
La Chine a connu l’une de ses pires années en matière de croissance économique depuis des décennies l’an dernier, en raison de l’application de sa politique zéro COVID. Haining Zha, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, affirme qu’avec la levée des mesures de confinement, l’économie chinoise pourrait se diriger vers une reprise.
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Parlons des perspectives de la deuxième économie en importance au monde cette année. La Chine a pris des décisions économiques assez intéressantes. Comment ça se présente?
Les choses semblent bien aller. C’est probablement la première fois depuis longtemps que les astres s’alignent, qu’on regarde la politique relative à la COVID, la politique gouvernementale ou la politique réglementaire. Elles soutiennent donc très bien l’économie dans son ensemble et les entreprises.
Que se passe-t-il dans l’économie chinoise, et les dirigeants chinois ont-ils changé de cap? Et j’avais l’impression... je ne sais pas, corrigez-moi si je me trompe, mais à mon avis, les politiques ont changé abruptement. Ou est-ce que c’était attendu depuis longtemps?
Oui, c’est exact. Mais les coûts économiques se sont avérés trop élevés, la politique zéro COVID ayant duré trop longtemps. Je pense donc que le moment est bien choisi. Et l’économie a vraiment besoin d’un gros coup de pouce. En fait, le gouvernement vise probablement une croissance supérieure à 5 % pour 2023.
Parlons-en, alors. Si c’est l’objectif, peut-il l’atteindre avec tout ce qu’il fait? La COVID n’a pas disparu du pays. C’est plutôt son approche à l’égard de la COVID qui a changé. Peut-il réaliser ce type de croissance cette année?
Absolument. Le potentiel est énorme, surtout du côté de la consommation. Donc, si on regarde les ventes au détail à l’heure actuelle, la croissance sur 12 mois en décembre est toujours négative.
Toutefois, la croissance tendancielle est d’environ 6 %, 7 %. La consommation a donc beaucoup de potentiel pour se redresser. Et ailleurs dans le secteur des placements, de la formation de capital, je pense que la croissance serait à peu près stable.
Les investissements en infrastructures continueraient d’être un autre moteur de croissance. Du côté de l’immobilier, ça sera un peu plus faible. Mais du côté manufacturier, en raison de la baisse de la demande extérieure, il y aura un peu de pression. Il en va de même pour les exportations nettes. Un léger frein est à prévoir, en raison de la détérioration de l’économie américaine et mondiale.
On a été tellement consumés en Amérique du Nord, au Canada, aux États-Unis et en Europe aussi, par l’inflation, l’inflation qui monte en flèche, en essayant de la contrôler par le resserrement du coût du capital. La situation est-elle différente en Chine? Est-ce qu’elle fait face aux mêmes problèmes inflationnistes, ou ce n’est pas vraiment un problème pour elle?
Ce n’est pas vraiment un problème pour elle. L’inflation mesurée par l’IPC est toujours inférieure à 2 %. Et même après la réouverture, même si les gens s’attendent à une certaine pression inflationniste, elle va probablement se concentrer principalement dans l’énergie, mais pas dans le secteur des produits de base en général. La raison derrière ça, comme je l’ai mentionné, dans le secteur immobilier, les investissements immobiliers vont probablement demeurer stables en 2023.
Donc ça serait l’inflation intérieure en Chine. On craint qu’à mesure que la Chine va rouvrir son économie et que son appétit va augmenter pour ce qui, comme vous le savez, nous avons au Canada et dans d’autres pays à vendre, par exemple le pétrole et d’autres produits de base, ça fera grimper l’inflation mondiale. Est-ce un risque pour l’économie mondiale que l’appétit de la Chine nous garde dans un contexte inflationniste?
Parce que c’est concentré dans les produits énergétiques, comme le pétrole brut et le gaz naturel, ce n’est pas tant pour les produits de base dans leur ensemble, comme on le voit dans d’autres segments de l’économie mondiale.
Quels sont les risques potentiels pour la Chine? Vous avez présenté un scénario. En ouvrant l’économie, elle a assoupli les restrictions liées à la COVID. Ça pourrait avoir de bons effets sur son économie intérieure. Qu’est-ce qui pourrait la faire trébucher en 2023?
