
Comme l’inflation demeure persistante et qu’il est possible que les taux des banques centrales augmentent, Greg Bonnell de Parlons argent discute des perspectives du marché obligataire avec Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active, Gestion de Placements TD.
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Le dernier rapport sur l’inflation au Canada indique qu’il pourrait être difficile de freiner les prix élevés à la consommation. Pour comprendre l’impact sur les banques centrales et le marché des titres à revenu fixe, Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active nous rejoint. Scott, c’est un plaisir de vous retrouver.
Je suis ravi d’être ici, Greg.
Eh bien, cette année est intéressante. Et on n’est presque à la moitié du chemin. Au début de l’année, on pensait que c’était terminé, que non seulement les banques centrales feraient une pause, mais qu’elles pourraient même baisser les taux. Et cela aurait eu des répercussions sur les titres à revenu fixe. Ce rapport sur l’inflation au Canada change la donne et on se demande ce qui se passe. L’inflation est plus élevée qu’on le pensait.
On est à un moment difficile dans cette transition de l’inflation. Les victoires faciles sont derrière nous. Et même le gouverneur Macklem a très bien expliqué que l’on allait se rapprocher des 3 % d’ici la fin de l’année. On est à un peu plus de 4 %, selon les journaux. La médiane, l’inflation sur 12 mois, est à 4,2 %. Il est probable que l’on se rapproche des 3 % d’ici la fin de l’année. Le plus difficile sera de revenir à 2 %, la cible ultime pour tous du point de vue de la politique. Et il faudra une grosse partie de l’année prochaine pour y arriver. Ça ne va pas être facile, la partie facile est derrière nous. Maintenant, on est dépendant des données. Tout dépend vraiment des données. Du côté de la croissance, on a eu quelques bonnes surprises aux États-Unis cette semaine. Certains gouverneurs de la Fed ont adopté une position ferme. Donc, tout bien considéré, on est dans un contexte difficile et en dents de scie. Et cela nous place dans un marché obligataire à fourchette étroite, qui correspond à cette transition de l’inflation.
Le rapport canadien, même s’il s’agit d’un seul rapport sur un mois, a suscité des réactions selon lesquelles la Banque du Canada, qui fait une pause conditionnelle claire, en fonction de ce qui se produit, pourrait procéder à une nouvelle hausse dans quelque temps. S’agit-il d’une réaction excessive à un seul rapport ou...
Non. Je pense que c’est juste. Les marchés indiquent qu’ils n’ont pas pleinement intégré une hausse de taux cette année, oresque, mais pas tout à fait. Donc, il y a un handicap, comme l’indiquent vos commentaires et les observations de la banque centrale canadienne, c’est conditionnel et dépendant des données, mais elle est plutôt ferme. Donc je pense qu’on aura probablement une autre hausse. Pas en juin, ce serait un peu tôt. Mais il est certain qu’elle sera ferme. Je pense qu’elle va attendre d’avoir un peu plus de données sur cette inflation, elle vient de s’arrêter. Elle a enregistré des chiffres d’inflation un peu plus forts que prévu. Les paramètres généraux laissent entrevoir une pause un peu plus longue, il faut que les données s’étoffent avant de voir comment la transition se fait. Mais le contexte reste que l’on est proche de la fin.
Selon vous, le marché des titres à revenu fixe était assez étroit pendant cette pause. Au début de l’année, on pensait que c’était terminé, qu’on verrait peut-être une pause, voire même une réduction, en fonction des observateurs, d’ici la fin de l’année, que les titres à revenu fixe offrent une occasion... Que doit-on voir maintenant pour que cette occasion se réalise au deuxième semestre de l’année?
On a gagné environ 50 à 70 points de base depuis l’automne, depuis la fin octobre. Il y a donc eu une légère remontée des taux et, comme je l’ai dit, une pause pour le moment. Or, depuis longtemps, ce qui manque aux titres à revenu fixe, c’est le revenu. Donc, aux alentours de 2020, si on vous annonçait une réduction de seulement 1,5 %, l’attente ne valait pas trop le coup. Maintenant, on est à 3,5 %, 4 %. On ajoute des écarts de taux et ça devient beaucoup plus intéressant. Et ce revenu, en attendant cette transition vers une baisse des taux, une baisse de l’inflation, le risque que l’on ait une récession aux États-Unis est important. On essaie de faire abstraction. Mais je suis convaincu que les grandes lignes suggèrent qu’on aura une récession. Il est plus important de débattre du type de récession que de savoir s’il y en aura une.
Dans ce contexte, étant donné qu’il y a un revenu, on peut attendre. On peut attendre. On est donc à environ 3,5 % pour le moment, la limite inférieure des taux à 10 ans. Peut-être que l’on renouera avec 4 % aux États-Unis sur 10 ans. Mais on peut gérer ces 50 points de base compte tenu du niveau de revenu actuel.
