Les marchés boursiers ont fait preuve de résilience malgré des facteurs défavorables comme les taux d’intérêt élevés, les risques géopolitiques accrus et les perspectives économiques incertaines. Phil Davis, fondateur de PhilStockworld.com, explique pourquoi il pense que les marchés pourraient être trop tendus et examine comment cela pourrait toucher les investisseurs à l’avenir.
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Qu’il s’agisse du risque géopolitique ou des événements dramatiques à Washington, de l’inflation persistante et des taux d’intérêt élevés, une grande incertitude plane sur ces marchés. Je suis accompagné de Phil Davis, fondateur de philstockworld.com, qui nous donnera son point de vue sur la façon d’aborder le contexte de placement actuel. Phil, c’est toujours un plaisir de vous revoir.
Bonjour. Très heureux d’être ici. Merci.
On a beaucoup de sujets à aborder. Heureusement, nous serons ensemble pour l’émission au complet. J’aimerais commencer par ce qu’on observe sur les marchés en ce moment. Les marchés ont connu des jours difficiles, que ce soit à cause de la hausse des taux obligataires ou de l’incertitude au Moyen-Orient. Comment est-ce que vous interprétez tout ça?
Eh bien, pour ce qui est de l’aspect géopolitique, c’est une importante variable inconnue. La guerre en Ukraine fait rage depuis des années. On s’habitue à ce genre de choses après un certain temps... malheureusement, on s’habitue à tout. Et je m’inquiète davantage des marchés en ce moment, qui sont, selon moi, très tendus.
Et le problème, c’est que les marchés se comportent comme s’il ne se passait rien, mais il y a des choses qui se passent. Je pense que c’est là qu’on rencontre des difficultés, c’est l’optimisme sur les marchés. C’est encore une fois cette exubérance irrationnelle.
Ça ne semble pas très bon, parce qu’il se passe beaucoup de choses. Et ce sont des situations changeantes, en particulier au Moyen-Orient. Si quelque chose se produisait, ça pourrait secouer les marchés. Pourrait-il y avoir une réaction exagérée?
Eh bien, c’est un peu ce qu’on a vu récemment, non? La Fed a affirmé que les politiques pourraient être un peu plus serrées qu’on ne le pense, et que ce sera plus long que prévu, puis la guerre a éclaté au Moyen-Orient. Et l’inflation a plus tendance à reculer que ce que l’on aurait pu croire, ce qui justifie que la Fed continue de resserrer les politiques. Ce n’est pas aussi reluisant qu’un indice S&P qui affiche près de 30 fois les bénéfices. Ça n’a aucun sens.
Le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans ne cesse d’augmenter pour atteindre 5 %, puis il augmente et diminue, mais demeure très élevé. Il faut remonter jusqu’à... quoi? 2007 ou 2006 pour retrouver de tels niveaux? Quel est le facteur ici? Est-ce seulement les banques centrales qui nous disent que les taux vont probablement demeurer élevés encore?
Eh bien, écoutez, les banques centrales nous disent que c’est ce qu’il faut pour contenir l’inflation. On ne veut pas d’une inflation de 10 % par année. On a connu ça dans les années 1980. C’est très douloureux et difficile à gérer.
Ce que les investisseurs doivent surtout comprendre... étonnamment, les gens ne comprennent pas ça, c’est que 5 % d’intérêt sur une obligation, c’est 5 % d’intérêt sur une obligation. C’est un placement techniquement sans risque, même si ce n’est pas le cas, parce que lorsque l’obligation augmente, vous perdez de l’argent. Mais en théorie, c’est un placement sans risque par rapport au marché.
Maintenant, une société qui gagne 20 fois ses bénéfices génère aussi un rendement de 5 %. C’est ce que reflètent 20 fois les bénéfices : un taux de rendement de 5 % sur votre argent au fil du temps. Quand on est au-dessus d’un multiple de 20 fois, l’action n’est pas aussi bonne que l’obligation. Et si votre action n’est pas aussi bonne que l’obligation, qui est essentiellement sûre, alors elle doit avoir de sacrées bonnes raisons d’être à ce prix. Et les gens ont complètement perdu contact avec ce concept.
