La Banque du Canada a de nouveau relevé son taux directeur, qui se trouve maintenant à 4,25 %. Greg Bonnell s’entretient avec Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe mondiaux à gestion active, Gestion de Placements TD, de l’évolution des taux et des implications pour les marchés.
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La Banque du Canada a relevé les taux d’intérêt de 50 points de base aujourd’hui, c’est la septième hausse d’affilée. Et si la banque centrale a déclaré que l’inflation reste un problème, elle a également indiqué que ce cycle de hausse pourrait bientôt prendre fin.
Accueillons Scott Colburn, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active à Gestion de Placements TD. C’est un plaisir de vous revoir ici.
Je suis ravi d’être avec vous, Greg.
Parlons de ce qu’a annoncé la Banque du Canada aujourd’hui. Il semble que le marché nous indique clairement que la banque est sur le point d’arrêter cette hausse de taux. Est-ce de cette façon qu’on devrait interpréter l’annonce d’aujourd’hui?
Oui, je pense qu’il y a un peu de tout sur le marché en ce moment, une fermeté et une souplesse. On s’est penchés sur la question, le marché était divisé entre 25 et 50 points de base. Finalement, il y en a eu 50, donc une approche ferme. Mais le message a changé, comme vous le dites.
Il s’agit maintenant de… Avant, l’idée était qu’elle allait augmenter les taux. Maintenant, elle se demande si elle va augmenter les taux à l’avenir. Il y a donc une marge de manœuvre. La Banque du Canada se concentre actuellement sur la dépendance aux données. Et la question est de savoir si le prochain taux sera nul, la fin du cycle de taux, ou de 25?
C’est la trajectoire que beaucoup de banques centrales ont empruntée. L’accent a été mis sur l’accélération des hausses de taux. Et on approche de la fin, que ce soit pour la Fed, la Banque du Canada, la BRA ou d’autres entités. Il faut maintenant se demander où on va se retrouver. Quel sera le taux final? Et ensuite, la durée pendant laquelle on va rester à cet endroit, c’est la trajectoire que je surveille en tant qu’investisseur.
Relever les taux comme ça pour tenter de maîtriser l’inflation a pour but de freiner l’économie dans une certaine mesure. J’imagine qu’à 4,25 %, on est entièrement restrictifs. On pourrait se demander si on a… est-ce qu’on pense pouvoir ralentir l’inflation avec un taux comme celui-ci?
Et je pense que c’est le débat que tout le monde a, non? La politique monétaire fonctionne avec un décalage. On commence à voir que… dans les dernières données sur le PIB, la demande intérieure a fléchi. Tant du côté du logement que de la consommation…
Il y a donc des signes que les augmentations de taux, que ces hausses rapides commencent à alimenter l’économie. Toutefois, comme la Banque du Canada l’a souligné, l’inflation demeure élevée. Elle a atteint un sommet et se résorbe, mais elle est encore à un niveau inacceptable. Il y a toujours beaucoup d’incertitude.
Il faut laisser passer les choses et voir comment les répercussions de la politique monétaire se feront sentir au niveau national et international. Il est donc temps de réfléchir, de prendre du recul par rapport à ces hausses rapides, et peut-être qu’on a juste besoin d’une pause. On évaluera les données au cours de la prochaine réunion en janvier. Et on avisera à partir de là.
Actuellement, le marché est divisé entre 0 et 25 et ce sera le cas aussi en janvier. Un peu comme aujourd’hui, mais de manière moins importante.
Dans le meilleur des cas, bien sûr, comme vous l’avez dit, il y a eu beaucoup de hausses de taux importantes cette année. On contrôle l’inflation. On l’amène dans la bonne direction. On ne nuit pas trop à l’économie, même si on la ralentit.
Parlons de la courbe des taux et de l’inversion de la courbe canadienne et ce qu’elle nous révèle.
Alors, les mots les plus dangereux du langage de placement, c’est « c’est différent cette fois-ci », non? Beaucoup de gens remettent en question l’idée d’une récession, tant sur le marché intérieur, le marché obligataire canadien, que sur le marché américain. C’est très inversé. Cet indicateur a été fiable, mais peu fiable en matière de délai. On ne sait pas quand ça se produira. Mais je miserais sur le fait qu’il y aura une récession au Canada et aux États-Unis.
