L’essor spectaculaire de l’intelligence artificielle a attiré l’attention des investisseurs sur les actions des semi-conducteurs qui pourraient profiter de son expansion. Julien Nono-Womdim, analyste du secteur des semi-conducteurs à Gestion de Placements TD, discute avec Kim Parlee du fossé entre les fabricants de puces de pointe et ceux de puces traditionnelles.
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La forte demande pour tout ce qui a trait à l’IA crée-t-elle un secteur de puces à deux niveaux entre les sociétés de pointe, comme NVIDIA, et d’autres? Et qu’est-ce que cela signifie du point de vue des placements?
Julien Nono-Womdim est ici avec moi pour nous faire part de ses réflexions. Il est analyste du secteur des semi-conducteurs à Gestion de Placements TD. Merci beaucoup de vous joindre à nous.
Bonjour, Kim. Merci de m’avoir invité.
Commençons par les chiffres. Quand on regarde les résultats de NVIDIA... et je pense qu’on en a discuté plus tôt, les chiffres sont sortis, et je pense, compte tenu de la hausse fulgurante du titre...
Oui.
... ils ont été pris en compte. Puis ils ressortent et atteignent un sommet encore plus élevé.
Oui.
Et vous parlez de l’énorme demande. Il y a donc encore une forte demande pour les puces d’IA. On ne parle pas de médiatisation pour l’instant. Il y a encore beaucoup de choses à venir.
Eh bien, pensons à la dynamique du secteur. Dans le secteur des semi-conducteurs, il y a deux catégories de sociétés. Et c’est le cas depuis de nombreuses années.
D’une part, il y a les innovateurs. Et ces sociétés sont comme des avions de chasse. Elles innovent. Elles tentent de rendre les semi-conducteurs plus rapides et plus puissants. Et NVIDIA est l’une d’entre elles. Intel en est une autre. AMD aussi.
D’un autre côté, il y a les grandes sociétés industrielles, qu’on peut appeler les sociétés traditionnelles. Et ces sociétés-là, ce ne sont pas des avions de chasse. Elles sont comme des compagnies aériennes très ordinaires. Et leur travail consiste à être concurrentielles sur le plan des coûts et de l’envergure. Et là, il y a des sociétés comme Texas Instruments, ADI, etc. Ce qui a changé et ce qui est intéressant, c’est que, au sein de cet écosystème innovateur, NVIDIA s’est hissée en tête.
C’est vraiment ce qu’elle a fait.
Elle a favorisé l’intégration de l’IA, et donc...
Oui.
... oui.
Mais est-ce que cette demande va finir par s’essouffler? Parce qu’on voit toujours dans les cycles de placement, vous savez, une importante médiatisation, et puis, oh, il y a beaucoup de choses à venir, mais peut-être pas aussi rapidement qu’on le pensait.
Il y a deux éléments associés à cette question. Premièrement, pour ce qui est des paramètres fondamentaux, l’IA est réelle. Ça ne va pas encore s’inviter dans votre travail, mais c’est réel. Et la raison pour laquelle c’est réel, c’est que depuis de nombreuses années, les ordinateurs sont devenus de plus en plus rapides, et ils sont maintenant si rapides qu’ils peuvent traiter des données complexes en temps quasi réel. Et en fait, grâce à l’IA, ils peuvent retourner ces résultats aux utilisateurs dans un format compréhensible. C’est la principale distinction.
Et cela va stimuler la productivité au cours des prochaines années dans une foule de secteurs. Deuxièmement, qu’est-ce que ça signifie pour nous, en tant qu’investisseurs? Et comme vous le dites, il existe de nombreux exemples de cycles de médiatisation historiques. Et les questions qu’il faut se poser sont les suivantes : premièrement, où en sont les sociétés par rapport aux prévisions de croissance? Ces attentes sont-elles ancrées dans la réalité ou la médiatisation? Et dans le cas de NVIDIA, pour l’instant, ces attentes semblent réelles, et la société continue de valider ce point de vue.
Oui, on voit beaucoup de communiqués de presse des sociétés d’IA. Je sais qu’il y en a eu un de Google et de NVIDIA récemment. Il y en a énormément qui sont publiés. Mettons de côté NVIDIA un instant. J’adore l’analogie de l’avion de chasse. Ça va m’aider à me souvenir de ces choses-là. Quelles sont les autres sociétés? Vous avez mentionné Intel. Vous avez parlé d’AMD...
