Dans un contexte où l’économie chinoise peine à prendre de l’essor, les prix des produits de base sont-ils en train de plafonner? Greg Bonnell, de Parlons Argent, discute avec Daniel Ghali, stratège principal, Produits de base, Valeurs Mobilières TD.
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La Chine laisse entendre que de nouvelles mesures de relance pourraient être mises en place, alors que son économie ne répond pas aux attentes de l'après confinement. Mais cela donnera-t-il un coup de pouce aux produits de base? Daniel Ghali, responsable des produits de base à Valeurs Mobilières TD, nous rejoint. Bonjour!
Chaque jour, des données économiques décevantes paraissent en Chine après tous les espoirs suscités par la réouverture de l'économie. Que se passe-t-il?
C'est étonnant. C'est pas simplement la réouverture qui avait suscité l'optimisme, mais si nous avions eu cette discussion il y a un mois, il y avait énormément d'optimisme au sujet de secteur immobilier. Bien sûr, cela ne s'est pas réalisé, et la situation en Chine est en fait assez morose. Considérez les données sur les échanges commerciaux qui ont paru cette semaine: Négatives. Les exportations en baisse de 14%, les importations, de 12%. Cela montre que la demande externe des produits chinois diminue et que la demande intérieure se porte mal. L'aspect le plus inquiétant pour moi se situe au niveau du secteur immobilier. Nous avons vu des espoirs en début d'année que la réouverture allait entraîner une relance du secteur immobilier. Le gouvernement chinois a assoupli beaucoup des restrictions au niveau du financement des promoteurs immobiliers. Cet espoir était peut-être justifié, mais ce qui s'est vraiment passé, c'est que dès après la réouverture, le secteur immobilier a entamé une nouvelle baisse. Cela pourrait être attribuable à des problèmes structurels qui transformeraient un problème économique en problème de liquidités.
Oui, le dossier est important. En début de semaine, avec toutes ces données décevantes, il y a une coupure de taux par la Banque centrale de Chine. Aujourd'hui, on envisage dans les médias d'État que le conseil des ministres envisage de prendre des mesures de relance. Mais c'était assez vague. Que peut faire la Chine à ce stade? Cette coupure de taux n'a fait aucun effet sur les marchés.
Bien sûr. Au niveau de la politique monétaire, la Chine est dans une situation difficile, car la monnaie perd de sa valeur rapidement, mais le pays doit prendre des mesures de relance. L'élément le plus important de la réunion du bureau politique au mois de juillet, c'était l'omission de la devise du président Xi selon laquelle les maisons sont un endroit où l'on vit, pas un véhicule de spéculation. Ce qui a laissé espérer un changement de politique en matière du marché immobilier. Il y a eu des indices, mais globalement, les mesures de relance dont on parle sont extrêmement ciblées. Il ne s'agit pas de mesures de relance généralisées, comme celles qui ont sauvé l'économie mondiale en 2015 et en 2008.
C'est la grande question pour les marchés: comment vont-ils stimuler? Jusqu'ici, il ne semble pas que ce sont des mesures à grande échelle que l'on l'espère. Quand vous songez à tout l'enthousiasme suscité en début d'année par la réouverture économique de la Chine, et plus récemment, vous l'avez dit, l'espoir de mesures de relance, est-ce que c'était davantage au niveau occidental? Est-ce que nous nous en sommes fait accroire? Oui. Tout à fait. Selon nos recherches, les espoirs suscités par la relance du secteur immobilier en Chine étaient surtout attribuables à l'Occident. Nous le disons parce que... après la réunion du bureau politique au mois de juillet, il y a eu les flux les plus importants de fonds étrangers dans les bourses chinoises jamais constatés. Les métaux industriels comme le cuivre ont monté en flèche. Selon nos recherches, ces flux spéculatifs émanaient de l'Occident. Alors que les positions des négociateurs chinois montrent qu'ils se défaisaient de leur position après la réunion du bureau politique au mois de juillet, ce qui a élevé des signaux d'alerte.
C'est très intéressant! Les flux de fonds en provenance de l'Occident et de la Chine. Si tel est le contexte en Chine, vous avez dit que la situation est difficile lorsqu'un pays tente de relancer son économie. Qu'en conclure pour les produits de base?
La Chine est de loin le plus gros consommateur de produits de base. Tout ce qui est défavorable à l'économie chinoise est défavorable à la demande de produits de base. Mise en garde toutefois: depuis la réouverture de l'économie chinoise, la demande des produits de base a divergé.
