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Lors de sa dernière réunion sur la politique monétaire, la Banque du Canada a indiqué que des progrès ont été réalisés pour ralentir l’inflation, mais que le travail n’est pas encore terminé. Andrew Kelvin, stratège en chef du Canada à Valeurs Mobilières TD, indique que le véritable défi ne consiste pas seulement à réduire l’inflation, mais aussi à la ramener à 2 %.
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* La Banque du Canada (BdC) a laissé son taux du financement à un jour inchangé à 4,5 %. Les pressions inflationnistes s’atténuent. Mais le gouverneur Macklem a aussi indiqué que la Banque était prête à relever de nouveau les taux d’intérêt pour ramener l’inflation à sa fourchette cible. On accueille maintenant Andrew Kelvin, stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD. C’est un plaisir de vous accueillir à nouveau, Andrew.
* Merci de l’invitation.
* Très bien. Comme on l’a dit, le gouverneur s’est fait un devoir de dire que s’ils devaient augmenter les taux, parce qu’il s’agit d’une pause conditionnelle, ils les augmenteraient. Et bien sûr, lorsqu’on lui a posé… une question directe sur les taux… la trajectoire des taux, elle portait sur les baisses. Il y a encore ces forces contradictoires sur le marché. Comment doit-on comprendre tout ça?
* Eh bien, les marchés anticipent des réductions de la BdC plus tard cette année. Ces anticipations vis-à-vis de la Banque du Canada ont vraiment changé suite aux perturbations bancaires aux États-Unis, il y a environ un mois. Je pense qu’il faut tenir compte de tout ce que la Banque du Canada a dit aujourd’hui dans le contexte d’un marché biaisé vers des baisses de taux et non des hausses de taux. Aujourd’hui, je pense que la Banque du Canada avait pour objectif de réagir directement ou non, il s’est avéré qu’elle l’a fait directement, à cette idée que des baisses de taux étaient sur le point d’être décrétées.
La situation d’ensemble pour elle, c’est qu’elle est encouragée par certains des progrès réalisés en matière d’inflation, d’une certaine manière c’est la partie facile. Il sera beaucoup plus difficile de faire passer l’inflation de 3,5 % à 2,5% et 2 %. Elle pense donc que les anticipations du marché sont un peu prématurées et elle veut indiquer clairement que les taux pourraient être en territoire restrictif pendant un certain temps.
* Qu’est-ce qu’il faudrait pour arriver à ça? Examinons les scénarios. Que faudrait-il pour qu’elle cesse la pause, ce qu’elle fait en ce moment, et revienne à la hausse… pour régler le problème, avec l’idée que si elle doit augmenter les taux, elle le fera pour maîtriser l’inflation. Qu’est-ce qui devra se passer dans l’économie ou au niveau de l’inflation?
* D’accord. Il y a un certain nombre de permutations ici. Mais je m’intéresse surtout aux données sur le marché du travail. Pour que l’inflation revienne à 2 %, on doit voir un ralentissement de l’inflation du secteur des services, donc la croissance des salaires devrait ralentir un peu. Cette croissance est aussi élevée parce que le marché de l’emploi est extrêmement serré.
Le gouverneur a déclaré aujourd’hui lors de sa conférence de presse qu’on avait besoin d’une période de faiblesse pour laisser respirer l’économie, ce qui entraînerait un ralentissement de la croissance de l’emploi et un taux de chômage plus élevé. Et la pause de la BdC à 4,5 % repose entièrement sur l’idée que l’économie va ralentir. Parce qu’elle a déjà augmenté les taux de plus de quatre points de pourcentage. S’il s’avère qu’elle n’a pas augmenté les taux suffisamment pour ralentir l’économie, en raison de facteurs externes, ou simplement parce qu’elle n’a pas assez augmenté dès le début, elle devra commencer à resserrer davantage.
Donc, si on continue à enregistrer le genre de croissance vue au premier trimestre, environ 2,5 % du PIB… avec en moyenne 60 000 emplois de plus par mois au cours des deux derniers trimestres. Si de tels chiffres se répètent au deuxième trimestre ou au troisième trimestre, la Banque du Canada pourrait être forcée de relever de nouveau les taux.
Et j’ajoute qu’historiquement, lorsque la Banque passe en territoire restreint, les hausses sont plus courantes que les baisses. Elle fait une pause parce qu’elle pense avoir terminé et elle veut voir les répercussions des hausses de taux. Puis elle décide si elle doit augmenter à nouveau plus tard dans le cycle, ce qui est inévitablement suivi d’un revirement très rapide. Mais l’idée qu’elle fasse une pause suivie d’une autre hausse… est historiquement plus conforme à la réalité que ce à quoi on s’attend, c’est-à-dire que la Banque fasse une pause et que 4,5 % soit le sommet.
