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Alors que l’intérêt pour l’uranium et l’énergie nucléaire continue de croître, la montée en flèche des prix et l’escalade du conflit Russie-Ukraine menacent d’entraver les progrès. Anthony Okolie et Greg Barnes, directeur général, Valeurs Mobilières TD, discutent des risques auxquels fait face l’industrie de l’uranium.
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Les prix de l’uranium, ainsi que d’autres produits de base, continuent d’augmenter, car l’intensification du conflit entre la Russie et l’Ukraine suscite des inquiétudes à l’égard de l’offre mondiale. Cela survient à un moment où l’uranium profite d’une certaine reprise de l’énergie nucléaire. Je reçois Greg Barnes, qui va nous donner des explications plus détaillées. Il est directeur général à Valeurs Mobilières TD.
Greg, la guerre entre la Russie et l’Ukraine préoccupe beaucoup les gens partout dans le monde, tout comme la tragédie humaine incontestable qui se déroule dans ce pays. Le conflit en est encore à ses débuts et nous en voyons déjà les répercussions sur les marchés mondiaux des produits de base, en particulier l’uranium, qui est l’un de ces marchés où le prix au comptant a fortement augmenté. Quel impact ce conflit a-t-il sur le prix de l’uranium?
Eh bien, cela a un impact important sur le prix de l’uranium. Au cours des deux dernières semaines, le prix de l’uranium a augmenté d’environ 6 $ la livre, à environ 51 $ US. Il s’agit donc d’une augmentation de 15 % à 16 % au cours des dernières semaines.
Comme vous l’avez mentionné, pour tous les produits de base, la guerre a des répercussions considérables. Et je pense qu’il y a des préoccupations quant à l’offre. La Russie joue un rôle très important dans plusieurs produits de base sur les marchés mondiaux. Et les sanctions ont pour effet de l’exclure du reste du monde. L’offre pourrait donc accuser un retard. Et ce n’est pas seulement du côté de l’uranium. C’est aussi le cas pour d’autres produits de base.
Et, bien sûr, les pays occidentaux ont imposé de nombreuses sanctions à la Russie, notamment en coupant aux institutions financières l’accès à Swift et en frappant les banques au moyen de restrictions paralysantes. Qu’est-ce que cette décision signifie pour l’offre mondiale?
D’uranium? Ce n’est pas encore tout à fait clair, car l’uranium et le combustible nucléaire n’ont pas encore fait l’objet de sanctions particulières. Alors techniquement, je comprends que les services publics peuvent acheter du combustible nucléaire des Russes. Mais je pense que c’est de plus en plus difficile en raison du système de paiement, le système de paiement Swift, qui n’est plus accessible aux Russes. Et sur le plan moral et éthique, cela devient une très grande question pour les services publics des pays occidentaux.
Est-ce qu’on soutient le régime russe en achetant ses matériaux? Je pense donc que les gens doivent réfléchir sérieusement à la façon dont ils vont procéder à l’approvisionnement en combustible nucléaire et à sa provenance exacte.
L’appétit pour le risque lié à l’uranium s’est effondré au Japon après la catastrophe du réacteur nucléaire de Fukushima, en 2011. La même chose pourrait-elle se produire en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine? Bien sûr.
Écoutez, la situation est volatile en Ukraine. Les événements se déroulent à un rythme très rapide. Il y a eu des attaques contre des centrales nucléaires. Et l’une d’elle a été prise par les Russes.
Pour le moment, toutefois, il ne s’agit pas d’une situation comme celle de Fukushima. Il n’y a pas eu de de fusion du cœur d’un réacteur. Pour le moment, à notre connaissance, les réacteurs fonctionnent normalement ou ont été fermés. Alors non, je ne crois pas qu’il s’agisse d’une situation comme celle de Fukushima.
Cela dit, les investisseurs seront très prudents, car la situation évolue. Il y a 15 réacteurs fonctionnels en Ukraine. Une invasion est en cours. On ne connaît pas l’issue de cette situation.
Il faut espérer que les gens sont responsables, que le régime russe est responsable, et que nous n’allons pas nous retrouver dans une situation difficile avec l’un des réacteurs. Je répète donc que c’est préférable d’être prudent. Mais je ne pense pas que le secteur nucléaire va connaître le même type de répercussions qu’après Fukushima.
D’accord, si on met ces risques de côté, à quelle vitesse l’UE peut-elle réellement effectuer la transition vers l’énergie propre?
Eh bien, la transition est en cours. De nombreux pays se tournent fortement vers les énergies renouvelables. Et je parle de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne. Mais ce n’est pas suffisant pour soutenir un vaste réseau à l’échelle d’un pays. Ça ne vous procure pas l’énergie dont vous avez besoin pour stabiliser le réseau. Mais l’énergie nucléaire en est capable.
