
La menace d’une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis continue de planer sur les marchés. Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, discute avec Kim Parlee des conséquences pour les marchés et de ce à quoi il faut s’attendre en ce stade avancé de l’économie.
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La perspective d’une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis continue de menacer les marchés, et les récentes données sur l’inflation auront sans doute peu d’effet sur le pessimisme qui règne. Selon mon prochain invité, une chose est certaine : les États-Unis entrent dans les dernières phases du cycle économique, et il y a donc des risques de repli à l’horizon. Nous recevons Brad Simpson, stratège en chef à Gestion de patrimoine TD. C’est un plaisir de vous recevoir.
Merci de m’accueillir.
J’aimerais commencer en vous demandant ce qui, à l’approche de la fin de février, vous a surpris jusqu’à présent en 2023.
BRAD SIMPSON : Par où commencer? Beaucoup de choses.
[RIRES]
KIM PARLEE : À propos des marchés.
OK. Ah d’accord, seulement à propos des marchés. OK. Il est clair que la bonne performance des titres à revenu fixe et des marchés boursiers a été une petite surprise. Mais vraiment, je dois constater que les marchés boursiers ont commencé à se redresser en octobre 2022.
KIM PARLEE : Oui.
Je ne trouve pas ça si étonnant, vous savez? La baisse a été temporaire. Mais ce qui s’est passé en janvier, la remontée qu’on vit actuellement et ce qui a remonté, ça, ça me surprend beaucoup. Et je ne crois pas être seul à le penser.
Le contexte actuel est particulier. On a publié notre stratégie de portefeuille trimestrielle en janvier et elle s’intitulait « Ici, maintenant ». Ce qu’on y a expliqué, c’est que le marché et le monde dans lequel on est vont être marqués par des moments de négativité extrême –
KIM PARLEE : Oui.
– et des périodes d’optimisme extrême aussi. Les deux reposeront sur des bases plutôt imaginaires, n’est-ce pas? En janvier, les marchés des titres à revenu fixe fluctuaient en fonction de faits, donc en tenant compte de l’économie en fin de cycle, d’une légère baisse des taux d’intérêt, de toute évidence des préoccupations par rapport à l’inflation et à une récession à venir. Les marchés boursiers, eux, se sont basés sur ce qui relèverait de l’imagination. C’est ce qui m’a surpris. Je pense qu’on a un graphique ici qui l’illustre.
On a deux graphiques.
Oh, on en a deux. Très bien. Très bien.
Affichons-en un. Oui, donc je pense que vous avez ici un graphique sur les titres les moins performants pour 2022.
BRAD SIMPSON : Oui. Oui.
Ils ont remonté en 2023.
BRAD SIMPSON : Oui. Donc, ce qu’on a dit ici, c’est regardons le rendement pour cette année. On a constaté que ce qui avait connu le moins bon rendement était ce qui en avait connu un excellent en 2022.
Et qu’est-ce qui a connu un bon rendement en 2022? Les entreprises avec de bons bilans, de bons plans d’affaires, de bonnes perspectives de résultats par action et à un stade avancé, sur la défensive; c’est vraiment cela qui faisait progresser le marché. Ce qui se passait, de plusieurs façons, c’est qu’on était en situation de levier, donc vraiment sans bénéfices ou bénéfices imminents, et on payait pour. Ces noms-là ont reculé de 50 à 70 % en 2022.
Cette année, ils ont grimpé de 15,3 %. Ceux qui menaient le bal l’an dernier ont monté d’environ 1,3 %. Dans notre bulletin trimestriel, on a dit que ce qui nous inquiétait, ce qu’on croit qu’il faut surveiller, ce serait la croissance, l’inflation, une récession, l’avenir des taux d’intérêt et l’avenir géopolitique. On coche toutes ces cases. Toutes ces préoccupations sont identiques maintenant.
Oui.
N’est-ce pas? Mais le marché a connu une évolution; en octobre, il a commencé à se dire : et s’il n’y avait pas d’atterrissage brutal, mais plutôt un atterrissage en douceur? J’aime ça. J’aimerais qu’on puisse en parler.
KIM PARLEE : L’absence d’atterrissage.
Oui. Oui. Et c’est là qu’on est tombé dans un monde imaginaire. Oh, attendez, il peut y avoir une absence d’atterrissage.