* C’est un point de vue intéressant, le point de vue historique. Qu’en est-il des autres scénarios? Là, on a les conditions qui forceraient peut-être la Banque du Canada à appliquer une autre hausse, même si elle fait une pause conditionnelle. Que faudrait-il pour que le marché obligataire l’emporte et qu’on voie une baisse dans les six prochains mois ou avant la fin de cette année?
* Si on parle d’une réduction en décembre plutôt qu’en janvier, on est peut-être en train de couper les cheveux en quatre. Il s’agirait simplement d’une croissance un peu plus faible que prévu. Nous, on vise une croissance plus proche de 1 % cette année. La Banque du Canada table sur 1,4 %. Elle mise un peu plus sur la vigueur récente que nous.
Donc, si on veut parler de réduction d’ici la fin de l’année, comme le marché obligataire actuellement, il faudra voir la croissance ralentir un peu plus que prévu aux deuxième et troisième trimestres, et peut-être moins de recul… ou de rebond plutôt, au quatrième trimestre. Une récession nous amènerait probablement à avoir une discussion sérieuse sur la réduction des taux au quatrième trimestre.
Mais avant ça, on devrait vraiment avoir un repli mondial coordonné, le type de récession avec un débat sur l’imminence d’une récession ou d’une dépression. Et pour le moment, je ne vois rien qui indique que c’est probable, surtout étant donné que chaque jour passe sans mauvaises nouvelles du secteur bancaire américain, ce qui laisse à penser que le secteur bancaire se remet. De ce point de vue, il me semble qu’il est très peu probable qu’on discute de réductions de taux avant la toute fin de l’année. Et vraiment, on pense que les réductions auront lieu en 2024, pas en 2023.
* OK. On a aussi eu un rapport intéressant sur la politique monétaire, avec la Banque qui réévalue sa position sur la croissance économique et son futur. Elle a dû tenir compte du fait que l’on a un budget fédéral et des budgets provinciaux. On a demandé au gouverneur s’il voyait, dans ces plans budgétaires, quelque chose qui pourrait nuire à la lutte contre l’inflation.
J’ai trouvé sa réponse très intéressante. Il a essentiellement dit que ces budgets ne contrecarrent pas la réduction de l’inflation. Vous avez examiné tous ces documents. Sont-ils inflationnistes ou la Banque du Canada est-elle sur la bonne voie?
* Je pense que le gouverneur a vraiment bien répondu à cette question d’un point de vue objectif, pas seulement d’un point de vue politique. Le budget est plus inflationniste que déflationniste… dans la mesure où les déficits vont être plus importants, même s’il y a un peu de nouvelles dépenses. C’est quelque chose qui, du point de vue arithmétique, est inflationniste. La demande va être un peu plus forte en raison des budgets.
Mais je ne pense pas que les chiffres de ce budget sont suffisants pour vraiment changer le discours global, pour changer la trajectoire générale de l’inflation et de l’économie. Et pour revenir au point soulevé par le gouverneur, si vous constatiez des réductions de dépenses importantes du gouvernement fédéral, des hausses d’impôt ou autre, la demande serait moins forte. Et cela aiderait à contrôler l’inflation. Mais je ne pense pas que c’est ce qui dans les derniers budgets compliquerait la tâche de la Banque du Canada en ce qui concerne la maîtrise de l’inflation.
* Bien sûr, l’inflation est au cœur de cette conversation sur les banques centrales, notre banque centrale. On a fait le point sur les prix à la consommation aux États-Unis. Au début, le marché semblait penser que comme l’inflation reculait, il y avait un peu de reprise, un peu d’agitation. Comment devrions-nous comprendre ce rapport sur l’inflation?
* Je pense qu’on a vu cette agitation, après les données de l’IPC aux États-Unis, parce que les marchés sont très nerveux. On voit de grands changements suite à de modestes surprises dans les données économiques. Je pense que les marchés étaient peut-être un peu préparés à une hausse-surprise, pas une baisse-surprise. Et l’inflation a été un peu plus faible que prévu aux États-Unis. On a vu ça comme un signe que la Fed devrait resserrer moins fortement.
Mais je reviens à la situation au Canada. Parce que je pense que les situations au Canada et aux États-Unis sont assez semblables sur le plan de l’inflation. L’inflation ralentit. C’est une bonne chose! Mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Et parce qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour la Fed et la Banque du Canada, une réaction démesurée sur les marchés est probablement injustifiée. On ne devrait pas changer… apporter des changements importants à la trajectoire prévue de la politique monétaire suite à une baisse-surprise d’environ 1/10 de l’inflation.
