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Les taux obligataires montent, les investisseurs surveillent l’état de l’économie américaine et les taux d’intérêt. Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD, confie à Greg Bonnell ses impressions sur le contexte de placement et explique à quoi il faut s’attendre ce trimestre.
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Nous sommes officiellement au mois d'octobre, ce qui signifie également que nous sommes au dernier trimestre de l'année 2023. Jusqu'ici, les marchés ont défié les attentes tout comme l'économie. À quoi pouvons-nous nous attendre à l'avenir? Les marchés sont sous pression, les rendements obligataires augmentent. Michael Craig est ici pour parler de tout cela. Nous vivons une époque intéressante alors que nous abordons les trois derniers mois. Oui, une année insoutenable. Parlons de la dynamique. Le rythme est bien différent et il y a beaucoup de phénomènes qui ne se sont pas déroulés comme prévus: le marché du travail, la dépense à la consommation, les rendements obligataires qui grimpent depuis quelques semaines. Qu'est-ce qui se produit sur les marchés, comment le comprendre? Le marché obligataire commence à péricliter depuis le mois d'août. La plupart des participants du marché sont pris par surprise, ce qui est étonnant. Les taux d'intérêt à long terme, avec ces rendements, sont sous pression. Qu'est-ce qui va se passer maintenant? La partie facile de la lutte contre l'inflation s'est produite. Il y a eu une baisse des prix des biens. Je pense que nous sommes sur le point de voir une baisse des loyers. Mais c'est la dernière phase de la lutte contre l'inflation. Faire revenir celle-ci au taux cible sera difficile. Et les banques centrales nous disent qu'il faudra engendrer une récession pour y parvenir. On supposait qu'il y aurait un atterrissage en douceur, nous n'y avons jamais vraiment cru. Il s'agissait de décrire les excès de rendement des actions américaines pendant le premier semestre. À présent, ceci appartient au passé. Il s'agit à présent de savoir dans quelle mesure la récession devrait être grave pour créer suffisamment de destruction de demandes pour revenir à la cible. C'est ce que nous dit le marché obligataire. Il s'agit de réduire les conditions financières, restreindre des conditions financières pour créer une destruction de la demande, mais la rapidité avec laquelle ça se produit est remarquable, Tout à fait remarquable. Qu'est-ce que ça signifie pour les banques centrales? Il nous reste encore à connaître les décisions des banques centrales sur les taux d'ici la fin de l'année. C'est presque pile ou face. Est-ce qu'elles ont fini, est-ce qu'elles vont augmenter encore, combien de temps vont-elles maintenir les taux? Pour les banques centrales, puisque l'inflation s'est emballée... il faut qu'elle soigne leur crédibilité. Elles vont devoir maintenir des conditions restrictives jusqu'à ce qu'elles aient les preuves très, très tangibles que l'inflation est non seulement revenue à sa fourchette habituelle, mais qu'elle ne va pas remonter. Dans les années 70, l'inflation a baissé, le marché du travail a commencé à se fissurer. À l'époque, on s'intéressait plus à l'emploi qu'à l'inflation. Il y a eu un desserrement très rapide et après un an, l'inflation était de retour à 5%. Donc je pense que les banques centrales vont tâtonner, attendre, jusqu'à ce qu'elles soient certaines que l'inflation soit redescendue à sa fourchette normale. Plus élevée, plus longtemps? Effectivement. Ça a été difficile à pronostiquer cette année. Les marchés ne s'attendent pas à une nouvelle hausse. Il y en aura peut-être une au Canada et il y en aura peut-être... une possibilité aussi aux États-Unis. Ça changera peut-être si l'inflation fait son retour. Je pense que les séries de hausses de taux sont terminées, mais pendant combien de temps les taux seront-ils restrictifs? C'est la grande question. Il y aura une chute précipitée de l'activité. Il est difficile de la pronostiquer, mais quand ça se produira il y aura une baisse rapide des taux