KIM PARLEE : Oui.
À quel point serait-ce bien?
KIM PARLEE : Oui.
Et par rapport à ça, je sais qu’on en a déjà parlé et que j’ai beaucoup écrit sur le sujet. Je pense que la négociation quantitative fait son entrée et qu’on commence à parcourir ce dont on croit qu’un cycle économique pourrait avoir l’air, mais on pourrait le parcourir en une semaine. Je pense que la force de cette situation, de ce qu’on a vu et de la vitesse à laquelle c’est arrivé, c’est ce que je trouve surprenant. Et je pense que les investisseurs devraient prendre du recul et réfléchir.
Je veux afficher votre deuxième graphique parce qu’on peut voir ici, je crois, des facteurs de rendement global. Une chose qui me fascine est l’impatience du marché. Vous avez parlé de ces situations imaginaires.
BRAD SIMPSON : Oui.
KIM PARLEE : C’est parce que les cycles prennent du temps.
BRAD SIMPSON : Oui.
KIM PARLEE : Les médias sociaux n’ont pas de temps.
BRAD SIMPSON : Non.
KIM PARLEE : C’est là qu’il y a parfois une divergence.
BRAD SIMPSON : Oui. Je pense qu’il y avait un sondage à cet effet dans l’ascenseur là où je travaille...
KIM PARLEE : Très scientifique, oui.
BRAD SIMPSON : Oui, c’est là qu’on obtient nos nouvelles. TikTok, vous savez?
[RIRES]
N’est-ce pas? C’est très rapide, c’est tout ce que je dis.
KIM PARLEE : Oui.
BRAD SIMPSON : Et ce qu’on veut montrer ici, bien sûr, c’est qu’il faut se rappeler pourquoi on parle d’ici et maintenant : c’est en raison de ces extrêmes qu’on vit. Je veux que les gens gardent à l’esprit que, quand on répartit les actifs sur les marchés boursiers, on se concentre sur la croissance des résultats par action. C’est de là que vient le rendement global. Du côté du ratio cours-bénéfice, on peut se dire que les taux vont redescendre et qu’on va donc pouvoir rembourser des trucs. Mais ça ne génère pas de rendements à long terme.
KIM PARLEE : Oui. Les bénéfices baissent en ce moment.
Et c’est là l’ironie, n’est-ce pas? Le taux et les bénéfices diminuent. Et si vous vouliez parler en plus des évaluations, vous pourriez examiner une analyse de scénario pour les marchés boursiers, vous pourriez prendre le meilleur scénario pour le S&P, donc 4 200. C’est presque là qu’on est. Le scénario de base est probablement aux alentours de 3 600, et c’est avec la diminution des bénéfices et un ajustement en conséquence. Ce serait significatif. Le pire scénario serait aux alentours de 3 200. On ne peut pas concevoir de scénarios qui indiqueraient que 4 200 pour le S&P 500 a bien du sens.
Parlons un peu – et vous nous avez parlé de ce qui serait en faveur des obligations.
Oui. OK. D’abord, pour le marché boursier, on dit par exemple qu’on sous-pondère les actions.
KIM PARLEE : Oui.
Mais on pense qu’il y a beaucoup d’excellentes occasions de placement qui existent. Et au final, ce qu’on dit, c’est qu’il faut aller là où sont les entreprises et là où on va pouvoir faire de l’argent en fin de cycle.
KIM PARLEE : Oui.
Et donc il y a du bruit par rapport à ça, et c’est alors ce qui est sous-pondéré qui vous indique ce qui se passe si vous y portez attention. Et donc il y a diverses stratégies et stratégies de couverture à adopter en conséquence.
KIM PARLEE : Oui.
Et on pense que compter des titres sur ces marchés a bien du sens. Ce qui m’a surpris, par rapport aux titres à revenu fixe et au fait d’investir dans ces titres, honnêtement, c’est le mouvement de masse relatif aux dépôts à terme et aux CPG.
KIM PARLEE : Oui.
Je comprends leur attrait puisque leur rendement est élevé. Et on a atteint des rendements des dépôts à terme qu’on n’avait pas vus en dix ans. Ça a beaucoup de sens selon moi.
