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Les marchés boursiers ont enregistré leur plus forte remontée depuis 2020, les investisseurs ayant été encouragés par la publication d’un rapport sur l’inflation américaine plus faible que prévu, leur faisant espérer que l’inflation a atteint un sommet et que les hausses de taux d’intérêt tirent à leur fin. Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, discute avec Greg Bonnell de ses perspectives à l’égard des taux d’intérêt, de l’économie et du prochain grand test des marchés au début de 2023.
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On a observé une dynamique positive sur les marchés au cours des récentes séances. Après une année assez difficile pour plusieurs investisseurs, on est nombreux à se demander si les actions vont avoir plus de marge de manœuvre maintenant. Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour en parler. Entrons dans le vif du sujet! Évidemment, il y a du vert à l’écran. C’est ce qu’on aime voir quand on a une position à long terme sur le marché. On peut dire que l’année a été difficile. Qu’est-ce qu’on doit penser de la remontée?
Je pense que les investisseurs se sont éloignés des tendances inflationnistes. Comme vous l’avez mentionné, quand on observe quelques-unes de ces indications que l’inflation atteint peut-être un sommet, qu’elle commence à se résorber, ça donne espoir que la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada pourraient bientôt avoir terminé leur travail. Évidemment, c’était une grande préoccupation pour les marchés cette année parce que l’ampleur des hausses de taux au nord et au sud de la frontière a vraiment pris les investisseurs par surprise. L’une des choses qui ont vraiment pesé sur les évaluations depuis le début de l’année a été la réorientation constante des attentes des investisseurs.
Oh, ils vont devoir augmenter. Ils vont devoir attendre encore. L’indice d’inflation aux États-Unis la semaine dernière, et j’espère qu’on va voir quelque chose de semblable au Canada, est l’un des premiers signes que l’inflation est en train d’atteindre un sommet. On pourrait commencer à voir un peu de déflation ou de relâchement de ces pressions. Et on espère que ça permettra aux banques centrales de se retirer, comme vous le disiez.
Je pense que beaucoup d’investisseurs s’inquiètent de l’effet cumulatif des hausses de taux dont on a été témoins depuis le début de l’année. Quel sera l’effet sur la croissance l’an prochain? Quel sera l’effet sur les bénéfices l’an prochain? Plus vite l’inflation commencera à se stabiliser, plus tôt, espérons-le, les banques centrales pourront revenir sur la touche.
Ça réduit le risque d’une très mauvaise année de croissance très négative l’an prochain. Dans la mesure où ces signes indiquent que l’inflation atteint peut-être un sommet, une partie de la pression sur les banques centrales serait atténuée, en espérant que ça signifie qu’il y a un peu moins de risque d’une récession profonde l’an prochain et nous espérons encore un atterrissage en douceur. C’est ce qui, selon moi, motive la remontée. C’est ce qui a l’a déclenchée.
Je pense que ça pourrait perdurer. Je pense que le prochain grand défi pour les marchés se passera au premier trimestre. À la prochaine ronde de bénéfices des sociétés, à la fin janvier ou au début février, je pense que ce sera le prochain grand test pour les marchés. Mais espérons qu’on profitera de certains facteurs saisonniers favorables. Et espérons que ça aura un certain mordant.
Peut-être qu’après ce test du premier trimestre au début de la nouvelle année, la Réserve fédérale américaine, la BdC, les banques centrales vont se dire : d’accord, le travail est terminé. On est presque rendus à la fin. Et ils arrivent à la fin. Mais, bien sûr, la hausse des taux c’était un remède musclé pour essayer de maîtriser l’inflation et tenter de ralentir le marché de l’emploi et l’économie. Est-ce que cela se répercute sur les bénéfices des sociétés? Le ralentissement de l’économie a tendance à nuire aux bénéfices.
Vous avez tout à fait raison. C’est là tout l’enjeu. Jusqu’à ce que l’économie ralentisse et que la surchauffe qu’on a observée au nord et au sud de la frontière commencent à diminuer, et jusqu’à ce qu’on commence à voir les marchés de l’emploi se relâcher un peu, le travail de la Fed ne sera pas terminé. Le travail de la Banque du Canada ne sera pas terminé.
