La Réserve fédérale américaine a relevé son taux de référence d’un demi-point. Celui-ci atteint son plus haut niveau depuis 2008, ce qui indique que les taux ne vont pas baisser de sitôt. Anthony Okolie discute avec James Marple, économiste principal, Groupe Banque TD, des perspectives pour l’économie américaine.
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Comme prévu, la Fed a relevé les taux d’intérêt de 50 points de base de plus, au niveau le plus élevé depuis 15 ans. Mais elle a également laissé entrevoir d’autres hausses de taux. James, est-ce que quelque chose vous a surpris aujourd’hui?
Eh bien, oui, le peu de changements apportés au message. C’est le même qu’avant, elle a juste changé deux mots et ils n’étaient pas très importants. EIle a augmenté de 50 points de base, une diminution par rapport aux 75 points de base des trois réunions précédentes. C’était largement prévu et déjà annoncé par la Fed. Mais je pense qu’il y a eu plus de surprises ou un peu plus d’information dans son enquête sur les projections économiques, qui sort une fois par trimestre.
Voyons ça, parce qu’il y a certainement eu des changements au niveau des projections économiques, comme vous l’avez indiqué. Commençons par la croissance économique. Que voyez-vous de ce côté?
Alors. Elle a abaissé ses attentes de croissance du PIB de 1,2 % au cours de l’an prochain à 0,5 %. C’est presque le point mort. Et comme la croissance au cours de l’année est de 0,5 %, il est relativement probable que l’on connaisse un ou deux trimestres négatifs. On est donc très près de la ligne de démarcation entre la récession et l’expansion et on voit très peu de croissance économique suite à ses actions.
Et on voit la même chose dans d’autres données économiques. Elle a légèrement accru ses attentes à l’égard du taux de chômage, pas autant qu’elle a réduit la croissance du PIB. Mais le taux de chômage a augmenté de près d’un point de pourcentage, il est passé de 3,7 % à 4,6 %. Et, bien sûr, on l’a dit plusieurs fois, chaque fois qu’on a connu une telle hausse du chômage, c’était en récession. Il a tendance à augmenter. Une fois qu’il commence à augmenter, il ne s’arrête pas. Il continue.
Voilà. En ce qui concerne l’inflation, elle a aussi relevé ses attentes, et encore une fois, certaines révisions à la baisse du chômage viennent du fait qu’elle constate que l’inflation est un peu plus persistante. Par conséquent, elle pense qu’elle devra relever les taux. Le taux directeur attendu a donc dépassé 5 %, il se trouve dans une fourchette entre 5 % et 5,25 %.
Ce qui est important, c’est qu’il s’agit d’une cible de fin d’année pour 2023. Elle estime donc qu’à la fin de l’année prochaine, le taux sera de 5,25 %. On a vu de nombreux analystes et même des marchés futurs qui prévoient des hausses de taux… pardon des réductions de taux d’ici la fin de l’année prochaine. Et je pense qu’elle essaie de dire avec ces projections qu’elle a l’intention de garder le cap en ce qui concerne le maintien des taux au moins jusqu’à la fin de l’année prochaine, à un niveau élevé.
Et c’est intéressant, car il y a une divergence entre ce que dit la Fed et ce que les marchés… comment les marchés prévoient cela. J’aimerais aller plus loin à ce propos… Parlons de la réaction du marché obligataire à l’actualité et ce que révèle actuellement les courbes de taux aux investisseurs sur l’économie et, comme vous l’avez mentionné, la possibilité d’une récession l’an prochain.
Alors. Eh bien, le taux sur deux ans a vraiment augmenté aux nouvelles, ce qui n’est pas surprenant. Des taux plus élevés sont attendus pendant une période prolongée, jusqu’à l’an prochain. Le segment à long terme de la courbe n’a pas beaucoup bougé. Et on voit cette inversion accrue de la courbe des taux avec les taux à court terme plus élevés que les taux à long terme.
D’une certaine façon, elle a validé cela avec ses propres projections, qui voient le taux des fonds fédéraux diminuer, pas avant 2024, de 100 points de base en 2024, puis de 100 points de base de plus en 2025. Et si vous pensez que le long terme du marché obligataire reflète ces attentes à l’égard de réductions éventuelles, certains de ces facteurs sont logiques.
Mais l’ampleur de l’inversion en ce moment entre les positions à court et long terme, on l’observe depuis l’approche de la récession. Et le fait que la Fed a réduit son taux directeur de plus de 400 points de base, encore une fois, ce n’est pas surprenant. Mais il est certain qu’on a des signaux d’avertissement avec la courbe des taux que la croissance économique ralentira au cours de l’année prochaine.
