
L’inflation aux États-Unis a ralenti en mai, ce qui donne à penser que la Réserve fédérale dispose peut-être d’une marge de manœuvre suffisante pour assouplir son cycle de hausse des taux agressif. James Dixon, directeur, Solutions, Bureau de gestion de patrimoine familial à Valeurs Mobilières TD, examine la prochaine décision de la Fed et ses répercussions sur les marchés.
Print Transcript
[LOGO AUDIO]
Les représentants de la Fed viennent d’entamer une réunion de décision sur les taux d’intérêt de deux jours. Ils sont armés d’un nouveau rapport sur l’inflation indiquant que les pressions du coût de la vie sont à leur plus bas niveau depuis le début de 2021. Est-ce que cela nous prépare à une pause des taux demain? Il se passe beaucoup de choses.
Nous accueillons maintenant James Dixon, directeur, Solutions, Bureau de gestion de patrimoine familial à Valeurs Mobilières TD. James, c’est un plaisir de vous revoir.
Merci beaucoup de m’avoir invité, Greg. C’est un plaisir d’être de retour.
Vous devez vous imaginer que tout le monde qui se présente à cette réunion va apporter ce rapport sur l’inflation. C’est ce dont on il va être question. Qu’est-ce qu’on a appris sur le rapport sur l’inflation aujourd’hui? Et quelles sont les répercussions sur la mentalité de la Fed?
Eh bien, je pense que la première chose à faire, c’est d’examiner les prix du marché à compter de demain. Le marché anticipe donc clairement une pause, puis une hausse en juillet. Selon nous, à Valeurs Mobilières TD, il y aura une hausse demain, puis la Fed mettra fin à ce cycle de hausse.
Vraiment, une hausse demain?
Une hausse demain.
Pas la pause dont les gens parlent?
Non, pas de pause. Une pause serait certainement une surprise. Au sein de notre équipe, on croit en fait que la Fed a terminé son cycle de hausse. On pense qu’elle va présenter un scénario de dépendance aux données, que le marché pourrait interpréter comme étant ferme. Mais je pense que c’est vraiment une erreur.
Si on regarde vraiment les données qu’on a vues, les données sur l’emploi... bien sûr, l’inflation globale était forte. On parle de plus de 300 000 emplois. Mais si on regarde le taux de chômage, il est passé de 3,4 % à 3,7 %, tandis que le taux de participation était stable. Donc, si vous avez plus de gens qui font plus d’un travail, ce n’est pas vraiment un signe d’une économie forte.
Vous parlez du taux d’inflation. Oui, l’inflation globale s’atténue. L’inflation de base persiste. Ça devient un peu comme une pomme de discorde. Et si on regarde les indices des directeurs d’achats, ceux du secteur manufacturier demeurent en territoire de contraction. Pour ce qui est des services, ils ont tenu le coup. Ils sont toujours en expansion, mais les dernières données étaient un peu plus faibles.
C’est difficile pour n’importe quelle banque centrale en ce moment. Les conditions de crédit sont extrêmement serrées, ce qui suggère un assouplissement de la politique, tandis que l’inflation persiste, ce qui indique qu’il faut vraiment augmenter les taux.
Quand on regarde ces conditions de crédit, je pense que c’est très important, parce qu’on émet maintenant des bons à un moment où le plafond de la dette a été relevé. Le Trésor doit donc reconstruire son compte, son compte général. Et on estime que le montant de cette émission de bons du Trésor est d’environ 1 000 milliards de dollars.
Cela a donc des répercussions. Ça siphonne une grande quantité de liquidités des marchés. Ça fait grimper un peu les taux à court terme. Ça réduit les écarts de taux. Ça rend les emprunts extrêmement difficiles.
Bank of America a publié un article selon lequel une émission de 1 000 milliards de dollars équivaut à une hausse de 25 points de base. Et ça me ramène à ce dont j’ai parlé lors de notre dernière émission en mai, où j’ai dit que plus de 9 000 milliards de dollars de titres vont arriver à échéance d’ici la fin de l’année prochaine.