Mais le défi auquel les investisseurs font face est qu’ils ne comprennent pas le fonctionnement des marchés des titres à revenu fixe. Ils paraissent complexes, n’est-ce pas? Mais, au bout du compte, vous pouvez créer un portefeuille de placement à l’aide d’obligations qui ont le même rendement, mais beaucoup d’autres avantages attrayants qui offrent aux investisseurs de bien meilleures occasions.
Comme quoi?
Eh bien, mon point de départ serait l’achat d’un dépôt à terme. Je le fais parce que, dès l’achat, je sais le taux d’intérêt que j’aurai, je connais l’échéance. Je peux acheter des obligations négociées sur le marché et faire exactement la même chose. Mais quand les taux d’intérêt augmentent, la valeur des obligations baisse. C’est ce qu’on a vu l’an dernier.
Si je veux acheter des obligations qui se négocient sous leur valeur à l’émission, en deçà de leur valeur nominale, elles arrivent à échéance à 100 $, n’est-ce pas? Donc, vous savez que peu importe quand elles arriveront à échéance, elles seront à 100 $. Si vous allez sur les marchés aujourd’hui, de nombreuses obligations sont offertes en deçà de leur valeur nominale à 92, 93 ou 94 $, et elles arriveront à échéance à 100 $. L’arrivée à échéance représente un gain en capital.
KIM PARLEE : Oui.
N’est-ce pas?
KIM PARLEE : Ça ne peut pas se produire avec les CPG.
Ça ne peut pas se produire avec les CPG. Si les taux d’intérêt vont du mauvais côté, s’ils se mettent à monter, on peut se dire qu’on subira des pertes par rapport à ces obligations, mais non : en tant que détenteur direct, on récupère son argent quand elles arrivent à échéance à leur valeur nominale.
KIM PARLEE : Oui.
N’est-ce pas? C’est un avantage à part entière, le gain en capital et l’incidence fiscale. Le fait est que ce sont des liquidités. Si vous retirez votre argent d’un CPG, c’est possible si vous le voulez vraiment, mais ce n’est pas facile. Et la personne qui paiera pour, ce sera vous.
KIM PARLEE : Oui.
Ça ne vous avantagera pas. C’est ainsi que les marchés des titres à revenu fixe fonctionnent. Ils sont liquides. Il est possible d’y entrer et d’en sortir facilement.
C’est facile. C’est liquide. Je dirais que ce sont les plus gros marchés au monde.
BRAD SIMPSON : Oui.
Donc, c’est ça.
BRAD SIMPSON : Oui.
Je dirais qu’il n’est pas aussi facile pour l’investisseur particulier d’y négocier que sur les marchés boursiers.
Non.
C’est peut-être là une partie du problème. Donc comment les envisager? Il est possible de parler à un conseiller puisqu’il peut gérer le tout pour vous.
BRAD SIMPSON : Tout à fait.
Mais quelles sont d’autres façons? C’est difficile, tout simplement. C’est difficile.
KIM PARLEE : Oui.
C’est difficile d’y avoir accès. C’est possible, et il existe des voies directes. Mais ce n’est pas aussi simple que de passer un appel pour dire qu’on veut acheter une action.
KIM PARLEE : Oui.
Néanmoins, on met beaucoup de travail là-dessus. Quand j’ai commencé ma carrière, au début des années 1990, il s’agissait surtout des façons de bâtir des portefeuilles de titres à revenu fixe. Il s’agissait d’échelonner les obligations de sociétés sur cinq ou six ans, et elles se négociaient à des cours inférieurs. Vous saviez alors que si les taux d’intérêt baissaient, vous auriez un gain en capital. Vous saviez aussi que s’ils montaient, vous pourriez obtenir leur valeur nominale, les vendre, puis les récupérer. C’était possible de suivre ce cycle encore et encore.
Les mêmes mentalités se retrouvent encore aujourd’hui. Donc, on a une surpondération des titres à revenu fixe, et c’est pour une bonne raison. On pense qu’au final, les taux d’intérêt vont peu bouger et les opérations se feront dans une fourchette étroite, disons, pour la prochaine année. Par ailleurs, le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans a monté de 50 points de base hier.
C’est un changement qu’on voit une fois dans une vie.
KIM PARLEE : Oui.
N’est-ce pas? Donc, on continuera de voir ce genre de volatilité sur les marchés obligataires et les marchés boursiers. Mais après 12 à 18 mois, on ne commencera pas un cycle où les taux d’intérêt auront tendance à baisser. Mais si vous avez tort, vous avez l’avantage de l’échéance de l’obligation et vous récupérez votre argent.