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[MUSIQUE]
* La Banque du Canada (BdC) a laissé son taux du financement à un jour inchangé à 4,5 %. Les pressions inflationnistes s’atténuent. Mais le gouverneur Macklem a aussi indiqué que la Banque était prête à relever de nouveau les taux d’intérêt pour ramener l’inflation à sa fourchette cible. On accueille maintenant Andrew Kelvin, stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD. C’est un plaisir de vous accueillir à nouveau, Andrew.
* Merci de l’invitation.
* Très bien. Comme on l’a dit, le gouverneur s’est fait un devoir de dire que s’ils devaient augmenter les taux, parce qu’il s’agit d’une pause conditionnelle, ils les augmenteraient. Et bien sûr, lorsqu’on lui a posé… une question directe sur les taux… la trajectoire des taux, elle portait sur les baisses. Il y a encore ces forces contradictoires sur le marché. Comment doit-on comprendre tout ça?
* Eh bien, les marchés anticipent des réductions de la BdC plus tard cette année. Ces anticipations vis-à-vis de la Banque du Canada ont vraiment changé suite aux perturbations bancaires aux États-Unis, il y a environ un mois. Je pense qu’il faut tenir compte de tout ce que la Banque du Canada a dit aujourd’hui dans le contexte d’un marché biaisé vers des baisses de taux et non des hausses de taux. Aujourd’hui, je pense que la Banque du Canada avait pour objectif de réagir directement ou non, il s’est avéré qu’elle l’a fait directement, à cette idée que des baisses de taux étaient sur le point d’être décrétées.
La situation d’ensemble pour elle, c’est qu’elle est encouragée par certains des progrès réalisés en matière d’inflation, d’une certaine manière c’est la partie facile. Il sera beaucoup plus difficile de faire passer l’inflation de 3,5 % à 2,5% et 2 %. Elle pense donc que les anticipations du marché sont un peu prématurées et elle veut indiquer clairement que les taux pourraient être en territoire restrictif pendant un certain temps.
* Qu’est-ce qu’il faudrait pour arriver à ça? Examinons les scénarios. Que faudrait-il pour qu’elle cesse la pause, ce qu’elle fait en ce moment, et revienne à la hausse… pour régler le problème, avec l’idée que si elle doit augmenter les taux, elle le fera pour maîtriser l’inflation. Qu’est-ce qui devra se passer dans l’économie ou au niveau de l’inflation?
* D’accord. Il y a un certain nombre de permutations ici. Mais je m’intéresse surtout aux données sur le marché du travail. Pour que l’inflation revienne à 2 %, on doit voir un ralentissement de l’inflation du secteur des services, donc la croissance des salaires devrait ralentir un peu. Cette croissance est aussi élevée parce que le marché de l’emploi est extrêmement serré.
Le gouverneur a déclaré aujourd’hui lors de sa conférence de presse qu’on avait besoin d’une période de faiblesse pour laisser respirer l’économie, ce qui entraînerait un ralentissement de la croissance de l’emploi et un taux de chômage plus élevé. Et la pause de la BdC à 4,5 % repose entièrement sur l’idée que l’économie va ralentir. Parce qu’elle a déjà augmenté les taux de plus de quatre points de pourcentage. S’il s’avère qu’elle n’a pas augmenté les taux suffisamment pour ralentir l’économie, en raison de facteurs externes, ou simplement parce qu’elle n’a pas assez augmenté dès le début, elle devra commencer à resserrer davantage.
Donc, si on continue à enregistrer le genre de croissance vue au premier trimestre, environ 2,5 % du PIB… avec en moyenne 60 000 emplois de plus par mois au cours des deux derniers trimestres. Si de tels chiffres se répètent au deuxième trimestre ou au troisième trimestre, la Banque du Canada pourrait être forcée de relever de nouveau les taux.
Et j’ajoute qu’historiquement, lorsque la Banque passe en territoire restreint, les hausses sont plus courantes que les baisses. Elle fait une pause parce qu’elle pense avoir terminé et elle veut voir les répercussions des hausses de taux. Puis elle décide si elle doit augmenter à nouveau plus tard dans le cycle, ce qui est inévitablement suivi d’un revirement très rapide. Mais l’idée qu’elle fasse une pause suivie d’une autre hausse… est historiquement plus conforme à la réalité que ce à quoi on s’attend, c’est-à-dire que la Banque fasse une pause et que 4,5 % soit le sommet.
