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Les taux des obligations américaines ont bondi au cours des dernières semaines, même si l’inflation montre des signes de ralentissement. Michael Craig, chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD, discute des facteurs qui font grimper les taux et des répercussions plus vastes sur les marchés.
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Alors que l'inflation globale a ralenti cette année, les rendements obligataires continuent d'augmenter. Que nous dit donc le marché sur l'orientation future des taux d'intérêt? Michael Craig nous rejoint pour en discuter.
Bonjour, Michael.
Bonjour, Greg.
Je ne sais pas si beaucoup de gens s'en préoccupent au cœur de l'été, mais les rendements obligataires augmentent jusqu'à des niveaux comparables à ceux avant la crise financière.
C'est effectivement très étonnant. Il y a eu des nouvelles négatives ce mois-ci. La note de crédit des États-Unis a été rétrogradée, ce qui n'est pas favorable pour l'optimisme. Et récemment, le Trésor américain a annoncé qu'il émettrait davantage d'obligations que prévu, ce qui fait subir une certaine pression. Mais nous sommes au mois d'août. Beaucoup de gens sont en vacances.
Les spéculateurs ont pris une position à découvert très importante dans les bons du Trésor, ce qui fait remonter les rendements. Nous ne saurons bien quelle sera l'évolution de la situation à la 3e semaine de septembre, lorsque tout le monde sera de retour à ces niveaux-là. Cela va commencer à... déclencher des programmes d'achat de gestionnaires de fonds qui vont transférer leurs actifs des actions aux obligations.
C'est en plein cœur de l'été, les rendements obligataires augmentent: cela fait jaser! Il faut toujours combler les émissions dans les réseaux d'affaires. Pourquoi pas 6% sur un bon du Trésor à 10 ans? Est-il vraisemblable que les rendements augmentent dans une telle mesure? Oui. Il y a une augmentation, et puis il y a la pérennité de cette augmentation.
Six pour cent me semble un peu ambitieux. Mais est-ce que les taux à 10 ans peuvent passer à 5%?
C'est possible. Combien de temps pourront-ils y rester? Combien de temps le monde peut-il fonctionner? Combien de temps les entreprises et les foyers peuvent-ils se financer à ces taux plus élevés, lorsque les prêts hypothécaires sont renouvelés ou que les entreprises doivent refinancer leurs dettes en passant de coupons de 3 à 7 ou 8%? Cela commence à affecter la demande.
Par définition, lorsque l'argent devient plus cher, nous consommons moins, et cela a un effet déflationniste. Tout peut se produire à court terme. La liquidité est limitée à l'heure actuelle. Il peut y avoir des fluctuations, mais j'ai du mal à envisager que les taux demeurent si élevés si longtemps sans qu'il y ait des dégâts économiques importants qui seraient infligés à l'économie.
Pour résumer, pour les investisseurs qui cherchent un revenu, non pas pour un trimestre, mais à plus long terme, il s'agit effectivement de rendements attrayants que l'on peut obtenir dans les titres à revenu fixe. Pour les actions, même si le mois d'août a été assez fluctuant, après un mois de juillet... très porteur, les bourses se maintiennent, malgré que les taux d'intérêt soient élevés. Il y a eu un léger recul, mais rien de trop frappant. Les rendements pour l'année à ce jour sont encore très favorables. Sans guère de changement depuis le printemps. L'indice TSX par rapport au S&P, ce sont des marchés très importants. Le S&P a progressé de 15% cette année. Et le TSX de 3 et quelques pour cent. Il s'agit d'un exemple de l'importance comprise... une poignée d'actions. Est-ce qu'elles peuvent monter encore? Bien sûr. NVIDIA annonce ses bénéfices demain. L'intelligence artificielle est à la mode, il y a beaucoup d'investissement dans ce secteur.