Je pense que c’est ce qu’on va surveiller à la fin janvier, début février. Comme je l’ai dit, quand les bénéfices du quatrième trimestre sont présentés, ces sociétés vont devoir nous donner leur meilleure estimation de ce que nous réserve 2023. Et, de toute évidence, si l’effet cumulatif de toutes ces hausses de taux signifie une croissance plus difficile l’an prochain, ça va être difficile pour les entreprises d’éviter cette discussion. C’est pourquoi je dis que ce sera un véritable test, car je ne crois pas qu’on puisse s’attendre à ce que l’inflation demeure faible si on a le plein emploi, si la croissance économique est rapide.
Les deux ne vont pas de pair. On doit avoir les deux. On voit peut-être que l’inflation s’atténue. Pour revenir à notre sujet, la raison pour laquelle il y a un assouplissement peut-être une baisse pressentie de la demande et une expansion du marché de l’emploi. Et c’est la prochaine étape à franchir, en fait.
La dernière fois que le président de la Fed, M. Powell, a pris la parole, il semblait préparer le terrain pour dire qu’on pourrait se retrouver à un point final, le taux final auquel on va s’arrêter pourrait être un peu plus élevé. Le marché se demande si le rythme ralentira, si les hausses de 0,75 ou de 0,50 vont finir. Avec le temps, peut-être revenir à 0,25? Ça semble si étrange, à la hausse comme à la baisse. Mais ce sont les valeurs qu’on connaissait.
Il y a eu quelques autres intervenants de la Fed ces derniers jours. Et ils semblent vouloir le souligner. Ils disent de ne pas se soucier de l’ampleur de la prochaine hausse, qu’elle soit importante ou non ou si on termine [INAUDIBLE]. Mais pour en arriver là, est-ce la nouvelle nuance en ce moment : où en sommes-nous?
Oui, absolument. Les banques centrales essaient de faire comprendre que, je pense qu’ils essaient de dire aux investisseurs, de ne pas rester fixés sur le rythme. Autrement dit, qu’il s’agisse de 0,25, 0,50, 0,75, concentrez-vous davantage sur la destination, c’est-à-dire le taux final, comme vous le dites? Est-ce 4 %, 4,5 %, 5 %? Ils ne veulent pas que les investisseurs s’emballent et interprètent mal un ralentissement du rythme des taux pour un manque de détermination à atteindre leurs objectifs.
Et en fin de compte, l’objectif à atteindre est dans une position qui ralentira l’économie. C’est ce qu’ils tentent de faire. Et c’est ce qu’ils feront. Ils essaient donc d’alerter les investisseurs. Je pense qu’on ferait bien de les écouter.
Ne défiez pas la Fed. Vous savez, ce dicton n’a pas vraiment changé. Je pense qu’il faut les croire sur parole. Il y aura un certain ralentissement l’an prochain. Il s’agit de déterminer dans quelle mesure les banques centrales ont la souplesse voulue et la vitesse à laquelle l’inflation s’atténue.
Ils nous ont prévenus qu’il y aurait des difficultés à venir. Mais le marché de l’emploi est encore fort. L’économie tient bon. On a vu les difficultés de nos portefeuilles. Les difficultés sont liées au monde réel : le travail, les finances et d’autres aspects.
Une fois la récession déclenchée, cette douleur devrait être un peu plus généralisée. Les banques vivent-elles une période difficile? Habituellement, une banque centrale peut s’étonner du ralentissement de l’économie, et décider de réduire les coûts d’emprunt et de faire bouger l’économie. Et cette situation semble différente.
Eh bien, je pense que vous touchez un point important, Greg, c’est-à-dire, beaucoup d’investisseurs plus tôt cette année croyaient que les banques centrales porteraient les taux à un niveau restrictif. Puis, ils ont fait marche arrière assez rapidement et commencé à réduire les taux. À partir du moment où une faiblesse quelconque est apparue dans l’économie, les banques centrales allaient intervenir et nous sauver et atténuer avec certaines réductions de taux. Les banques centrales ont clairement indiqué que ce n’était pas leur stratégie. Ce à quoi on devrait s’attendre, selon moi, c’est qu’ils atteignent ce taux final à un moment donné au début de 2023, et il devrait être en place pendant un certain temps.