En fait, le principal frein, comme je l’ai mentionné, c’est la demande extérieure. Comme on le sait, l’activité manufacturière et la consommation de biens ralentissent aux États-Unis et dans les autres pays développés. Et comme on le sait, la Chine est une économie très axée sur les exportations. Si c’est le cas, il y aura des pressions sur ses activités d’exportation.
À long terme, si on regarde la force de l’économie chinoise, eh bien c’est la deuxième en importance au monde. Elle a souvent des divergences de position avec la plus grande économie du monde, les États-Unis. Quelles sont les perspectives à long terme pour la Chine? Quelles sont ses perspectives de croissance?
Oui, donc si on décompose la croissance du PIB, il y a plusieurs composantes. L’une d’elles, c’est la croissance de la population. Et, en fait, on voit qu’en 2022, pour la première fois, la Chine a enregistré une croissance démographique globale négative, bien que ce nombre soit très faible.
La deuxième composante, c’est la croissance de la productivité. Je crois que la croissance de la productivité serait la clé en Chine, car un pourcentage élevé de la population est jeune et a reçu une meilleure éducation, et affiche une meilleure productivité. C’est là que réside l’espoir.
Et en ce qui concerne la formation de capital, au cours des 10 dernières années, il y a eu beaucoup d’investissements. Néanmoins, il y a de nouveaux secteurs, comme le centre de données 5G. Il s’agit d’un nouveau type d’infrastructure dans lequel la Chine pourrait investir davantage pour stimuler la productivité globale de l’économie.
La productivité est toujours très importante. On s’en préoccupe aussi au Canada et dans d’autres pays. Vous avez parlé des tendances démographiques en Chine. J’ai vu beaucoup de manchettes à ce sujet récemment; certaines personnes sont préoccupées par le ralentissement de la croissance démographique en Chine. Doit-on être attentifs à ça en tant qu’investisseurs, ou la Chine va-t-elle s’en sortir?
Oui, on doit assurément y être attentifs, mais je pense que l’ampleur globale n’est pas trop importante, du moins pour l’instant. Je crois que dans la deuxième moitié de la décennie, le rythme pourrait s’accélérer graduellement, mais ce sera à très long terme. Mais l’élément clé, c’est le capital, du côté des investissements en capitaux et du côté de la stimulation de la productivité. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
Parlons des perspectives de la deuxième économie en importance au monde cette année. La Chine a pris des décisions économiques assez intéressantes. Comment ça se présente?
Les choses semblent bien aller. C’est probablement la première fois depuis longtemps que les astres s’alignent, qu’on regarde la politique relative à la COVID, la politique gouvernementale ou la politique réglementaire. Elles soutiennent donc très bien l’économie dans son ensemble et les entreprises.
Que se passe-t-il dans l’économie chinoise, et les dirigeants chinois ont-ils changé de cap? Et j’avais l’impression... je ne sais pas, corrigez-moi si je me trompe, mais à mon avis, les politiques ont changé abruptement. Ou est-ce que c’était attendu depuis longtemps?
Oui, c’est exact. Mais les coûts économiques se sont avérés trop élevés, la politique zéro COVID ayant duré trop longtemps. Je pense donc que le moment est bien choisi. Et l’économie a vraiment besoin d’un gros coup de pouce. En fait, le gouvernement vise probablement une croissance supérieure à 5 % pour 2023.
Parlons-en, alors. Si c’est l’objectif, peut-il l’atteindre avec tout ce qu’il fait? La COVID n’a pas disparu du pays. C’est plutôt son approche à l’égard de la COVID qui a changé. Peut-il réaliser ce type de croissance cette année?
Absolument. Le potentiel est énorme, surtout du côté de la consommation. Donc, si on regarde les ventes au détail à l’heure actuelle, la croissance sur 12 mois en décembre est toujours négative.
Toutefois, la croissance tendancielle est d’environ 6 %, 7 %. La consommation a donc beaucoup de potentiel pour se redresser. Et ailleurs dans le secteur des placements, de la formation de capital, je pense que la croissance serait à peu près stable.
Les investissements en infrastructures continueraient d’être un autre moteur de croissance. Du côté de l’immobilier, ça sera un peu plus faible. Mais du côté manufacturier, en raison de la baisse de la demande extérieure, il y aura un peu de pression. Il en va de même pour les exportations nettes. Un léger frein est à prévoir, en raison de la détérioration de l’économie américaine et mondiale.