Les matières premières brutes comme le cuivre, l'aluminium, le zinc voient leur demande diminuer assez rapidement. Alors que dans le secteur de l'énergie, il y a eu un plein essor, un rétablissement de la demande en Chine, surtout sur l'impulsion des voyages à l'étranger, notamment par avion.
La demande de vols internationaux était très forte après le déconfinement, ce qui a relancé la demande du complexe énergétique. Si on ne peut plus compter sur la Chine... C'est nuancé, bien sûr. Il y a les voyages intérieurs, la nécessité de carburant d'aviation... Mais si l'on ne peut pas compter sur la Chine pour sauver les produits de base, à quoi songer? Il y a certains éléments auxquels nous songeons en ce qui concerne les risques. Tout d'abord, nous en avons parlé tout à l'heure, le secteur immobilier de la Chine a des problèmes qui pourraient se transformer en problèmes de liquidités.
Nous le disons parce que récemment, certaines compagnies de fiducie dans le secteur bancaire parallèle en Chine n'ont pas réglé certaines échéances. Les banques parallèles, si elles ne tiennent pas leurs échéances, cela va se répercuter sur les véhicules de financement des collectivités locales, et cette crainte est exacerbée par le fait que les collectivités locales se financent généralement sur les ventes foncières, mais les ventes foncières ont baissé de 50% sur un an. C'est un problème de demande. Les gens ne veulent pas acheter davantage, ne veulent pas construire davantage de projets. On s'intéresse à achever les projets qui ont déjà été mis en chantier, plutôt que d'envisager des projets futurs, et ça, c'est une préoccupation importante pour le financement des collectivités locales.
Gros défi en Chine pour l'économie. Alors à présent, quel est le potentiel de hausse? Qu'est-ce qui pourrait bien se passer en Chine?
Nos économistes prévoient qu'un paquet de mesures budgétaires sera annoncé d'ici le mois de septembre, on l'espère. Cela devrait avoir un effet multiplicateur sur l'économie de la Chine dans son ensemble. Mais encore une fois, ce qui se produit en Chine, c'est une bifurcation entre les industries traditionnelles et les industries nouvelles que le gouvernement veut favoriser. Il est probable que ces mesures de relance budgétaire cibleront la consommation dans les domaines que la Chine veut favoriser, les véhicules aux nouvelles énergies, par exemple.
La Chine laisse entendre que de nouvelles mesures de relance pourraient être mises en place, alors que son économie ne répond pas aux attentes de l'après confinement. Mais cela donnera-t-il un coup de pouce aux produits de base? Daniel Ghali, responsable des produits de base à Valeurs Mobilières TD, nous rejoint. Bonjour!
Chaque jour, des données économiques décevantes paraissent en Chine après tous les espoirs suscités par la réouverture de l'économie. Que se passe-t-il?
C'est étonnant. C'est pas simplement la réouverture qui avait suscité l'optimisme, mais si nous avions eu cette discussion il y a un mois, il y avait énormément d'optimisme au sujet de secteur immobilier. Bien sûr, cela ne s'est pas réalisé, et la situation en Chine est en fait assez morose. Considérez les données sur les échanges commerciaux qui ont paru cette semaine: Négatives. Les exportations en baisse de 14%, les importations, de 12%. Cela montre que la demande externe des produits chinois diminue et que la demande intérieure se porte mal. L'aspect le plus inquiétant pour moi se situe au niveau du secteur immobilier. Nous avons vu des espoirs en début d'année que la réouverture allait entraîner une relance du secteur immobilier. Le gouvernement chinois a assoupli beaucoup des restrictions au niveau du financement des promoteurs immobiliers. Cet espoir était peut-être justifié, mais ce qui s'est vraiment passé, c'est que dès après la réouverture, le secteur immobilier a entamé une nouvelle baisse. Cela pourrait être attribuable à des problèmes structurels qui transformeraient un problème économique en problème de liquidités.
Oui, le dossier est important. En début de semaine, avec toutes ces données décevantes, il y a une coupure de taux par la Banque centrale de Chine. Aujourd'hui, on envisage dans les médias d'État que le conseil des ministres envisage de prendre des mesures de relance. Mais c'était assez vague. Que peut faire la Chine à ce stade? Cette coupure de taux n'a fait aucun effet sur les marchés.