La raison pour laquelle ça va rester là pendant un certain temps est qu’ils doivent être certains que l’inflation ne fait pas que baisser, mais qu’elle demeure basse. Et c’est ça qui est difficile. Je pense qu’on a un peu oublié ça. Je pense qu’on savait tous que cette explosion inflationniste comportait des éléments qui étaient transitoires. Et c’était un mot très utilisé l’an dernier : inflation transitoire. Certains éléments ont été déformés par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement.
GREG BONNELL : Et vous pouvez refaire une terrasse à l’arrière de votre maison sans contracter de prêt hypothécaire supplémentaire.
Oui, exactement, ou le prix des voitures d’occasion a monté en flèche parce qu’il n’y en avait plus sur le marché. De toute évidence, ces secteurs vont se normaliser. Je pense donc à ce qui pourrait arriver au cours des prochains mois, j’appellerais cette étape la déflation facile, où bon nombre de ces moteurs ou facteurs d’inflation artificiels ou transitoires commencent enfin à se détacher. Ça va aider les investisseurs à se sentir plus confiants, c’est pourquoi je dis que cette remontée pourrait durer un certain temps.
Mais à un moment donné, à l’approche de 2023, les solutions à notre portée ont été résorbées. On va se retrouver dans une situation plus difficile où l’inflation s’est estompée, ce n’est plus 6 %, 7 % ou 8 %, c’est peut-être 3 %, 4 % ou 5 %, mais ça va être très difficile de réduire de 1 % ou de 2 % pour atteindre la cible de 2 %.
C’est là que la réalité nous frappe. Et peu importe où les banques centrales atterrissent, qu’il s’agisse de 4 % ou de 4,5 %, 5 %, on sera là pendant un certain temps. Et ce sera donc la phase de réduction progressive en 2023, qui va ralentir un peu l’économie. Donc, plus rapidement ces éléments plus durables de l’inflation s’atténuent, comme le marché de l’emploi qui est tellement important, la trajectoire des gains salariaux à l’approche de 2023, qui vont vraiment déterminer le moment où les banques centrales se sentiront à l’aise et sans crainte, d’enfin rester sur la touche ou d’envisager des réductions de taux.
Si l’inflation reste délicate dans une fourchette de 3 % à 4 %, ce qui est nettement au-dessus de leurs cibles, ils ne vont pas reculer. C’est la clé pour 2023 : certains de ces éléments plus durables, et en particulier le marché de l’emploi, et surtout les salaires, comment réagissent-ils aux contraintes ou aux restrictions déjà mises en place par les hausses de taux que nous avons vues cette année.
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On a observé une dynamique positive sur les marchés au cours des récentes séances. Après une année assez difficile pour plusieurs investisseurs, on est nombreux à se demander si les actions vont avoir plus de marge de manœuvre maintenant. Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour en parler. Entrons dans le vif du sujet! Évidemment, il y a du vert à l’écran. C’est ce qu’on aime voir quand on a une position à long terme sur le marché. On peut dire que l’année a été difficile. Qu’est-ce qu’on doit penser de la remontée?
Je pense que les investisseurs se sont éloignés des tendances inflationnistes. Comme vous l’avez mentionné, quand on observe quelques-unes de ces indications que l’inflation atteint peut-être un sommet, qu’elle commence à se résorber, ça donne espoir que la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada pourraient bientôt avoir terminé leur travail. Évidemment, c’était une grande préoccupation pour les marchés cette année parce que l’ampleur des hausses de taux au nord et au sud de la frontière a vraiment pris les investisseurs par surprise. L’une des choses qui ont vraiment pesé sur les évaluations depuis le début de l’année a été la réorientation constante des attentes des investisseurs.
Oh, ils vont devoir augmenter. Ils vont devoir attendre encore. L’indice d’inflation aux États-Unis la semaine dernière, et j’espère qu’on va voir quelque chose de semblable au Canada, est l’un des premiers signes que l’inflation est en train d’atteindre un sommet. On pourrait commencer à voir un peu de déflation ou de relâchement de ces pressions. Et on espère que ça permettra aux banques centrales de se retirer, comme vous le disiez.
Je pense que beaucoup d’investisseurs s’inquiètent de l’effet cumulatif des hausses de taux dont on a été témoins depuis le début de l’année. Quel sera l’effet sur la croissance l’an prochain? Quel sera l’effet sur les bénéfices l’an prochain? Plus vite l’inflation commencera à se stabiliser, plus tôt, espérons-le, les banques centrales pourront revenir sur la touche.
