Le conflit impliquant Israël et le Hamas à Gaza suscite des inquiétudes quant à la stabilité du secteur de l’énergie. Greg Bonnell discute avec Hussein Allidina, chef, Produits de base, Gestion de Placements TD, des effets potentiels de la crise et de ses répercussions sur les marchés de l’énergie.
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Le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza soulève des questions sur la stabilité du secteur de l'énergie, en particulier dans le contexte de crainte de violence généralisée au Moyen-Orient. Hussein Allidina, responsable des produits de base à Gestion de placements TD, nous fait part de son point de vue. Hussein, une série d'événements assez difficiles depuis quelques jours et les marchés du pétrole y ont réagi.
Oui, c'est une situation très déprimante au Moyen-Orient. Le marché a repris à l'ouverture lundi après les attaques de samedi. Le marché a reculé un peu. Au niveau de l'offre et de la demande, il y a une certaine production qui est à risque. Il y a la possibilité que la situation connaisse une escalade si l'Iran s'en mêle. L'Iran produit et exporte davantage de pétrole que depuis cinq ans. Trois millions de barils par jour. Il y a là un certain risque. Espérons que c'est un scénario extrême et peu probable, mais compte tenu du fait que les stocks sont très serrés et que les équilibres sont très délicats, il est sensé qu'il y ait une certaine prime de risque.
Est-ce que c'est cela que les marchés cherchent à découvrir? On ne peut pas vraiment s'arrêter sur une thèse en disant: voici ce qui va se produire, voilà ce qui va se produire.
Oui, c'est très difficile. En rétrospective, quand on considère les événements précédents, il y a eu les attaques de drones sur une raffinerie en Arabie Saoudite. Le marché a réagi rapidement. Les perturbations d'approvisionnement ne sont pas durables lorsqu'elles se produisent et la prime n'est donc pas durable, mais il y a des situations que se rappellent certainement certains intervenants où il y a eu des réductions considérables de la baisse. Il y a 50 ans, l'embargo arabe du pétrole a contribué à faire passer le cours du pétrole de 3 à 15 $ le baril. Quand on considère les équilibres et la production qui est à risque à l'heure actuelle, c'est minime. Je crois que les événements qui se sont déroulés pendant la fin de semaine limitent la possibilité d'un rapprochement entre Israël et l'Arabie Saoudite, ce dont on parlait vers la fin de cette année et en 2024. J'ai parlé de l'Iran. Les barils de production iranienne sont une source d'approvisionnement aux marchés. Il est possible que les sanctions qui n'ont jamais disparu mais qui avaient été assouplies par les États-Unis soient rétablies. Il est donc possible que cette production redescende.
Voici votre graphique sur la production pétrolière de l'Iran. Il y a certainement eu une augmentation.
Il y a une augmentation considérable, c'est une partie de la raison pour laquelle les mouvements du marché n'ont pas été aussi importants que cela aurait été possible. Si la production iranienne diminue, c'est très productif pour le marché, mais les pénuries induites par la baisse de la production ne sont pas favorables pour le marché et la croissance.
Vous avez dit que l'Arabie Saoudite avait limité la production pour parvenir à ses objectifs. Si on arrive dans une situation où les barils iraniens sont retirés du marché, ce qui rend celui-ci plus serré, que va faire l'Arabie Saoudite?
Ce qui est bien dans la situation d'aujourd'hui, c'est que l'Arabie Saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, certains pays du Golfe ont réduit à dessein la production. La capacité excédentaire de l'OPEP dépasse sans doute les trois millions de barils par jour que l'Iran produit. S'il y avait une perturbation, il se pourrait qu'il y ait une augmentation de la production de l'Arabie Saoudite et des autres pays du Golfe pour atténuer la perturbation. Toutefois, avec la baisse de la capacité excédentaire, le marché s'inquièterait qu'il n'y ait pas de marge en cas de nouvelles perturbations. Mais oui, si nous perdons la production iranienne, l'Arabie Saoudite pourrait augmenter la sienne pour compenser.