Bien sûr. Au niveau de la politique monétaire, la Chine est dans une situation difficile, car la monnaie perd de sa valeur rapidement, mais le pays doit prendre des mesures de relance. L'élément le plus important de la réunion du bureau politique au mois de juillet, c'était l'omission de la devise du président Xi selon laquelle les maisons sont un endroit où l'on vit, pas un véhicule de spéculation. Ce qui a laissé espérer un changement de politique en matière du marché immobilier. Il y a eu des indices, mais globalement, les mesures de relance dont on parle sont extrêmement ciblées. Il ne s'agit pas de mesures de relance généralisées, comme celles qui ont sauvé l'économie mondiale en 2015 et en 2008.
C'est la grande question pour les marchés: comment vont-ils stimuler? Jusqu'ici, il ne semble pas que ce sont des mesures à grande échelle que l'on l'espère. Quand vous songez à tout l'enthousiasme suscité en début d'année par la réouverture économique de la Chine, et plus récemment, vous l'avez dit, l'espoir de mesures de relance, est-ce que c'était davantage au niveau occidental? Est-ce que nous nous en sommes fait accroire? Oui. Tout à fait. Selon nos recherches, les espoirs suscités par la relance du secteur immobilier en Chine étaient surtout attribuables à l'Occident. Nous le disons parce que... après la réunion du bureau politique au mois de juillet, il y a eu les flux les plus importants de fonds étrangers dans les bourses chinoises jamais constatés. Les métaux industriels comme le cuivre ont monté en flèche. Selon nos recherches, ces flux spéculatifs émanaient de l'Occident. Alors que les positions des négociateurs chinois montrent qu'ils se défaisaient de leur position après la réunion du bureau politique au mois de juillet, ce qui a élevé des signaux d'alerte.
C'est très intéressant! Les flux de fonds en provenance de l'Occident et de la Chine. Si tel est le contexte en Chine, vous avez dit que la situation est difficile lorsqu'un pays tente de relancer son économie. Qu'en conclure pour les produits de base?
La Chine est de loin le plus gros consommateur de produits de base. Tout ce qui est défavorable à l'économie chinoise est défavorable à la demande de produits de base. Mise en garde toutefois: depuis la réouverture de l'économie chinoise, la demande des produits de base a divergé.
Les matières premières brutes comme le cuivre, l'aluminium, le zinc voient leur demande diminuer assez rapidement. Alors que dans le secteur de l'énergie, il y a eu un plein essor, un rétablissement de la demande en Chine, surtout sur l'impulsion des voyages à l'étranger, notamment par avion.
La demande de vols internationaux était très forte après le déconfinement, ce qui a relancé la demande du complexe énergétique. Si on ne peut plus compter sur la Chine... C'est nuancé, bien sûr. Il y a les voyages intérieurs, la nécessité de carburant d'aviation... Mais si l'on ne peut pas compter sur la Chine pour sauver les produits de base, à quoi songer? Il y a certains éléments auxquels nous songeons en ce qui concerne les risques. Tout d'abord, nous en avons parlé tout à l'heure, le secteur immobilier de la Chine a des problèmes qui pourraient se transformer en problèmes de liquidités.
Nous le disons parce que récemment, certaines compagnies de fiducie dans le secteur bancaire parallèle en Chine n'ont pas réglé certaines échéances. Les banques parallèles, si elles ne tiennent pas leurs échéances, cela va se répercuter sur les véhicules de financement des collectivités locales, et cette crainte est exacerbée par le fait que les collectivités locales se financent généralement sur les ventes foncières, mais les ventes foncières ont baissé de 50% sur un an. C'est un problème de demande. Les gens ne veulent pas acheter davantage, ne veulent pas construire davantage de projets. On s'intéresse à achever les projets qui ont déjà été mis en chantier, plutôt que d'envisager des projets futurs, et ça, c'est une préoccupation importante pour le financement des collectivités locales.
Gros défi en Chine pour l'économie. Alors à présent, quel est le potentiel de hausse? Qu'est-ce qui pourrait bien se passer en Chine?
Nos économistes prévoient qu'un paquet de mesures budgétaires sera annoncé d'ici le mois de septembre, on l'espère. Cela devrait avoir un effet multiplicateur sur l'économie de la Chine dans son ensemble. Mais encore une fois, ce qui se produit en Chine, c'est une bifurcation entre les industries traditionnelles et les industries nouvelles que le gouvernement veut favoriser. Il est probable que ces mesures de relance budgétaire cibleront la consommation dans les domaines que la Chine veut favoriser, les véhicules aux nouvelles énergies, par exemple.