* C’est un point de vue intéressant, le point de vue historique. Qu’en est-il des autres scénarios? Là, on a les conditions qui forceraient peut-être la Banque du Canada à appliquer une autre hausse, même si elle fait une pause conditionnelle. Que faudrait-il pour que le marché obligataire l’emporte et qu’on voie une baisse dans les six prochains mois ou avant la fin de cette année?
* Si on parle d’une réduction en décembre plutôt qu’en janvier, on est peut-être en train de couper les cheveux en quatre. Il s’agirait simplement d’une croissance un peu plus faible que prévu. Nous, on vise une croissance plus proche de 1 % cette année. La Banque du Canada table sur 1,4 %. Elle mise un peu plus sur la vigueur récente que nous.
Donc, si on veut parler de réduction d’ici la fin de l’année, comme le marché obligataire actuellement, il faudra voir la croissance ralentir un peu plus que prévu aux deuxième et troisième trimestres, et peut-être moins de recul… ou de rebond plutôt, au quatrième trimestre. Une récession nous amènerait probablement à avoir une discussion sérieuse sur la réduction des taux au quatrième trimestre.
Mais avant ça, on devrait vraiment avoir un repli mondial coordonné, le type de récession avec un débat sur l’imminence d’une récession ou d’une dépression. Et pour le moment, je ne vois rien qui indique que c’est probable, surtout étant donné que chaque jour passe sans mauvaises nouvelles du secteur bancaire américain, ce qui laisse à penser que le secteur bancaire se remet. De ce point de vue, il me semble qu’il est très peu probable qu’on discute de réductions de taux avant la toute fin de l’année. Et vraiment, on pense que les réductions auront lieu en 2024, pas en 2023.
* OK. On a aussi eu un rapport intéressant sur la politique monétaire, avec la Banque qui réévalue sa position sur la croissance économique et son futur. Elle a dû tenir compte du fait que l’on a un budget fédéral et des budgets provinciaux. On a demandé au gouverneur s’il voyait, dans ces plans budgétaires, quelque chose qui pourrait nuire à la lutte contre l’inflation.
J’ai trouvé sa réponse très intéressante. Il a essentiellement dit que ces budgets ne contrecarrent pas la réduction de l’inflation. Vous avez examiné tous ces documents. Sont-ils inflationnistes ou la Banque du Canada est-elle sur la bonne voie?
* Je pense que le gouverneur a vraiment bien répondu à cette question d’un point de vue objectif, pas seulement d’un point de vue politique. Le budget est plus inflationniste que déflationniste… dans la mesure où les déficits vont être plus importants, même s’il y a un peu de nouvelles dépenses. C’est quelque chose qui, du point de vue arithmétique, est inflationniste. La demande va être un peu plus forte en raison des budgets.
Mais je ne pense pas que les chiffres de ce budget sont suffisants pour vraiment changer le discours global, pour changer la trajectoire générale de l’inflation et de l’économie. Et pour revenir au point soulevé par le gouverneur, si vous constatiez des réductions de dépenses importantes du gouvernement fédéral, des hausses d’impôt ou autre, la demande serait moins forte. Et cela aiderait à contrôler l’inflation. Mais je ne pense pas que c’est ce qui dans les derniers budgets compliquerait la tâche de la Banque du Canada en ce qui concerne la maîtrise de l’inflation.
* Bien sûr, l’inflation est au cœur de cette conversation sur les banques centrales, notre banque centrale. On a fait le point sur les prix à la consommation aux États-Unis. Au début, le marché semblait penser que comme l’inflation reculait, il y avait un peu de reprise, un peu d’agitation. Comment devrions-nous comprendre ce rapport sur l’inflation?
* Je pense qu’on a vu cette agitation, après les données de l’IPC aux États-Unis, parce que les marchés sont très nerveux. On voit de grands changements suite à de modestes surprises dans les données économiques. Je pense que les marchés étaient peut-être un peu préparés à une hausse-surprise, pas une baisse-surprise. Et l’inflation a été un peu plus faible que prévu aux États-Unis. On a vu ça comme un signe que la Fed devrait resserrer moins fortement.
Mais je reviens à la situation au Canada. Parce que je pense que les situations au Canada et aux États-Unis sont assez semblables sur le plan de l’inflation. L’inflation ralentit. C’est une bonne chose! Mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Et parce qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour la Fed et la Banque du Canada, une réaction démesurée sur les marchés est probablement injustifiée. On ne devrait pas changer… apporter des changements importants à la trajectoire prévue de la politique monétaire suite à une baisse-surprise d’environ 1/10 de l’inflation.
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