Oui.
... et certaines des autres compagnies aériennes ordinaires. Mais quelles autres sociétés surveillez-vous dans ce secteur?
Encore une fois, j’aime diviser ça en deux catégories. Premièrement, qui rend tout ça possible? NVIDIA est la société qui vient à l’esprit de tout le monde.
Les autres sociétés sont certaines des entreprises qui fabriquent les puces de réseautage pour tous ces centres de données. Il y a des sociétés comme Broadcom. Mais il y a aussi des sociétés qui fabriquent de l’équipement utilisé pour produire des semi-conducteurs, n’est-ce pas? Et il y a des sociétés...
Les sociétés en amont, n’est-ce pas?
Les sociétés en amont. Il y a des sociétés comme ASML et KLA-Tencor. Et l’autre aspect, ce sont les sociétés qui profitent de tout ça. Et vous avez parlé de la collaboration avec Google. Microsoft a récemment annoncé qu’elle allait lancer un projet copiloté pour Microsoft 360... Office 360. Et ça va stimuler la croissance continue de cette entreprise, mais en fin de compte, ça va stimuler la productivité et, espérons-le, la croissance économique.
Hmm. C’est difficile, simplement parce qu’il y a tant de facteurs dont on a tenu compte si rapidement pour certaines de ces sociétés. Et je pense qu’il est parfois difficile de déterminer... comment trouver de la valeur dans ces sociétés? Tout ça a été évalué à la hausse, je suppose.
Absolument. Beaucoup de facteurs ont été évalués à la hausse. Et je pense que dans la catégorie des innovateurs dont on a parlé, les investisseurs aiment penser à la technologie, où se trouve la valeur. L’innovation technologique se produit de façon très discontinue. Les gagnants d’hier ne seront probablement pas les gagnants de demain. Et pour en revenir au fait de surpayer la médiatisation, parfois le marché pense que les gagnants d’aujourd’hui seront aussi les gagnants de demain.
Intel en est un exemple. La société a dominé à l’ère des PC. Et finalement, elle s’est repliée, et NVIDIA est de nouveau en position de tête, grâce à l’IA, encore une fois. Et il faudra voir si ça va continuer à être le cas. Et c’est un exercice dynamique de réévaluation du point de vue des placements.
C’est intéressant, car je repense à tous ces facteurs sur les sociétés, qui avaient les puces les plus grosses et les plus solides, et il y a plusieurs années, on parlait des jeux, mais on se demandait qui pouvait en faire le plus. Et regardez comment tout ça est passé à l’IA, en termes de puissance de traitement.
J’aimerais aussi vous poser une question sur l’époque précédant l’IA, où il était question de politique, de sécurité et d’applications militaires, ainsi que des États-Unis, de la Chine et de Taïwan. Quel est l’impact sur l’évolution du secteur? Parce qu’on assiste à une certaine sous-traitance de proximité. On entend parler de projets de construction aux États-Unis. Mais je sais que c’est très compliqué et coûteux de construire ces fonderies.
Oui. Est-ce que vous me demandez de prédire ce que vont faire les politiciens?
Non. Je ne pose cette question-là à personne.
Je pense qu’il y a quelques façons de voir les choses. Premièrement, sur le plan politique, on peut se servir de l’histoire pour nous guider un peu. Dans les années 1980... en 1986, pour être précis, les États-Unis et le Japon ont convenu que le Japon devait réduire ses exportations de semi-conducteurs, car il le faisait de façon plus économique que les États-Unis.
Trente ans plus tard, aujourd’hui, les États-Unis et le Japon travaillent en étroite collaboration. Les entreprises situées dans ces deux pays travaillent en étroite collaboration pour stimuler l’innovation. Ça c’est une chose.
