
La Réserve fédérale américaine a procédé à une hausse des taux d’un quart de point dans le but de réduire l’inflation, et a annoncé d’autres hausses importantes lors de réunions à venir. Anthony Okolie discute avec James Marple, économiste principal, Groupe Banque TD, des perspectives pour les taux et l’économie américaine.
Print Transcript
[LOGO SONORE]
Comme prévu, la Fed a à nouveau relevé les taux de 25 points de base. Je pense que c’est le plus haut niveau depuis 16 ans. Mais elle a également laissé entrevoir d’autres hausses de taux. James, est-ce que ça vous surprend ou c’est du déjà vu?
Oui, rien de vraiment surprenant dans cette déclaration. Elle continue de dire qu’elle va augmenter les taux d’intérêt. C’était le seul point sur lequel on avait un doute, elle aurait pu dire... comme la Banque du Canada, qu’elle a fait plus de 400, et que peut-être elle va arrêter. Elle n’a pas changé cette déclaration. Donc, elle reste sur sa position et indique qu’elle va continuer à augmenter les taux d’intérêt. C’était le seul élément d’incertitude dans la déclaration elle-même.
OK, donc vous avez mentionné qu’elle pourrait relever les taux d’intérêt, qu’il pourrait y avoir d’autres hausses de taux d’intérêt à venir. Jusqu’où pensez-vous que la Fed ira avant de faire une pause dans ses hausses de taux? On a entendu certains responsables de la Fed dans le passé, qui étaient très bellicistes, ils disaient que la Fed devrait augmenter les taux jusqu’à 5 % afin de juguler l’inflation. Jusqu’à quel point pensez-vous que la Fed devra augmenter ses taux?
Oui, elle a atteint la fourchette haute de 4,75 %. 25 points supplémentaires sont à venir, probablement lors de la prochaine réunion en mars. Cela l’amènera à la marque des 5 %. À ce stade, je pense qu’elle fera une pause et réévaluera l’état de l’économie. En fait, on voit des signes de ralentissement de l’inflation. On a les gros titres sur la baisse des prix de l’énergie, mais même les mesures de base commencent à baisser, et c’est un signal positif.
On a évidemment aussi vu l’impact dans les secteurs sensibles aux taux d’intérêt de l’économie comme le logement. Et l’activité économique globale ne progresse pas rapidement. Donc je pense qu’avec beaucoup de ces indicateurs, on n’a pas de signes d’une récession immédiate, mais assez pour indiquer que la Fed puisse faire une pause et faire le point sur l’impact jusqu’à présent.
OK. Maintenant, j’aimerais qu’on parle un peu du marché obligataire parce qu’on a vu une certaine divergence dans le passé entre le marché obligataire et ce que dit la Fed. Comment les marchés obligataires ont-ils réagi? Et que disent les courbes de rendement aux investisseurs sur l’économie et le potentiel de récession cette année?
Alors. Il était intéressant d’observer la réaction des marchés à la publication du communiqué. On a vu du mouvement sur le segment à court terme de la courbe. Le taux à deux ans a légèrement augmenté et le taux à long terme a baissé. Mais une fois que le président de la Fed a commencé à parler, on a vu tous les segments de la courbe se rallier, même les taux à deux ans ont commencé à baisser. Donc, évidemment, son message a été vu comme un peu plus conciliant que la déclaration elle-même.
Mais on n’a pas vu beaucoup de changements. Tout ceci était très attendu, il n’est donc pas surprenant que le marché obligataire en ait déjà tenu compte. Mais ce qu’on voit, c’est que le segment à long terme de la courbe, sur 10 ans en particulier, est bien en dessous du court terme. On a donc un taux d’environ 3,5 % à 10 ans, plus proche de 4 % à 2 ans, ce qui est juste en dessous du taux des fonds fédéraux en ce moment. C’est une courbe des taux profondément inversée. Et cela indique que les investisseurs obligataires s’attendent à ce que les taux d’intérêt commencent à baisser. Ce n’est pas très surprenant. La Fed est allée bien au-delà de ce qu’elle considère comme neutre. Mais généralement, quand le long terme de la courbe est inférieur au court terme, cela indique une certaine inquiétude sur la croissance économique future et un risque potentiel de ralentissement.
Quels sont les risques potentiels qui pèsent sur les perspectives de la Fed?
Alors. Je pense qu’on examine le marché du travail de très près. Donc même si on a vu des signes de ralentissement dans le logement, et même les indicateurs avancés comme la fabrication, l’indice des directeurs d’achats qui est sorti cette semaine était en contraction, on a encore vu cette résilience sur le marché du travail. Les offres d’emploi ont atteint un niveau record et le rythme de croissance de l’emploi est toujours bien au-dessus de ce à quoi on pourrait s’attendre, juste pour maintenir le taux de chômage constant.
