Le dollar canadien frôle un sommet de six ans par rapport au dollar américain. Kim Parlee s’entretient avec Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD, de la hausse du huard, de son orientation et des possibles répercussions sur les placements.
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KIM PARLEE [00:00:03] Le huard monte en flèche, s’approchant d’un sommet en six ans, et certains observateurs pensent qu’il continuera d’augmenter. Je reçois Michael Craig, qui nous expliquera comment le dollar en est arrivé là, et comment les mêmes forces qui l’ont amené à ce point vont continuer de bouger. Il est chef, Répartition des actifs, à Gestion de Placements TD. Michael, je suis heureuse de vous voir. Mais commençons par les bases. Vous savez, je crois que le huard est en hausse maintenant, je crois qu’il a augmenté de 20 % depuis mars dernier. Pourquoi?
MICHAEL CRAIG [00:00:28] Quelques points, Kim. Tout d’abord, les marchés des produits de base se sont montrés extrêmement solides. Le prix du panier de biens qu’on exporte par rapport à ceux qu’on importe a fluctué. Et le huard a été très haussier. Deuxièmement, la Banque du Canada s’est montrée un peu plus ferme que la Fed. Elle a déjà annoncé la réduction des mesures de relance, et c’est certainement l’une des banques centrales les plus restrictives, relativement parlant. Et troisièmement, la croissance canadienne a été très solide après la pandémie. Elle a été solide partout, en particulier au Canada. Et cela a ajouté un autre facteur favorable. Les monnaies cycliques ont tendance à bien se comporter, comme c’est souvent le cas dans les phases de reprise qui suivent une récession. Et le dollar canadien n’y a pas fait exception.
KIM PARLEE [00:01:06] Est-ce que ça va continuer? Vous avez mentionné toute une série de facteurs qui font grimper le huard. Selon vous, qu’est-ce qui va se passer au cours des six prochains mois, des deux prochaines années?
MICHAEL CRAIG [00:01:16] Nous sommes donc descendus à 120 ou 84 cents, selon votre point de vue. C’est un niveau de résistance formidable et il s’est un peu replié, et le dollar canadien est un peu plus faible aujourd’hui. Le marché est très long pour le dollar canadien. On pense qu’au cours des deux prochains trimestres, le dollar va se consolider, et qu’il va peut-être faire un peu de surplace par rapport à la vigueur du dollar américain. Il y a aussi certains facteurs à long terme qui doivent être pris en compte. Premièrement, contrairement à différents cycles, on ne voit pas de réaction importante de l’offre aux prix du pétrole pour divers facteurs. Les facteurs ESG limitent le capital investi dans les nouveaux projets. Le prix du pétrole devrait donc augmenter à court et à moyen terme, ce qui pourrait être très favorable pour le dollar canadien. Deuxièmement, je ne crois pas que les différences entre les banques centrales, la Banque du Canada et la Fed, vont changer de façon importante. Je crois que la Fed sera beaucoup plus conciliante qu’aux cycles précédents, ce qui sera favorable pour le dollar canadien. On n’entrevoit donc pas un retour à la parité, mais il est certain que le dollar pourra atteindre 90 cents dans un avenir proche, soit dans un à trois ans, d’après ce qu’on sait aujourd’hui.
KIM PARLEE [00:02:20] Permettez-moi de vous demander de formuler votre propre critique. Y a-t-il quelque chose qui pourrait changer cette perspective si vous constatez quelque chose au cours des six prochains mois?
MICHAEL CRAIG [00:02:27] Il est certain que si on subit un autre revers, par exemple une mutation d’un variant qui est résistant au vaccin et qu’on revient à la case départ, et que le monde retombe en récession, ce serait très dommageable pour le dollar canadien. Il est certain que si la Fed faisait volte-face et devenait plus ferme demain matin ou à Jackson Hole cet été, ce serait certainement négatif pour le dollar canadien. Je ne crois pas qu’il soit très probable que cela se produise, mais il pourrait se produire deux ou trois événements qui pourraient déclencher une période de faiblesse du dollar canadien. Mais je crois qu’une faiblesse généralisée du dollar sera inévitable et qu’il y aura ensuite une certaine vigueur du dollar canadien, même si la situation actuelle est presque terminée. Vous avez mentionné que nous avons progressé de 20 %. Je ne crois pas que ça va se reproduire. Je ne crois pas qu’il y ait une chance que le dollar canadien atteigne un autre 20 %, mais 10 %, ce serait très probable.
