Les prix à la consommation au Canada ont augmenté en juillet, mais cette hausse amènera-t-elle la Banque du Canada à relever les taux en septembre? Greg Bonnell, de Parlons Argent, discute avec Hafiz Noordin, gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe à gestion active, Gestion de Placements TD.
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L'inflation globale au Canada a de nouveau accéléré en juillet. Cela conduira-t-il à une hausse des taux
par la Banque du Canada en septembre? Hafiz Noordin est gestionnaire
de portefeuille à Gestion de Placements TD. Bonjour, Hafiz. Surtout un jour comme celui-ci.
Alors, parlons de l'inflation globale. Nous attendions une reprise
par rapport au mois de juin, alors que l'inflation avait redescendu en deçà de 3%. Que voyez-vous?
En bien, le chiffre global était un peu étonnant: 0,6% sur un mois au mois de juillet, alors que les marchés attendaient 0,3, ce qui porte à 3,3% le chiffre de l'inflation annualisée. Les marchés s'attendaient à 3%.
Donc, le chiffre global est supérieur aux prévisions, mais quant à l'inflation de base, elle tourne toujours autour de 3,5 à 3,7%, ce qui est conforme à la tendance des quelques derniers mois. La situation n'a donc pas
réellement changé. L'inflation a baissé par rapport à
ces taux d'inflation de base de 5%, très élevés, à la fin de l'année dernière. Nous avons nettement rétrogradé,
mais nous sommes largement au-delà de la cible de 2%. La Banque du Canada nous avait avertis
que les dernières étapes seraient les plus dures à franchir, que l'inflation demeurait à 3% pendant longtemps. Une statistique comme celle-ci,
qui paraît deux semaines avant l'annonce de la Banque du Canada. Il ne reste que quelques autres chiffres
à paraître d'ici-là. Qu'en conclura la Banque?
Il faut situer cette statistique dans le contexte de l'ensemble de l'économie, considérer d'autres statistiques comme celle de l'inflation, la croissance, le marché du travail. La situation est plus mitigée,
notamment le marché du travail en début d'année: il y a eu beaucoup de surprises positives quant à la création d'emplois. À présent, c'est devenu plus incertain.
Il y a eu deux surprises à la hausse en matière inflation, mais trois surprises à la baisse quand on considère les statistiques mensuelles de l'inflation. Il y a eu donc des inégalités.
En ce qui concerne septembre, la réunion de la Banque du Canada, le principal chiffre qui reste à paraître d'ici là sera celui des ventes au détail, qui montrera sans doute que la consommation se porte encore très bien. Les prochaines données sur le marché
du travail ne paraissent qu'après la réunion de septembre de la Banque du Canada. Il n'y a vraiment pas beaucoup
de facteurs qui pourraient influencer encore la Banque du Canada. Cette dernière souhaitera
prendre connaissance des données de septembre et d'octobre. Peut-être est-ce à la réunion d'octobre
qu'il a davantage de possibilités que la Banque agisse. C'est ce que croient également
les marchés. Peu de spécialistes croient
qu'il y aura une hausse en septembre, mais quant à octobre, c'est pile ou face. Comment les marchés réagissent-ils?
Vous avez parlé d'inégalités en ce qui concerne les données. Oui, les marchés également
ont été inégaux. Il y a eu une réaction instinctive.