Je crois que l’énergie nucléaire peut jouer un rôle en Europe et à l’échelle mondiale dans un monde à faibles émissions de carbone. On sait que ça n’émet pas de carbone. Mais la construction d’un réacteur nucléaire prend beaucoup de temps. Il faut beaucoup de temps pour convertir la composition de l’énergie en énergie nucléaire. Je ne pense donc pas que cela va avoir un effet immédiat. Mais au fil du temps, je pense que cela aura un impact important en ce sens que l’énergie nucléaire sera plus largement acceptée.
Mais en raison de la guerre en Ukraine, les pays d’Europe, comme l’Allemagne, qui ont commencé à fermer leurs réacteurs nucléaires, doivent y repenser très rapidement. S’ils n’ont pas accès au gaz naturel et au pétrole russes, l’alimentation en électricité sera considérablement insuffisante. L’Allemagne elle-même était donc en bonne voie de fermer ses trois réacteurs restants cette année. Ce ne sera peut-être pas le cas, compte tenu de la situation actuelle.
Et quel est l’impact de l’étiquetage de l’énergie nucléaire comme source d’énergie verte par l’UE?
Eh bien, je crois qu’il s’agit d’un impact à long terme. Encore une fois, cela montre que l’énergie nucléaire est une source d’énergie verte. Certains vont contester ça, mais je pense que c’est généralement accepté. Et je pense que ça donne encore plus de crédibilité à l’énergie nucléaire, comme quelque chose que les investisseurs devraient accepter, que les gouvernements devraient accepter, et que ce sera une composante clé d’un monde à faibles émissions de carbone à l’avenir, ou qu’elle devrait l’être.
Enfin, comme nous le savons, il y a eu beaucoup d’incertitude et de volatilité sur les marchés depuis quelques semaines. Sur quoi les investisseurs devraient-ils se concentrer en ce moment?
Eh bien, pour ce qui est de l’énergie nucléaire, je pense qu’il faut évidemment surveiller de très près la situation en Ukraine, être conscient des risques, mais aussi des occasions que cela pourrait signifier pour l’énergie nucléaire à long terme. Si la Russie est effectivement isolée du reste du monde pour ce qui est de sa capacité à fournir de l’énergie nucléaire aux services publics à l’extérieur de l’orbite russe, cela signifie que les services publics à l’échelle mondiale devront remanier leurs portefeuilles d’alimentation en carburant. Et cela va profiter aux sociétés occidentales qui jouent un rôle dans ce marché.
Greg, merci beaucoup de vous être joint à nous.
Merci.
[MUSIQUE]
Greg, la guerre entre la Russie et l’Ukraine préoccupe beaucoup les gens partout dans le monde, tout comme la tragédie humaine incontestable qui se déroule dans ce pays. Le conflit en est encore à ses débuts et nous en voyons déjà les répercussions sur les marchés mondiaux des produits de base, en particulier l’uranium, qui est l’un de ces marchés où le prix au comptant a fortement augmenté. Quel impact ce conflit a-t-il sur le prix de l’uranium?
Eh bien, cela a un impact important sur le prix de l’uranium. Au cours des deux dernières semaines, le prix de l’uranium a augmenté d’environ 6 $ la livre, à environ 51 $ US. Il s’agit donc d’une augmentation de 15 % à 16 % au cours des dernières semaines.
Comme vous l’avez mentionné, pour tous les produits de base, la guerre a des répercussions considérables. Et je pense qu’il y a des préoccupations quant à l’offre. La Russie joue un rôle très important dans plusieurs produits de base sur les marchés mondiaux. Et les sanctions ont pour effet de l’exclure du reste du monde. L’offre pourrait donc accuser un retard. Et ce n’est pas seulement du côté de l’uranium. C’est aussi le cas pour d’autres produits de base.
Et, bien sûr, les pays occidentaux ont imposé de nombreuses sanctions à la Russie, notamment en coupant aux institutions financières l’accès à Swift et en frappant les banques au moyen de restrictions paralysantes. Qu’est-ce que cette décision signifie pour l’offre mondiale?
D’uranium? Ce n’est pas encore tout à fait clair, car l’uranium et le combustible nucléaire n’ont pas encore fait l’objet de sanctions particulières. Alors techniquement, je comprends que les services publics peuvent acheter du combustible nucléaire des Russes. Mais je pense que c’est de plus en plus difficile en raison du système de paiement, le système de paiement Swift, qui n’est plus accessible aux Russes. Et sur le plan moral et éthique, cela devient une très grande question pour les services publics des pays occidentaux.
