La croissance de l’économie canadienne a ralenti de manière inattendue pour s’établir à 1,1 % (annualisé) durant le deuxième trimestre, un résultat largement inférieur aux prévisions de 2,5 %. Anthony Okolie et Sri Thanabalasingam, économiste principal, Groupe Banque TD, discutent du variant Delta et du risque qu’il présente pour la reprise au Canada.
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L’économie canadienne a subi un recul inattendu de 1,1 % au deuxième trimestre, ce qui est bien en deçà de la croissance de 2,5 % prévue. Le premier mois du trimestre est encore plus préoccupant. Statistique Canada estime que l’économie s’est contractée de 0,4 % en juillet. Sri, que pensez-vous de ces dernières données sur le PIB?
C’était certainement décevant, on s’attendait à ce que la reprise se poursuive au deuxième trimestre, et peut-être que la lancée économique ralentisse un peu en raison de la troisième vague et des restrictions qui y sont associées, mais pas qu’elle recule autant. C’était donc assez décevant. Et quand on pense aux données de juillet, où la réouverture s’est poursuivie et que les gens ont commencé à dépenser davantage, on s’attendait à ce que la croissance soit encore plus forte qu’en juin. Mais ici, on voit un recul. Ça suggère donc que la reprise devrait être plus longue que ce qu’on avait prévu.
D’accord, alors qu’est-ce qui a causé ce repli au deuxième trimestre?
Au deuxième trimestre, il y a eu deux principaux facteurs. Premièrement, les investissements résidentiels ont vraiment diminué, et c’est parce que le marché de l’habitation, qui était très, très solide pendant la pandémie, a commencé à se replier. Et alors que la situation commence à se normaliser, ça a pesé lourdement sur la croissance. Deuxièmement, les exportations ont considérablement diminué de 15 % sur une base annualisée d’un trimestre à l’autre. Et cela s’explique par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, en particulier la pénurie de semi-conducteurs, qui a durement touché la production de véhicules et de pièces automobiles. Et cela a aussi vraiment pesé sur la croissance. Ce sont donc les deux principaux facteurs qui ont fait passer la croissance du PIB en territoire négatif au deuxième trimestre.
Les dépenses de consommation pour les biens durables et semi-durables ont également été relativement stables au cours du trimestre. Est-ce que ça a été un signal d’alerte pour vous, étant donné que la consommation est un important moteur du PIB?
On ne s’attendait pas nécessairement à ce que la consommation soit très forte au deuxième trimestre. Après tout, il y a eu la pandémie et les restrictions qui en ont découlé. Pour ce qui est des dépenses, on s’attendait à ce que la consommation soit un peu faible. Pour ce qui est des dépenses pour les biens durables et semi-durables, la consommation à cet égard a été assez forte pendant la pandémie. Le niveau de dépenses était donc élevé et il est plus difficile qu’il continue à s’améliorer après avoir été à ce point élevé. On s’attendait donc à ce que ça se résorbe un peu. Mais j’aimerais souligner que les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement, comme la production de véhicules automobiles, auraient pu peser sur les dépenses pour les biens durables. Si vous vouliez acheter une voiture, mais que vous n’en avez pas trouvé que vous aimiez, vous avez peut-être reporté vos dépenses pour ces produits jusqu’à ce que les stocks aient été reconstitués.
Et quel impact les données actuelles sur le PIB pourraient-elles avoir sur la politique de taux de la Banque du Canada à sa réunion de la semaine prochaine?
Je pense que cela aura certainement des conséquences. Cela donne à penser que la reprise de l’économie prend plus de temps. Toutefois, la Banque a déclaré dans des communications précédentes qu’elle s’attendait à ce que l’économie revienne à sa pleine capacité opérationnelle au deuxième semestre de l’année prochaine seulement. Donc, même si on commence à voir une certaine faiblesse en ce moment, il se pourrait que la reprise soit plutôt un peu plus forte plus tard et qu’on soit quand même en mesure d’atteindre cette cible. Mais la Banque va examiner attentivement ces données-là, parce qu’elles donnent à penser que l’économie n’est peut-être pas aussi résiliente que ce à quoi elle s’attendait.
D’accord, alors compte tenu de ces nouvelles données, vos prévisions économiques vont-elles changer?
On veut revoir à la baisse nos chiffres pour 2021, on a observé un repli au deuxième trimestre et, étant donné que juillet a été plus faible, cela signifie que le troisième trimestre va être probablement inférieur à ce qu’on prévoyait. Les prévisions pour 2021 pourraient donc être plus faibles.
Et à l’avenir, quels sont les risques pour les perspectives?
Le principal risque vient en fait du variant Delta, et on pense qu’il va être présent au-delà du troisième trimestre et aussi au quatrième trimestre. Les hospitalisations et les cas recommencent à augmenter partout au pays. Donc, même si les provinces et les entreprises ont pris un certain nombre de mesures pour atténuer les effets de la quatrième vague, cela pourrait avoir des répercussions sur la confiance des consommateurs et des entreprises, ce qui pourrait peser sur l’activité économique dans son ensemble. Dans l’ensemble, cela donne à penser que la reprise économique sera prolongée et qu’il se peut que l’économie ne puissse pas revenir à sa pleine capacité opérationnelle au début de l’année prochaine. Peut-être plus tard en 2022.