Il est possible qu’un atterrissage en douceur ne soit pas le scénario de l’an prochain.
Tout à fait.
Selon vous, quels sont les risques potentiels qui pèsent sur les perspectives de la Fed?
Eh bien, je pense que cela dépendra en grande partie de l’inflation. Et heureusement, on a de bonnes nouvelles au niveau de l’inflation, elle a diminué un peu plus que prévu. Et le taux de rendement mensuel, pas seulement le taux de l’année, mais mensuel, se trouvait autour de la cible. Bien sûr, cela reflétait une certaine baisse des prix de l’énergie, qui sont volatils.
Mais si on de la chance en matière d’inflation, si elle continue de ralentir, on l’a vu pendant de nombreux mois. C’est surprenant à la hausse. Si cela devait changer de direction, ça permettrait au scénario d’atterrissage en douceur de se concrétiser et ça lui permettrait peut-être de ne pas augmenter autant qu’elle le prévoie. En revanche, si l’inflation continue, je pense que ça va dans le sens inverse.
Déjà, des secteurs très sensibles aux taux d’intérêt ont commencé à ralentir, mais cela ne s’est pas vraiment matérialisé sur le marché du travail. Encore une fois, je pense que c’est l’autre aspect qu’elle surveillera de très près et où se situent certains des risques, comme on l’a mentionné, à l’égard du taux de chômage. Une fois qu’il commence à augmenter, il ne s’arrête généralement pas à 1 %. Si le taux commence à être un peu plus élevé que ça, et qu’il y a un atterrissage brutal, encore une fois, cela pourrait modifier l’orientation de la politique.
OK. Passons maintenant au dollar américain, car, compte tenu du ton plus ferme de la Fed, est-ce que le dollar américain, qui a été très solide cette année, continuera d’augmenter? Quelles sont vos perspectives à l’égard du dollar américain?
Alors. Je pense qu’au cours des prochains mois, il va se renforcer un peu par rapport à l’euro et par rapport au dollar canadien. Cela reflète simplement cette divergence de taux d’intérêt, et une Fed ferme confirme en partie cette attente.
Je ne sais pas, sur une période plus longue, 18 mois… certaines de ces monnaies connaîtront probablement une reprise. Mais il est certain qu’au cours des prochains mois, comme la Fed est en mode resserrement et que l’on voit quelques déclarations favorables à une pause ou un ralentissement du rythme des hausses de taux ailleurs, ça sera bon pour le dollar. [MUSIQUE DE GÉNÉRIQUE]
Comme prévu, la Fed a relevé les taux d’intérêt de 50 points de base de plus, au niveau le plus élevé depuis 15 ans. Mais elle a également laissé entrevoir d’autres hausses de taux. James, est-ce que quelque chose vous a surpris aujourd’hui?
Eh bien, oui, le peu de changements apportés au message. C’est le même qu’avant, elle a juste changé deux mots et ils n’étaient pas très importants. EIle a augmenté de 50 points de base, une diminution par rapport aux 75 points de base des trois réunions précédentes. C’était largement prévu et déjà annoncé par la Fed. Mais je pense qu’il y a eu plus de surprises ou un peu plus d’information dans son enquête sur les projections économiques, qui sort une fois par trimestre.
Voyons ça, parce qu’il y a certainement eu des changements au niveau des projections économiques, comme vous l’avez indiqué. Commençons par la croissance économique. Que voyez-vous de ce côté?
Alors. Elle a abaissé ses attentes de croissance du PIB de 1,2 % au cours de l’an prochain à 0,5 %. C’est presque le point mort. Et comme la croissance au cours de l’année est de 0,5 %, il est relativement probable que l’on connaisse un ou deux trimestres négatifs. On est donc très près de la ligne de démarcation entre la récession et l’expansion et on voit très peu de croissance économique suite à ses actions.
Et on voit la même chose dans d’autres données économiques. Elle a légèrement accru ses attentes à l’égard du taux de chômage, pas autant qu’elle a réduit la croissance du PIB. Mais le taux de chômage a augmenté de près d’un point de pourcentage, il est passé de 3,7 % à 4,6 %. Et, bien sûr, on l’a dit plusieurs fois, chaque fois qu’on a connu une telle hausse du chômage, c’était en récession. Il a tendance à augmenter. Une fois qu’il commence à augmenter, il ne s’arrête pas. Il continue.
Voilà. En ce qui concerne l’inflation, elle a aussi relevé ses attentes, et encore une fois, certaines révisions à la baisse du chômage viennent du fait qu’elle constate que l’inflation est un peu plus persistante. Par conséquent, elle pense qu’elle devra relever les taux. Le taux directeur attendu a donc dépassé 5 %, il se trouve dans une fourchette entre 5 % et 5,25 %.