Si nous avions eu cette discussion il y a une ou deux semaines, nous aurions parlé de l'économie mondiale, différents organismes internationaux qui rabaissent leurs pronostics de croissance. Est-ce que cela complique encore la situation, cette récession dont tout le monde parle depuis un an et demi, si cette récession survient?
Oui. Si les cours du pétrole augmentent à cause de problèmes d'offre, ce n'est pas favorable pour la croissance. Mais il faut se rappeler, au niveau des produits de base, que la demande de pétrole devrait décliner l'an prochain. Pardon, la croissance de la demande. Le niveau absolu de demande, selon la plupart des pronostics, est toujours supérieur à l'offre, et ce, sur une année complète, compte tenu des prélèvements sur les inventaires. On parle beaucoup de la deuxième dérivée, le taux de croissance. C'est important pour les produits de base. Si la croissance de la demande de pétrole ralentit, mais pas assez pour être inférieure à l'offre, on prélève toujours sur les stocks et c'est constructif.
Nous en reparlerons peut-être, mais je voulais ajouter ceci, car à part tout le reste, les enjeux importants que nous avons abordés jusqu'ici, il y a des fusions et acquisitions dans le secteur du pétrole et du gaz. Exxon, c'est le plus important achat depuis celui de Mobil.
Exxon développe ses réserves, développe son profil de production, mais, par l'acquisition de Pioneer, c'est très bien pour Exxon, ça pourrait être très bien pour les actionnaires d'Exxon, mais ça ne change pas l'équilibre pétrolier. Exxon aurait pu dire: nous allons rechercher davantage de production en amont au large de la Guyane ou dans le Bassin permien, mais il est plus facile de racheter une entreprise que d'augmenter la production dans cet environnement.
Entrons dans le sujet. C'est révélateur, n'est-ce pas, tous ces majeurs du pétrole et du gaz restituent les capitaux aux actionnaires, mais voici une acquisition qui ne fait pas augmenter le niveau de production mondiale. En définitive, nous en avons déjà parlé, si nous croyons que le PIB va augmenter, il faut que la demande de pétrole augmente. Ce dialogue semble être l'objet d'un malentendu. On pense que la demande de pétrole a atteint un sommet, mais non, la demande de pétrole ne cesse d'augmenter malgré que la Chine ne tourne pas à plein régime. Si vous croyez que le PIB est appelé à la croissance, vous croyez que la demande de pétrole est appelée à la croissance, et pour répondre à cette demande, il faut investir dans l'offre, sinon les prix devront...
Oui, c'est une situation très déprimante au Moyen-Orient. Le marché a repris à l'ouverture lundi après les attaques de samedi. Le marché a reculé un peu. Au niveau de l'offre et de la demande, il y a une certaine production qui est à risque. Il y a la possibilité que la situation connaisse une escalade si l'Iran s'en mêle. L'Iran produit et exporte davantage de pétrole que depuis cinq ans. Trois millions de barils par jour. Il y a là un certain risque. Espérons que c'est un scénario extrême et peu probable, mais compte tenu du fait que les stocks sont très serrés et que les équilibres sont très délicats, il est sensé qu'il y ait une certaine prime de risque.
Est-ce que c'est cela que les marchés cherchent à découvrir? On ne peut pas vraiment s'arrêter sur une thèse en disant: voici ce qui va se produire, voilà ce qui va se produire.
Oui, c'est très difficile. En rétrospective, quand on considère les événements précédents, il y a eu les attaques de drones sur une raffinerie en Arabie Saoudite. Le marché a réagi rapidement. Les perturbations d'approvisionnement ne sont pas durables lorsqu'elles se produisent et la prime n'est donc pas durable, mais il y a des situations que se rappellent certainement certains intervenants où il y a eu des réductions considérables de la baisse. Il y a 50 ans, l'embargo arabe du pétrole a contribué à faire passer le cours du pétrole de 3 à 15 $ le baril. Quand on considère les équilibres et la production qui est à risque à l'heure actuelle, c'est minime. Je crois que les événements qui se sont déroulés pendant la fin de semaine limitent la possibilité d'un rapprochement entre Israël et l'Arabie Saoudite, ce dont on parlait vers la fin de cette année et en 2024. J'ai parlé de l'Iran. Les barils de production iranienne sont une source d'approvisionnement aux marchés. Il est possible que les sanctions qui n'ont jamais disparu mais qui avaient été assouplies par les États-Unis soient rétablies. Il est donc possible que cette production redescende.
