
Le prix du pétrole a bondi cette année, tout comme l’intérêt des investisseurs pour les actions canadiennes du secteur de l’énergie. Kim Parlee discute avec Michael O’Brien, chef, Actions canadiennes de base, Gestion de Placements TD, des perspectives des prix du pétrole et de leurs répercussions sur le secteur de l’énergie.
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On le sait, le prix du pétrole WTI a augmenté de plus de 50 % depuis le début de l’année. Et bien que les coûts de l’énergie soulèvent des préoccupations économiques, ils ravivent aussi l’intérêt pour les actions du secteur de l’énergie, notamment canadiennes. Notre invité nous parle de ce qu’il surveille et de ce qu’il entrevoit pour l’avenir. Michael O’Brien est chef, Actions canadiennes de base, à Gestion de Placements TD. Mike, c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous. Je vais entrer dans le vif du sujet. Parlons du prix du pétrole. Il est bon pour les sociétés énergétiques et mauvais pour les consommateurs. Mais on sait tous qu’il y a un problème d’offre et c’est ce qui contribue à maintenir les prix à la hausse. Mais dans le même temps, et c’est la question la plus longue du monde, si le prix du pétrole demeure trop élevé, il pourrait y avoir un problème de demande. Quel avenir entrevoyez-vous pour le pétrole?
Eh bien, Kim, je pense que les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande semblent vraiment solides. Et comme vous l’avez mentionné dans votre introduction, c’est l’offre le problème. Elle n’est tout simplement pas suffisante. En 2014, le secteur a atteint son dernier sommet en matière de dépenses en immobilisations, et depuis, c’est plutôt calme. On découvre donc qu’on n’a pas beaucoup de stocks supplémentaires, qu’il s’agisse du gaz de schiste aux États-Unis, beaucoup d’efforts sont mis en œuvre pour augmenter de 800 000 barils par jour cette année, ou au sein de l’OPEP. En fait, je pense qu’on est devenu trop confiants, car on pense toujours que l’OPEP aura du rab. Mais si vous regardez les chiffres de mai, ils ont produit un million de barils de moins que leur quota quotidien. Et ce n’est pas parce qu’ils ne voulaient pas faire un profit sur du pétrole à 100 $. Beaucoup de ces pays peinent à atteindre leurs cibles de production. C’est intéressant, toutefois, parce que… on peut donner de nombreuses raisons au faible investissement dans les immobilisations, on en parlera plus tard, les facteurs ESG d’une part, les prix du pétrole d’autre part, mais il doit y avoir aussi, et vous me direz si ce n’est pas le cas, l’idée que le prix du pétrole peut rester à ce niveau pour raviver l’intérêt dans les immobilisations. Est-ce ce que vous constatez?
Jusqu’à présent, non. Le secteur pense maintenant que ces prix, ou du moins des prix élevés du pétrole peuvent durer un certain temps, mais le secteur et les équipes de direction ne pensent pas qu’ils ont la permission des investisseurs d’augmenter vraiment leurs dépenses. Je pense que les investisseurs ont très clairement indiqué aux équipes de direction qu’ils préfèrent réinjecter cet argent, plutôt que de le réinvestir. Et la direction ne sait toujours pas vraiment comment la transition énergétique fonctionnera à long terme. Je pense que beaucoup de sociétés sont très réticentes à investir dans des projets à long terme, qui nécessitent 5 ou 10 ans à élaborer, parce qu’elles ne savent pas ce à quoi le monde ressemblera à ce moment-là. Je ne sais pas si c’est un cercle vicieux ou vertueux. Je pense que cela dépend de votre situation. Mais qu’est-ce que cela signifie alors, une diminution de l’offre et des prix du pétrole?
Eh bien, vous avez raison, c’est un cercle vicieux si vous devez faire le plein, mais vertueux si vous profitez des versements de dividendes de certaines de ces actions. Je pense que l’offre et la demande finissent toujours par se rééquilibrer. Et vous avez raison de souligner que c’est probablement le plus grand défi du marché du pétrole actuellement, si la croissance mondiale baisse réellement, c’est ce qui pourrait faire baisser rapidement la demande. Mais je pense qu’on est en train de préparer, du moins pour les prochaines années, un contexte où les prix du pétrole sont raisonnables. KIM PARLEE : Qu’est-ce que cela signifie pour le Canada, en particulier? Parce que j’ai mentionné les facteurs ESG, qui sont limités, en matière de placement, ce qui, bien sûr, influence les prix. Il y a aussi la sécurité énergétique, évidemment, avec les vannes… je ne dirais pas que les vannes se ferment en Russie, mais l’énergie russe est mise de côté. Il serait logique que l’énergie canadienne reçoive un peu plus d’attention. Jusqu’à quel point c’est positif? Ou est-ce que c’est positif tout court?