KIM PARLEE [00:03:17] Et, encore une fois, pour revenir à ce que vous disiez, si quelque chose de ce genre se produisait, ce ne serait pas seulement mauvais pour le dollar canadien, ce serait mauvais pour le dollar canadien, ce serait si un de ces événements se produisait. Mais quelles sont les conséquences pour les placements? Pour quelqu’un qui nous écoute, s’il veut aller plus loin, par rapport au dollar canadien, il peut le faire, mais qui d’autre pourrait en profiter pendant cette période?
MICHAEL CRAIG [00:03:37] Eh bien, la faiblesse du dollar canadien que nous avons vraiment connue au cours des 10 dernières années a été un formidable facteur de relance au Canada, parce que non seulement on a réalisé des rendements sur les titres étrangers, mais on a aussi profité d’une bonne appréciation des devises. Ce n’est donc pas très différent d’avec l’appréciation du dollar canadien, mais ça ajoute un facteur défavorable. Pour les actions, ce n’est pas dramatique. Je ne crois pas que ce sera un facteur défavorable, mais surtout sur le marché américain, beaucoup de ces sociétés sont des marques mondiales, et les devises n’ont donc pas d’impact important sur leurs activités en tant que telles. Donc, pour les actions, ce n’est pas si mal. Pour les titres à revenu fixe, il faut faire attention. Les rendements des titres à revenu fixe vont être dominés par les devises, et non par les taux. Et dans le cas des mandats de titres à revenu fixe mondiaux, il faut être prudent, il faut vraiment réfléchir à la façon dont on gère le risque de change. Et enfin, la vigueur du dollar canadien est de bon augure pour les actions canadiennes, en particulier dans les secteurs des services financiers, de l’énergie et des matériaux. Et c’est un autre domaine où la gestion de l’argent consiste essentiellement à compenser les risques et à rechercher la diversification. Le marché canadien est à la traîne depuis 10 ans. Et je crois que ce que je viens de vous dire est de bon augure pour une grande partie du marché canadien au cours des prochaines années, du moins en ce qui concerne le rendement relatif par rapport aux actions mondiales.
KIM PARLEE [00:04:51] Michael, vos explications sont toujours très précieuses, merci beaucoup.
MICHAEL CRAIG [00:04:54] Ça m’a fait plaisir.
MICHAEL CRAIG [00:00:28] Quelques points, Kim. Tout d’abord, les marchés des produits de base se sont montrés extrêmement solides. Le prix du panier de biens qu’on exporte par rapport à ceux qu’on importe a fluctué. Et le huard a été très haussier. Deuxièmement, la Banque du Canada s’est montrée un peu plus ferme que la Fed. Elle a déjà annoncé la réduction des mesures de relance, et c’est certainement l’une des banques centrales les plus restrictives, relativement parlant. Et troisièmement, la croissance canadienne a été très solide après la pandémie. Elle a été solide partout, en particulier au Canada. Et cela a ajouté un autre facteur favorable. Les monnaies cycliques ont tendance à bien se comporter, comme c’est souvent le cas dans les phases de reprise qui suivent une récession. Et le dollar canadien n’y a pas fait exception.
KIM PARLEE [00:01:06] Est-ce que ça va continuer? Vous avez mentionné toute une série de facteurs qui font grimper le huard. Selon vous, qu’est-ce qui va se passer au cours des six prochains mois, des deux prochaines années?