Sri, merci beaucoup pour votre temps.
Merci, Anthony.
C’était certainement décevant, on s’attendait à ce que la reprise se poursuive au deuxième trimestre, et peut-être que la lancée économique ralentisse un peu en raison de la troisième vague et des restrictions qui y sont associées, mais pas qu’elle recule autant. C’était donc assez décevant. Et quand on pense aux données de juillet, où la réouverture s’est poursuivie et que les gens ont commencé à dépenser davantage, on s’attendait à ce que la croissance soit encore plus forte qu’en juin. Mais ici, on voit un recul. Ça suggère donc que la reprise devrait être plus longue que ce qu’on avait prévu.
D’accord, alors qu’est-ce qui a causé ce repli au deuxième trimestre?
Au deuxième trimestre, il y a eu deux principaux facteurs. Premièrement, les investissements résidentiels ont vraiment diminué, et c’est parce que le marché de l’habitation, qui était très, très solide pendant la pandémie, a commencé à se replier. Et alors que la situation commence à se normaliser, ça a pesé lourdement sur la croissance. Deuxièmement, les exportations ont considérablement diminué de 15 % sur une base annualisée d’un trimestre à l’autre. Et cela s’explique par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, en particulier la pénurie de semi-conducteurs, qui a durement touché la production de véhicules et de pièces automobiles. Et cela a aussi vraiment pesé sur la croissance. Ce sont donc les deux principaux facteurs qui ont fait passer la croissance du PIB en territoire négatif au deuxième trimestre.
Les dépenses de consommation pour les biens durables et semi-durables ont également été relativement stables au cours du trimestre. Est-ce que ça a été un signal d’alerte pour vous, étant donné que la consommation est un important moteur du PIB?
On ne s’attendait pas nécessairement à ce que la consommation soit très forte au deuxième trimestre. Après tout, il y a eu la pandémie et les restrictions qui en ont découlé. Pour ce qui est des dépenses, on s’attendait à ce que la consommation soit un peu faible. Pour ce qui est des dépenses pour les biens durables et semi-durables, la consommation à cet égard a été assez forte pendant la pandémie. Le niveau de dépenses était donc élevé et il est plus difficile qu’il continue à s’améliorer après avoir été à ce point élevé. On s’attendait donc à ce que ça se résorbe un peu. Mais j’aimerais souligner que les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement, comme la production de véhicules automobiles, auraient pu peser sur les dépenses pour les biens durables. Si vous vouliez acheter une voiture, mais que vous n’en avez pas trouvé que vous aimiez, vous avez peut-être reporté vos dépenses pour ces produits jusqu’à ce que les stocks aient été reconstitués.
Et quel impact les données actuelles sur le PIB pourraient-elles avoir sur la politique de taux de la Banque du Canada à sa réunion de la semaine prochaine?
Je pense que cela aura certainement des conséquences. Cela donne à penser que la reprise de l’économie prend plus de temps. Toutefois, la Banque a déclaré dans des communications précédentes qu’elle s’attendait à ce que l’économie revienne à sa pleine capacité opérationnelle au deuxième semestre de l’année prochaine seulement. Donc, même si on commence à voir une certaine faiblesse en ce moment, il se pourrait que la reprise soit plutôt un peu plus forte plus tard et qu’on soit quand même en mesure d’atteindre cette cible. Mais la Banque va examiner attentivement ces données-là, parce qu’elles donnent à penser que l’économie n’est peut-être pas aussi résiliente que ce à quoi elle s’attendait.
D’accord, alors compte tenu de ces nouvelles données, vos prévisions économiques vont-elles changer?
On veut revoir à la baisse nos chiffres pour 2021, on a observé un repli au deuxième trimestre et, étant donné que juillet a été plus faible, cela signifie que le troisième trimestre va être probablement inférieur à ce qu’on prévoyait. Les prévisions pour 2021 pourraient donc être plus faibles.
Et à l’avenir, quels sont les risques pour les perspectives?
Le principal risque vient en fait du variant Delta, et on pense qu’il va être présent au-delà du troisième trimestre et aussi au quatrième trimestre. Les hospitalisations et les cas recommencent à augmenter partout au pays. Donc, même si les provinces et les entreprises ont pris un certain nombre de mesures pour atténuer les effets de la quatrième vague, cela pourrait avoir des répercussions sur la confiance des consommateurs et des entreprises, ce qui pourrait peser sur l’activité économique dans son ensemble. Dans l’ensemble, cela donne à penser que la reprise économique sera prolongée et qu’il se peut que l’économie ne puissse pas revenir à sa pleine capacité opérationnelle au début de l’année prochaine. Peut-être plus tard en 2022.
Sri, merci beaucoup pour votre temps.
Merci, Anthony.