
La Réserve fédérale américaine compte cesser ses achats d’actifs plus tôt que prévu. Elle prévoit maintenant au moins trois hausses de taux l’an prochain en réaction à la hausse de l’inflation. Anthony Okolie reçoit Scott Colbourne, directeur général, Gestion active des titres à revenu fixe, Gestion de Placements TD, pour discuter des répercussions sur l’économie américaine.
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Comme on s’y attendait, la Fed maintient son taux directeur proche de zéro. Mais elle a annoncé son intention d’arrêter plus tôt que prévu les mesures de relance. Les marchés avaient-ils anticipé cette décision ou la Fed a-t-elle créé la surprise?
Anthony, dans la réunion d’aujourd’hui... le durcissement de ton a quelque peu surprit. La première chose que l’on a notée, c’est que la Fed ne parle plus d’inflation transitoire et annonce une réduction progressive des achats d’actifs. La réunion d’aujourd’hui mettait surtout l’accent sur le résumé des projections économiques. Mais dans l’ensemble, les marchés ont accueilli l’annonce d’aujourd’hui avec sérénité.
La Fed a déclaré qu’elle ne considérait plus l’inflation comme un phénomène transitoire et qu’elle pourrait poser un risque plus important pour l’économie. Rejoignez-vous cette analyse?
Oui. Il aurait fallu arrêter d’employer le terme « transitoire » depuis longtemps. D’ailleurs, le gouverneur Powell a dit qu’il ne serait plus utilisé à compter de cette réunion. On ne parle donc plus d’inflation transitoire dans le communiqué de presse, à juste titre. De toute évidence, il y a de l’inflation. Les chiffres récents publiés depuis la dernière rencontre, quand la Fed a annoncé la réduction du soutien à l’économie, ont montré que l’inflation était plus élevée que prévu. Il fallait donc mettre cela derrière nous pour ouvrir la voie à la Fed et lui permettre d’ajuster ses projections concernant la baisse des achats d’actifs et ses taux.
Pendant cette réunion, la Fed a aussi signalé au moins trois hausses de taux l’an prochain. Mais elle compte maintenir des taux proches de zéro jusqu’à ce que l’on arrive à un niveau proche du plein emploi. Qu’est-ce que vous en pensez?
Comme j’y ai fait allusion plus tôt, la réunion d’aujourd’hui portait essentiellement sur le résumé des projections économiques. La Fed a revu ses projections pour la première fois depuis septembre. Elle a fait part de ses dernières prévisions au sujet du PIB, de l’inflation, de l’emploi et de l’évolution de son graphique à points. On note une légère hausse de l’inflation, à 2,7 % l’an prochain. C’est évidemment plus élevé que le taux cible habituel des banques centrales, qui se situe plutôt à 2 ou 2,25 %. Une inflation qui s’emballe un peu, puis se calme par la suite. Et la croissance économique a été révisée à la baisse. Ces prévisions sont assez conformes aux perspectives économiques et à des taux d’intérêt légèrement plus élevés. Il y a donc eu deux changements majeurs. Mais ce qui a vraiment retenu l’attention des marchés, c’est le graphique à points. On s’attendait à deux hausses l’année prochaine. La médiane se situait à deux, et nous en avons trois. Et cette annonce a surpris les marchés. C’est donc ce durcissement de ton qui a retenu l’attention du marché. Trois autres hausses sont prévues pour 2023. Étonnamment, seulement deux sont prévues pour 2024. En fin de compte, il faut s’attendre à huit hausses de taux au cours des prochaines années. C’est bien sûr plus que les six hausses et demie qui étaient prévues en septembre. Donc au total, légèrement plus de hausses. Mais en fin de compte, comme je l’ai dit plus tôt, la réaction du marché a été plutôt modérée. Les taux obligataires sur la portion à court terme sont en légère hausse. Les marchés des devises sont assez stables. Les marchés boursiers sont assez stables. Les marchés du crédit aussi. Il semble donc que la Fed admette qu’il y a de l’inflation. Elle signale davantage de hausses de taux, mais elle compose quelque peu avec les attentes des marchés à l’égard de la gestion des actifs à risque.