Parlons de ce contexte. Et si on pense aux taux qui vont demeurer élevés pendant plus longtemps et à ce qui se passe actuellement avec les banques centrales, après un an et demi de fortes hausses de taux, il y a des gens qui auraient pensé que l’économie aurait manifestement ralenti. À l’approche de cette année, certains croyaient qu’on pourrait même être en territoire négatif en ce moment parce que le travail aurait été fait.
Mais le travail prend plus de temps. Tout ça pour vous poser la question suivante : la Fed a-t-elle perdu l’influence qu’elle pense avoir sur l’économie?
Je pense que les gens pensent que la Fed a plus d’influence qu’elle n’en a en réalité. La Fed peut réagir... dans un contexte de stagnation où il n’y a rien de nouveau sur le plan économique, elle peut dire, d’accord, on va s’orienter de telle ou telle façon. Mais si l’économie se dirige dans une certaine direction, la Fed ne peut pas faire grand-chose. Elle va tout simplement se faire dépasser.
Et ce que la Fed ne peut pas se permettre, c’est d’avoir l’air idiote, car c’est la mythologie selon laquelle elle est en mesure d’influencer les marchés qui est sa plus grande puissance. C’est comme le Magicien d’Oz. Ne regardez pas derrière les rideaux, car ce n’est qu’une simple personne qui tire sur des leviers. Et si les gens perdent foi en la capacité de la Fed de contrôler l’économie, c’est à ce moment-là que l’économie peut vraiment devenir incontrôlable.
Eh bien, lorsqu’on parle d’économie, on parle du fait qu’on pensait que la Fed avait peut-être plus d’influence à ce stade-ci. On entend constamment parler de consommateurs résilients. Les consommateurs et les ménages sont-ils vraiment aussi solides à ce stade-ci du cycle?
Non. Je pense que l’endettement des consommateurs est de plus de 5 000 milliards de dollars, et ce n’est pas une créance hypothécaire. L’endettement des consommateurs s’élève à plus de 5 000 milliards de dollars. Et peut-être que 20 % de ce montant est lié au crédit renouvelable, à des taux de 18 %, 20 %, peu importe le taux qu’ils imposent ces jours-ci pour les cartes de crédit. Ça fait mal, et les gens atteignent en quelque sorte leur limite.
Et c’est pourquoi on surveille les bénéfices des banques de très près pour entendre ce qu’elles ont à dire au sujet des consommateurs, des défauts de paiement, des frais de retard, etc. Ça commence à bloquer, parce que les consommateurs ont vraiment atteint leur limite. Et maintenant on approche de la période des achats des fêtes. Si ça ne s’améliore pas, il va y avoir de graves problèmes.
J’ai souvent pensé à la situation des consommateurs et au fait que les soldes de cartes de crédit augmentent aussi. Et je me demande, avec ma compréhension limitée, si c’est de la résilience ou simplement le fait de tirer parti de tous les mécanismes disponibles pour continuer à dépenser.
Pour moi, c’est de tirer parti des mécanismes. Les gens obtiennent des emplois. Il y a plus d’emplois, non? On augmente donc le nombre de consommateurs de quelques millions; une personne qui a un emploi est mieux qu’une personne qui n’en a pas. On augmente donc le nombre de consommateurs de quelques millions par année. Mais ce n’est pas suffisant pour vraiment faire pencher la balance.
Ce qui motive vraiment les dépenses de consommation, c’est l’inflation. Il faut dépenser plus. Il faut aller à l’épicerie. L’an dernier, ça coûtait 200 $ pour aller magasiner. Ça coûte maintenant 250 $ pour aller magasiner. Alors oui, les dépenses de consommation ont augmenté, mais pas parce que les gens sont heureux de dépenser, pas parce qu’ils y prennent du plaisir. C’est un problème.
Parlons d’intelligence artificielle. Je sais que vous avez déjà mentionné à quelques reprises à l’émission qu’on est en pleine période de bénéfices. On commence à voir certains des meilleurs résultats publiés dans le secteur des technologies. Qu’est-ce que vous vous attendez à voir, compte tenu de la hausse de l’IA observée plus tôt cette année? Plus tôt cette année, vous avez utilisé le mot « IA » dans votre publication des résultats, et tout le monde s’est emballé. Qu’est-ce qui se passe maintenant?