KIM PARLEE : Oui.
Et si vous misez juste, vous avez des gains en capital, vos intérêts et l’incidence fiscale des gains en capital. Et ces options, ces différents avantages ou caractéristiques en font un placement plus attrayant que d’autres. Il faut juste faire plus de recherches et de travail.
J’imagine que le risque, ici, est lié à une hausse des taux qui se poursuivrait.
BRAD SIMPSON : Oui.
Mais les gens qui jouent au poker –
Oui.
– pourraient se pencher sur les probabilités que ça se produise.
Oui.
On est déjà très haut.
Oui.
Les taux pourraient monter encore davantage. Ça pourrait se produire.
Oui. Donc, il y a deux côtés à prendre en considération ici. D’abord, avec cet échelonnage dont je parlais et le fait d’acheter à des cours inférieurs, si les taux augmentent, ça n’aura pas d’effet sur vous.
KIM PARLEE : Oui.
Ensuite, quand on fait des placements, on pense surtout aux résultats probables.
KIM PARLEE : Oui.
Et on publie un article demain avec un titre bien créatif. On a viré notre équipe de création et on a décidé de l’appeler « Obligations contre CPG ».
[RIRES]
Je sais. Captivant. On y parle de scénarios dans lesquels les taux d’intérêt diminueraient ou augmenteraient, dans lesquels les écarts de crédit s’élargiraient. Que se passerait-il s’ils s’élargissaient? Le prix de l’obligation diminuerait parce qu’elle semblerait comporter plus de risques.
KIM PARLEE : Oui.
Quand on se penche sur ces risques, presque tous les scénarios de risque auxquels on peut penser, on se rappelle quand même qu’elles arrivent à échéance à leur valeur nominale. Donc, de nombreuses raisons structurelles expliquent aujourd’hui pourquoi elles font partie de portefeuilles de titres à revenu fixe. Et n’oubliez pas que, quand vous examinez les choses de mon point de vue, il s’agit d’avoir un portefeuille de placement basé sur un plan de gestion de patrimoine, dicté par votre répartition des actifs et reposant sur une philosophie qui guide la prise de décisions. C’est là notre approche pour les portefeuilles. Suivant notre philosophie, basée sur l’adaptabilité, cette façon de faire a beaucoup de sens dans le contexte actuel.
[MUSIQUE]
Merci de m’accueillir.
J’aimerais commencer en vous demandant ce qui, à l’approche de la fin de février, vous a surpris jusqu’à présent en 2023.
BRAD SIMPSON : Par où commencer? Beaucoup de choses.
[RIRES]
KIM PARLEE : À propos des marchés.
OK. Ah d’accord, seulement à propos des marchés. OK. Il est clair que la bonne performance des titres à revenu fixe et des marchés boursiers a été une petite surprise. Mais vraiment, je dois constater que les marchés boursiers ont commencé à se redresser en octobre 2022.
KIM PARLEE : Oui.
Je ne trouve pas ça si étonnant, vous savez? La baisse a été temporaire. Mais ce qui s’est passé en janvier, la remontée qu’on vit actuellement et ce qui a remonté, ça, ça me surprend beaucoup. Et je ne crois pas être seul à le penser.
Le contexte actuel est particulier. On a publié notre stratégie de portefeuille trimestrielle en janvier et elle s’intitulait « Ici, maintenant ». Ce qu’on y a expliqué, c’est que le marché et le monde dans lequel on est vont être marqués par des moments de négativité extrême –
KIM PARLEE : Oui.
– et des périodes d’optimisme extrême aussi. Les deux reposeront sur des bases plutôt imaginaires, n’est-ce pas? En janvier, les marchés des titres à revenu fixe fluctuaient en fonction de faits, donc en tenant compte de l’économie en fin de cycle, d’une légère baisse des taux d’intérêt, de toute évidence des préoccupations par rapport à l’inflation et à une récession à venir. Les marchés boursiers, eux, se sont basés sur ce qui relèverait de l’imagination. C’est ce qui m’a surpris. Je pense qu’on a un graphique ici qui l’illustre.
On a deux graphiques.
Oh, on en a deux. Très bien. Très bien.