On peut discuter de la gravité, de la profondeur, de la superficialité ou la modestie de la récession. Mais, à mon avis, le marché obligataire nous indique clairement qu’on aura une récession. Et c’est l’effet décalé de ces hausses rapides de taux. Il est donc logique que la Banque du Canada prenne du recul et évalue la situation.
Le marché obligataire nous renseigne-t-il sur la nature de la récession? On a dit qu’on pouvait en discuter, alors discutons-en. Comme je l’ai dit, dans le meilleur scénario, on se retrouve avec une récession modeste dont on sort rapidement et c’est tout. Mais, bien sûr, le pire des scénarios est celui du chômage généralisé et tout ce qui se passe en période de récession profonde. Peut-on éviter ce scénario?
Eh bien, je pense que l’un des facteurs clés est le marché de l’emploi. Et c’est encore, au Canada et aux États-Unis, un marché toujours solide. Dans la mesure où cela indique l’ampleur de la récession, la croissance de l’emploi a certainement ralenti. Toutefois, les salaires demeurent solides. Les États-Unis ont enregistré de solides chiffres. Jusqu’à présent, le marché de l’emploi nous indique que le ralentissement sera plus modeste.
Y a-t-il un élément, peut-être, qui surprend par rapport à la résilience… Même la Banque du Canada a dû admettre aujourd’hui que l’économie a été un peu plus résiliente face à ses actions parce qu’il s’agit vraiment de fortes hausses de taux qu’on n’avait pas prévues pour cette année. Mais le marché de l’emploi demeure résilient. Le PIB est aussi un peu faible, mais il semble à un niveau supérieur à celui sur lequel la plupart des gens misaient.
Oui, je pense que c’est un thème qui revient à l’échelle mondiale, n’est-ce pas? Le Canada et les États-Unis, les économies nord-américaines ont fait preuve de plus de résilience que, ce qui au départ, selon les modèles, les prévisions et les politiques devait se passer. Et qu’il s’agisse des politiques, des politiques budgétaires ou des mesures pour gérer la pandémie…
L’épargne a été bonne. Le marché du travail s’est bien adapté. Les marchés des produits de base ont été favorables au Canada. Le repli prend donc beaucoup plus de temps que ce que les décideurs pensaient. Cela témoigne d’une certaine résilience de l’économie mondiale et de l’économie nationale.
Le scénario le plus probable est celui d’une pause des taux plutôt que d’un revirement rapide vers des réductions. Le marché pense toujours que les banques centrales ont terminé, qu’elles vont réduire. Peut-être que dans ces circonstances, compte tenu de la résilience du marché de l’emploi, de la résilience de l’économie, il faudrait surtout faire une pause et vraiment évaluer l’inflation.
Vous avez mentionné l’économie mondiale. Qu’en est-il de la situation mondiale des banques centrales? Au Canada, on a la Banque du Canada qui indique que c’est peut-être terminé ou qu’on aura un taux modeste la prochaine fois. Mais les facteurs sont différents dans notre économie.
Je pense au marché de l’habitation. Je pense à notre dette. Qu’en est-il des autres banques centrales?
La Banque de réserve de l’Australie nous a donné un signal cette semaine… il y a des similitudes avec le Canada, une économie axée sur les produits de base. Elle a relevé les taux de 25 points de base, mais son message était un peu plus ferme. Il y a probablement d’autres hausses à venir.
Pour en revenir à l’approche de politique à plusieurs niveaux que j’ai décrite, le rythme… le rythme des hausses de taux en Australie s’est en quelque sorte atténué. Mais où vont ces taux? La Fed, la Banque du Canada, la BRA et d’autres banques centrales indiquent qu’il reste encore un peu de chemin à faire. On est dans la septième ou la huitième phase de hausses de taux, mais on s’approche de la fin.
Et puis, il faut se demander pendant combien de temps on reste à ce niveau. Quel est l’effet de l’inflation? Comment se comportent le marché des salaires et le marché de l’emploi? À quel point l’inflation est-elle galopante?
On sait que l’inflation diminuera l’an prochain, surtout avec la baisse du prix des produits de base et les ajustements de la chaîne d’approvisionnement. Est-ce qu’elle redescendra vers les 2 % ou est-ce qu’elle sera plus importante à environ 3 % ou plus?
