Comme prévu, la Réserve fédérale américaine a maintenu ses taux d’intérêt à 5,25 % et 5,5 %. Andrew Hencic, économiste principal à la TD, discute avec Greg Bonnell de la politique monétaire de la Fed et des perspectives économiques.
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La Réserve fédérale américaine maintient son taux d’intérêt directeur devant la résilience de l’économie américaine. Pour discuter du dernier communiqué sur les taux, j’accueille Andrew Hencic, économiste principal à la TD. Andrew, merci d’être des nôtres.
Merci beaucoup de l’invitation.
Encore une décision sur les taux d’intérêt. Elles sont toujours très attendues par le marché. Qu’est-ce que vous en retenez?
Le résumé des projections économiques est particulièrement intéressant. La croissance devrait rester supérieure à la tendance dans les années à venir. Par conséquent, les prévisions de taux ont été revues à la hausse pour 2025 et 2026. On table encore sur trois baisses en 2024, mais la suite promet d’être intéressante.
C’est vraiment fascinant. La Fed prend tout simplement acte de ce que montrent les données économiques. Un marché du travail résilient, une économie résiliente. La Fed estime qu’elle pourra tout de même baisser les taux trois fois cette année. N’y a-t-il pas une contradiction? Ou est-ce qu’elle se couvre en repoussant la baisse?
Je ne crois pas, non. La croissance a été revue à la hausse cette année simplement parce que fin 2023, la croissance affichait un rythme très soutenu. Mathématiquement, les perspectives sont meilleures pour cette année. Selon nous, l’économie américaine commencera à ralentir au second semestre 2024, ce qui créera des conditions propices à une baisse de taux du point de vue de la Fed.
Si on commence à réfléchir à un calendrier, Jerome Powell - Aujourd’hui encore, il semble que la patience soit le mot d’ordre des banques centrales. Il a reconnu qu’il y a eu beaucoup de progrès dans la lutte contre l’inflation, mais l’objectif de 2 % n’est pas gagné. Il faut maintenir le cap. Somme toute, si on tient compte des projections économiques à la hausse, quand la Fed commencera-t-elle vraiment à baisser les taux? Quand sera-t-elle en mesure de le faire?
D’après nos prévisions, les réductions devraient commencer au troisième trimestre de cette année. Le premier trimestre a bien commencé, en particulier du côté de l’emploi. Cela dit, des fissures commencent à apparaître dans l’économie. Selon nous, les dépenses de consommation commenceront à ralentir en milieu d’année, et la deuxième moitié de 2024 sera, je n’irais pas jusqu’à dire faible, mais économiquement plus faible qu’actuellement. Dans ce contexte, les conditions seront réunies pour que la Fed se sente très à l’aise de réduire les taux d’intérêt.
En fin de compte, est-ce que les consommateurs détiennent les clés? Ce sont eux qui mènent la danse. On les voit enfin se dire qu’ils ne vont peut-être pas continuer à dépenser autant.
Oui, c’est l’idée générale. On observe des signes. Comme je l’ai dit, des fissures commencent à apparaître. Les taux de défaillance pour les produits de crédit à la consommation ont commencé à grimper. On estime que les consommateurs ont puisé dans leur épargne excédentaire dans presque toutes les tranches de revenus, mais cette épargne est épuisée, sauf dans la catégorie des très hauts revenus.
Tous ces facteurs conjugués à un ralentissement du marché de l’emploi suggèrent qu’on va assister à une baisse des dépenses de consommation, ce qui va relâcher un peu la pression sur l’économie et modérer les forces inflationnistes.
Cela dit, l’économie américaine se porte très bien malgré des coûts d’emprunt élevés. Les banques centrales ont dit, sans ambiguïté aucune, qu’elles imposaient des taux restrictifs pour tenter d’endiguer l’inflation. On entend une idée intéressante émerger depuis quelque temps. Et s’il n’y avait aucune baisse de taux cette année? Ce n’est pas le scénario le plus répandu. Quels événements pourraient faire qu’en fin d’année, la Fed n’ait pas réduit ses taux?
Comme on l’a vu dans le résumé des projections d’aujourd’hui, ce scénario est loin de faire l’unanimité. De notre point de vue, l’économie va ralentir dans la deuxième moitié de l’année. Mais comme toujours, il y a des risques tant à la hausse qu’à la baisse. Selon notre évaluation, il y a en effet des risques à la hausse si l’économie reste plus forte que prévu dans ce contexte de taux restrictifs.
Dans ce cas, les taux seraient élevés plus longtemps. Les baisses seraient retardées. Mais encore une fois, ce n’est pas vraiment le scénario qu’on anticipe. Ce n’est pas le scénario de base de la Fed. Il est plus probable que l’effet cumulatif de ces taux d’intérêt commence réellement à se faire sentir et que l’économie ralentisse, ce qui permettrait de baisser les taux.