Parlons des craintes de récession. Est-ce que cela explique en partie pourquoi le marché prévoie des réductions? La valorisation des marchés a changé au cours des derniers jours et des dernières semaines compte tenu de ce qui se passe en matière de données des deux côtés de la frontière, avec une réduction potentielle plus tard dans l’année. Mais ils continuent de penser que les banques centrales vont procéder à des réductions alors que les banques centrales affirment que ce n’est pas le cas, qu’une fois que la pause est établie, elles vont y rester longtemps. Elles n’arrêtent pas d’insister là-dessus, mais il semble que le marché ne soit pas convaincu. Comment analysez-vous ça?
Par le passé, la Fed aurait fait une pause de six à neuf mois entre les dernières hausses et les réductions. Or, on sort d’une pandémie. On a eu des politiques extraordinaires. On parle encore des facteurs favorables. La Fed de San Francisco a fait une étude qui préconise de se concentrer sur la hausse. On avait des économies excédentaires de 2,1 milliards de dollars. Et maintenant, elles sont à un demi-milliard, ça reste énorme.
Le facteur favorable est encore là. On parle beaucoup en ce moment de la résilience des consommateurs. Ça diminuera au fil du temps. Ces taux auront une incidence. Les banques centrales seront patientes. On n’aura peut-être pas la période historique de six à neuf mois. Ça sera peut-être un peu plus long. Mais en fin de compte, ça aura une incidence. Ça va impacter les consommateurs, les conditions de crédit, le resserrement des normes de crédit. Le secteur manufacturier a reculé, les services sont entravés par la forte consommation. Il est parfois difficile d’être patient. Les marchés sont toujours à la recherche d’une tendance. Ils veulent passer à l’inflexion. Mais je pense que la tendance est évidente. Il s’agit simplement d’être patient et d’attendre que les choses se passent. Et peut-être que les banques centrales maintiendront le statu quo cette année. Mais en fin de compte, elles devront procéder à des réductions.
C’est aux banques centrales que revient cette responsabilité de réaliser que l’économie éprouve trop de difficultés. Elles sont trop restrictives. Elles ont trop freiné la croissance. L’argument a été avancé, en raison de tout ce que l’on a traversé pendant la pandémie qu’on devrait ressentir plus de douleur avant qu’elles se précipitent à la rescousse encore une fois. C’est le cas?
Il reste à voir si ça va vraiment se passer. Mais je pense que la façon dont elles formulent les choses, c’est qu’il s’agit de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande. Si cela signifie que l’on doit attendre un peu plus longtemps... En fin de compte, la Fed a parlé d’une inflation moyenne légèrement plus élevée sur un cycle. Alors, même si on veut atteindre 2 %, il est possible que ce ne soit pas le cas. Sur une note positive, peut-être qu’elles vont cesser de resserrer, en freinant la demande plus rapidement qu’on le pense.
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Le dernier rapport sur l’inflation au Canada indique qu’il pourrait être difficile de freiner les prix élevés à la consommation. Pour comprendre l’impact sur les banques centrales et le marché des titres à revenu fixe, Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active nous rejoint. Scott, c’est un plaisir de vous retrouver.
Je suis ravi d’être ici, Greg.
Eh bien, cette année est intéressante. Et on n’est presque à la moitié du chemin. Au début de l’année, on pensait que c’était terminé, que non seulement les banques centrales feraient une pause, mais qu’elles pourraient même baisser les taux. Et cela aurait eu des répercussions sur les titres à revenu fixe. Ce rapport sur l’inflation au Canada change la donne et on se demande ce qui se passe. L’inflation est plus élevée qu’on le pensait.
On est à un moment difficile dans cette transition de l’inflation. Les victoires faciles sont derrière nous. Et même le gouverneur Macklem a très bien expliqué que l’on allait se rapprocher des 3 % d’ici la fin de l’année. On est à un peu plus de 4 %, selon les journaux. La médiane, l’inflation sur 12 mois, est à 4,2 %. Il est probable que l’on se rapproche des 3 % d’ici la fin de l’année. Le plus difficile sera de revenir à 2 %, la cible ultime pour tous du point de vue de la politique. Et il faudra une grosse partie de l’année prochaine pour y arriver. Ça ne va pas être facile, la partie facile est derrière nous. Maintenant, on est dépendant des données. Tout dépend vraiment des données. Du côté de la croissance, on a eu quelques bonnes surprises aux États-Unis cette semaine. Certains gouverneurs de la Fed ont adopté une position ferme. Donc, tout bien considéré, on est dans un contexte difficile et en dents de scie. Et cela nous place dans un marché obligataire à fourchette étroite, qui correspond à cette transition de l’inflation.
Le rapport canadien, même s’il s’agit d’un seul rapport sur un mois, a suscité des réactions selon lesquelles la Banque du Canada, qui fait une pause conditionnelle claire, en fonction de ce qui se produit, pourrait procéder à une nouvelle hausse dans quelque temps. S’agit-il d’une réaction excessive à un seul rapport ou...