Les rendements obligataires ont augmenté de 8 à 10 points sur toute la courbe. Mais au fur et à mesure que d'autres données sont arrivées, les données sur le secteur manufacturier aux États-Unis et la confiance des constructeurs immobiliers, cela a contribué à ramener les chiffres du marché obligataire à un niveau essentiellement inchangé pour la journée. Le message est fondamental:
la tendance de l'inflation de base est conforme aux derniers mois, même si l'inflation globale était supérieure aux prévisions. Vous avez dit que ce serait plutôt
à la réunion du mois d'octobre que la Banque du Canada serait éventuellement disposée à envisager une hausse de taux. Plusieurs personnes me posent la question: Que dire des coupures de taux? Est-ce que ces coupures
interviendront en 2024? Oui. Il pourrait y avoir
des coupures de taux au deuxième semestre de 2024 au Canada. Les marchés envisagent
que le taux directeur de 5% sera en vigueur d'ici l'été prochain. Ce n'est qu'après cela
qu'il y aura la possibilité de coupures de taux, car l'inflation, d'ici là, devrait avoir diminué et s'être rapprochée de l'objectif sans l'atteindre encore. Mais avoir amorcé une tendance
convaincante à la baisse, ce qui permettrait à la Banque du Canada de commencer à réduire modestement son taux directeur, tout en le maintenant dans un territoire restrictif, mais pas dans la même mesure qu'aujourd'hui. C'est aux États-Unis
que ce sera intéressant de voir. La tendance est semblable, l'inflation
est graduellement en baisse, mais marché du travail très bien portant et forte croissance. Contrairement au Canada,
les marchés envisagent que la Fed commence à réduire les taux un peu avant l'été prochain. Ce sera une comparaison intéressante.
Quant à l'éventuel écart qui pourrait se creuser entre la Fed et la Banque du Canada. En général, elles agissent de concert, mais les marchés pensent que la Banque du Canada deviendra, ou plutôt demeurera, en attente plus longtemps. Les ventes de détail étaient
supérieures aux prévisions, et c'est dans le cas de la vie post COVID que nous menons. Les gens vont au restaurant, au bar,
vivent certaines expériences, s'habillent afin de vivre ces expériences élégamment. Donc, même si les chiffres globaux
étaient supérieurs aux prévisions, qu'est-ce que la Fed en conclura? Le consommateur se maintient,
mais ne fait pas de gros achats. Oui. Le secteur des services
se maintient bien, comme vous le dites. Mais ce sont les marchandises, ce sont les biens qui ne sont plus au rendez-vous. On en n'a plus autant besoin
que pendant la COVID. Maintenant, les chiffres
sur l'inflation: les articles de base affichent maintenant une inflation essentiellement nulle au Canada et aux États-Unis. Ce sont les services qui se portent
encore très bien. Et c'est relié au marché du travail.
Pour les banques centrales, il n'y a pas encore de raison d'envisager une nouvelle série de hausses de taux au-delà des 5% au Canada, ou 5,5% aux États-Unis. Mais je crois qu'il s'agirait plutôt
d'une décision quant à la durée pendant laquelle ces niveaux très élevés seront maintenus. Et c'est là où il faut continuer
à surveiller les données, et voir s'il y a des failles qui apparaissent sur le marché du travail. Ou non. La Fed doit relever le taux de chômage
afin de rééquilibrer l'économie. La lutte contre l'inflation prend
plus longtemps que prévu, c'est pourquoi les taux d'intérêt ont augmenté d'ici quelques semaines. On a commencé l'année en supposant
que les taux allaient commencer à diminuer, mais ils continuent de remonter. Oui. Il y a eu davantage de surprises
en matière de croissance. L'économie se maintient bien, même face
à une hausse des taux d'intérêt. Nous savons qu'il faut quelque temps
pour que les taux d'intérêt se répercutent sur l'économie, entraînent une hausse des coûts d'emprunt en raison de la périodicité des renouvellements, que ce soient des prêts hypothécaires des particuliers, ou des prêts des entreprises. Une hausse des taux se répercute
sur les frais d'intérêt après un certain décalage. Mais en même temps, la croissance a été plus élevée que prévue, surtout aux États-Unis, où la tendance est égale ou supérieure à la tendance au deuxième et au troisième trimestre. Ces éléments font partie de la donne,
mais il y a d'autres facteurs. La Banque du Japon a réduit
ses mesures de contrôle de la courbe des rendements, laissant une fourchette plus vaste, ce qui entraîne une légère hausse des taux dans le monde entier. Mais il y a également
davantage d'émissions de bons du trésor aux États-Unis, surtout à l'extrémité longue de la courbe. Il y a un certain nombre de facteurs
qui entrent en jeu pour entraîner une hausse du rendement des obligations, mais ceux-ci s'appliquent au rendement réel. Les rendements nominaux
sont moins susceptibles d'augmenter sous l'effet des attentes en matière d'inflation. Donc, l'inflation demeure
toujours très pertinente. Merci pour tous ces aperçus.
par la Banque du Canada en septembre? Hafiz Noordin est gestionnaire
de portefeuille à Gestion de Placements TD. Bonjour, Hafiz. Surtout un jour comme celui-ci.