Au cours de cette période, l’innovation au sein du secteur s’est poursuivie. Aujourd’hui, il y a le problème des États-Unis et de la Chine. Et je pense qu’au fil du temps, les sociétés de l’écosystème des semi-conducteurs vont devoir continuer d’innover. Elles vont le faire, comme elles l’ont déjà fait. Et ça va se traduire probablement par des gains continus en matière d’innovation et de technologie, non seulement dans le secteur, mais pour l’économie en général. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
La forte demande pour tout ce qui a trait à l’IA crée-t-elle un secteur de puces à deux niveaux entre les sociétés de pointe, comme NVIDIA, et d’autres? Et qu’est-ce que cela signifie du point de vue des placements?
Julien Nono-Womdim est ici avec moi pour nous faire part de ses réflexions. Il est analyste du secteur des semi-conducteurs à Gestion de Placements TD. Merci beaucoup de vous joindre à nous.
Bonjour, Kim. Merci de m’avoir invité.
Commençons par les chiffres. Quand on regarde les résultats de NVIDIA... et je pense qu’on en a discuté plus tôt, les chiffres sont sortis, et je pense, compte tenu de la hausse fulgurante du titre...
Oui.
... ils ont été pris en compte. Puis ils ressortent et atteignent un sommet encore plus élevé.
Oui.
Et vous parlez de l’énorme demande. Il y a donc encore une forte demande pour les puces d’IA. On ne parle pas de médiatisation pour l’instant. Il y a encore beaucoup de choses à venir.
Eh bien, pensons à la dynamique du secteur. Dans le secteur des semi-conducteurs, il y a deux catégories de sociétés. Et c’est le cas depuis de nombreuses années.
D’une part, il y a les innovateurs. Et ces sociétés sont comme des avions de chasse. Elles innovent. Elles tentent de rendre les semi-conducteurs plus rapides et plus puissants. Et NVIDIA est l’une d’entre elles. Intel en est une autre. AMD aussi.
D’un autre côté, il y a les grandes sociétés industrielles, qu’on peut appeler les sociétés traditionnelles. Et ces sociétés-là, ce ne sont pas des avions de chasse. Elles sont comme des compagnies aériennes très ordinaires. Et leur travail consiste à être concurrentielles sur le plan des coûts et de l’envergure. Et là, il y a des sociétés comme Texas Instruments, ADI, etc. Ce qui a changé et ce qui est intéressant, c’est que, au sein de cet écosystème innovateur, NVIDIA s’est hissée en tête.
C’est vraiment ce qu’elle a fait.
Elle a favorisé l’intégration de l’IA, et donc...
Oui.
... oui.
Mais est-ce que cette demande va finir par s’essouffler? Parce qu’on voit toujours dans les cycles de placement, vous savez, une importante médiatisation, et puis, oh, il y a beaucoup de choses à venir, mais peut-être pas aussi rapidement qu’on le pensait.
Il y a deux éléments associés à cette question. Premièrement, pour ce qui est des paramètres fondamentaux, l’IA est réelle. Ça ne va pas encore s’inviter dans votre travail, mais c’est réel. Et la raison pour laquelle c’est réel, c’est que depuis de nombreuses années, les ordinateurs sont devenus de plus en plus rapides, et ils sont maintenant si rapides qu’ils peuvent traiter des données complexes en temps quasi réel. Et en fait, grâce à l’IA, ils peuvent retourner ces résultats aux utilisateurs dans un format compréhensible. C’est la principale distinction.
Et cela va stimuler la productivité au cours des prochaines années dans une foule de secteurs. Deuxièmement, qu’est-ce que ça signifie pour nous, en tant qu’investisseurs? Et comme vous le dites, il existe de nombreux exemples de cycles de médiatisation historiques. Et les questions qu’il faut se poser sont les suivantes : premièrement, où en sont les sociétés par rapport aux prévisions de croissance? Ces attentes sont-elles ancrées dans la réalité ou la médiatisation? Et dans le cas de NVIDIA, pour l’instant, ces attentes semblent réelles, et la société continue de valider ce point de vue.
Oui, on voit beaucoup de communiqués de presse des sociétés d’IA. Je sais qu’il y en a eu un de Google et de NVIDIA récemment. Il y en a énormément qui sont publiés. Mettons de côté NVIDIA un instant. J’adore l’analogie de l’avion de chasse. Ça va m’aider à me souvenir de ces choses-là. Quelles sont les autres sociétés? Vous avez mentionné Intel. Vous avez parlé d’AMD...