Voici votre graphique sur la production pétrolière de l'Iran. Il y a certainement eu une augmentation.
Il y a une augmentation considérable, c'est une partie de la raison pour laquelle les mouvements du marché n'ont pas été aussi importants que cela aurait été possible. Si la production iranienne diminue, c'est très productif pour le marché, mais les pénuries induites par la baisse de la production ne sont pas favorables pour le marché et la croissance.
Vous avez dit que l'Arabie Saoudite avait limité la production pour parvenir à ses objectifs. Si on arrive dans une situation où les barils iraniens sont retirés du marché, ce qui rend celui-ci plus serré, que va faire l'Arabie Saoudite?
Ce qui est bien dans la situation d'aujourd'hui, c'est que l'Arabie Saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, certains pays du Golfe ont réduit à dessein la production. La capacité excédentaire de l'OPEP dépasse sans doute les trois millions de barils par jour que l'Iran produit. S'il y avait une perturbation, il se pourrait qu'il y ait une augmentation de la production de l'Arabie Saoudite et des autres pays du Golfe pour atténuer la perturbation. Toutefois, avec la baisse de la capacité excédentaire, le marché s'inquièterait qu'il n'y ait pas de marge en cas de nouvelles perturbations. Mais oui, si nous perdons la production iranienne, l'Arabie Saoudite pourrait augmenter la sienne pour compenser.
Si nous avions eu cette discussion il y a une ou deux semaines, nous aurions parlé de l'économie mondiale, différents organismes internationaux qui rabaissent leurs pronostics de croissance. Est-ce que cela complique encore la situation, cette récession dont tout le monde parle depuis un an et demi, si cette récession survient?
Oui. Si les cours du pétrole augmentent à cause de problèmes d'offre, ce n'est pas favorable pour la croissance. Mais il faut se rappeler, au niveau des produits de base, que la demande de pétrole devrait décliner l'an prochain. Pardon, la croissance de la demande. Le niveau absolu de demande, selon la plupart des pronostics, est toujours supérieur à l'offre, et ce, sur une année complète, compte tenu des prélèvements sur les inventaires. On parle beaucoup de la deuxième dérivée, le taux de croissance. C'est important pour les produits de base. Si la croissance de la demande de pétrole ralentit, mais pas assez pour être inférieure à l'offre, on prélève toujours sur les stocks et c'est constructif.
Nous en reparlerons peut-être, mais je voulais ajouter ceci, car à part tout le reste, les enjeux importants que nous avons abordés jusqu'ici, il y a des fusions et acquisitions dans le secteur du pétrole et du gaz. Exxon, c'est le plus important achat depuis celui de Mobil.
Exxon développe ses réserves, développe son profil de production, mais, par l'acquisition de Pioneer, c'est très bien pour Exxon, ça pourrait être très bien pour les actionnaires d'Exxon, mais ça ne change pas l'équilibre pétrolier. Exxon aurait pu dire: nous allons rechercher davantage de production en amont au large de la Guyane ou dans le Bassin permien, mais il est plus facile de racheter une entreprise que d'augmenter la production dans cet environnement.
Entrons dans le sujet. C'est révélateur, n'est-ce pas, tous ces majeurs du pétrole et du gaz restituent les capitaux aux actionnaires, mais voici une acquisition qui ne fait pas augmenter le niveau de production mondiale. En définitive, nous en avons déjà parlé, si nous croyons que le PIB va augmenter, il faut que la demande de pétrole augmente. Ce dialogue semble être l'objet d'un malentendu. On pense que la demande de pétrole a atteint un sommet, mais non, la demande de pétrole ne cesse d'augmenter malgré que la Chine ne tourne pas à plein régime. Si vous croyez que le PIB est appelé à la croissance, vous croyez que la demande de pétrole est appelée à la croissance, et pour répondre à cette demande, il faut investir dans l'offre, sinon les prix devront...