Alors, parlons de l'inflation globale. Nous attendions une reprise
par rapport au mois de juin, alors que l'inflation avait redescendu en deçà de 3%. Que voyez-vous?
En bien, le chiffre global était un peu étonnant: 0,6% sur un mois au mois de juillet, alors que les marchés attendaient 0,3, ce qui porte à 3,3% le chiffre de l'inflation annualisée. Les marchés s'attendaient à 3%.
Donc, le chiffre global est supérieur aux prévisions, mais quant à l'inflation de base, elle tourne toujours autour de 3,5 à 3,7%, ce qui est conforme à la tendance des quelques derniers mois. La situation n'a donc pas
réellement changé. L'inflation a baissé par rapport à
ces taux d'inflation de base de 5%, très élevés, à la fin de l'année dernière. Nous avons nettement rétrogradé,
mais nous sommes largement au-delà de la cible de 2%. La Banque du Canada nous avait avertis
que les dernières étapes seraient les plus dures à franchir, que l'inflation demeurait à 3% pendant longtemps. Une statistique comme celle-ci,
qui paraît deux semaines avant l'annonce de la Banque du Canada. Il ne reste que quelques autres chiffres
à paraître d'ici-là. Qu'en conclura la Banque?
Il faut situer cette statistique dans le contexte de l'ensemble de l'économie, considérer d'autres statistiques comme celle de l'inflation, la croissance, le marché du travail. La situation est plus mitigée,
notamment le marché du travail en début d'année: il y a eu beaucoup de surprises positives quant à la création d'emplois. À présent, c'est devenu plus incertain.
Il y a eu deux surprises à la hausse en matière inflation, mais trois surprises à la baisse quand on considère les statistiques mensuelles de l'inflation. Il y a eu donc des inégalités.
En ce qui concerne septembre, la réunion de la Banque du Canada, le principal chiffre qui reste à paraître d'ici là sera celui des ventes au détail, qui montrera sans doute que la consommation se porte encore très bien. Les prochaines données sur le marché
du travail ne paraissent qu'après la réunion de septembre de la Banque du Canada. Il n'y a vraiment pas beaucoup
de facteurs qui pourraient influencer encore la Banque du Canada. Cette dernière souhaitera
prendre connaissance des données de septembre et d'octobre. Peut-être est-ce à la réunion d'octobre
qu'il a davantage de possibilités que la Banque agisse. C'est ce que croient également
les marchés. Peu de spécialistes croient
qu'il y aura une hausse en septembre, mais quant à octobre, c'est pile ou face. Comment les marchés réagissent-ils?
Vous avez parlé d'inégalités en ce qui concerne les données. Oui, les marchés également
ont été inégaux. Il y a eu une réaction instinctive.
Les rendements obligataires ont augmenté de 8 à 10 points sur toute la courbe. Mais au fur et à mesure que d'autres données sont arrivées, les données sur le secteur manufacturier aux États-Unis et la confiance des constructeurs immobiliers, cela a contribué à ramener les chiffres du marché obligataire à un niveau essentiellement inchangé pour la journée. Le message est fondamental:
la tendance de l'inflation de base est conforme aux derniers mois, même si l'inflation globale était supérieure aux prévisions. Vous avez dit que ce serait plutôt
à la réunion du mois d'octobre que la Banque du Canada serait éventuellement disposée à envisager une hausse de taux. Plusieurs personnes me posent la question: Que dire des coupures de taux? Est-ce que ces coupures
interviendront en 2024? Oui. Il pourrait y avoir
des coupures de taux au deuxième semestre de 2024 au Canada. Les marchés envisagent
que le taux directeur de 5% sera en vigueur d'ici l'été prochain. Ce n'est qu'après cela
qu'il y aura la possibilité de coupures de taux, car l'inflation, d'ici là, devrait avoir diminué et s'être rapprochée de l'objectif sans l'atteindre encore. Mais avoir amorcé une tendance
convaincante à la baisse, ce qui permettrait à la Banque du Canada de commencer à réduire modestement son taux directeur, tout en le maintenant dans un territoire restrictif, mais pas dans la même mesure qu'aujourd'hui. C'est aux États-Unis
que ce sera intéressant de voir. La tendance est semblable, l'inflation
est graduellement en baisse, mais marché du travail très bien portant et forte croissance. Contrairement au Canada,
les marchés envisagent que la Fed commence à réduire les taux un peu avant l'été prochain. Ce sera une comparaison intéressante.
