Dans le cadre du conflit entre Israël et Gaza, certains investisseurs s’interrogent sur la façon de gérer le risque dans le contexte actuel du marché. Alexandra Gorewicz, vice-présidente et directrice, Gestion active des portefeuilles de titres à revenu fixe, Gestion de Placements TD, discute des conséquences pour les investisseurs en titres à revenu fixe.
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Le conflit entre Israël et le Hamas a conduit certains à évaluer la manière de gérer les risques. Les rendements obligataires sont au plus haut depuis 16 ans. Il se passe beaucoup de choses. Comment appréhender ces marchés? Alex Gorewicz, de Gestion de Placements TD, commente. Alex, bonjour.
Bonjour, Greg.
Alors, vous et moi avons eu un entretien avant la fin de semaine sur les sujets de cette émission. Il y a eu un important événement à risques pendant la fin de semaine avec la situation au Moyen-Orient. De quoi faut-il être conscient?
Qu'il y a beaucoup d'incertitudes. Comment en tenir compte? C'est inconnu. Ce qui s'est passé en septembre, les normes remontaient des rendements obligataires, et puis les statistiques de l'emploi au Canada et aux États-Unis ont paru début octobre faisant état d'une forte résilience. Le resserrement des conditions monétaires et de la politique monétaire ne semblent pas avoir l'impact voulu sur l'économie réelle.
Les investisseurs, face à cet avenir incertain, se rendent compte que les pronostics de ralentissement de l'économie ne se sont pas réalisés. Peut-être faudra-t-il percevoir davantage de primes de risques, d'où une augmentation des rendements obligataires, surtout plus loin, sur la courbe de rendement de 10 à 30 ans.
Un événement géopolitique de cette ampleur entraîne un mouvement de l'or, un mouvement des obligations, on l'a vu. Mais il y a des observations conciliantes de dirigeants de la Fed qui évoquent justement la braderie des obligations... selon lesquelles le marché obligataire aura fait le travail des banques centrales pour elles. Ces multiples discours s'enchevêtrent en ce moment et permettent difficilement d'affirmer quels sont les facteurs qui entraînent cette évolution des marchés. Le conflit au Moyen-Orient en est encore à un stade très précoce. Il est trop tôt pour dire s'il se transformera en conflit régional, ce qui pourrait entraîner... un recul du goût du risque dans le monde entier, sur tous les marchés et dans toutes les catégories d'actifs.
Mais aux États-Unis spécifiquement, les observations conciliantes auxquelles vous avez fait allusion, les investisseurs exigent des primes de risque plus élevées, les rendements obligataires montent en puissance, surtout pour les obligations du gouvernement à plus longue duration. Les dirigeants de la Fed considèrent qu'il s'agit... d'une prime ou d'une rémunération pour la durée. Pour la durée du risque.
Pour les dirigeants de la Fed, cela engendre en définitive un resserrement des conditions de crédit et des conditions financières pour l'économie réelle, que ce soit les entreprises qui diffèrent d'émettre de nouvelles obligations ou de se refinancer, parce qu'elles s'attendaient à ce que les taux d'intérêt diminuent ou que ce sont les ménages qui attendent pour acheter un logement, en s'attendant à ce que les taux de prêt hypothécaire diminuent. Il est donc peu probable pour ces deux secteurs de l'économie qu'il se produise un soulagement par rapport aux taux d'intérêt. Pour la Fed, le marché obligataire fait son travail pour elle.
Après un an et demi d'augmentation rapide par les banques centrales et une braderie des obligations qui a fait passer les rendements à un sommet depuis 16 ans, est-ce que les banques centrales pensent qu'elles ont trop serré la vis? Que c'est allé trop loin?
Même avant les quelques dernières semaines, même avant cette évolution, on aurait pu soutenir qu'il y avait déjà eu... trop de tours de vis. Le marché du travail à lui seul ne l'aurait pas révélé. Même si la situation détaillée du marché du travail n'est pas si florissante, quoique les statistiques globales se portent bien...
Ceci dit... la Fed ou n'importe quelle banque centrale doit prendre des mesures de politique monétaire pour faire face à des situations futures. Et pour cela, elle se demande quel serait le taux directeur approprié à long terme pour notre économie.
Il y a tellement de facteurs qui affectent la croissance économique. La croissance démographique, les politiques gouvernementales, des conflits géopolitiques, l'endettement, l'innovation. Il y a beaucoup trop de facteurs pour que l'on puisse déterminer le taux directeur approprié.
Certains affirment que le taux est plus élevé aujourd'hui qu'avant la pandémie, mais très peu de gens affirmeraient que les taux devraient être plus élevés qu'ils l'étaient il y a 40 ans par exemple. La raison pour laquelle j'évoque cette période, c'est que si vous comparez le taux directeur de la Fed aujourd'hui par rapport à ce qu'il était... en tenant compte de la notion abstraite d'un taux neutre, le taux directeur aujourd'hui est plus élevé par rapport à ce taux neutre qu'il ne l'aurait été il y a 40 ans.