Ça réduit le risque d’une très mauvaise année de croissance très négative l’an prochain. Dans la mesure où ces signes indiquent que l’inflation atteint peut-être un sommet, une partie de la pression sur les banques centrales serait atténuée, en espérant que ça signifie qu’il y a un peu moins de risque d’une récession profonde l’an prochain et nous espérons encore un atterrissage en douceur. C’est ce qui, selon moi, motive la remontée. C’est ce qui a l’a déclenchée.
Je pense que ça pourrait perdurer. Je pense que le prochain grand défi pour les marchés se passera au premier trimestre. À la prochaine ronde de bénéfices des sociétés, à la fin janvier ou au début février, je pense que ce sera le prochain grand test pour les marchés. Mais espérons qu’on profitera de certains facteurs saisonniers favorables. Et espérons que ça aura un certain mordant.
Peut-être qu’après ce test du premier trimestre au début de la nouvelle année, la Réserve fédérale américaine, la BdC, les banques centrales vont se dire : d’accord, le travail est terminé. On est presque rendus à la fin. Et ils arrivent à la fin. Mais, bien sûr, la hausse des taux c’était un remède musclé pour essayer de maîtriser l’inflation et tenter de ralentir le marché de l’emploi et l’économie. Est-ce que cela se répercute sur les bénéfices des sociétés? Le ralentissement de l’économie a tendance à nuire aux bénéfices.
Vous avez tout à fait raison. C’est là tout l’enjeu. Jusqu’à ce que l’économie ralentisse et que la surchauffe qu’on a observée au nord et au sud de la frontière commencent à diminuer, et jusqu’à ce qu’on commence à voir les marchés de l’emploi se relâcher un peu, le travail de la Fed ne sera pas terminé. Le travail de la Banque du Canada ne sera pas terminé.
Je pense que c’est ce qu’on va surveiller à la fin janvier, début février. Comme je l’ai dit, quand les bénéfices du quatrième trimestre sont présentés, ces sociétés vont devoir nous donner leur meilleure estimation de ce que nous réserve 2023. Et, de toute évidence, si l’effet cumulatif de toutes ces hausses de taux signifie une croissance plus difficile l’an prochain, ça va être difficile pour les entreprises d’éviter cette discussion. C’est pourquoi je dis que ce sera un véritable test, car je ne crois pas qu’on puisse s’attendre à ce que l’inflation demeure faible si on a le plein emploi, si la croissance économique est rapide.
Les deux ne vont pas de pair. On doit avoir les deux. On voit peut-être que l’inflation s’atténue. Pour revenir à notre sujet, la raison pour laquelle il y a un assouplissement peut-être une baisse pressentie de la demande et une expansion du marché de l’emploi. Et c’est la prochaine étape à franchir, en fait.
La dernière fois que le président de la Fed, M. Powell, a pris la parole, il semblait préparer le terrain pour dire qu’on pourrait se retrouver à un point final, le taux final auquel on va s’arrêter pourrait être un peu plus élevé. Le marché se demande si le rythme ralentira, si les hausses de 0,75 ou de 0,50 vont finir. Avec le temps, peut-être revenir à 0,25? Ça semble si étrange, à la hausse comme à la baisse. Mais ce sont les valeurs qu’on connaissait.
Il y a eu quelques autres intervenants de la Fed ces derniers jours. Et ils semblent vouloir le souligner. Ils disent de ne pas se soucier de l’ampleur de la prochaine hausse, qu’elle soit importante ou non ou si on termine [INAUDIBLE]. Mais pour en arriver là, est-ce la nouvelle nuance en ce moment : où en sommes-nous?
Oui, absolument. Les banques centrales essaient de faire comprendre que, je pense qu’ils essaient de dire aux investisseurs, de ne pas rester fixés sur le rythme. Autrement dit, qu’il s’agisse de 0,25, 0,50, 0,75, concentrez-vous davantage sur la destination, c’est-à-dire le taux final, comme vous le dites? Est-ce 4 %, 4,5 %, 5 %? Ils ne veulent pas que les investisseurs s’emballent et interprètent mal un ralentissement du rythme des taux pour un manque de détermination à atteindre leurs objectifs.
Et en fin de compte, l’objectif à atteindre est dans une position qui ralentira l’économie. C’est ce qu’ils tentent de faire. Et c’est ce qu’ils feront. Ils essaient donc d’alerter les investisseurs. Je pense qu’on ferait bien de les écouter.