Oui.
... et certaines des autres compagnies aériennes ordinaires. Mais quelles autres sociétés surveillez-vous dans ce secteur?
Encore une fois, j’aime diviser ça en deux catégories. Premièrement, qui rend tout ça possible? NVIDIA est la société qui vient à l’esprit de tout le monde.
Les autres sociétés sont certaines des entreprises qui fabriquent les puces de réseautage pour tous ces centres de données. Il y a des sociétés comme Broadcom. Mais il y a aussi des sociétés qui fabriquent de l’équipement utilisé pour produire des semi-conducteurs, n’est-ce pas? Et il y a des sociétés...
Les sociétés en amont, n’est-ce pas?
Les sociétés en amont. Il y a des sociétés comme ASML et KLA-Tencor. Et l’autre aspect, ce sont les sociétés qui profitent de tout ça. Et vous avez parlé de la collaboration avec Google. Microsoft a récemment annoncé qu’elle allait lancer un projet copiloté pour Microsoft 360... Office 360. Et ça va stimuler la croissance continue de cette entreprise, mais en fin de compte, ça va stimuler la productivité et, espérons-le, la croissance économique.
Hmm. C’est difficile, simplement parce qu’il y a tant de facteurs dont on a tenu compte si rapidement pour certaines de ces sociétés. Et je pense qu’il est parfois difficile de déterminer... comment trouver de la valeur dans ces sociétés? Tout ça a été évalué à la hausse, je suppose.
Absolument. Beaucoup de facteurs ont été évalués à la hausse. Et je pense que dans la catégorie des innovateurs dont on a parlé, les investisseurs aiment penser à la technologie, où se trouve la valeur. L’innovation technologique se produit de façon très discontinue. Les gagnants d’hier ne seront probablement pas les gagnants de demain. Et pour en revenir au fait de surpayer la médiatisation, parfois le marché pense que les gagnants d’aujourd’hui seront aussi les gagnants de demain.
Intel en est un exemple. La société a dominé à l’ère des PC. Et finalement, elle s’est repliée, et NVIDIA est de nouveau en position de tête, grâce à l’IA, encore une fois. Et il faudra voir si ça va continuer à être le cas. Et c’est un exercice dynamique de réévaluation du point de vue des placements.
C’est intéressant, car je repense à tous ces facteurs sur les sociétés, qui avaient les puces les plus grosses et les plus solides, et il y a plusieurs années, on parlait des jeux, mais on se demandait qui pouvait en faire le plus. Et regardez comment tout ça est passé à l’IA, en termes de puissance de traitement.
J’aimerais aussi vous poser une question sur l’époque précédant l’IA, où il était question de politique, de sécurité et d’applications militaires, ainsi que des États-Unis, de la Chine et de Taïwan. Quel est l’impact sur l’évolution du secteur? Parce qu’on assiste à une certaine sous-traitance de proximité. On entend parler de projets de construction aux États-Unis. Mais je sais que c’est très compliqué et coûteux de construire ces fonderies.
Oui. Est-ce que vous me demandez de prédire ce que vont faire les politiciens?
Non. Je ne pose cette question-là à personne.
Je pense qu’il y a quelques façons de voir les choses. Premièrement, sur le plan politique, on peut se servir de l’histoire pour nous guider un peu. Dans les années 1980... en 1986, pour être précis, les États-Unis et le Japon ont convenu que le Japon devait réduire ses exportations de semi-conducteurs, car il le faisait de façon plus économique que les États-Unis.
Trente ans plus tard, aujourd’hui, les États-Unis et le Japon travaillent en étroite collaboration. Les entreprises situées dans ces deux pays travaillent en étroite collaboration pour stimuler l’innovation. Ça c’est une chose.
Au cours de cette période, l’innovation au sein du secteur s’est poursuivie. Aujourd’hui, il y a le problème des États-Unis et de la Chine. Et je pense qu’au fil du temps, les sociétés de l’écosystème des semi-conducteurs vont devoir continuer d’innover. Elles vont le faire, comme elles l’ont déjà fait. Et ça va se traduire probablement par des gains continus en matière d’innovation et de technologie, non seulement dans le secteur, mais pour l’économie en général. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]