d'intérêt, mais c'est sans doute pour fin 2024. Cet atterrissage brutal, à quoi ressemblera le marché? On s'attendrait à une accélération du taux de chômage, un recul de notre production économique. À quoi les marchés ressembleraient-ils dans une période comme celle-là? Les marchés sont prospectifs. Les marchés commencent à tenir compte de ce résultat. Le temps que l'économie réelle ressente les dégâts, le marché aura sans doute touché le fond. C'est à ce moment-là, plutôt à partir de ce moment-là que les rendements vont s'améliorer. Mais le marché boursier a enfin... ... seront compris le message envoyé par le marché obligataire. Quand l'argent rapporte 5 à 6%, il est difficile de justifier vos valorisations. Il faut donc une prime de risque plus élevée sur le marché boursier. Les marchés boursiers commencent à rattraper le marché obligataire. Nous entrons sans doute dans la période la plus douloureuse d'un malaise qui dure depuis deux ans. Les actions sont en baisse sur deux ans. Je crois que c'est sans doute la fin du mini-marché baissier qui prévaut depuis deux ans. C'est le début de la fin de ce marché. Je prévoirai un ou deux trimestres de conditions difficiles avant que nous ne renouions avec la hausse des actions. Est-ce que le fait que la liquidité rapporte autant est un problème? Quand vous avez une action qui rapporte 4 à 5% en dividendes, vous avez des produits de liquidité qui rapportent 4 ou 5%. Est-ce qu'il s'agit d'une concurrence? Quand vous investissez, il faut songer à l'horizon temporel. Bien sûr, vous touchez 6% pour un an. Mais dans un an, il n'y a aucune garantie de ce que vous allez toucher. Les gens se précipitent vers les liquidités, parce qu'ils voient que celles-ci rapportent beaucoup pour l'instant. Si vous avez besoin de l'argent d'ici un an, ça a du bon sens. Mais si vous investissez à long terme, et que vous dîtes: Ah... Sur de longues périodes, regardez les graphiques indiciels, les périodes de chaos ont vraiment peu d'importance. Vous êtes un investisseur à long terme, vous devriez chercher à accumuler. Simplement d'ici six mois, ce sera difficile. Alors les produits de liquidités, il faut toujours en avoir. On pourrait en avoir besoin pour des dépenses, mais ça devrait être un élément très limité d'un portefeuille. Malgré tout, nous voyons cette fuite vers les liquidités parce que les investisseurs cherchent à bloquer et verrouiller ces taux, mais qui ne dureront qu'assez peu de temps. À une époque comme celle-ci, les rendements obligataires augmentent beaucoup. On parle... On parle d'acteurs malveillants à l'oeuvre sur le marché obligataire. Est-ce que c'est de cela qu'il s'agit? Moi, je pense qu'on essaie de... faire une allusion historique hasardeuse. Les démocraties occidentales dépensent trop d'argent. Il faudra prendre des décisions au niveau des investissements. Nous nous sommes éloignés d'une ère d'argent gratuit. Il faudra prendre des décisions. Si ces décisions ne sont pas réfléchies, il y aura un prix à payer. Au Royaume-Uni, à l'automne de l'an dernier... Le Royaume-Uni est l'excellent exemple de ce que peut obtenir le marché obligataire. Ils ont sabré dans les impôts et le marché obligataire a pratiquement explosé, et la bourse avec. Il y aura une annonce sur les dépenses qui vont considérablement réduire les déficits, faute de quoi, le marché obligataire va réagir... dans la période précédente, parce qu'il y avait tellement de marge excédentaire. À l'heure actuelle, je pense que c'est un peu le cas. Les États-Unis ont une politique budgétaire qui ne pourrait pas durer et qui va déboucher sur le chaos s'ils ne changent pas de cap d'ici 10 ans. Il n'y a pas encore eu de courage politique, parce qu'il n'y a pas encore suffisamment de dégâts. Donc cela fait partie de la situation à l'heure actuelle. Il y a une grève des acheteurs, il y a trop de volatilité sur le marché, que personne ne veut acheter. Mais c'est un terme qui ne va pas disparaître de sitôt parce que nous sommes dans une période où les conditions sont très restrictives et les gouvernements ont toujours des déficits excessifs.