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La Banque du Canada a relevé les taux d’intérêt de 50 points de base aujourd’hui, c’est la septième hausse d’affilée. Et si la banque centrale a déclaré que l’inflation reste un problème, elle a également indiqué que ce cycle de hausse pourrait bientôt prendre fin.
Accueillons Scott Colburn, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active à Gestion de Placements TD. C’est un plaisir de vous revoir ici.
Je suis ravi d’être avec vous, Greg.
Parlons de ce qu’a annoncé la Banque du Canada aujourd’hui. Il semble que le marché nous indique clairement que la banque est sur le point d’arrêter cette hausse de taux. Est-ce de cette façon qu’on devrait interpréter l’annonce d’aujourd’hui?
Oui, je pense qu’il y a un peu de tout sur le marché en ce moment, une fermeté et une souplesse. On s’est penchés sur la question, le marché était divisé entre 25 et 50 points de base. Finalement, il y en a eu 50, donc une approche ferme. Mais le message a changé, comme vous le dites.
Il s’agit maintenant de… Avant, l’idée était qu’elle allait augmenter les taux. Maintenant, elle se demande si elle va augmenter les taux à l’avenir. Il y a donc une marge de manœuvre. La Banque du Canada se concentre actuellement sur la dépendance aux données. Et la question est de savoir si le prochain taux sera nul, la fin du cycle de taux, ou de 25?
C’est la trajectoire que beaucoup de banques centrales ont empruntée. L’accent a été mis sur l’accélération des hausses de taux. Et on approche de la fin, que ce soit pour la Fed, la Banque du Canada, la BRA ou d’autres entités. Il faut maintenant se demander où on va se retrouver. Quel sera le taux final? Et ensuite, la durée pendant laquelle on va rester à cet endroit, c’est la trajectoire que je surveille en tant qu’investisseur.
Relever les taux comme ça pour tenter de maîtriser l’inflation a pour but de freiner l’économie dans une certaine mesure. J’imagine qu’à 4,25 %, on est entièrement restrictifs. On pourrait se demander si on a… est-ce qu’on pense pouvoir ralentir l’inflation avec un taux comme celui-ci?
Et je pense que c’est le débat que tout le monde a, non? La politique monétaire fonctionne avec un décalage. On commence à voir que… dans les dernières données sur le PIB, la demande intérieure a fléchi. Tant du côté du logement que de la consommation…
Il y a donc des signes que les augmentations de taux, que ces hausses rapides commencent à alimenter l’économie. Toutefois, comme la Banque du Canada l’a souligné, l’inflation demeure élevée. Elle a atteint un sommet et se résorbe, mais elle est encore à un niveau inacceptable. Il y a toujours beaucoup d’incertitude.
Il faut laisser passer les choses et voir comment les répercussions de la politique monétaire se feront sentir au niveau national et international. Il est donc temps de réfléchir, de prendre du recul par rapport à ces hausses rapides, et peut-être qu’on a juste besoin d’une pause. On évaluera les données au cours de la prochaine réunion en janvier. Et on avisera à partir de là.
Actuellement, le marché est divisé entre 0 et 25 et ce sera le cas aussi en janvier. Un peu comme aujourd’hui, mais de manière moins importante.
Dans le meilleur des cas, bien sûr, comme vous l’avez dit, il y a eu beaucoup de hausses de taux importantes cette année. On contrôle l’inflation. On l’amène dans la bonne direction. On ne nuit pas trop à l’économie, même si on la ralentit.
Parlons de la courbe des taux et de l’inversion de la courbe canadienne et ce qu’elle nous révèle.
Alors, les mots les plus dangereux du langage de placement, c’est « c’est différent cette fois-ci », non? Beaucoup de gens remettent en question l’idée d’une récession, tant sur le marché intérieur, le marché obligataire canadien, que sur le marché américain. C’est très inversé. Cet indicateur a été fiable, mais peu fiable en matière de délai. On ne sait pas quand ça se produira. Mais je miserais sur le fait qu’il y aura une récession au Canada et aux États-Unis.