Ah oui. Non, c’est une réelle occasion pour le Canada, pour les producteurs canadiens. Si on remonte 12 mois en arrière, on était un peu trop enthousiastes quant à la vitesse de la transition énergétique et l’abandon des combustibles fossiles. Et, évidemment, l’invasion russe de l’Ukraine et son impact sur les marchés pétroliers, ce n’est pas la seule raison, mais cela a rendu évident qu’on avait besoin d’un point de vue plus équilibré sur, premièrement, la vitesse à laquelle le monde peut abandonner les combustibles fossiles, et, deuxièmement, où allons-nous trouver les ressources? Et je pense que les actions de Vladimir Putin, qui manipule les ressources de gaz naturel et de pétrole de ses voisins européens, de manière stratégique, cela nous a fait prendre conscience qu’il faut s’assurer d’avoir un approvisionnement en énergie stable, sûr et fiable. Et c’est là que le Canada peut jouer un rôle. Si on arrive à établir un équilibre avec le secteur, avec les gouvernements provinciaux et fédéraux, agissant de façon responsable pour réduire l’empreinte carbone, je pense que l’énergie canadienne a un rôle très important à jouer.
Prenons quelques entreprises comme exemples. Peut-être pourriez-vous nous donner un aperçu de quelques-unes d’entre elles? CNQ est sur la liste. Dites-moi ce que vous voyez pour elle.
Ce sont les meilleurs de leur catégorie. Quand on voit ce que Canadian Natural Resources a été en mesure de faire de ses activités au fil des ans, ils sont vraiment très bons. La direction mérite le plus grand respect. Ce qui est très intéressant à propos de CNQ en ce moment, c’est qu’elle a traversé cette période difficile où les prix du pétrole sont passés à zéro. L’entreprise a survécu et, comme je l’ai dit, elle s’en est très bien sortie. Elle a passé les dernières années à améliorer son bilan, à rembourser une grande partie de sa dette. Et maintenant, le bilan est très bon, une partie très importante des flux de trésorerie disponibles générés va revenir directement à nous, en tant qu’investisseurs. Qu’il s’agisse de rachats d’actions ou d’une augmentation des dividendes, le rendement pour les actionnaires devrait être très intéressant. Et je dirais que le côté négatif, pour équilibrer les choses, c’est simplement que, si les prix du pétrole venaient à baisser, comme d’autres entreprises, elle serait affectée.
Absolument. Tout producteur de pétrole dépend intégralement du prix des produits de base. C’est une chose qu’ils ne peuvent pas contrôler. On préfère se concentrer sur ce que les sociétés peuvent gérer et contrôler, ce sur quoi elles font du bon travail. Mais en fin de compte, le prix du pétrole est le facteur le plus important de ces actions, cela ne fait aucun doute.
Mike, c’est toujours un plaisir de se parler. On vous demandera de revenir pour nous donner d’autres exemples, car on n’a plus de temps aujourd’hui. Merci encore d’avoir été des nôtres.
Merci, Kim. [MUSIQUE]
Eh bien, Kim, je pense que les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande semblent vraiment solides. Et comme vous l’avez mentionné dans votre introduction, c’est l’offre le problème. Elle n’est tout simplement pas suffisante. En 2014, le secteur a atteint son dernier sommet en matière de dépenses en immobilisations, et depuis, c’est plutôt calme. On découvre donc qu’on n’a pas beaucoup de stocks supplémentaires, qu’il s’agisse du gaz de schiste aux États-Unis, beaucoup d’efforts sont mis en œuvre pour augmenter de 800 000 barils par jour cette année, ou au sein de l’OPEP. En fait, je pense qu’on est devenu trop confiants, car on pense toujours que l’OPEP aura du rab. Mais si vous regardez les chiffres de mai, ils ont produit un million de barils de moins que leur quota quotidien. Et ce n’est pas parce qu’ils ne voulaient pas faire un profit sur du pétrole à 100 $. Beaucoup de ces pays peinent à atteindre leurs cibles de production. C’est intéressant, toutefois, parce que… on peut donner de nombreuses raisons au faible investissement dans les immobilisations, on en parlera plus tard, les facteurs ESG d’une part, les prix du pétrole d’autre part, mais il doit y avoir aussi, et vous me direz si ce n’est pas le cas, l’idée que le prix du pétrole peut rester à ce niveau pour raviver l’intérêt dans les immobilisations. Est-ce ce que vous constatez?