Scott, quels sont les risques qui pèsent sur les perspectives de la Fed à court terme? Et qu’allez-vous surveiller de près au cours des prochains mois?
Ce qui est intéressant à mon sens, c’est que la Fed a reconnu que la COVID continue d’influer sur les perspectives de développement économique à l’échelle mondiale. La pandémie a de profondes répercussions sur nos prévisions. Elle élève le degré d’incertitude. On a beaucoup parlé de ce sujet et de la hausse de la volatilité des marchés. Et ça accentue l’incertitude à l’égard des politiques. C’est vraiment la clé. On n’en sait pas beaucoup plus à ce sujet. C’est donc un point important à surveiller pour le marché. Et même si la Fed a annoncé qu’elle procédera à huit hausses de taux au cours des trois prochaines années, le marché s’oppose quelque peu à cette idée. On examine l’estimation du taux final. Aux États-Unis, il ne s’élève qu’à 1,5 %. On constate donc une légère divergence entre ce que les marchés anticipent, même après les annonces d’aujourd’hui, et ce que la Fed envisage à plus long terme. Peut-être des hausses de taux concentrées en début de cycle, suivies d’un ralentissement rapide des mesures de relance. Ce sont vraiment les deux points sur lesquels je me concentre : comment les attentes des marchés évoluent concernant les taux et comment ils gèrent l’incertitude.
Scott, merci. Pour conclure, j’aimerais parler du dollar américain. Comment va-t-il évoluer dans un avenir proche?
Au départ, les marchés s’attendaient à ce que la Fed durcisse davantage le ton, ce qui avait poussé le dollar américain à la hausse. Je crois que nous en avons eu la confirmation. En général, après avoir acheté la rumeur, on tente de « vendre la nouvelle ». On voit donc une légère dépréciation de rééquilibrage pour le dollar américain dans ce contexte. Au final, on va probablement se concentrer sur les écarts relatifs entre les politiques monétaires. La Banque du Canada et la Fed suivent une trajectoire comparable. D’autres marchés, comme en Europe, au Royaume-Uni, durcissent moins le ton. On peut s’attendre à une légère divergence entre les devises. Je continue de penser que le dollar canadien restera stable après les annonces de hausses de taux de la Banque du Canada et de la Fed, et ce jusqu’en fin d’année et au début de l’année prochaine.
Scott, merci du temps que vous nous avez accordé.
Tout le plaisir est pour moi. Merci, Anthony.
Anthony, dans la réunion d’aujourd’hui... le durcissement de ton a quelque peu surprit. La première chose que l’on a notée, c’est que la Fed ne parle plus d’inflation transitoire et annonce une réduction progressive des achats d’actifs. La réunion d’aujourd’hui mettait surtout l’accent sur le résumé des projections économiques. Mais dans l’ensemble, les marchés ont accueilli l’annonce d’aujourd’hui avec sérénité.
La Fed a déclaré qu’elle ne considérait plus l’inflation comme un phénomène transitoire et qu’elle pourrait poser un risque plus important pour l’économie. Rejoignez-vous cette analyse?
Oui. Il aurait fallu arrêter d’employer le terme « transitoire » depuis longtemps. D’ailleurs, le gouverneur Powell a dit qu’il ne serait plus utilisé à compter de cette réunion. On ne parle donc plus d’inflation transitoire dans le communiqué de presse, à juste titre. De toute évidence, il y a de l’inflation. Les chiffres récents publiés depuis la dernière rencontre, quand la Fed a annoncé la réduction du soutien à l’économie, ont montré que l’inflation était plus élevée que prévu. Il fallait donc mettre cela derrière nous pour ouvrir la voie à la Fed et lui permettre d’ajuster ses projections concernant la baisse des achats d’actifs et ses taux.
Pendant cette réunion, la Fed a aussi signalé au moins trois hausses de taux l’an prochain. Mais elle compte maintenir des taux proches de zéro jusqu’à ce que l’on arrive à un niveau proche du plein emploi. Qu’est-ce que vous en pensez?