Quant à l'éventuel écart qui pourrait se creuser entre la Fed et la Banque du Canada. En général, elles agissent de concert, mais les marchés pensent que la Banque du Canada deviendra, ou plutôt demeurera, en attente plus longtemps. Les ventes de détail étaient
supérieures aux prévisions, et c'est dans le cas de la vie post COVID que nous menons. Les gens vont au restaurant, au bar,
vivent certaines expériences, s'habillent afin de vivre ces expériences élégamment. Donc, même si les chiffres globaux
étaient supérieurs aux prévisions, qu'est-ce que la Fed en conclura? Le consommateur se maintient,
mais ne fait pas de gros achats. Oui. Le secteur des services
se maintient bien, comme vous le dites. Mais ce sont les marchandises, ce sont les biens qui ne sont plus au rendez-vous. On en n'a plus autant besoin
que pendant la COVID. Maintenant, les chiffres
sur l'inflation: les articles de base affichent maintenant une inflation essentiellement nulle au Canada et aux États-Unis. Ce sont les services qui se portent
encore très bien. Et c'est relié au marché du travail.
Pour les banques centrales, il n'y a pas encore de raison d'envisager une nouvelle série de hausses de taux au-delà des 5% au Canada, ou 5,5% aux États-Unis. Mais je crois qu'il s'agirait plutôt
d'une décision quant à la durée pendant laquelle ces niveaux très élevés seront maintenus. Et c'est là où il faut continuer
à surveiller les données, et voir s'il y a des failles qui apparaissent sur le marché du travail. Ou non. La Fed doit relever le taux de chômage
afin de rééquilibrer l'économie. La lutte contre l'inflation prend
plus longtemps que prévu, c'est pourquoi les taux d'intérêt ont augmenté d'ici quelques semaines. On a commencé l'année en supposant
que les taux allaient commencer à diminuer, mais ils continuent de remonter. Oui. Il y a eu davantage de surprises
en matière de croissance. L'économie se maintient bien, même face
à une hausse des taux d'intérêt. Nous savons qu'il faut quelque temps
pour que les taux d'intérêt se répercutent sur l'économie, entraînent une hausse des coûts d'emprunt en raison de la périodicité des renouvellements, que ce soient des prêts hypothécaires des particuliers, ou des prêts des entreprises. Une hausse des taux se répercute
sur les frais d'intérêt après un certain décalage. Mais en même temps, la croissance a été plus élevée que prévue, surtout aux États-Unis, où la tendance est égale ou supérieure à la tendance au deuxième et au troisième trimestre. Ces éléments font partie de la donne,
mais il y a d'autres facteurs. La Banque du Japon a réduit
ses mesures de contrôle de la courbe des rendements, laissant une fourchette plus vaste, ce qui entraîne une légère hausse des taux dans le monde entier. Mais il y a également
davantage d'émissions de bons du trésor aux États-Unis, surtout à l'extrémité longue de la courbe. Il y a un certain nombre de facteurs
qui entrent en jeu pour entraîner une hausse du rendement des obligations, mais ceux-ci s'appliquent au rendement réel. Les rendements nominaux
sont moins susceptibles d'augmenter sous l'effet des attentes en matière d'inflation. Donc, l'inflation demeure
toujours très pertinente. Merci pour tous ces aperçus.