Eh bien, à long terme, l’IA va connaître un énorme succès, tout comme l’a été la bulle technologique. Mais, tout comme la bulle technologique, neuf sociétés sur dix qui font de l’intelligence artificielle vont disparaître dans 10 ou 5 ans. Qui sait? Les gens lancent de l’argent sur n’importe quel titre qui dit « IA ».
Mais, en toute honnêteté, seulement 11 sociétés du S&P 500 environ fournissent de l’IA. Les 489 autres sociétés de l’indice S&P 500 consomment de l’IA. Elles paient pour l’IA en tant que service. C’est une dépense supplémentaire. Et elles doivent justifier cette dépense au fil du temps par des gains de productivité. Sinon, c’était un mauvais projet, tout comme la bulle technologique. Les gens ne pouvaient pas justifier tout l’argent qu’ils injectaient dans des projets liés à la bulle technologique à ce moment-là.
En fait, aujourd’hui, Microsoft a enregistré des bénéfices spectaculaires parce qu’elle a, de façon très judicieuse, dépensé 10 milliards de dollars le premier jour de l’intelligence artificielle et a acheté OpenAI et ChatGPT. Elle les a achetées. Et parce qu’elle les a achetées, ChatGPT est entièrement hébergée dans le nuage de Microsoft.
Il y a aussi Bing qui est devenu plus populaire, également hébergée dans le nuage de Microsoft, de sorte que les services infonuagiques de Microsoft ont explosé. De son côté, Google, qui s’est ruée sur le marché avec Bard... eh bien ce n’est pas un très bon produit. Et elle n’est pas en mesure de l’intégrer et de faire ce que fait Microsoft. Donc Microsoft a grimpé, et Google a reculé.
Donc, même les sociétés qui fournissent de l’IA ne seront pas gagnantes. Mais Google, Nvidia, Adobe, des sociétés comme ça, auront de bons résultats avec l’IA. Mais d’autres sociétés ne font qu’en acheter. C’est un service.
C’est vraiment une situation totalement différente pour ces deux sociétés. On vient de montrer à l’auditoire comment Microsoft s’est comportée grâce à ses bénéfices et comment Google s’est comportée... c’est un portrait très divergent. Il y avait Meta, la société mère de Facebook, après la fermeture. Il y en a eu plus pour le reste de la semaine. Que surveillez-vous chez certaines de ces sociétés si, en effet, on devrait les examiner sous l’angle de l’IA?
Encore une fois, ce qu’il faut surtout retenir, c’est que pour la plupart des entreprises, ce n’est pas une question de détenir l’IA. Le fait de dire « IA », tout comme « bulle technologique », ça ne veut pas dire qu’on va réussir. Ce qui compte, c’est que vous en faites. Si vous trouvez une solution intelligente et que vous mettez au point un système autour de ça qui crée une expérience client qui génère des revenus, tant mieux.
Mais la plupart des sociétés ne le font pas. La plupart des sociétés disent simplement qu’elles doivent avoir de l’IA. Elles ne savent pas pourquoi. Elles ne savent pas ce qu’elles vont en faire, mais tout le monde semble l’avoir, alors elles se disent qu’elles devraient agir rapidement. Et oui, elles ont probablement raison, mais cela signifie des dépenses, des dépenses, et encore des dépenses. Et peut-être que l’année prochaine, elles vont décider comment en tirer de l’argent.
On dirait qu’on est au début de l’ensemble de la communauté ayant accès au World Wide Web, comme on l’appelait à l’époque. Je me souviens de mon vieux modem 14.4, qui composait, et d’avoir participé à des forums de discussion. On se disait : « Hé, c’est plutôt cool de parler à quelqu’un à l’autre bout du monde d’un nouvel album qui vient de sortir », mais comment pouvait-on faire de l’argent avec ça? Ils ont fini par trouver le moyen d’en tirer de l’argent.