Non. Je pense que c’est juste. Les marchés indiquent qu’ils n’ont pas pleinement intégré une hausse de taux cette année, oresque, mais pas tout à fait. Donc, il y a un handicap, comme l’indiquent vos commentaires et les observations de la banque centrale canadienne, c’est conditionnel et dépendant des données, mais elle est plutôt ferme. Donc je pense qu’on aura probablement une autre hausse. Pas en juin, ce serait un peu tôt. Mais il est certain qu’elle sera ferme. Je pense qu’elle va attendre d’avoir un peu plus de données sur cette inflation, elle vient de s’arrêter. Elle a enregistré des chiffres d’inflation un peu plus forts que prévu. Les paramètres généraux laissent entrevoir une pause un peu plus longue, il faut que les données s’étoffent avant de voir comment la transition se fait. Mais le contexte reste que l’on est proche de la fin.
Selon vous, le marché des titres à revenu fixe était assez étroit pendant cette pause. Au début de l’année, on pensait que c’était terminé, qu’on verrait peut-être une pause, voire même une réduction, en fonction des observateurs, d’ici la fin de l’année, que les titres à revenu fixe offrent une occasion... Que doit-on voir maintenant pour que cette occasion se réalise au deuxième semestre de l’année?
On a gagné environ 50 à 70 points de base depuis l’automne, depuis la fin octobre. Il y a donc eu une légère remontée des taux et, comme je l’ai dit, une pause pour le moment. Or, depuis longtemps, ce qui manque aux titres à revenu fixe, c’est le revenu. Donc, aux alentours de 2020, si on vous annonçait une réduction de seulement 1,5 %, l’attente ne valait pas trop le coup. Maintenant, on est à 3,5 %, 4 %. On ajoute des écarts de taux et ça devient beaucoup plus intéressant. Et ce revenu, en attendant cette transition vers une baisse des taux, une baisse de l’inflation, le risque que l’on ait une récession aux États-Unis est important. On essaie de faire abstraction. Mais je suis convaincu que les grandes lignes suggèrent qu’on aura une récession. Il est plus important de débattre du type de récession que de savoir s’il y en aura une.
Dans ce contexte, étant donné qu’il y a un revenu, on peut attendre. On peut attendre. On est donc à environ 3,5 % pour le moment, la limite inférieure des taux à 10 ans. Peut-être que l’on renouera avec 4 % aux États-Unis sur 10 ans. Mais on peut gérer ces 50 points de base compte tenu du niveau de revenu actuel.
Parlons des craintes de récession. Est-ce que cela explique en partie pourquoi le marché prévoie des réductions? La valorisation des marchés a changé au cours des derniers jours et des dernières semaines compte tenu de ce qui se passe en matière de données des deux côtés de la frontière, avec une réduction potentielle plus tard dans l’année. Mais ils continuent de penser que les banques centrales vont procéder à des réductions alors que les banques centrales affirment que ce n’est pas le cas, qu’une fois que la pause est établie, elles vont y rester longtemps. Elles n’arrêtent pas d’insister là-dessus, mais il semble que le marché ne soit pas convaincu. Comment analysez-vous ça?
Par le passé, la Fed aurait fait une pause de six à neuf mois entre les dernières hausses et les réductions. Or, on sort d’une pandémie. On a eu des politiques extraordinaires. On parle encore des facteurs favorables. La Fed de San Francisco a fait une étude qui préconise de se concentrer sur la hausse. On avait des économies excédentaires de 2,1 milliards de dollars. Et maintenant, elles sont à un demi-milliard, ça reste énorme.
Le facteur favorable est encore là. On parle beaucoup en ce moment de la résilience des consommateurs. Ça diminuera au fil du temps. Ces taux auront une incidence. Les banques centrales seront patientes. On n’aura peut-être pas la période historique de six à neuf mois. Ça sera peut-être un peu plus long. Mais en fin de compte, ça aura une incidence. Ça va impacter les consommateurs, les conditions de crédit, le resserrement des normes de crédit. Le secteur manufacturier a reculé, les services sont entravés par la forte consommation. Il est parfois difficile d’être patient. Les marchés sont toujours à la recherche d’une tendance. Ils veulent passer à l’inflexion. Mais je pense que la tendance est évidente. Il s’agit simplement d’être patient et d’attendre que les choses se passent. Et peut-être que les banques centrales maintiendront le statu quo cette année. Mais en fin de compte, elles devront procéder à des réductions.
C’est aux banques centrales que revient cette responsabilité de réaliser que l’économie éprouve trop de difficultés. Elles sont trop restrictives. Elles ont trop freiné la croissance. L’argument a été avancé, en raison de tout ce que l’on a traversé pendant la pandémie qu’on devrait ressentir plus de douleur avant qu’elles se précipitent à la rescousse encore une fois. C’est le cas?
Il reste à voir si ça va vraiment se passer. Mais je pense que la façon dont elles formulent les choses, c’est qu’il s’agit de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande. Si cela signifie que l’on doit attendre un peu plus longtemps... En fin de compte, la Fed a parlé d’une inflation moyenne légèrement plus élevée sur un cycle. Alors, même si on veut atteindre 2 %, il est possible que ce ne soit pas le cas. Sur une note positive, peut-être qu’elles vont cesser de resserrer, en freinant la demande plus rapidement qu’on le pense.
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