
La Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 5 %, mais elle laisse la porte ouverte à de nouvelles hausses en raison des inquiétudes entourant l’inflation persistante. Anthony Okolie reçoit Maria Solovieva, économiste à la TD, pour parler de la dernière décision de la Banque du Canada et des perspectives à l’égard des taux.
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Sans surprise, la Banque du Canada maintient le taux du financement à un jour à 5 %.
Maria, que retenez-vous de cette journée?
Je retiens surtout le ton du communiqué que la Banque du Canada a publié.
Je crois que tout le monde s’attendait à une pause cette fois-ci.
Mais il est intéressant de voir comment la Banque envisage l’avenir.
On s’attendait aussi à un ton plus ferme, ou à une position plus ferme.
Si vous vous souvenez bien, en début d’année, après la première pause, les marchés ont vraiment intégré des baisses de taux dans leurs prix, ce qui a fait bondir l’activité sur le marché du logement.
De plus, la demande s’est redressée, tout comme la consommation.
La Banque veut donc vraiment rester ferme et laisser la porte ouverte à une autre hausse.
Et c’est ce qu’elle dit dans son communiqué d’aujourd’hui.
Toutefois, elle reconnaît que l’économie connaît un ralentissement.
L’économie est entrée dans une période de ralentissement de la croissance.
C’était intéressant.
Vous avez parlé de la faiblesse du PIB au 2e trimestre, publié la semaine dernière.
Pensez-vous que la Banque du Canada en a fini avec les hausses cette année?
Oui, on ne pense pas qu’il y en aura d’autres.
Même avant la publication des chiffres du PIB, on anticipait une pause pour tout le reste de l’année.
Mais maintenant, les signes vont encore plus dans ce sens.
Dans ses communiqués précédents, la Banque du Canada surveillait de près la demande excédentaire et la reprise du marché du logement. En plus de l’inflation, bien sûr, puisque son principal objectif est de la ralentir.
Mais on constate une accalmie de ces deux côtés, et comme on le disait, les données du PIB confirment cette tendance.
En ce sens, la Banque se sent donc un peu plus à l’aise.
Ce matin, comment les marchés intègrent-ils d’autres fluctuations du taux du financement à un jour cette année?
Est-ce qu’ils tiennent compte de hausses ou même de baisses potentielles?
Quel message lancent-ils?
La question est plutôt de savoir quand la Banque commencera à réduire les taux. Ou combien de temps ce contexte de taux élevés va persister.
Pour le moment, seule une minorité, c’est-à-dire environ 30 % du marché, anticipe une nouvelle hausse.
Il y a donc encore des gens qui pensent qu’il y aura une autre hausse cette année.
Mais la majorité – environ 50 % du marché – s’attend à une baisse d’ici juillet 2024.
Ce qui est intéressant, c’est qu’on a observé une légère détente à l’égard de ces probabilités après l’annonce d’aujourd’hui, parce que la banque est restée ferme.
On voit une légère évolution des attentes du marché quant à une baisse des taux, qui sont passées de 60 à 50 %.
On observe donc un mouvement.
D’accord. D’après vos perspectives, vous n’anticipez pas que la Banque du Canada relève encore les taux cette année.
Quelle est la probabilité que la Banque du Canada parvienne à réaliser un atterrissage en douceur pour l’économie canadienne?
Plusieurs s’inquiètent d’une possible récession.
Mais pensez-vous que c’est possible?
Oui, c’est une possibilité.
On l’espère ardemment.
Même en cas de ralentissement ou de légère contraction de la demande, de la consommation et du PIB, on espère qu’on pourra tout de même parler d’atterrissage en douceur.
Il faut bien se rappeler ce qu’on entend par « atterrissage en douceur ».
Il s’agit de parvenir à calmer la demande de main-d’œuvre sans entraîner de contraction du taux de chômage. On vise un ralentissement sans effondrement.
Et c’est très difficile à réaliser.
Il ne faut donc pas oublier que la marge d’erreur est très mince. C’est pourquoi la Banque devra se montrer très prudente.
Mais les signes sont déjà là.