Affichons-en un. Oui, donc je pense que vous avez ici un graphique sur les titres les moins performants pour 2022.
BRAD SIMPSON : Oui. Oui.
Ils ont remonté en 2023.
BRAD SIMPSON : Oui. Donc, ce qu’on a dit ici, c’est regardons le rendement pour cette année. On a constaté que ce qui avait connu le moins bon rendement était ce qui en avait connu un excellent en 2022.
Et qu’est-ce qui a connu un bon rendement en 2022? Les entreprises avec de bons bilans, de bons plans d’affaires, de bonnes perspectives de résultats par action et à un stade avancé, sur la défensive; c’est vraiment cela qui faisait progresser le marché. Ce qui se passait, de plusieurs façons, c’est qu’on était en situation de levier, donc vraiment sans bénéfices ou bénéfices imminents, et on payait pour. Ces noms-là ont reculé de 50 à 70 % en 2022.
Cette année, ils ont grimpé de 15,3 %. Ceux qui menaient le bal l’an dernier ont monté d’environ 1,3 %. Dans notre bulletin trimestriel, on a dit que ce qui nous inquiétait, ce qu’on croit qu’il faut surveiller, ce serait la croissance, l’inflation, une récession, l’avenir des taux d’intérêt et l’avenir géopolitique. On coche toutes ces cases. Toutes ces préoccupations sont identiques maintenant.
Oui.
N’est-ce pas? Mais le marché a connu une évolution; en octobre, il a commencé à se dire : et s’il n’y avait pas d’atterrissage brutal, mais plutôt un atterrissage en douceur? J’aime ça. J’aimerais qu’on puisse en parler.
KIM PARLEE : L’absence d’atterrissage.
Oui. Oui. Et c’est là qu’on est tombé dans un monde imaginaire. Oh, attendez, il peut y avoir une absence d’atterrissage.
KIM PARLEE : Oui.
À quel point serait-ce bien?
KIM PARLEE : Oui.
Et par rapport à ça, je sais qu’on en a déjà parlé et que j’ai beaucoup écrit sur le sujet. Je pense que la négociation quantitative fait son entrée et qu’on commence à parcourir ce dont on croit qu’un cycle économique pourrait avoir l’air, mais on pourrait le parcourir en une semaine. Je pense que la force de cette situation, de ce qu’on a vu et de la vitesse à laquelle c’est arrivé, c’est ce que je trouve surprenant. Et je pense que les investisseurs devraient prendre du recul et réfléchir.
Je veux afficher votre deuxième graphique parce qu’on peut voir ici, je crois, des facteurs de rendement global. Une chose qui me fascine est l’impatience du marché. Vous avez parlé de ces situations imaginaires.
BRAD SIMPSON : Oui.
KIM PARLEE : C’est parce que les cycles prennent du temps.
BRAD SIMPSON : Oui.
KIM PARLEE : Les médias sociaux n’ont pas de temps.
BRAD SIMPSON : Non.
KIM PARLEE : C’est là qu’il y a parfois une divergence.
BRAD SIMPSON : Oui. Je pense qu’il y avait un sondage à cet effet dans l’ascenseur là où je travaille...
KIM PARLEE : Très scientifique, oui.
BRAD SIMPSON : Oui, c’est là qu’on obtient nos nouvelles. TikTok, vous savez?
[RIRES]
N’est-ce pas? C’est très rapide, c’est tout ce que je dis.
KIM PARLEE : Oui.
BRAD SIMPSON : Et ce qu’on veut montrer ici, bien sûr, c’est qu’il faut se rappeler pourquoi on parle d’ici et maintenant : c’est en raison de ces extrêmes qu’on vit. Je veux que les gens gardent à l’esprit que, quand on répartit les actifs sur les marchés boursiers, on se concentre sur la croissance des résultats par action. C’est de là que vient le rendement global. Du côté du ratio cours-bénéfice, on peut se dire que les taux vont redescendre et qu’on va donc pouvoir rembourser des trucs. Mais ça ne génère pas de rendements à long terme.
KIM PARLEE : Oui. Les bénéfices baissent en ce moment.