C'est très pertinent, parce que cela pourrait laisser entendre que même si la Fed s'établit à un peu moins de 6 %, la situation au niveau de la politique monétaire est beaucoup plus restrictive qu'elle ne l'était lorsque le taux directeur était à deux chiffres au début des années 80. Tout dépend de la manière dont on réfléchit à la politique monétaire, mais on pourrait soutenir que les "conditions", que les politiques plutôt, de la Fed et le resserrement qui a été opéré est beaucoup plus sévère aujourd'hui que ce n'aurait été à l'époque.
Il se passe beaucoup de choses. Nous avons parlé de l'emploi. Avons-nous parlé de l'inflation? Il fut un temps où nous n'aurions parlé que de cela.
L'inflation globale reflue, la trajectoire n'a pas été linéaire, compte tenu de tout ce qui se passe dans l'économie, toutes les réactions du marché, peut-on considérer que l'inflation va finir par réintégrer la fourchette de 2 %? Pas demain mais à un moment donné?
Si vous posez la question aux investisseurs obligataires, il existe divers instruments sur le marché obligataire qui représentent l'opinion des investisseurs. Ces derniers ne s'inquiètent pas à l'idée que l'inflation pourrait demeurer durablement au-delà de la cible de 2 % de la Fed. Depuis 15 jours, la hausse des rendements obligataires n'a pas été impulsée par une hausse des attentes à l'égard de l'inflation. Le marché du travail est florissant.
Cela pourrait entraîner une inflation plus élevée, ce qui pourrait amener les investisseurs à exiger des rendements plus élevés. Mais ce n'est pas cette hypothèse qui s'est concrétisée. Ce n'est pas cela qui fait remonter les rendements obligataires. Comme vous le dites, nous aurions commencé par parler d'inflation il y a quelque temps, mais cette évolution n'est pas attribuable à l'inflation.
La Fed a annoncé ses pronostics économiques mis à jour, et tout le monde s'est focalisé sur l'atterrissage en douceur, c'est-à-dire la perspective de croissance plus élevée. Mais pour cette année, la Fed a rétrogradé son pronostic d'inflation tout en le laissant échangé pour l'année à venir, montrant un retour à 2 %.
La Fed ne pense pas que le risque d'inflation est plutôt biaisé à la hausse. À présent, elle considère que le risque est équilibré, voire biaisé à la baisse, puisque le taux directeur est beaucoup plus restrictif, comme je le disais, qu'il ne l'était il y a 40 ans.
Le conflit entre Israël et le Hamas a conduit certains à évaluer la manière de gérer les risques. Les rendements obligataires sont au plus haut depuis 16 ans. Il se passe beaucoup de choses. Comment appréhender ces marchés? Alex Gorewicz, de Gestion de Placements TD, commente. Alex, bonjour.
Bonjour, Greg.
Alors, vous et moi avons eu un entretien avant la fin de semaine sur les sujets de cette émission. Il y a eu un important événement à risques pendant la fin de semaine avec la situation au Moyen-Orient. De quoi faut-il être conscient?
Qu'il y a beaucoup d'incertitudes. Comment en tenir compte? C'est inconnu. Ce qui s'est passé en septembre, les normes remontaient des rendements obligataires, et puis les statistiques de l'emploi au Canada et aux États-Unis ont paru début octobre faisant état d'une forte résilience. Le resserrement des conditions monétaires et de la politique monétaire ne semblent pas avoir l'impact voulu sur l'économie réelle.
Les investisseurs, face à cet avenir incertain, se rendent compte que les pronostics de ralentissement de l'économie ne se sont pas réalisés. Peut-être faudra-t-il percevoir davantage de primes de risques, d'où une augmentation des rendements obligataires, surtout plus loin, sur la courbe de rendement de 10 à 30 ans.
Un événement géopolitique de cette ampleur entraîne un mouvement de l'or, un mouvement des obligations, on l'a vu. Mais il y a des observations conciliantes de dirigeants de la Fed qui évoquent justement la braderie des obligations... selon lesquelles le marché obligataire aura fait le travail des banques centrales pour elles. Ces multiples discours s'enchevêtrent en ce moment et permettent difficilement d'affirmer quels sont les facteurs qui entraînent cette évolution des marchés. Le conflit au Moyen-Orient en est encore à un stade très précoce. Il est trop tôt pour dire s'il se transformera en conflit régional, ce qui pourrait entraîner... un recul du goût du risque dans le monde entier, sur tous les marchés et dans toutes les catégories d'actifs.
Mais aux États-Unis spécifiquement, les observations conciliantes auxquelles vous avez fait allusion, les investisseurs exigent des primes de risque plus élevées, les rendements obligataires montent en puissance, surtout pour les obligations du gouvernement à plus longue duration. Les dirigeants de la Fed considèrent qu'il s'agit... d'une prime ou d'une rémunération pour la durée. Pour la durée du risque.