Une grande partie de l’attention et des risques va se porter sur le marché du travail. Si on commence à voir des signes de ralentissement à un bon rythme, ce serait formidable. C’est le signe qu’on pourrait assister à un atterrissage en douceur. Mais si on voit une force continue, cela signifie probablement plus de hausses de taux. Et si on voit que ça commence à ralentir de façon spectaculaire, c’est un indicateur avancé que l’économie va se replier.
Vous avez donc parlé du marché du travail. Surveillerez-vous d’autres indicateurs lors de la prochaine mesure de la Fed?
Oui. Eh bien, certainement, le marché du travail. Je veux dire, l’inflation... dans les données d’inflation, comme on l’a mentionné, on a vu de bonnes preuves que les prix des biens baissent, certains des problèmes de la chaîne d’approvisionnement ont été résolus. La demande de biens a baissé, certains de ces éléments sont sensibles aux taux d’intérêt, mais c’est aussi parce que l’activité se normalise après la pandémie.
Les données sur l’inflation du logement sont également importantes à surveiller. Les nouveaux baux commencent à diminuer, ça devrait se refléter dans l’inflation future. Mais je pense que ça concernera les salaires et le reste de l’économie. Et si on voit que cela commence à ralentir, ça donnera à la Fed la confiance de vraiment voir l’inflation se rapprocher de son objectif de 2 %.
OK, je veux terminer en parlant du dollar américain qui s’est un peu affaibli par rapport à un panier de devises importantes. Comment voyez-vous l’évolution du dollar américain après cette dernière reconnaissance qu’il y aura d’autres hausses de taux?
Eh bien, si vous m’aviez demandé en décembre quand le dollar était à son apogée, j’aurais dit qu’il allait s’affaiblir. Mais maintenant, on a vu une partie de ces prévisions se concrétiser. Et je pense que le niveau du dollar par rapport, par exemple, au dollar canadien ou même à l’euro est... il s’est un peu affaibli. Donc je ne pense pas qu’on va voir beaucoup plus d’affaiblissement maintenant.
Au contraire, cela pourrait s’inverser si la Fed continue à rester sur ses positions et qu’on voit des signes de faiblesse économique, notamment en Europe, où il y a eu quelques attitudes positives simplement parce qu’on n’a pas vu une véritable récession comme prévu. Et le temps a été clément. Mais il y a beaucoup de risques. Je dirais qu’on ne va pas voir beaucoup de mouvement par rapport à la situation actuelle. Mais peut-être qu’on aura un renforcement à très court terme. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
Comme prévu, la Fed a à nouveau relevé les taux de 25 points de base. Je pense que c’est le plus haut niveau depuis 16 ans. Mais elle a également laissé entrevoir d’autres hausses de taux. James, est-ce que ça vous surprend ou c’est du déjà vu?
Oui, rien de vraiment surprenant dans cette déclaration. Elle continue de dire qu’elle va augmenter les taux d’intérêt. C’était le seul point sur lequel on avait un doute, elle aurait pu dire... comme la Banque du Canada, qu’elle a fait plus de 400, et que peut-être elle va arrêter. Elle n’a pas changé cette déclaration. Donc, elle reste sur sa position et indique qu’elle va continuer à augmenter les taux d’intérêt. C’était le seul élément d’incertitude dans la déclaration elle-même.
OK, donc vous avez mentionné qu’elle pourrait relever les taux d’intérêt, qu’il pourrait y avoir d’autres hausses de taux d’intérêt à venir. Jusqu’où pensez-vous que la Fed ira avant de faire une pause dans ses hausses de taux? On a entendu certains responsables de la Fed dans le passé, qui étaient très bellicistes, ils disaient que la Fed devrait augmenter les taux jusqu’à 5 % afin de juguler l’inflation. Jusqu’à quel point pensez-vous que la Fed devra augmenter ses taux?
Oui, elle a atteint la fourchette haute de 4,75 %. 25 points supplémentaires sont à venir, probablement lors de la prochaine réunion en mars. Cela l’amènera à la marque des 5 %. À ce stade, je pense qu’elle fera une pause et réévaluera l’état de l’économie. En fait, on voit des signes de ralentissement de l’inflation. On a les gros titres sur la baisse des prix de l’énergie, mais même les mesures de base commencent à baisser, et c’est un signal positif.
On a évidemment aussi vu l’impact dans les secteurs sensibles aux taux d’intérêt de l’économie comme le logement. Et l’activité économique globale ne progresse pas rapidement. Donc je pense qu’avec beaucoup de ces indicateurs, on n’a pas de signes d’une récession immédiate, mais assez pour indiquer que la Fed puisse faire une pause et faire le point sur l’impact jusqu’à présent.