Jusqu’à présent, non. Le secteur pense maintenant que ces prix, ou du moins des prix élevés du pétrole peuvent durer un certain temps, mais le secteur et les équipes de direction ne pensent pas qu’ils ont la permission des investisseurs d’augmenter vraiment leurs dépenses. Je pense que les investisseurs ont très clairement indiqué aux équipes de direction qu’ils préfèrent réinjecter cet argent, plutôt que de le réinvestir. Et la direction ne sait toujours pas vraiment comment la transition énergétique fonctionnera à long terme. Je pense que beaucoup de sociétés sont très réticentes à investir dans des projets à long terme, qui nécessitent 5 ou 10 ans à élaborer, parce qu’elles ne savent pas ce à quoi le monde ressemblera à ce moment-là. Je ne sais pas si c’est un cercle vicieux ou vertueux. Je pense que cela dépend de votre situation. Mais qu’est-ce que cela signifie alors, une diminution de l’offre et des prix du pétrole?
Eh bien, vous avez raison, c’est un cercle vicieux si vous devez faire le plein, mais vertueux si vous profitez des versements de dividendes de certaines de ces actions. Je pense que l’offre et la demande finissent toujours par se rééquilibrer. Et vous avez raison de souligner que c’est probablement le plus grand défi du marché du pétrole actuellement, si la croissance mondiale baisse réellement, c’est ce qui pourrait faire baisser rapidement la demande. Mais je pense qu’on est en train de préparer, du moins pour les prochaines années, un contexte où les prix du pétrole sont raisonnables. KIM PARLEE : Qu’est-ce que cela signifie pour le Canada, en particulier? Parce que j’ai mentionné les facteurs ESG, qui sont limités, en matière de placement, ce qui, bien sûr, influence les prix. Il y a aussi la sécurité énergétique, évidemment, avec les vannes… je ne dirais pas que les vannes se ferment en Russie, mais l’énergie russe est mise de côté. Il serait logique que l’énergie canadienne reçoive un peu plus d’attention. Jusqu’à quel point c’est positif? Ou est-ce que c’est positif tout court?
Ah oui. Non, c’est une réelle occasion pour le Canada, pour les producteurs canadiens. Si on remonte 12 mois en arrière, on était un peu trop enthousiastes quant à la vitesse de la transition énergétique et l’abandon des combustibles fossiles. Et, évidemment, l’invasion russe de l’Ukraine et son impact sur les marchés pétroliers, ce n’est pas la seule raison, mais cela a rendu évident qu’on avait besoin d’un point de vue plus équilibré sur, premièrement, la vitesse à laquelle le monde peut abandonner les combustibles fossiles, et, deuxièmement, où allons-nous trouver les ressources? Et je pense que les actions de Vladimir Putin, qui manipule les ressources de gaz naturel et de pétrole de ses voisins européens, de manière stratégique, cela nous a fait prendre conscience qu’il faut s’assurer d’avoir un approvisionnement en énergie stable, sûr et fiable. Et c’est là que le Canada peut jouer un rôle. Si on arrive à établir un équilibre avec le secteur, avec les gouvernements provinciaux et fédéraux, agissant de façon responsable pour réduire l’empreinte carbone, je pense que l’énergie canadienne a un rôle très important à jouer.
Prenons quelques entreprises comme exemples. Peut-être pourriez-vous nous donner un aperçu de quelques-unes d’entre elles? CNQ est sur la liste. Dites-moi ce que vous voyez pour elle.
Ce sont les meilleurs de leur catégorie. Quand on voit ce que Canadian Natural Resources a été en mesure de faire de ses activités au fil des ans, ils sont vraiment très bons. La direction mérite le plus grand respect. Ce qui est très intéressant à propos de CNQ en ce moment, c’est qu’elle a traversé cette période difficile où les prix du pétrole sont passés à zéro. L’entreprise a survécu et, comme je l’ai dit, elle s’en est très bien sortie. Elle a passé les dernières années à améliorer son bilan, à rembourser une grande partie de sa dette. Et maintenant, le bilan est très bon, une partie très importante des flux de trésorerie disponibles générés va revenir directement à nous, en tant qu’investisseurs. Qu’il s’agisse de rachats d’actions ou d’une augmentation des dividendes, le rendement pour les actionnaires devrait être très intéressant. Et je dirais que le côté négatif, pour équilibrer les choses, c’est simplement que, si les prix du pétrole venaient à baisser, comme d’autres entreprises, elle serait affectée.
Absolument. Tout producteur de pétrole dépend intégralement du prix des produits de base. C’est une chose qu’ils ne peuvent pas contrôler. On préfère se concentrer sur ce que les sociétés peuvent gérer et contrôler, ce sur quoi elles font du bon travail. Mais en fin de compte, le prix du pétrole est le facteur le plus important de ces actions, cela ne fait aucun doute.
Mike, c’est toujours un plaisir de se parler. On vous demandera de revenir pour nous donner d’autres exemples, car on n’a plus de temps aujourd’hui. Merci encore d’avoir été des nôtres.
Merci, Kim. [MUSIQUE]