Donc, 1 000 milliards de dollars pour remplir de nouveau la cagnotte, maintenant que le plafond de la dette a été relevé, et toutes ces émissions qui vont devoir être renouvelées.
Tout à fait. Donc, 1 000 milliards de dollars pour remplir de nouveau la cagnotte. Et il y a encore des titres arrivant bientôt à échéance de plus de 9 000 milliards de dollars. Donc pour mettre les choses en perspective, si 1 000 milliards de dollars équivalent à une hausse de 25 points de base en termes de resserrement, 9 000 milliards de dollars, c’est l’équivalent de 225 points de base par rapport aux niveaux actuels.
En plus d’où nous sommes déjà?
Exact.
Après une année de fortes hausses des taux directeurs, on aurait à faire face à ce resserrement supplémentaire des conditions financières.
Exactement. Et c’est pourquoi on croit que la Fed devra intervenir et commencer à acheter ces obligations. Comme on l’a mentionné lors de la dernière émission, on n’a pas les mêmes acheteurs qu’avant, n’est-ce pas? La Chine va être plus réticente. La Russie va être plus réticente. Les Saoudiens vont être plus réticents. Après que les États-Unis ont gelé des actifs en dollars dans le contexte de la guerre en Ukraine, toute personne qui n’est peut-être pas du côté des États-Unis ou qui a peur de ne pas être du côté des États-Unis va être réticente à intervenir et à acheter ces obligations.
Alors parlons de la suite des choses. Vous pensez qu’il y aura une hausse demain, puis que la Fed marquera une pause, pour les raisons que vous avez mentionnées. Est-ce que cela va créer une situation où les conditions financières seront trop serrées? Est-ce que cela va nous amener à un atterrissage brutal? Est-ce que ça va paralyser l’économie?
Désolé, juste pour revenir en arrière, Greg, c’est la vision de notre équipe. Selon nous, il va y avoir une hausse demain, puis ce sera terminé. Selon notre scénario, la Fed a déjà terminé son cycle de hausse.
Oh, ce serait déjà terminé?
Ce serait déjà terminé. Notre équipe s’écarte du point de vue de l’entreprise par rapport à ce point-là. On a peut-être tort. On s’écarte aussi du monde financier, qui pense qu’il y aura une autre hausse en juillet.
Je pense que l’argument de la récession a été beaucoup utilisé. Selon un rapport publié par l’un des grands joueurs américains, la probabilité d’une récession est maintenant d’environ 35 %, donc moins élevée. Le marché ne tient certainement pas compte d’une récession. Mais d’autres grands joueurs comme... la Deutsche a publié un rapport la semaine dernière selon lequel il y aurait probablement une récession au premier semestre de l’an prochain. Plus tôt cette semaine, Fidelity et Allianz ont tous les deux publié des rapports annonçant une récession.
La plupart s’attendent à un atterrissage en douceur, et c’est certainement ça qui va se produire. Des gens comme Rosenberg pensent qu’il y aura un atterrissage brutal. Alimenter notre discours d’atterrissage en douceur, c’est vraiment comme si la Fed intervenait lorsque les choses tournent mal et injectait des liquidités dans le programme d’achat d’obligations.
C’est encore trop tôt pour ça. Les choses doivent commencer à mal aller. Les actions doivent être vendues en masse. Et ça ne s’est pas vraiment passé pour le moment. En fait, comme vous l’avez souligné plus tôt, les actions sont en hausse. Ce qui est vraiment préoccupant, c’est la concentration.
Oui, parlons de ce marché haussier. Techniquement, on est au-dessus de 20 % par rapport aux creux récents, selon la définition classique. Mais il y a une concentration. À quoi doit-on penser en tant qu’investisseurs? Ce n’est pas le marché en général.