Oui, mais combien de sociétés l’ont vraiment fait, n’est-ce pas? Combien de sociétés ont compris comment faire? Ça s’est joué entre quelques mégasociétés technologiques qui existent encore aujourd’hui. [MUSIQUE]
Qu’il s’agisse du risque géopolitique ou des événements dramatiques à Washington, de l’inflation persistante et des taux d’intérêt élevés, une grande incertitude plane sur ces marchés. Je suis accompagné de Phil Davis, fondateur de philstockworld.com, qui nous donnera son point de vue sur la façon d’aborder le contexte de placement actuel. Phil, c’est toujours un plaisir de vous revoir.
Bonjour. Très heureux d’être ici. Merci.
On a beaucoup de sujets à aborder. Heureusement, nous serons ensemble pour l’émission au complet. J’aimerais commencer par ce qu’on observe sur les marchés en ce moment. Les marchés ont connu des jours difficiles, que ce soit à cause de la hausse des taux obligataires ou de l’incertitude au Moyen-Orient. Comment est-ce que vous interprétez tout ça?
Eh bien, pour ce qui est de l’aspect géopolitique, c’est une importante variable inconnue. La guerre en Ukraine fait rage depuis des années. On s’habitue à ce genre de choses après un certain temps... malheureusement, on s’habitue à tout. Et je m’inquiète davantage des marchés en ce moment, qui sont, selon moi, très tendus.
Et le problème, c’est que les marchés se comportent comme s’il ne se passait rien, mais il y a des choses qui se passent. Je pense que c’est là qu’on rencontre des difficultés, c’est l’optimisme sur les marchés. C’est encore une fois cette exubérance irrationnelle.
Ça ne semble pas très bon, parce qu’il se passe beaucoup de choses. Et ce sont des situations changeantes, en particulier au Moyen-Orient. Si quelque chose se produisait, ça pourrait secouer les marchés. Pourrait-il y avoir une réaction exagérée?
Eh bien, c’est un peu ce qu’on a vu récemment, non? La Fed a affirmé que les politiques pourraient être un peu plus serrées qu’on ne le pense, et que ce sera plus long que prévu, puis la guerre a éclaté au Moyen-Orient. Et l’inflation a plus tendance à reculer que ce que l’on aurait pu croire, ce qui justifie que la Fed continue de resserrer les politiques. Ce n’est pas aussi reluisant qu’un indice S&P qui affiche près de 30 fois les bénéfices. Ça n’a aucun sens.
Le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans ne cesse d’augmenter pour atteindre 5 %, puis il augmente et diminue, mais demeure très élevé. Il faut remonter jusqu’à... quoi? 2007 ou 2006 pour retrouver de tels niveaux? Quel est le facteur ici? Est-ce seulement les banques centrales qui nous disent que les taux vont probablement demeurer élevés encore?
Eh bien, écoutez, les banques centrales nous disent que c’est ce qu’il faut pour contenir l’inflation. On ne veut pas d’une inflation de 10 % par année. On a connu ça dans les années 1980. C’est très douloureux et difficile à gérer.
Ce que les investisseurs doivent surtout comprendre... étonnamment, les gens ne comprennent pas ça, c’est que 5 % d’intérêt sur une obligation, c’est 5 % d’intérêt sur une obligation. C’est un placement techniquement sans risque, même si ce n’est pas le cas, parce que lorsque l’obligation augmente, vous perdez de l’argent. Mais en théorie, c’est un placement sans risque par rapport au marché.
Maintenant, une société qui gagne 20 fois ses bénéfices génère aussi un rendement de 5 %. C’est ce que reflètent 20 fois les bénéfices : un taux de rendement de 5 % sur votre argent au fil du temps. Quand on est au-dessus d’un multiple de 20 fois, l’action n’est pas aussi bonne que l’obligation. Et si votre action n’est pas aussi bonne que l’obligation, qui est essentiellement sûre, alors elle doit avoir de sacrées bonnes raisons d’être à ce prix. Et les gens ont complètement perdu contact avec ce concept.