Et c’est là l’ironie, n’est-ce pas? Le taux et les bénéfices diminuent. Et si vous vouliez parler en plus des évaluations, vous pourriez examiner une analyse de scénario pour les marchés boursiers, vous pourriez prendre le meilleur scénario pour le S&P, donc 4 200. C’est presque là qu’on est. Le scénario de base est probablement aux alentours de 3 600, et c’est avec la diminution des bénéfices et un ajustement en conséquence. Ce serait significatif. Le pire scénario serait aux alentours de 3 200. On ne peut pas concevoir de scénarios qui indiqueraient que 4 200 pour le S&P 500 a bien du sens.
Parlons un peu – et vous nous avez parlé de ce qui serait en faveur des obligations.
Oui. OK. D’abord, pour le marché boursier, on dit par exemple qu’on sous-pondère les actions.
KIM PARLEE : Oui.
Mais on pense qu’il y a beaucoup d’excellentes occasions de placement qui existent. Et au final, ce qu’on dit, c’est qu’il faut aller là où sont les entreprises et là où on va pouvoir faire de l’argent en fin de cycle.
KIM PARLEE : Oui.
Et donc il y a du bruit par rapport à ça, et c’est alors ce qui est sous-pondéré qui vous indique ce qui se passe si vous y portez attention. Et donc il y a diverses stratégies et stratégies de couverture à adopter en conséquence.
KIM PARLEE : Oui.
Et on pense que compter des titres sur ces marchés a bien du sens. Ce qui m’a surpris, par rapport aux titres à revenu fixe et au fait d’investir dans ces titres, honnêtement, c’est le mouvement de masse relatif aux dépôts à terme et aux CPG.
KIM PARLEE : Oui.
Je comprends leur attrait puisque leur rendement est élevé. Et on a atteint des rendements des dépôts à terme qu’on n’avait pas vus en dix ans. Ça a beaucoup de sens selon moi.
Mais le défi auquel les investisseurs font face est qu’ils ne comprennent pas le fonctionnement des marchés des titres à revenu fixe. Ils paraissent complexes, n’est-ce pas? Mais, au bout du compte, vous pouvez créer un portefeuille de placement à l’aide d’obligations qui ont le même rendement, mais beaucoup d’autres avantages attrayants qui offrent aux investisseurs de bien meilleures occasions.
Comme quoi?
Eh bien, mon point de départ serait l’achat d’un dépôt à terme. Je le fais parce que, dès l’achat, je sais le taux d’intérêt que j’aurai, je connais l’échéance. Je peux acheter des obligations négociées sur le marché et faire exactement la même chose. Mais quand les taux d’intérêt augmentent, la valeur des obligations baisse. C’est ce qu’on a vu l’an dernier.
Si je veux acheter des obligations qui se négocient sous leur valeur à l’émission, en deçà de leur valeur nominale, elles arrivent à échéance à 100 $, n’est-ce pas? Donc, vous savez que peu importe quand elles arriveront à échéance, elles seront à 100 $. Si vous allez sur les marchés aujourd’hui, de nombreuses obligations sont offertes en deçà de leur valeur nominale à 92, 93 ou 94 $, et elles arriveront à échéance à 100 $. L’arrivée à échéance représente un gain en capital.
KIM PARLEE : Oui.
N’est-ce pas?
KIM PARLEE : Ça ne peut pas se produire avec les CPG.
Ça ne peut pas se produire avec les CPG. Si les taux d’intérêt vont du mauvais côté, s’ils se mettent à monter, on peut se dire qu’on subira des pertes par rapport à ces obligations, mais non : en tant que détenteur direct, on récupère son argent quand elles arrivent à échéance à leur valeur nominale.
KIM PARLEE : Oui.
N’est-ce pas? C’est un avantage à part entière, le gain en capital et l’incidence fiscale. Le fait est que ce sont des liquidités. Si vous retirez votre argent d’un CPG, c’est possible si vous le voulez vraiment, mais ce n’est pas facile. Et la personne qui paiera pour, ce sera vous.
KIM PARLEE : Oui.
Ça ne vous avantagera pas. C’est ainsi que les marchés des titres à revenu fixe fonctionnent. Ils sont liquides. Il est possible d’y entrer et d’en sortir facilement.
C’est facile. C’est liquide. Je dirais que ce sont les plus gros marchés au monde.
BRAD SIMPSON : Oui.
Donc, c’est ça.
BRAD SIMPSON : Oui.