Par exemple, les taux de postes vacants, c’est-à-dire la demande de main-d’œuvre, ont diminué d’environ 1,5 point de pourcentage depuis le sommet.
Et le taux de chômage a augmenté, mais d’un demi-point de pourcentage seulement, ou un peu plus.
Les signes sont visibles.
En revanche, les pressions salariales demeurent obstinément élevées.
Et si les pressions salariales demeurent élevées, la main-d’œuvre restera plus coûteuse pour les entreprises.
Si la demande chute fortement, on s’expose à une déferlante de mises à pied.
C’est le scénario dont personne ne veut, et la Banque du Canada n’en veut pas non plus.
D’accord. Au-delà des inquiétudes liées à l’inflation et à une récession, quels risques pèsent actuellement le plus sur les perspectives de la Banque du Canada?
Selon nous, les risques liés aux ménages.
Comme tout le monde le sait et comme on l’a vu à maintes reprises dans les rapports sur la politique monétaire de la Banque du Canada, le cycle de renouvellement des prêts hypothécaires ne fait que commencer.
On n’a pas encore vu le plein effet des hausses de taux d’intérêt.
La hausse de 475 points de base ne s’est pas encore répercutée sur tous les ménages, parce que le cycle de renouvellement est d’environ cinq ans.
Il y a donc un décalage.
Il y a en effet un décalage.
Une partie des ménages a vraiment ressenti le contrecoup et a réduit sa consommation, parce que les dettes sont plus chères à rembourser.
Mais tous les Canadiens n’en sont pas encore là.
Au fil des mois, le phénomène va se généraliser et peut-être même s’inscrire dans un horizon plus lointain que l’année à venir.
Ces effets vont probablement persister pendant plusieurs années.
Très rapidement, quelle direction va prendre le huard dans les prochains mois?
En ce moment, à cause de l’écart entre les taux d’intérêt au Canada et aux États-Unis, le huard subit une forte pression à la baisse.
Cette faiblesse va sans doute subsister le reste de l’année et début 2024.
Il n’y a vraiment rien qui pourrait contrer cette tendance, même le prix du pétrole, qui n’est plus un facteur important pour le huard.
On s’attend incontestablement à une faiblesse du dollar canadien.
Maria, merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions.
Merci beaucoup de l’invitation. [MUSIQUE]
Sans surprise, la Banque du Canada maintient le taux du financement à un jour à 5 %.
Maria, que retenez-vous de cette journée?
Je retiens surtout le ton du communiqué que la Banque du Canada a publié.
Je crois que tout le monde s’attendait à une pause cette fois-ci.
Mais il est intéressant de voir comment la Banque envisage l’avenir.
On s’attendait aussi à un ton plus ferme, ou à une position plus ferme.
Si vous vous souvenez bien, en début d’année, après la première pause, les marchés ont vraiment intégré des baisses de taux dans leurs prix, ce qui a fait bondir l’activité sur le marché du logement.
De plus, la demande s’est redressée, tout comme la consommation.
La Banque veut donc vraiment rester ferme et laisser la porte ouverte à une autre hausse.
Et c’est ce qu’elle dit dans son communiqué d’aujourd’hui.
Toutefois, elle reconnaît que l’économie connaît un ralentissement.
L’économie est entrée dans une période de ralentissement de la croissance.
C’était intéressant.
Vous avez parlé de la faiblesse du PIB au 2e trimestre, publié la semaine dernière.
Pensez-vous que la Banque du Canada en a fini avec les hausses cette année?
Oui, on ne pense pas qu’il y en aura d’autres.
Même avant la publication des chiffres du PIB, on anticipait une pause pour tout le reste de l’année.
Mais maintenant, les signes vont encore plus dans ce sens.
Dans ses communiqués précédents, la Banque du Canada surveillait de près la demande excédentaire et la reprise du marché du logement. En plus de l’inflation, bien sûr, puisque son principal objectif est de la ralentir.
Mais on constate une accalmie de ces deux côtés, et comme on le disait, les données du PIB confirment cette tendance.
En ce sens, la Banque se sent donc un peu plus à l’aise.
Ce matin, comment les marchés intègrent-ils d’autres fluctuations du taux du financement à un jour cette année?