Très bien. C’était très intéressant, comme toujours. Merci de nous avoir éclairés sur ces dernières évolutions.
Merci beaucoup de l’invitation. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
La Réserve fédérale américaine maintient son taux d’intérêt directeur devant la résilience de l’économie américaine. Pour discuter du dernier communiqué sur les taux, j’accueille Andrew Hencic, économiste principal à la TD. Andrew, merci d’être des nôtres.
Merci beaucoup de l’invitation.
Encore une décision sur les taux d’intérêt. Elles sont toujours très attendues par le marché. Qu’est-ce que vous en retenez?
Le résumé des projections économiques est particulièrement intéressant. La croissance devrait rester supérieure à la tendance dans les années à venir. Par conséquent, les prévisions de taux ont été revues à la hausse pour 2025 et 2026. On table encore sur trois baisses en 2024, mais la suite promet d’être intéressante.
C’est vraiment fascinant. La Fed prend tout simplement acte de ce que montrent les données économiques. Un marché du travail résilient, une économie résiliente. La Fed estime qu’elle pourra tout de même baisser les taux trois fois cette année. N’y a-t-il pas une contradiction? Ou est-ce qu’elle se couvre en repoussant la baisse?
Je ne crois pas, non. La croissance a été revue à la hausse cette année simplement parce que fin 2023, la croissance affichait un rythme très soutenu. Mathématiquement, les perspectives sont meilleures pour cette année. Selon nous, l’économie américaine commencera à ralentir au second semestre 2024, ce qui créera des conditions propices à une baisse de taux du point de vue de la Fed.
Si on commence à réfléchir à un calendrier, Jerome Powell - Aujourd’hui encore, il semble que la patience soit le mot d’ordre des banques centrales. Il a reconnu qu’il y a eu beaucoup de progrès dans la lutte contre l’inflation, mais l’objectif de 2 % n’est pas gagné. Il faut maintenir le cap. Somme toute, si on tient compte des projections économiques à la hausse, quand la Fed commencera-t-elle vraiment à baisser les taux? Quand sera-t-elle en mesure de le faire?
D’après nos prévisions, les réductions devraient commencer au troisième trimestre de cette année. Le premier trimestre a bien commencé, en particulier du côté de l’emploi. Cela dit, des fissures commencent à apparaître dans l’économie. Selon nous, les dépenses de consommation commenceront à ralentir en milieu d’année, et la deuxième moitié de 2024 sera, je n’irais pas jusqu’à dire faible, mais économiquement plus faible qu’actuellement. Dans ce contexte, les conditions seront réunies pour que la Fed se sente très à l’aise de réduire les taux d’intérêt.
En fin de compte, est-ce que les consommateurs détiennent les clés? Ce sont eux qui mènent la danse. On les voit enfin se dire qu’ils ne vont peut-être pas continuer à dépenser autant.
Oui, c’est l’idée générale. On observe des signes. Comme je l’ai dit, des fissures commencent à apparaître. Les taux de défaillance pour les produits de crédit à la consommation ont commencé à grimper. On estime que les consommateurs ont puisé dans leur épargne excédentaire dans presque toutes les tranches de revenus, mais cette épargne est épuisée, sauf dans la catégorie des très hauts revenus.
Tous ces facteurs conjugués à un ralentissement du marché de l’emploi suggèrent qu’on va assister à une baisse des dépenses de consommation, ce qui va relâcher un peu la pression sur l’économie et modérer les forces inflationnistes.
Cela dit, l’économie américaine se porte très bien malgré des coûts d’emprunt élevés. Les banques centrales ont dit, sans ambiguïté aucune, qu’elles imposaient des taux restrictifs pour tenter d’endiguer l’inflation. On entend une idée intéressante émerger depuis quelque temps. Et s’il n’y avait aucune baisse de taux cette année? Ce n’est pas le scénario le plus répandu. Quels événements pourraient faire qu’en fin d’année, la Fed n’ait pas réduit ses taux?
Comme on l’a vu dans le résumé des projections d’aujourd’hui, ce scénario est loin de faire l’unanimité. De notre point de vue, l’économie va ralentir dans la deuxième moitié de l’année. Mais comme toujours, il y a des risques tant à la hausse qu’à la baisse. Selon notre évaluation, il y a en effet des risques à la hausse si l’économie reste plus forte que prévu dans ce contexte de taux restrictifs.
Dans ce cas, les taux seraient élevés plus longtemps. Les baisses seraient retardées. Mais encore une fois, ce n’est pas vraiment le scénario qu’on anticipe. Ce n’est pas le scénario de base de la Fed. Il est plus probable que l’effet cumulatif de ces taux d’intérêt commence réellement à se faire sentir et que l’économie ralentisse, ce qui permettrait de baisser les taux.
Très bien. C’était très intéressant, comme toujours. Merci de nous avoir éclairés sur ces dernières évolutions.
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