Eh bien, je serais très nerveux, car les titres technologiques ont fait grimper les choses. Et ce sont des titres de croissance. Ce sont donc des actifs à long terme. Donc, s’il y a une récession et que les conditions de crédit se resserrent considérablement, ne serait-ce que pour l’émission des bons du Trésor, ce seront les premiers à souffrir, n’est-ce pas? Je pense donc qu’il y a une occasion à long terme pour les titres technologiques. Je pense seulement que ce n’est pas pour aujourd’hui. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
Les représentants de la Fed viennent d’entamer une réunion de décision sur les taux d’intérêt de deux jours. Ils sont armés d’un nouveau rapport sur l’inflation indiquant que les pressions du coût de la vie sont à leur plus bas niveau depuis le début de 2021. Est-ce que cela nous prépare à une pause des taux demain? Il se passe beaucoup de choses.
Nous accueillons maintenant James Dixon, directeur, Solutions, Bureau de gestion de patrimoine familial à Valeurs Mobilières TD. James, c’est un plaisir de vous revoir.
Merci beaucoup de m’avoir invité, Greg. C’est un plaisir d’être de retour.
Vous devez vous imaginer que tout le monde qui se présente à cette réunion va apporter ce rapport sur l’inflation. C’est ce dont on il va être question. Qu’est-ce qu’on a appris sur le rapport sur l’inflation aujourd’hui? Et quelles sont les répercussions sur la mentalité de la Fed?
Eh bien, je pense que la première chose à faire, c’est d’examiner les prix du marché à compter de demain. Le marché anticipe donc clairement une pause, puis une hausse en juillet. Selon nous, à Valeurs Mobilières TD, il y aura une hausse demain, puis la Fed mettra fin à ce cycle de hausse.
Vraiment, une hausse demain?
Une hausse demain.
Pas la pause dont les gens parlent?
Non, pas de pause. Une pause serait certainement une surprise. Au sein de notre équipe, on croit en fait que la Fed a terminé son cycle de hausse. On pense qu’elle va présenter un scénario de dépendance aux données, que le marché pourrait interpréter comme étant ferme. Mais je pense que c’est vraiment une erreur.
Si on regarde vraiment les données qu’on a vues, les données sur l’emploi... bien sûr, l’inflation globale était forte. On parle de plus de 300 000 emplois. Mais si on regarde le taux de chômage, il est passé de 3,4 % à 3,7 %, tandis que le taux de participation était stable. Donc, si vous avez plus de gens qui font plus d’un travail, ce n’est pas vraiment un signe d’une économie forte.
Vous parlez du taux d’inflation. Oui, l’inflation globale s’atténue. L’inflation de base persiste. Ça devient un peu comme une pomme de discorde. Et si on regarde les indices des directeurs d’achats, ceux du secteur manufacturier demeurent en territoire de contraction. Pour ce qui est des services, ils ont tenu le coup. Ils sont toujours en expansion, mais les dernières données étaient un peu plus faibles.
C’est difficile pour n’importe quelle banque centrale en ce moment. Les conditions de crédit sont extrêmement serrées, ce qui suggère un assouplissement de la politique, tandis que l’inflation persiste, ce qui indique qu’il faut vraiment augmenter les taux.
Quand on regarde ces conditions de crédit, je pense que c’est très important, parce qu’on émet maintenant des bons à un moment où le plafond de la dette a été relevé. Le Trésor doit donc reconstruire son compte, son compte général. Et on estime que le montant de cette émission de bons du Trésor est d’environ 1 000 milliards de dollars.
Cela a donc des répercussions. Ça siphonne une grande quantité de liquidités des marchés. Ça fait grimper un peu les taux à court terme. Ça réduit les écarts de taux. Ça rend les emprunts extrêmement difficiles.
Bank of America a publié un article selon lequel une émission de 1 000 milliards de dollars équivaut à une hausse de 25 points de base. Et ça me ramène à ce dont j’ai parlé lors de notre dernière émission en mai, où j’ai dit que plus de 9 000 milliards de dollars de titres vont arriver à échéance d’ici la fin de l’année prochaine.
Donc, 1 000 milliards de dollars pour remplir de nouveau la cagnotte, maintenant que le plafond de la dette a été relevé, et toutes ces émissions qui vont devoir être renouvelées.