Est-ce qu’ils tiennent compte de hausses ou même de baisses potentielles?
Quel message lancent-ils?
La question est plutôt de savoir quand la Banque commencera à réduire les taux. Ou combien de temps ce contexte de taux élevés va persister.
Pour le moment, seule une minorité, c’est-à-dire environ 30 % du marché, anticipe une nouvelle hausse.
Il y a donc encore des gens qui pensent qu’il y aura une autre hausse cette année.
Mais la majorité – environ 50 % du marché – s’attend à une baisse d’ici juillet 2024.
Ce qui est intéressant, c’est qu’on a observé une légère détente à l’égard de ces probabilités après l’annonce d’aujourd’hui, parce que la banque est restée ferme.
On voit une légère évolution des attentes du marché quant à une baisse des taux, qui sont passées de 60 à 50 %.
On observe donc un mouvement.
D’accord. D’après vos perspectives, vous n’anticipez pas que la Banque du Canada relève encore les taux cette année.
Quelle est la probabilité que la Banque du Canada parvienne à réaliser un atterrissage en douceur pour l’économie canadienne?
Plusieurs s’inquiètent d’une possible récession.
Mais pensez-vous que c’est possible?
Oui, c’est une possibilité.
On l’espère ardemment.
Même en cas de ralentissement ou de légère contraction de la demande, de la consommation et du PIB, on espère qu’on pourra tout de même parler d’atterrissage en douceur.
Il faut bien se rappeler ce qu’on entend par « atterrissage en douceur ».
Il s’agit de parvenir à calmer la demande de main-d’œuvre sans entraîner de contraction du taux de chômage. On vise un ralentissement sans effondrement.
Et c’est très difficile à réaliser.
Il ne faut donc pas oublier que la marge d’erreur est très mince. C’est pourquoi la Banque devra se montrer très prudente.
Mais les signes sont déjà là.
Par exemple, les taux de postes vacants, c’est-à-dire la demande de main-d’œuvre, ont diminué d’environ 1,5 point de pourcentage depuis le sommet.
Et le taux de chômage a augmenté, mais d’un demi-point de pourcentage seulement, ou un peu plus.
Les signes sont visibles.
En revanche, les pressions salariales demeurent obstinément élevées.
Et si les pressions salariales demeurent élevées, la main-d’œuvre restera plus coûteuse pour les entreprises.
Si la demande chute fortement, on s’expose à une déferlante de mises à pied.
C’est le scénario dont personne ne veut, et la Banque du Canada n’en veut pas non plus.
D’accord. Au-delà des inquiétudes liées à l’inflation et à une récession, quels risques pèsent actuellement le plus sur les perspectives de la Banque du Canada?
Selon nous, les risques liés aux ménages.
Comme tout le monde le sait et comme on l’a vu à maintes reprises dans les rapports sur la politique monétaire de la Banque du Canada, le cycle de renouvellement des prêts hypothécaires ne fait que commencer.
On n’a pas encore vu le plein effet des hausses de taux d’intérêt.
La hausse de 475 points de base ne s’est pas encore répercutée sur tous les ménages, parce que le cycle de renouvellement est d’environ cinq ans.
Il y a donc un décalage.
Il y a en effet un décalage.
Une partie des ménages a vraiment ressenti le contrecoup et a réduit sa consommation, parce que les dettes sont plus chères à rembourser.
Mais tous les Canadiens n’en sont pas encore là.
Au fil des mois, le phénomène va se généraliser et peut-être même s’inscrire dans un horizon plus lointain que l’année à venir.
Ces effets vont probablement persister pendant plusieurs années.
Très rapidement, quelle direction va prendre le huard dans les prochains mois?
En ce moment, à cause de l’écart entre les taux d’intérêt au Canada et aux États-Unis, le huard subit une forte pression à la baisse.
Cette faiblesse va sans doute subsister le reste de l’année et début 2024.
Il n’y a vraiment rien qui pourrait contrer cette tendance, même le prix du pétrole, qui n’est plus un facteur important pour le huard.
On s’attend incontestablement à une faiblesse du dollar canadien.
Maria, merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions.
Merci beaucoup de l’invitation. [MUSIQUE]