir. Les ratios cours-bénéfice sont vraiment liés aux taux d’intérêt. Si les taux d’intérêt sont élevés, les ratios C/B sont bas. Si les taux d’intérêt sont bas, les ratios C/B sont élevés. Si les taux augmentent ou restent au niveau d’aujourd’hui, les ratios C/B seront moins élevés qu’ils ne l’étaient les 10 dernières années. C’est comme les taux de capitalisation.
Les taux de capitalisation appliqués aux profits augmenteront. Mais le taux de croissance des bénéfices devrait aussi être un peu plus lent que prévu. Seule la technologie peut compenser cette baisse. Si vous pouvez utiliser la technologie, si vous exploitez une entreprise et que vous pouvez remplacer la main-d’œuvre par la technologie tout en assurant vos revenus, vos marges bénéficiaires augmenteront. Si vous pouvez remplacer des installations physiques par la technologie et garder vos revenus, le rendement du capital de l’entreprise augmentera. Tant que vous avez une stratégie et c’est ce que j’appelle la stratégie pour l’ère numérique, ma question préférée quand je parle aux chefs des finances, c’est quelle est votre stratégie pour l’ère numérique? Si vous en avez une, vous avez peut-être une chance. Si vous n’en avez pas, vous n’en avez aucune. Je pense que la technologie pourrait compenser certaines de ces tendances macroéconomiques. Mais vous devez l’envisager sérieusement, car si vous ne le faites pas, vous allez souffrir sur le plan de la rentabilité. C’est une discussion fascinante, Bill, parce vous incluez tellement d’éléments. On parle de tous les courants contraires qui influencent actuellement les marchés. Et vous avez identifié la sous-traitance de proximité comme élément très inflationniste, la technologie, très déflationniste. Comment tout ça se traduit-il? Selon vous… Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés financiers alors qu’ils tentent de déterminer ce qui va se passer?
Il y aura plus de volatilité. Et une expression qui a été utilisée par… j’ai oublié le nom de l’économiste qui a parlé de la grande modération. Ce phénomène est probablement terminé. Les marchés seront plus volatils. Nous allons probablement avoir un petit… un petit ratio C/B. Les chiffres absolus seront élevés.
Mais on n’aura pas une uniformité de… la fourchette ne sera pas étroite en matière de ratios. Je pense qu’ils seront plus élevés. Et il faut aussi identifier les segments qui vont prospérer pendant cette période. La croissance sera lente. Lorsqu’on pense à la croissance, la croissance du PIB est la somme de deux choses… la main-d’œuvre et la productivité.
À l’échelle mondiale, il n’y a pas de croissance de la population hors de l’Afrique. Dans 30 ou 40 ans, la croissance de la main-d’œuvre sera de 50 points de base. C’est très peu. On se demande aussi ce que sera la productivité. Cela variera en fonction des secteurs. Plus elle sera élevée, plus vous serez rentable. Vous aurez de la chance si vous obtenez une croissance réelle de 2 %, peut-être 2,5 %. Vous aurez beaucoup de chance si vous obtenez ça à l’avenir. Ce sera différent de ce que l’on a connu au cours de la dernière décennie.
C’est vraiment, ce dont vous parlez, c’est vraiment l’aube d’un tout nouveau régime de placement.
Il y aura un nouveau régime de placement. Et si on regarde… on investit dans un but précis. Le plus grand défi auquel on est confrontés aujourd’hui, dans les pays développés, est le vieillissement de la population. On a un problème de remplacement du revenu. Dans la mesure où les gens prennent normalement leur retraite vers 65 ans, l’espérance de vie si vous atteignez les 65 ans est de 80 ans. Comment allez-vous financer ces années après 65 ans? C’est un défi pour toutes les sociétés en ce moment. Et il n’y a pas de solution facile. Vous avez vu les pressions en France, alors qu’on voulait simplement faire passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
La rue s’est enflammée.
S’ils ne réussissent pas à régler le problème, le pays fera faillite. Il faut que quelqu’un finance cette dette dont on a besoin pour payer les retraites. Il ne reste plus qu’à attendre de voir ce qui se passe. Mais les occasions pour une société de placement porteront sur le remplacement du revenu. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]