Mais quand on commence à comparer le cours des actions aux chiffres d'affaires... et non pas aux bénéfices, on commence à utiliser des indicateurs différents pour attribuer de la valeur, il faut manifester un peu de scepticisme. Je dirais que pour ce qui concerne les actions, le mois a été difficile pour les bourses. Nous abordons une saison très difficile. Août et septembre sont en général défavorables pour les marchés. Quand on considère le rendement des bénéfices, c'est-à-dire le prix que l'on paye pour une action par rapport aux bénéfices, par rapport à ce que l'on peut toucher sur les liquidités par rapport aux titres à revenu fixe, l'écart est plus serré qu'il ne l'a été depuis 20 ans. Les liquidités des titres à revenu fixe sont plus attrayantes au niveau des bénéfices que les actions.
Il y aura un événement qui, l'été dernier a été très frappant. Jackson Hole et la réunion où Jerome Powell va s'exprimer à la fin de cette semaine. L'an dernier, il a vraiment tapé sur la table et suscité une réaction très vive. D'après vous, quel message va-t-il faire passer? Il y a eu toute une année de hausses de taux, l'inflation globale diminue. Je pense que Jerome Powell n'a pas grand-chose à dire. Les taux élevés sont déjà là.
Quand on considère les taux du marché euro/dollar, on envisage un taux terminal de 4%. C'était 3% il y a quelques mois. Je pense que le monde n'a pas changé à ce point. Les conditions sont déjà très serrées. L'inflation diminue, une désinflation des loyers va commencer à avoir un effet favorable. À court terme, je pense que les pressions inflationnistes s'exercent toutefois. Je pense que Jerome Powell a obtenu ce qu'il veut à la fin d'un double mandat: l'inflation et le plein emploi. L'emploi se porte toujours très bien, mais a commencé à fléchir quelque peu. Je pense que le moment n'est pas propice pour basculer vers un discours de croissance, mais en revanche, il n'est pas très utile pour lui d'insister encore une fois sur d'autres hausses de taux.
Nous sommes en fin de cycle. Peut-être y aura-t-il d'autres hausses, peut-être pas. Il pourrait peut-être commencer à faire le point sur les succès remportés. Je pense qu'il ne s'agira pas d'un événement aussi fracassant que l'an dernier.
Alors que l'inflation globale a ralenti cette année, les rendements obligataires continuent d'augmenter. Que nous dit donc le marché sur l'orientation future des taux d'intérêt? Michael Craig nous rejoint pour en discuter.
Bonjour, Michael.
Bonjour, Greg.
Je ne sais pas si beaucoup de gens s'en préoccupent au cœur de l'été, mais les rendements obligataires augmentent jusqu'à des niveaux comparables à ceux avant la crise financière.
C'est effectivement très étonnant. Il y a eu des nouvelles négatives ce mois-ci. La note de crédit des États-Unis a été rétrogradée, ce qui n'est pas favorable pour l'optimisme. Et récemment, le Trésor américain a annoncé qu'il émettrait davantage d'obligations que prévu, ce qui fait subir une certaine pression. Mais nous sommes au mois d'août. Beaucoup de gens sont en vacances.
Les spéculateurs ont pris une position à découvert très importante dans les bons du Trésor, ce qui fait remonter les rendements. Nous ne saurons bien quelle sera l'évolution de la situation à la 3e semaine de septembre, lorsque tout le monde sera de retour à ces niveaux-là. Cela va commencer à... déclencher des programmes d'achat de gestionnaires de fonds qui vont transférer leurs actifs des actions aux obligations.
C'est en plein cœur de l'été, les rendements obligataires augmentent: cela fait jaser! Il faut toujours combler les émissions dans les réseaux d'affaires. Pourquoi pas 6% sur un bon du Trésor à 10 ans? Est-il vraisemblable que les rendements augmentent dans une telle mesure? Oui. Il y a une augmentation, et puis il y a la pérennité de cette augmentation.
Six pour cent me semble un peu ambitieux. Mais est-ce que les taux à 10 ans peuvent passer à 5%?