OK. Maintenant, j’aimerais qu’on parle un peu du marché obligataire parce qu’on a vu une certaine divergence dans le passé entre le marché obligataire et ce que dit la Fed. Comment les marchés obligataires ont-ils réagi? Et que disent les courbes de rendement aux investisseurs sur l’économie et le potentiel de récession cette année?
Alors. Il était intéressant d’observer la réaction des marchés à la publication du communiqué. On a vu du mouvement sur le segment à court terme de la courbe. Le taux à deux ans a légèrement augmenté et le taux à long terme a baissé. Mais une fois que le président de la Fed a commencé à parler, on a vu tous les segments de la courbe se rallier, même les taux à deux ans ont commencé à baisser. Donc, évidemment, son message a été vu comme un peu plus conciliant que la déclaration elle-même.
Mais on n’a pas vu beaucoup de changements. Tout ceci était très attendu, il n’est donc pas surprenant que le marché obligataire en ait déjà tenu compte. Mais ce qu’on voit, c’est que le segment à long terme de la courbe, sur 10 ans en particulier, est bien en dessous du court terme. On a donc un taux d’environ 3,5 % à 10 ans, plus proche de 4 % à 2 ans, ce qui est juste en dessous du taux des fonds fédéraux en ce moment. C’est une courbe des taux profondément inversée. Et cela indique que les investisseurs obligataires s’attendent à ce que les taux d’intérêt commencent à baisser. Ce n’est pas très surprenant. La Fed est allée bien au-delà de ce qu’elle considère comme neutre. Mais généralement, quand le long terme de la courbe est inférieur au court terme, cela indique une certaine inquiétude sur la croissance économique future et un risque potentiel de ralentissement.
Quels sont les risques potentiels qui pèsent sur les perspectives de la Fed?
Alors. Je pense qu’on examine le marché du travail de très près. Donc même si on a vu des signes de ralentissement dans le logement, et même les indicateurs avancés comme la fabrication, l’indice des directeurs d’achats qui est sorti cette semaine était en contraction, on a encore vu cette résilience sur le marché du travail. Les offres d’emploi ont atteint un niveau record et le rythme de croissance de l’emploi est toujours bien au-dessus de ce à quoi on pourrait s’attendre, juste pour maintenir le taux de chômage constant.
Une grande partie de l’attention et des risques va se porter sur le marché du travail. Si on commence à voir des signes de ralentissement à un bon rythme, ce serait formidable. C’est le signe qu’on pourrait assister à un atterrissage en douceur. Mais si on voit une force continue, cela signifie probablement plus de hausses de taux. Et si on voit que ça commence à ralentir de façon spectaculaire, c’est un indicateur avancé que l’économie va se replier.
Vous avez donc parlé du marché du travail. Surveillerez-vous d’autres indicateurs lors de la prochaine mesure de la Fed?
Oui. Eh bien, certainement, le marché du travail. Je veux dire, l’inflation... dans les données d’inflation, comme on l’a mentionné, on a vu de bonnes preuves que les prix des biens baissent, certains des problèmes de la chaîne d’approvisionnement ont été résolus. La demande de biens a baissé, certains de ces éléments sont sensibles aux taux d’intérêt, mais c’est aussi parce que l’activité se normalise après la pandémie.
Les données sur l’inflation du logement sont également importantes à surveiller. Les nouveaux baux commencent à diminuer, ça devrait se refléter dans l’inflation future. Mais je pense que ça concernera les salaires et le reste de l’économie. Et si on voit que cela commence à ralentir, ça donnera à la Fed la confiance de vraiment voir l’inflation se rapprocher de son objectif de 2 %.
OK, je veux terminer en parlant du dollar américain qui s’est un peu affaibli par rapport à un panier de devises importantes. Comment voyez-vous l’évolution du dollar américain après cette dernière reconnaissance qu’il y aura d’autres hausses de taux?
Eh bien, si vous m’aviez demandé en décembre quand le dollar était à son apogée, j’aurais dit qu’il allait s’affaiblir. Mais maintenant, on a vu une partie de ces prévisions se concrétiser. Et je pense que le niveau du dollar par rapport, par exemple, au dollar canadien ou même à l’euro est... il s’est un peu affaibli. Donc je ne pense pas qu’on va voir beaucoup plus d’affaiblissement maintenant.
Au contraire, cela pourrait s’inverser si la Fed continue à rester sur ses positions et qu’on voit des signes de faiblesse économique, notamment en Europe, où il y a eu quelques attitudes positives simplement parce qu’on n’a pas vu une véritable récession comme prévu. Et le temps a été clément. Mais il y a beaucoup de risques. Je dirais qu’on ne va pas voir beaucoup de mouvement par rapport à la situation actuelle. Mais peut-être qu’on aura un renforcement à très court terme. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]