Pour les dirigeants de la Fed, cela engendre en définitive un resserrement des conditions de crédit et des conditions financières pour l'économie réelle, que ce soit les entreprises qui diffèrent d'émettre de nouvelles obligations ou de se refinancer, parce qu'elles s'attendaient à ce que les taux d'intérêt diminuent ou que ce sont les ménages qui attendent pour acheter un logement, en s'attendant à ce que les taux de prêt hypothécaire diminuent. Il est donc peu probable pour ces deux secteurs de l'économie qu'il se produise un soulagement par rapport aux taux d'intérêt. Pour la Fed, le marché obligataire fait son travail pour elle.
Après un an et demi d'augmentation rapide par les banques centrales et une braderie des obligations qui a fait passer les rendements à un sommet depuis 16 ans, est-ce que les banques centrales pensent qu'elles ont trop serré la vis? Que c'est allé trop loin?
Même avant les quelques dernières semaines, même avant cette évolution, on aurait pu soutenir qu'il y avait déjà eu... trop de tours de vis. Le marché du travail à lui seul ne l'aurait pas révélé. Même si la situation détaillée du marché du travail n'est pas si florissante, quoique les statistiques globales se portent bien...
Ceci dit... la Fed ou n'importe quelle banque centrale doit prendre des mesures de politique monétaire pour faire face à des situations futures. Et pour cela, elle se demande quel serait le taux directeur approprié à long terme pour notre économie.
Il y a tellement de facteurs qui affectent la croissance économique. La croissance démographique, les politiques gouvernementales, des conflits géopolitiques, l'endettement, l'innovation. Il y a beaucoup trop de facteurs pour que l'on puisse déterminer le taux directeur approprié.
Certains affirment que le taux est plus élevé aujourd'hui qu'avant la pandémie, mais très peu de gens affirmeraient que les taux devraient être plus élevés qu'ils l'étaient il y a 40 ans par exemple. La raison pour laquelle j'évoque cette période, c'est que si vous comparez le taux directeur de la Fed aujourd'hui par rapport à ce qu'il était... en tenant compte de la notion abstraite d'un taux neutre, le taux directeur aujourd'hui est plus élevé par rapport à ce taux neutre qu'il ne l'aurait été il y a 40 ans.
C'est très pertinent, parce que cela pourrait laisser entendre que même si la Fed s'établit à un peu moins de 6 %, la situation au niveau de la politique monétaire est beaucoup plus restrictive qu'elle ne l'était lorsque le taux directeur était à deux chiffres au début des années 80. Tout dépend de la manière dont on réfléchit à la politique monétaire, mais on pourrait soutenir que les "conditions", que les politiques plutôt, de la Fed et le resserrement qui a été opéré est beaucoup plus sévère aujourd'hui que ce n'aurait été à l'époque.
Il se passe beaucoup de choses. Nous avons parlé de l'emploi. Avons-nous parlé de l'inflation? Il fut un temps où nous n'aurions parlé que de cela.
L'inflation globale reflue, la trajectoire n'a pas été linéaire, compte tenu de tout ce qui se passe dans l'économie, toutes les réactions du marché, peut-on considérer que l'inflation va finir par réintégrer la fourchette de 2 %? Pas demain mais à un moment donné?
Si vous posez la question aux investisseurs obligataires, il existe divers instruments sur le marché obligataire qui représentent l'opinion des investisseurs. Ces derniers ne s'inquiètent pas à l'idée que l'inflation pourrait demeurer durablement au-delà de la cible de 2 % de la Fed. Depuis 15 jours, la hausse des rendements obligataires n'a pas été impulsée par une hausse des attentes à l'égard de l'inflation. Le marché du travail est florissant.
Cela pourrait entraîner une inflation plus élevée, ce qui pourrait amener les investisseurs à exiger des rendements plus élevés. Mais ce n'est pas cette hypothèse qui s'est concrétisée. Ce n'est pas cela qui fait remonter les rendements obligataires. Comme vous le dites, nous aurions commencé par parler d'inflation il y a quelque temps, mais cette évolution n'est pas attribuable à l'inflation.
La Fed a annoncé ses pronostics économiques mis à jour, et tout le monde s'est focalisé sur l'atterrissage en douceur, c'est-à-dire la perspective de croissance plus élevée. Mais pour cette année, la Fed a rétrogradé son pronostic d'inflation tout en le laissant échangé pour l'année à venir, montrant un retour à 2 %.
La Fed ne pense pas que le risque d'inflation est plutôt biaisé à la hausse. À présent, elle considère que le risque est équilibré, voire biaisé à la baisse, puisque le taux directeur est beaucoup plus restrictif, comme je le disais, qu'il ne l'était il y a 40 ans.