Comme j’y ai fait allusion plus tôt, la réunion d’aujourd’hui portait essentiellement sur le résumé des projections économiques. La Fed a revu ses projections pour la première fois depuis septembre. Elle a fait part de ses dernières prévisions au sujet du PIB, de l’inflation, de l’emploi et de l’évolution de son graphique à points. On note une légère hausse de l’inflation, à 2,7 % l’an prochain. C’est évidemment plus élevé que le taux cible habituel des banques centrales, qui se situe plutôt à 2 ou 2,25 %. Une inflation qui s’emballe un peu, puis se calme par la suite. Et la croissance économique a été révisée à la baisse. Ces prévisions sont assez conformes aux perspectives économiques et à des taux d’intérêt légèrement plus élevés. Il y a donc eu deux changements majeurs. Mais ce qui a vraiment retenu l’attention des marchés, c’est le graphique à points. On s’attendait à deux hausses l’année prochaine. La médiane se situait à deux, et nous en avons trois. Et cette annonce a surpris les marchés. C’est donc ce durcissement de ton qui a retenu l’attention du marché. Trois autres hausses sont prévues pour 2023. Étonnamment, seulement deux sont prévues pour 2024. En fin de compte, il faut s’attendre à huit hausses de taux au cours des prochaines années. C’est bien sûr plus que les six hausses et demie qui étaient prévues en septembre. Donc au total, légèrement plus de hausses. Mais en fin de compte, comme je l’ai dit plus tôt, la réaction du marché a été plutôt modérée. Les taux obligataires sur la portion à court terme sont en légère hausse. Les marchés des devises sont assez stables. Les marchés boursiers sont assez stables. Les marchés du crédit aussi. Il semble donc que la Fed admette qu’il y a de l’inflation. Elle signale davantage de hausses de taux, mais elle compose quelque peu avec les attentes des marchés à l’égard de la gestion des actifs à risque.
Scott, quels sont les risques qui pèsent sur les perspectives de la Fed à court terme? Et qu’allez-vous surveiller de près au cours des prochains mois?
Ce qui est intéressant à mon sens, c’est que la Fed a reconnu que la COVID continue d’influer sur les perspectives de développement économique à l’échelle mondiale. La pandémie a de profondes répercussions sur nos prévisions. Elle élève le degré d’incertitude. On a beaucoup parlé de ce sujet et de la hausse de la volatilité des marchés. Et ça accentue l’incertitude à l’égard des politiques. C’est vraiment la clé. On n’en sait pas beaucoup plus à ce sujet. C’est donc un point important à surveiller pour le marché. Et même si la Fed a annoncé qu’elle procédera à huit hausses de taux au cours des trois prochaines années, le marché s’oppose quelque peu à cette idée. On examine l’estimation du taux final. Aux États-Unis, il ne s’élève qu’à 1,5 %. On constate donc une légère divergence entre ce que les marchés anticipent, même après les annonces d’aujourd’hui, et ce que la Fed envisage à plus long terme. Peut-être des hausses de taux concentrées en début de cycle, suivies d’un ralentissement rapide des mesures de relance. Ce sont vraiment les deux points sur lesquels je me concentre : comment les attentes des marchés évoluent concernant les taux et comment ils gèrent l’incertitude.
Scott, merci. Pour conclure, j’aimerais parler du dollar américain. Comment va-t-il évoluer dans un avenir proche?
Au départ, les marchés s’attendaient à ce que la Fed durcisse davantage le ton, ce qui avait poussé le dollar américain à la hausse. Je crois que nous en avons eu la confirmation. En général, après avoir acheté la rumeur, on tente de « vendre la nouvelle ». On voit donc une légère dépréciation de rééquilibrage pour le dollar américain dans ce contexte. Au final, on va probablement se concentrer sur les écarts relatifs entre les politiques monétaires. La Banque du Canada et la Fed suivent une trajectoire comparable. D’autres marchés, comme en Europe, au Royaume-Uni, durcissent moins le ton. On peut s’attendre à une légère divergence entre les devises. Je continue de penser que le dollar canadien restera stable après les annonces de hausses de taux de la Banque du Canada et de la Fed, et ce jusqu’en fin d’année et au début de l’année prochaine.
Scott, merci du temps que vous nous avez accordé.
Tout le plaisir est pour moi. Merci, Anthony.