Ce qui est important, c’est qu’il s’agit d’une cible de fin d’année pour 2023. Elle estime donc qu’à la fin de l’année prochaine, le taux sera de 5,25 %. On a vu de nombreux analystes et même des marchés futurs qui prévoient des hausses de taux… pardon des réductions de taux d’ici la fin de l’année prochaine. Et je pense qu’elle essaie de dire avec ces projections qu’elle a l’intention de garder le cap en ce qui concerne le maintien des taux au moins jusqu’à la fin de l’année prochaine, à un niveau élevé.
Et c’est intéressant, car il y a une divergence entre ce que dit la Fed et ce que les marchés… comment les marchés prévoient cela. J’aimerais aller plus loin à ce propos… Parlons de la réaction du marché obligataire à l’actualité et ce que révèle actuellement les courbes de taux aux investisseurs sur l’économie et, comme vous l’avez mentionné, la possibilité d’une récession l’an prochain.
Alors. Eh bien, le taux sur deux ans a vraiment augmenté aux nouvelles, ce qui n’est pas surprenant. Des taux plus élevés sont attendus pendant une période prolongée, jusqu’à l’an prochain. Le segment à long terme de la courbe n’a pas beaucoup bougé. Et on voit cette inversion accrue de la courbe des taux avec les taux à court terme plus élevés que les taux à long terme.
D’une certaine façon, elle a validé cela avec ses propres projections, qui voient le taux des fonds fédéraux diminuer, pas avant 2024, de 100 points de base en 2024, puis de 100 points de base de plus en 2025. Et si vous pensez que le long terme du marché obligataire reflète ces attentes à l’égard de réductions éventuelles, certains de ces facteurs sont logiques.
Mais l’ampleur de l’inversion en ce moment entre les positions à court et long terme, on l’observe depuis l’approche de la récession. Et le fait que la Fed a réduit son taux directeur de plus de 400 points de base, encore une fois, ce n’est pas surprenant. Mais il est certain qu’on a des signaux d’avertissement avec la courbe des taux que la croissance économique ralentira au cours de l’année prochaine.
Il est possible qu’un atterrissage en douceur ne soit pas le scénario de l’an prochain.
Tout à fait.
Selon vous, quels sont les risques potentiels qui pèsent sur les perspectives de la Fed?
Eh bien, je pense que cela dépendra en grande partie de l’inflation. Et heureusement, on a de bonnes nouvelles au niveau de l’inflation, elle a diminué un peu plus que prévu. Et le taux de rendement mensuel, pas seulement le taux de l’année, mais mensuel, se trouvait autour de la cible. Bien sûr, cela reflétait une certaine baisse des prix de l’énergie, qui sont volatils.
Mais si on de la chance en matière d’inflation, si elle continue de ralentir, on l’a vu pendant de nombreux mois. C’est surprenant à la hausse. Si cela devait changer de direction, ça permettrait au scénario d’atterrissage en douceur de se concrétiser et ça lui permettrait peut-être de ne pas augmenter autant qu’elle le prévoie. En revanche, si l’inflation continue, je pense que ça va dans le sens inverse.
Déjà, des secteurs très sensibles aux taux d’intérêt ont commencé à ralentir, mais cela ne s’est pas vraiment matérialisé sur le marché du travail. Encore une fois, je pense que c’est l’autre aspect qu’elle surveillera de très près et où se situent certains des risques, comme on l’a mentionné, à l’égard du taux de chômage. Une fois qu’il commence à augmenter, il ne s’arrête généralement pas à 1 %. Si le taux commence à être un peu plus élevé que ça, et qu’il y a un atterrissage brutal, encore une fois, cela pourrait modifier l’orientation de la politique.
OK. Passons maintenant au dollar américain, car, compte tenu du ton plus ferme de la Fed, est-ce que le dollar américain, qui a été très solide cette année, continuera d’augmenter? Quelles sont vos perspectives à l’égard du dollar américain?
Alors. Je pense qu’au cours des prochains mois, il va se renforcer un peu par rapport à l’euro et par rapport au dollar canadien. Cela reflète simplement cette divergence de taux d’intérêt, et une Fed ferme confirme en partie cette attente.
Je ne sais pas, sur une période plus longue, 18 mois… certaines de ces monnaies connaîtront probablement une reprise. Mais il est certain qu’au cours des prochains mois, comme la Fed est en mode resserrement et que l’on voit quelques déclarations favorables à une pause ou un ralentissement du rythme des hausses de taux ailleurs, ça sera bon pour le dollar. [MUSIQUE DE GÉNÉRIQUE]