Parlons de ce contexte. Et si on pense aux taux qui vont demeurer élevés pendant plus longtemps et à ce qui se passe actuellement avec les banques centrales, après un an et demi de fortes hausses de taux, il y a des gens qui auraient pensé que l’économie aurait manifestement ralenti. À l’approche de cette année, certains croyaient qu’on pourrait même être en territoire négatif en ce moment parce que le travail aurait été fait.
Mais le travail prend plus de temps. Tout ça pour vous poser la question suivante : la Fed a-t-elle perdu l’influence qu’elle pense avoir sur l’économie?
Je pense que les gens pensent que la Fed a plus d’influence qu’elle n’en a en réalité. La Fed peut réagir... dans un contexte de stagnation où il n’y a rien de nouveau sur le plan économique, elle peut dire, d’accord, on va s’orienter de telle ou telle façon. Mais si l’économie se dirige dans une certaine direction, la Fed ne peut pas faire grand-chose. Elle va tout simplement se faire dépasser.
Et ce que la Fed ne peut pas se permettre, c’est d’avoir l’air idiote, car c’est la mythologie selon laquelle elle est en mesure d’influencer les marchés qui est sa plus grande puissance. C’est comme le Magicien d’Oz. Ne regardez pas derrière les rideaux, car ce n’est qu’une simple personne qui tire sur des leviers. Et si les gens perdent foi en la capacité de la Fed de contrôler l’économie, c’est à ce moment-là que l’économie peut vraiment devenir incontrôlable.
Eh bien, lorsqu’on parle d’économie, on parle du fait qu’on pensait que la Fed avait peut-être plus d’influence à ce stade-ci. On entend constamment parler de consommateurs résilients. Les consommateurs et les ménages sont-ils vraiment aussi solides à ce stade-ci du cycle?
Non. Je pense que l’endettement des consommateurs est de plus de 5 000 milliards de dollars, et ce n’est pas une créance hypothécaire. L’endettement des consommateurs s’élève à plus de 5 000 milliards de dollars. Et peut-être que 20 % de ce montant est lié au crédit renouvelable, à des taux de 18 %, 20 %, peu importe le taux qu’ils imposent ces jours-ci pour les cartes de crédit. Ça fait mal, et les gens atteignent en quelque sorte leur limite.
Et c’est pourquoi on surveille les bénéfices des banques de très près pour entendre ce qu’elles ont à dire au sujet des consommateurs, des défauts de paiement, des frais de retard, etc. Ça commence à bloquer, parce que les consommateurs ont vraiment atteint leur limite. Et maintenant on approche de la période des achats des fêtes. Si ça ne s’améliore pas, il va y avoir de graves problèmes.
J’ai souvent pensé à la situation des consommateurs et au fait que les soldes de cartes de crédit augmentent aussi. Et je me demande, avec ma compréhension limitée, si c’est de la résilience ou simplement le fait de tirer parti de tous les mécanismes disponibles pour continuer à dépenser.
Pour moi, c’est de tirer parti des mécanismes. Les gens obtiennent des emplois. Il y a plus d’emplois, non? On augmente donc le nombre de consommateurs de quelques millions; une personne qui a un emploi est mieux qu’une personne qui n’en a pas. On augmente donc le nombre de consommateurs de quelques millions par année. Mais ce n’est pas suffisant pour vraiment faire pencher la balance.
Ce qui motive vraiment les dépenses de consommation, c’est l’inflation. Il faut dépenser plus. Il faut aller à l’épicerie. L’an dernier, ça coûtait 200 $ pour aller magasiner. Ça coûte maintenant 250 $ pour aller magasiner. Alors oui, les dépenses de consommation ont augmenté, mais pas parce que les gens sont heureux de dépenser, pas parce qu’ils y prennent du plaisir. C’est un problème.
Parlons d’intelligence artificielle. Je sais que vous avez déjà mentionné à quelques reprises à l’émission qu’on est en pleine période de bénéfices. On commence à voir certains des meilleurs résultats publiés dans le secteur des technologies. Qu’est-ce que vous vous attendez à voir, compte tenu de la hausse de l’IA observée plus tôt cette année? Plus tôt cette année, vous avez utilisé le mot « IA » dans votre publication des résultats, et tout le monde s’est emballé. Qu’est-ce qui se passe maintenant?