Je dirais qu’il n’est pas aussi facile pour l’investisseur particulier d’y négocier que sur les marchés boursiers.
Non.
C’est peut-être là une partie du problème. Donc comment les envisager? Il est possible de parler à un conseiller puisqu’il peut gérer le tout pour vous.
BRAD SIMPSON : Tout à fait.
Mais quelles sont d’autres façons? C’est difficile, tout simplement. C’est difficile.
KIM PARLEE : Oui.
C’est difficile d’y avoir accès. C’est possible, et il existe des voies directes. Mais ce n’est pas aussi simple que de passer un appel pour dire qu’on veut acheter une action.
KIM PARLEE : Oui.
Néanmoins, on met beaucoup de travail là-dessus. Quand j’ai commencé ma carrière, au début des années 1990, il s’agissait surtout des façons de bâtir des portefeuilles de titres à revenu fixe. Il s’agissait d’échelonner les obligations de sociétés sur cinq ou six ans, et elles se négociaient à des cours inférieurs. Vous saviez alors que si les taux d’intérêt baissaient, vous auriez un gain en capital. Vous saviez aussi que s’ils montaient, vous pourriez obtenir leur valeur nominale, les vendre, puis les récupérer. C’était possible de suivre ce cycle encore et encore.
Les mêmes mentalités se retrouvent encore aujourd’hui. Donc, on a une surpondération des titres à revenu fixe, et c’est pour une bonne raison. On pense qu’au final, les taux d’intérêt vont peu bouger et les opérations se feront dans une fourchette étroite, disons, pour la prochaine année. Par ailleurs, le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans a monté de 50 points de base hier.
C’est un changement qu’on voit une fois dans une vie.
KIM PARLEE : Oui.
N’est-ce pas? Donc, on continuera de voir ce genre de volatilité sur les marchés obligataires et les marchés boursiers. Mais après 12 à 18 mois, on ne commencera pas un cycle où les taux d’intérêt auront tendance à baisser. Mais si vous avez tort, vous avez l’avantage de l’échéance de l’obligation et vous récupérez votre argent.
KIM PARLEE : Oui.
Et si vous misez juste, vous avez des gains en capital, vos intérêts et l’incidence fiscale des gains en capital. Et ces options, ces différents avantages ou caractéristiques en font un placement plus attrayant que d’autres. Il faut juste faire plus de recherches et de travail.
J’imagine que le risque, ici, est lié à une hausse des taux qui se poursuivrait.
BRAD SIMPSON : Oui.
Mais les gens qui jouent au poker –
Oui.
– pourraient se pencher sur les probabilités que ça se produise.
Oui.
On est déjà très haut.
Oui.
Les taux pourraient monter encore davantage. Ça pourrait se produire.
Oui. Donc, il y a deux côtés à prendre en considération ici. D’abord, avec cet échelonnage dont je parlais et le fait d’acheter à des cours inférieurs, si les taux augmentent, ça n’aura pas d’effet sur vous.
KIM PARLEE : Oui.
Ensuite, quand on fait des placements, on pense surtout aux résultats probables.
KIM PARLEE : Oui.
Et on publie un article demain avec un titre bien créatif. On a viré notre équipe de création et on a décidé de l’appeler « Obligations contre CPG ».
[RIRES]
Je sais. Captivant. On y parle de scénarios dans lesquels les taux d’intérêt diminueraient ou augmenteraient, dans lesquels les écarts de crédit s’élargiraient. Que se passerait-il s’ils s’élargissaient? Le prix de l’obligation diminuerait parce qu’elle semblerait comporter plus de risques.
KIM PARLEE : Oui.
Quand on se penche sur ces risques, presque tous les scénarios de risque auxquels on peut penser, on se rappelle quand même qu’elles arrivent à échéance à leur valeur nominale. Donc, de nombreuses raisons structurelles expliquent aujourd’hui pourquoi elles font partie de portefeuilles de titres à revenu fixe. Et n’oubliez pas que, quand vous examinez les choses de mon point de vue, il s’agit d’avoir un portefeuille de placement basé sur un plan de gestion de patrimoine, dicté par votre répartition des actifs et reposant sur une philosophie qui guide la prise de décisions. C’est là notre approche pour les portefeuilles. Suivant notre philosophie, basée sur l’adaptabilité, cette façon de faire a beaucoup de sens dans le contexte actuel.
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