Est-ce qu’on soutient le régime russe en achetant ses matériaux? Je pense donc que les gens doivent réfléchir sérieusement à la façon dont ils vont procéder à l’approvisionnement en combustible nucléaire et à sa provenance exacte.
L’appétit pour le risque lié à l’uranium s’est effondré au Japon après la catastrophe du réacteur nucléaire de Fukushima, en 2011. La même chose pourrait-elle se produire en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine? Bien sûr.
Écoutez, la situation est volatile en Ukraine. Les événements se déroulent à un rythme très rapide. Il y a eu des attaques contre des centrales nucléaires. Et l’une d’elle a été prise par les Russes.
Pour le moment, toutefois, il ne s’agit pas d’une situation comme celle de Fukushima. Il n’y a pas eu de de fusion du cœur d’un réacteur. Pour le moment, à notre connaissance, les réacteurs fonctionnent normalement ou ont été fermés. Alors non, je ne crois pas qu’il s’agisse d’une situation comme celle de Fukushima.
Cela dit, les investisseurs seront très prudents, car la situation évolue. Il y a 15 réacteurs fonctionnels en Ukraine. Une invasion est en cours. On ne connaît pas l’issue de cette situation.
Il faut espérer que les gens sont responsables, que le régime russe est responsable, et que nous n’allons pas nous retrouver dans une situation difficile avec l’un des réacteurs. Je répète donc que c’est préférable d’être prudent. Mais je ne pense pas que le secteur nucléaire va connaître le même type de répercussions qu’après Fukushima.
D’accord, si on met ces risques de côté, à quelle vitesse l’UE peut-elle réellement effectuer la transition vers l’énergie propre?
Eh bien, la transition est en cours. De nombreux pays se tournent fortement vers les énergies renouvelables. Et je parle de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne. Mais ce n’est pas suffisant pour soutenir un vaste réseau à l’échelle d’un pays. Ça ne vous procure pas l’énergie dont vous avez besoin pour stabiliser le réseau. Mais l’énergie nucléaire en est capable.
Je crois que l’énergie nucléaire peut jouer un rôle en Europe et à l’échelle mondiale dans un monde à faibles émissions de carbone. On sait que ça n’émet pas de carbone. Mais la construction d’un réacteur nucléaire prend beaucoup de temps. Il faut beaucoup de temps pour convertir la composition de l’énergie en énergie nucléaire. Je ne pense donc pas que cela va avoir un effet immédiat. Mais au fil du temps, je pense que cela aura un impact important en ce sens que l’énergie nucléaire sera plus largement acceptée.
Mais en raison de la guerre en Ukraine, les pays d’Europe, comme l’Allemagne, qui ont commencé à fermer leurs réacteurs nucléaires, doivent y repenser très rapidement. S’ils n’ont pas accès au gaz naturel et au pétrole russes, l’alimentation en électricité sera considérablement insuffisante. L’Allemagne elle-même était donc en bonne voie de fermer ses trois réacteurs restants cette année. Ce ne sera peut-être pas le cas, compte tenu de la situation actuelle.
Et quel est l’impact de l’étiquetage de l’énergie nucléaire comme source d’énergie verte par l’UE?
Eh bien, je crois qu’il s’agit d’un impact à long terme. Encore une fois, cela montre que l’énergie nucléaire est une source d’énergie verte. Certains vont contester ça, mais je pense que c’est généralement accepté. Et je pense que ça donne encore plus de crédibilité à l’énergie nucléaire, comme quelque chose que les investisseurs devraient accepter, que les gouvernements devraient accepter, et que ce sera une composante clé d’un monde à faibles émissions de carbone à l’avenir, ou qu’elle devrait l’être.
Enfin, comme nous le savons, il y a eu beaucoup d’incertitude et de volatilité sur les marchés depuis quelques semaines. Sur quoi les investisseurs devraient-ils se concentrer en ce moment?
Eh bien, pour ce qui est de l’énergie nucléaire, je pense qu’il faut évidemment surveiller de très près la situation en Ukraine, être conscient des risques, mais aussi des occasions que cela pourrait signifier pour l’énergie nucléaire à long terme. Si la Russie est effectivement isolée du reste du monde pour ce qui est de sa capacité à fournir de l’énergie nucléaire aux services publics à l’extérieur de l’orbite russe, cela signifie que les services publics à l’échelle mondiale devront remanier leurs portefeuilles d’alimentation en carburant. Et cela va profiter aux sociétés occidentales qui jouent un rôle dans ce marché.
Greg, merci beaucoup de vous être joint à nous.
Merci.
[MUSIQUE]