MICHAEL CRAIG [00:01:16] Nous sommes donc descendus à 120 ou 84 cents, selon votre point de vue. C’est un niveau de résistance formidable et il s’est un peu replié, et le dollar canadien est un peu plus faible aujourd’hui. Le marché est très long pour le dollar canadien. On pense qu’au cours des deux prochains trimestres, le dollar va se consolider, et qu’il va peut-être faire un peu de surplace par rapport à la vigueur du dollar américain. Il y a aussi certains facteurs à long terme qui doivent être pris en compte. Premièrement, contrairement à différents cycles, on ne voit pas de réaction importante de l’offre aux prix du pétrole pour divers facteurs. Les facteurs ESG limitent le capital investi dans les nouveaux projets. Le prix du pétrole devrait donc augmenter à court et à moyen terme, ce qui pourrait être très favorable pour le dollar canadien. Deuxièmement, je ne crois pas que les différences entre les banques centrales, la Banque du Canada et la Fed, vont changer de façon importante. Je crois que la Fed sera beaucoup plus conciliante qu’aux cycles précédents, ce qui sera favorable pour le dollar canadien. On n’entrevoit donc pas un retour à la parité, mais il est certain que le dollar pourra atteindre 90 cents dans un avenir proche, soit dans un à trois ans, d’après ce qu’on sait aujourd’hui.
KIM PARLEE [00:02:20] Permettez-moi de vous demander de formuler votre propre critique. Y a-t-il quelque chose qui pourrait changer cette perspective si vous constatez quelque chose au cours des six prochains mois?
MICHAEL CRAIG [00:02:27] Il est certain que si on subit un autre revers, par exemple une mutation d’un variant qui est résistant au vaccin et qu’on revient à la case départ, et que le monde retombe en récession, ce serait très dommageable pour le dollar canadien. Il est certain que si la Fed faisait volte-face et devenait plus ferme demain matin ou à Jackson Hole cet été, ce serait certainement négatif pour le dollar canadien. Je ne crois pas qu’il soit très probable que cela se produise, mais il pourrait se produire deux ou trois événements qui pourraient déclencher une période de faiblesse du dollar canadien. Mais je crois qu’une faiblesse généralisée du dollar sera inévitable et qu’il y aura ensuite une certaine vigueur du dollar canadien, même si la situation actuelle est presque terminée. Vous avez mentionné que nous avons progressé de 20 %. Je ne crois pas que ça va se reproduire. Je ne crois pas qu’il y ait une chance que le dollar canadien atteigne un autre 20 %, mais 10 %, ce serait très probable.
KIM PARLEE [00:03:17] Et, encore une fois, pour revenir à ce que vous disiez, si quelque chose de ce genre se produisait, ce ne serait pas seulement mauvais pour le dollar canadien, ce serait mauvais pour le dollar canadien, ce serait si un de ces événements se produisait. Mais quelles sont les conséquences pour les placements? Pour quelqu’un qui nous écoute, s’il veut aller plus loin, par rapport au dollar canadien, il peut le faire, mais qui d’autre pourrait en profiter pendant cette période?
MICHAEL CRAIG [00:03:37] Eh bien, la faiblesse du dollar canadien que nous avons vraiment connue au cours des 10 dernières années a été un formidable facteur de relance au Canada, parce que non seulement on a réalisé des rendements sur les titres étrangers, mais on a aussi profité d’une bonne appréciation des devises. Ce n’est donc pas très différent d’avec l’appréciation du dollar canadien, mais ça ajoute un facteur défavorable. Pour les actions, ce n’est pas dramatique. Je ne crois pas que ce sera un facteur défavorable, mais surtout sur le marché américain, beaucoup de ces sociétés sont des marques mondiales, et les devises n’ont donc pas d’impact important sur leurs activités en tant que telles. Donc, pour les actions, ce n’est pas si mal. Pour les titres à revenu fixe, il faut faire attention. Les rendements des titres à revenu fixe vont être dominés par les devises, et non par les taux. Et dans le cas des mandats de titres à revenu fixe mondiaux, il faut être prudent, il faut vraiment réfléchir à la façon dont on gère le risque de change. Et enfin, la vigueur du dollar canadien est de bon augure pour les actions canadiennes, en particulier dans les secteurs des services financiers, de l’énergie et des matériaux. Et c’est un autre domaine où la gestion de l’argent consiste essentiellement à compenser les risques et à rechercher la diversification. Le marché canadien est à la traîne depuis 10 ans. Et je crois que ce que je viens de vous dire est de bon augure pour une grande partie du marché canadien au cours des prochaines années, du moins en ce qui concerne le rendement relatif par rapport aux actions mondiales.
KIM PARLEE [00:04:51] Michael, vos explications sont toujours très précieuses, merci beaucoup.
MICHAEL CRAIG [00:04:54] Ça m’a fait plaisir.