On a été tellement consumés en Amérique du Nord, au Canada, aux États-Unis et en Europe aussi, par l’inflation, l’inflation qui monte en flèche, en essayant de la contrôler par le resserrement du coût du capital. La situation est-elle différente en Chine? Est-ce qu’elle fait face aux mêmes problèmes inflationnistes, ou ce n’est pas vraiment un problème pour elle?
Ce n’est pas vraiment un problème pour elle. L’inflation mesurée par l’IPC est toujours inférieure à 2 %. Et même après la réouverture, même si les gens s’attendent à une certaine pression inflationniste, elle va probablement se concentrer principalement dans l’énergie, mais pas dans le secteur des produits de base en général. La raison derrière ça, comme je l’ai mentionné, dans le secteur immobilier, les investissements immobiliers vont probablement demeurer stables en 2023.
Donc ça serait l’inflation intérieure en Chine. On craint qu’à mesure que la Chine va rouvrir son économie et que son appétit va augmenter pour ce qui, comme vous le savez, nous avons au Canada et dans d’autres pays à vendre, par exemple le pétrole et d’autres produits de base, ça fera grimper l’inflation mondiale. Est-ce un risque pour l’économie mondiale que l’appétit de la Chine nous garde dans un contexte inflationniste?
Parce que c’est concentré dans les produits énergétiques, comme le pétrole brut et le gaz naturel, ce n’est pas tant pour les produits de base dans leur ensemble, comme on le voit dans d’autres segments de l’économie mondiale.
Quels sont les risques potentiels pour la Chine? Vous avez présenté un scénario. En ouvrant l’économie, elle a assoupli les restrictions liées à la COVID. Ça pourrait avoir de bons effets sur son économie intérieure. Qu’est-ce qui pourrait la faire trébucher en 2023?
En fait, le principal frein, comme je l’ai mentionné, c’est la demande extérieure. Comme on le sait, l’activité manufacturière et la consommation de biens ralentissent aux États-Unis et dans les autres pays développés. Et comme on le sait, la Chine est une économie très axée sur les exportations. Si c’est le cas, il y aura des pressions sur ses activités d’exportation.
À long terme, si on regarde la force de l’économie chinoise, eh bien c’est la deuxième en importance au monde. Elle a souvent des divergences de position avec la plus grande économie du monde, les États-Unis. Quelles sont les perspectives à long terme pour la Chine? Quelles sont ses perspectives de croissance?
Oui, donc si on décompose la croissance du PIB, il y a plusieurs composantes. L’une d’elles, c’est la croissance de la population. Et, en fait, on voit qu’en 2022, pour la première fois, la Chine a enregistré une croissance démographique globale négative, bien que ce nombre soit très faible.
La deuxième composante, c’est la croissance de la productivité. Je crois que la croissance de la productivité serait la clé en Chine, car un pourcentage élevé de la population est jeune et a reçu une meilleure éducation, et affiche une meilleure productivité. C’est là que réside l’espoir.
Et en ce qui concerne la formation de capital, au cours des 10 dernières années, il y a eu beaucoup d’investissements. Néanmoins, il y a de nouveaux secteurs, comme le centre de données 5G. Il s’agit d’un nouveau type d’infrastructure dans lequel la Chine pourrait investir davantage pour stimuler la productivité globale de l’économie.
La productivité est toujours très importante. On s’en préoccupe aussi au Canada et dans d’autres pays. Vous avez parlé des tendances démographiques en Chine. J’ai vu beaucoup de manchettes à ce sujet récemment; certaines personnes sont préoccupées par le ralentissement de la croissance démographique en Chine. Doit-on être attentifs à ça en tant qu’investisseurs, ou la Chine va-t-elle s’en sortir?
Oui, on doit assurément y être attentifs, mais je pense que l’ampleur globale n’est pas trop importante, du moins pour l’instant. Je crois que dans la deuxième moitié de la décennie, le rythme pourrait s’accélérer graduellement, mais ce sera à très long terme. Mais l’élément clé, c’est le capital, du côté des investissements en capitaux et du côté de la stimulation de la productivité. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]