Eh bien, à long terme, l’IA va connaître un énorme succès, tout comme l’a été la bulle technologique. Mais, tout comme la bulle technologique, neuf sociétés sur dix qui font de l’intelligence artificielle vont disparaître dans 10 ou 5 ans. Qui sait? Les gens lancent de l’argent sur n’importe quel titre qui dit « IA ».
Mais, en toute honnêteté, seulement 11 sociétés du S&P 500 environ fournissent de l’IA. Les 489 autres sociétés de l’indice S&P 500 consomment de l’IA. Elles paient pour l’IA en tant que service. C’est une dépense supplémentaire. Et elles doivent justifier cette dépense au fil du temps par des gains de productivité. Sinon, c’était un mauvais projet, tout comme la bulle technologique. Les gens ne pouvaient pas justifier tout l’argent qu’ils injectaient dans des projets liés à la bulle technologique à ce moment-là.
En fait, aujourd’hui, Microsoft a enregistré des bénéfices spectaculaires parce qu’elle a, de façon très judicieuse, dépensé 10 milliards de dollars le premier jour de l’intelligence artificielle et a acheté OpenAI et ChatGPT. Elle les a achetées. Et parce qu’elle les a achetées, ChatGPT est entièrement hébergée dans le nuage de Microsoft.
Il y a aussi Bing qui est devenu plus populaire, également hébergée dans le nuage de Microsoft, de sorte que les services infonuagiques de Microsoft ont explosé. De son côté, Google, qui s’est ruée sur le marché avec Bard... eh bien ce n’est pas un très bon produit. Et elle n’est pas en mesure de l’intégrer et de faire ce que fait Microsoft. Donc Microsoft a grimpé, et Google a reculé.
Donc, même les sociétés qui fournissent de l’IA ne seront pas gagnantes. Mais Google, Nvidia, Adobe, des sociétés comme ça, auront de bons résultats avec l’IA. Mais d’autres sociétés ne font qu’en acheter. C’est un service.
C’est vraiment une situation totalement différente pour ces deux sociétés. On vient de montrer à l’auditoire comment Microsoft s’est comportée grâce à ses bénéfices et comment Google s’est comportée... c’est un portrait très divergent. Il y avait Meta, la société mère de Facebook, après la fermeture. Il y en a eu plus pour le reste de la semaine. Que surveillez-vous chez certaines de ces sociétés si, en effet, on devrait les examiner sous l’angle de l’IA?
Encore une fois, ce qu’il faut surtout retenir, c’est que pour la plupart des entreprises, ce n’est pas une question de détenir l’IA. Le fait de dire « IA », tout comme « bulle technologique », ça ne veut pas dire qu’on va réussir. Ce qui compte, c’est que vous en faites. Si vous trouvez une solution intelligente et que vous mettez au point un système autour de ça qui crée une expérience client qui génère des revenus, tant mieux.
Mais la plupart des sociétés ne le font pas. La plupart des sociétés disent simplement qu’elles doivent avoir de l’IA. Elles ne savent pas pourquoi. Elles ne savent pas ce qu’elles vont en faire, mais tout le monde semble l’avoir, alors elles se disent qu’elles devraient agir rapidement. Et oui, elles ont probablement raison, mais cela signifie des dépenses, des dépenses, et encore des dépenses. Et peut-être que l’année prochaine, elles vont décider comment en tirer de l’argent.
On dirait qu’on est au début de l’ensemble de la communauté ayant accès au World Wide Web, comme on l’appelait à l’époque. Je me souviens de mon vieux modem 14.4, qui composait, et d’avoir participé à des forums de discussion. On se disait : « Hé, c’est plutôt cool de parler à quelqu’un à l’autre bout du monde d’un nouvel album qui vient de sortir », mais comment pouvait-on faire de l’argent avec ça? Ils ont fini par trouver le moyen d’en tirer de l’argent.
Oui, mais combien de sociétés l’ont vraiment fait, n’est-ce pas? Combien de sociétés ont compris comment faire? Ça s’est joué entre quelques mégasociétés technologiques qui existent encore aujourd’hui. [MUSIQUE]