C'est possible. Combien de temps pourront-ils y rester? Combien de temps le monde peut-il fonctionner? Combien de temps les entreprises et les foyers peuvent-ils se financer à ces taux plus élevés, lorsque les prêts hypothécaires sont renouvelés ou que les entreprises doivent refinancer leurs dettes en passant de coupons de 3 à 7 ou 8%? Cela commence à affecter la demande.
Par définition, lorsque l'argent devient plus cher, nous consommons moins, et cela a un effet déflationniste. Tout peut se produire à court terme. La liquidité est limitée à l'heure actuelle. Il peut y avoir des fluctuations, mais j'ai du mal à envisager que les taux demeurent si élevés si longtemps sans qu'il y ait des dégâts économiques importants qui seraient infligés à l'économie.
Pour résumer, pour les investisseurs qui cherchent un revenu, non pas pour un trimestre, mais à plus long terme, il s'agit effectivement de rendements attrayants que l'on peut obtenir dans les titres à revenu fixe. Pour les actions, même si le mois d'août a été assez fluctuant, après un mois de juillet... très porteur, les bourses se maintiennent, malgré que les taux d'intérêt soient élevés. Il y a eu un léger recul, mais rien de trop frappant. Les rendements pour l'année à ce jour sont encore très favorables. Sans guère de changement depuis le printemps. L'indice TSX par rapport au S&P, ce sont des marchés très importants. Le S&P a progressé de 15% cette année. Et le TSX de 3 et quelques pour cent. Il s'agit d'un exemple de l'importance comprise... une poignée d'actions. Est-ce qu'elles peuvent monter encore? Bien sûr. NVIDIA annonce ses bénéfices demain. L'intelligence artificielle est à la mode, il y a beaucoup d'investissement dans ce secteur.
Mais quand on commence à comparer le cours des actions aux chiffres d'affaires... et non pas aux bénéfices, on commence à utiliser des indicateurs différents pour attribuer de la valeur, il faut manifester un peu de scepticisme. Je dirais que pour ce qui concerne les actions, le mois a été difficile pour les bourses. Nous abordons une saison très difficile. Août et septembre sont en général défavorables pour les marchés. Quand on considère le rendement des bénéfices, c'est-à-dire le prix que l'on paye pour une action par rapport aux bénéfices, par rapport à ce que l'on peut toucher sur les liquidités par rapport aux titres à revenu fixe, l'écart est plus serré qu'il ne l'a été depuis 20 ans. Les liquidités des titres à revenu fixe sont plus attrayantes au niveau des bénéfices que les actions.
Il y aura un événement qui, l'été dernier a été très frappant. Jackson Hole et la réunion où Jerome Powell va s'exprimer à la fin de cette semaine. L'an dernier, il a vraiment tapé sur la table et suscité une réaction très vive. D'après vous, quel message va-t-il faire passer? Il y a eu toute une année de hausses de taux, l'inflation globale diminue. Je pense que Jerome Powell n'a pas grand-chose à dire. Les taux élevés sont déjà là.
Quand on considère les taux du marché euro/dollar, on envisage un taux terminal de 4%. C'était 3% il y a quelques mois. Je pense que le monde n'a pas changé à ce point. Les conditions sont déjà très serrées. L'inflation diminue, une désinflation des loyers va commencer à avoir un effet favorable. À court terme, je pense que les pressions inflationnistes s'exercent toutefois. Je pense que Jerome Powell a obtenu ce qu'il veut à la fin d'un double mandat: l'inflation et le plein emploi. L'emploi se porte toujours très bien, mais a commencé à fléchir quelque peu. Je pense que le moment n'est pas propice pour basculer vers un discours de croissance, mais en revanche, il n'est pas très utile pour lui d'insister encore une fois sur d'autres hausses de taux.
Nous sommes en fin de cycle. Peut-être y aura-t-il d'autres hausses, peut-être pas. Il pourrait peut-être commencer à faire le point sur les succès remportés. Je pense qu'il ne s'agira pas d'un événement aussi fracassant que l'an dernier.