Ne défiez pas la Fed. Vous savez, ce dicton n’a pas vraiment changé. Je pense qu’il faut les croire sur parole. Il y aura un certain ralentissement l’an prochain. Il s’agit de déterminer dans quelle mesure les banques centrales ont la souplesse voulue et la vitesse à laquelle l’inflation s’atténue.
Ils nous ont prévenus qu’il y aurait des difficultés à venir. Mais le marché de l’emploi est encore fort. L’économie tient bon. On a vu les difficultés de nos portefeuilles. Les difficultés sont liées au monde réel : le travail, les finances et d’autres aspects.
Une fois la récession déclenchée, cette douleur devrait être un peu plus généralisée. Les banques vivent-elles une période difficile? Habituellement, une banque centrale peut s’étonner du ralentissement de l’économie, et décider de réduire les coûts d’emprunt et de faire bouger l’économie. Et cette situation semble différente.
Eh bien, je pense que vous touchez un point important, Greg, c’est-à-dire, beaucoup d’investisseurs plus tôt cette année croyaient que les banques centrales porteraient les taux à un niveau restrictif. Puis, ils ont fait marche arrière assez rapidement et commencé à réduire les taux. À partir du moment où une faiblesse quelconque est apparue dans l’économie, les banques centrales allaient intervenir et nous sauver et atténuer avec certaines réductions de taux. Les banques centrales ont clairement indiqué que ce n’était pas leur stratégie. Ce à quoi on devrait s’attendre, selon moi, c’est qu’ils atteignent ce taux final à un moment donné au début de 2023, et il devrait être en place pendant un certain temps.
La raison pour laquelle ça va rester là pendant un certain temps est qu’ils doivent être certains que l’inflation ne fait pas que baisser, mais qu’elle demeure basse. Et c’est ça qui est difficile. Je pense qu’on a un peu oublié ça. Je pense qu’on savait tous que cette explosion inflationniste comportait des éléments qui étaient transitoires. Et c’était un mot très utilisé l’an dernier : inflation transitoire. Certains éléments ont été déformés par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement.
GREG BONNELL : Et vous pouvez refaire une terrasse à l’arrière de votre maison sans contracter de prêt hypothécaire supplémentaire.
Oui, exactement, ou le prix des voitures d’occasion a monté en flèche parce qu’il n’y en avait plus sur le marché. De toute évidence, ces secteurs vont se normaliser. Je pense donc à ce qui pourrait arriver au cours des prochains mois, j’appellerais cette étape la déflation facile, où bon nombre de ces moteurs ou facteurs d’inflation artificiels ou transitoires commencent enfin à se détacher. Ça va aider les investisseurs à se sentir plus confiants, c’est pourquoi je dis que cette remontée pourrait durer un certain temps.
Mais à un moment donné, à l’approche de 2023, les solutions à notre portée ont été résorbées. On va se retrouver dans une situation plus difficile où l’inflation s’est estompée, ce n’est plus 6 %, 7 % ou 8 %, c’est peut-être 3 %, 4 % ou 5 %, mais ça va être très difficile de réduire de 1 % ou de 2 % pour atteindre la cible de 2 %.
C’est là que la réalité nous frappe. Et peu importe où les banques centrales atterrissent, qu’il s’agisse de 4 % ou de 4,5 %, 5 %, on sera là pendant un certain temps. Et ce sera donc la phase de réduction progressive en 2023, qui va ralentir un peu l’économie. Donc, plus rapidement ces éléments plus durables de l’inflation s’atténuent, comme le marché de l’emploi qui est tellement important, la trajectoire des gains salariaux à l’approche de 2023, qui vont vraiment déterminer le moment où les banques centrales se sentiront à l’aise et sans crainte, d’enfin rester sur la touche ou d’envisager des réductions de taux.
Si l’inflation reste délicate dans une fourchette de 3 % à 4 %, ce qui est nettement au-dessus de leurs cibles, ils ne vont pas reculer. C’est la clé pour 2023 : certains de ces éléments plus durables, et en particulier le marché de l’emploi, et surtout les salaires, comment réagissent-ils aux contraintes ou aux restrictions déjà mises en place par les hausses de taux que nous avons vues cette année.
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