Tout à fait. Donc, 1 000 milliards de dollars pour remplir de nouveau la cagnotte. Et il y a encore des titres arrivant bientôt à échéance de plus de 9 000 milliards de dollars. Donc pour mettre les choses en perspective, si 1 000 milliards de dollars équivalent à une hausse de 25 points de base en termes de resserrement, 9 000 milliards de dollars, c’est l’équivalent de 225 points de base par rapport aux niveaux actuels.
En plus d’où nous sommes déjà?
Exact.
Après une année de fortes hausses des taux directeurs, on aurait à faire face à ce resserrement supplémentaire des conditions financières.
Exactement. Et c’est pourquoi on croit que la Fed devra intervenir et commencer à acheter ces obligations. Comme on l’a mentionné lors de la dernière émission, on n’a pas les mêmes acheteurs qu’avant, n’est-ce pas? La Chine va être plus réticente. La Russie va être plus réticente. Les Saoudiens vont être plus réticents. Après que les États-Unis ont gelé des actifs en dollars dans le contexte de la guerre en Ukraine, toute personne qui n’est peut-être pas du côté des États-Unis ou qui a peur de ne pas être du côté des États-Unis va être réticente à intervenir et à acheter ces obligations.
Alors parlons de la suite des choses. Vous pensez qu’il y aura une hausse demain, puis que la Fed marquera une pause, pour les raisons que vous avez mentionnées. Est-ce que cela va créer une situation où les conditions financières seront trop serrées? Est-ce que cela va nous amener à un atterrissage brutal? Est-ce que ça va paralyser l’économie?
Désolé, juste pour revenir en arrière, Greg, c’est la vision de notre équipe. Selon nous, il va y avoir une hausse demain, puis ce sera terminé. Selon notre scénario, la Fed a déjà terminé son cycle de hausse.
Oh, ce serait déjà terminé?
Ce serait déjà terminé. Notre équipe s’écarte du point de vue de l’entreprise par rapport à ce point-là. On a peut-être tort. On s’écarte aussi du monde financier, qui pense qu’il y aura une autre hausse en juillet.
Je pense que l’argument de la récession a été beaucoup utilisé. Selon un rapport publié par l’un des grands joueurs américains, la probabilité d’une récession est maintenant d’environ 35 %, donc moins élevée. Le marché ne tient certainement pas compte d’une récession. Mais d’autres grands joueurs comme... la Deutsche a publié un rapport la semaine dernière selon lequel il y aurait probablement une récession au premier semestre de l’an prochain. Plus tôt cette semaine, Fidelity et Allianz ont tous les deux publié des rapports annonçant une récession.
La plupart s’attendent à un atterrissage en douceur, et c’est certainement ça qui va se produire. Des gens comme Rosenberg pensent qu’il y aura un atterrissage brutal. Alimenter notre discours d’atterrissage en douceur, c’est vraiment comme si la Fed intervenait lorsque les choses tournent mal et injectait des liquidités dans le programme d’achat d’obligations.
C’est encore trop tôt pour ça. Les choses doivent commencer à mal aller. Les actions doivent être vendues en masse. Et ça ne s’est pas vraiment passé pour le moment. En fait, comme vous l’avez souligné plus tôt, les actions sont en hausse. Ce qui est vraiment préoccupant, c’est la concentration.
Oui, parlons de ce marché haussier. Techniquement, on est au-dessus de 20 % par rapport aux creux récents, selon la définition classique. Mais il y a une concentration. À quoi doit-on penser en tant qu’investisseurs? Ce n’est pas le marché en général.
Eh bien, je serais très nerveux, car les titres technologiques ont fait grimper les choses. Et ce sont des titres de croissance. Ce sont donc des actifs à long terme. Donc, s’il y a une récession et que les conditions de crédit se resserrent considérablement, ne serait-ce que pour l’émission des bons du Trésor, ce seront les premiers à souffrir, n’est-ce pas? Je pense donc qu’il y a une occasion à long terme pour les titres technologiques. Je pense seulement que ce n’est pas pour aujourd’hui. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]