On peut discuter de la gravité, de la profondeur, de la superficialité ou la modestie de la récession. Mais, à mon avis, le marché obligataire nous indique clairement qu’on aura une récession. Et c’est l’effet décalé de ces hausses rapides de taux. Il est donc logique que la Banque du Canada prenne du recul et évalue la situation.
Le marché obligataire nous renseigne-t-il sur la nature de la récession? On a dit qu’on pouvait en discuter, alors discutons-en. Comme je l’ai dit, dans le meilleur scénario, on se retrouve avec une récession modeste dont on sort rapidement et c’est tout. Mais, bien sûr, le pire des scénarios est celui du chômage généralisé et tout ce qui se passe en période de récession profonde. Peut-on éviter ce scénario?
Eh bien, je pense que l’un des facteurs clés est le marché de l’emploi. Et c’est encore, au Canada et aux États-Unis, un marché toujours solide. Dans la mesure où cela indique l’ampleur de la récession, la croissance de l’emploi a certainement ralenti. Toutefois, les salaires demeurent solides. Les États-Unis ont enregistré de solides chiffres. Jusqu’à présent, le marché de l’emploi nous indique que le ralentissement sera plus modeste.
Y a-t-il un élément, peut-être, qui surprend par rapport à la résilience… Même la Banque du Canada a dû admettre aujourd’hui que l’économie a été un peu plus résiliente face à ses actions parce qu’il s’agit vraiment de fortes hausses de taux qu’on n’avait pas prévues pour cette année. Mais le marché de l’emploi demeure résilient. Le PIB est aussi un peu faible, mais il semble à un niveau supérieur à celui sur lequel la plupart des gens misaient.
Oui, je pense que c’est un thème qui revient à l’échelle mondiale, n’est-ce pas? Le Canada et les États-Unis, les économies nord-américaines ont fait preuve de plus de résilience que, ce qui au départ, selon les modèles, les prévisions et les politiques devait se passer. Et qu’il s’agisse des politiques, des politiques budgétaires ou des mesures pour gérer la pandémie…
L’épargne a été bonne. Le marché du travail s’est bien adapté. Les marchés des produits de base ont été favorables au Canada. Le repli prend donc beaucoup plus de temps que ce que les décideurs pensaient. Cela témoigne d’une certaine résilience de l’économie mondiale et de l’économie nationale.
Le scénario le plus probable est celui d’une pause des taux plutôt que d’un revirement rapide vers des réductions. Le marché pense toujours que les banques centrales ont terminé, qu’elles vont réduire. Peut-être que dans ces circonstances, compte tenu de la résilience du marché de l’emploi, de la résilience de l’économie, il faudrait surtout faire une pause et vraiment évaluer l’inflation.
Vous avez mentionné l’économie mondiale. Qu’en est-il de la situation mondiale des banques centrales? Au Canada, on a la Banque du Canada qui indique que c’est peut-être terminé ou qu’on aura un taux modeste la prochaine fois. Mais les facteurs sont différents dans notre économie.
Je pense au marché de l’habitation. Je pense à notre dette. Qu’en est-il des autres banques centrales?
La Banque de réserve de l’Australie nous a donné un signal cette semaine… il y a des similitudes avec le Canada, une économie axée sur les produits de base. Elle a relevé les taux de 25 points de base, mais son message était un peu plus ferme. Il y a probablement d’autres hausses à venir.
Pour en revenir à l’approche de politique à plusieurs niveaux que j’ai décrite, le rythme… le rythme des hausses de taux en Australie s’est en quelque sorte atténué. Mais où vont ces taux? La Fed, la Banque du Canada, la BRA et d’autres banques centrales indiquent qu’il reste encore un peu de chemin à faire. On est dans la septième ou la huitième phase de hausses de taux, mais on s’approche de la fin.
Et puis, il faut se demander pendant combien de temps on reste à ce niveau. Quel est l’effet de l’inflation? Comment se comportent le marché des salaires et le marché de l’emploi? À quel point l’inflation est-elle galopante?
On sait que l’inflation diminuera l’an prochain, surtout avec la baisse du prix des produits de base et les ajustements de la chaîne d’approvisionnement. Est-ce qu’elle redescendra vers les 2 % ou est-ce qu’elle sera plus importante à environ 3 % ou plus?
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