
L’intelligence artificielle fait déjà des vagues auprès des consommateurs et des entreprises. Greg Bonnell discute avec Cathie Wood, chef de la direction et chef des placements d’Ark Invest, des répercussions sociales de l’IA et des occasions possibles pour les investisseurs.
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Les actions technologiques ont connu un bon début d’année après une année plutôt difficile en 2022. Mais cette remontée pourrait-elle se poursuivre en raison de certains signes de ralentissement de la croissance? Nous allons maintenant discuter avec Cathie Wood, chef de la direction et chef des placements chez ARK Invest. Cathie, c’est un plaisir de vous avoir avec nous aujourd’hui.
Merci, Greg. Je suis très heureuse d’être ici avec vous.
La technologie a été un secteur très intéressant. Commençons par parler un peu de la philosophie de placement d’ARK en matière de technologie. De quel genre de vision parle-t-on? Est-ce une vision à long terme?
Oui, l’horizon de placement d’ARK est de cinq ans, donc oui, c’est à long terme. Et c’est un peu à contre-courant dans ce marché, mais on pense que c’est très important de ne pas perdre de vue notre objectif et de faire des recherches approfondies sur la façon dont la technologie va évoluer. Et on pense qu’elle va évoluer très rapidement au cours des prochaines années.
Très bien. Alors qu’on parle de cette évolution rapide, j’aimerais soulever certains points que vous surveillez peut-être. Ça fait plusieurs mois que tout le monde parle de ChatGPT. Au fond, on parle d’intelligence artificielle, et des gens disent que les changements pourraient être rapides. À quoi vous attendez-vous dans ce secteur?
Eh bien, on fait de la recherche dans ce domaine depuis la création d’ARK en 2014. Et on pense qu’il est formidable qu’enfin quelque chose dans le secteur de l’innovation, comme ChatGPT, ait captivé à la fois l’imagination du consommateur et des entreprises, et aide vraiment les gens à comprendre que le monde de l’innovation évolue très rapidement, et que les changements sont assez profonds. Je ne sais pas si vous l’avez expérimenté.
Mais du point de vue de l’éducation, cela va changer la donne. Cela va changer complètement le travail, même dans des domaines comme les développeurs et l’ingénierie. On constate que la productivité en matière de codage a doublé en moins d’un an. Et on pense qu’elle pourrait être décuplée.
Et, bien sûr, il y a eu une grande pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur. Je sais qu’il y a aussi eu une annonce aujourd’hui. IBM a indiqué qu’elle n’embaucherait plus d’employés en arrière-guichet. Et donc pour le travail en arrière-guichet, ChatGPT et l’IA en général, vont probablement prendre la place des êtres humains. Mais à cet égard, cela va sortir les gens de certains secteurs fastidieux, pour ainsi dire, et créer d’autres occasions qui, selon nous, seront assez intéressantes.
Quand on parle d’intelligence artificielle, il y a évidemment de l’enthousiasme quant à ce qu’elle peut produire. Et j’ai expérimenté certaines des applications dont vous avez parlé. Mais les gens ressentent aussi une certaine peur et une certaine inquiétude à l’égard d’un changement de cette envergure. Un changement radical pourrait presque bouleverser considérablement la société.
Je pense que vous avez raison et qu’on aura besoin de recyclage professionnel et de rééducation. Mais ces technologies sont très intéressantes et sont aussi très prometteuses pour ceux qui sont du bon côté du changement. En expérimentant ChatGPT, vous voyez le pouvoir de l’IA. Et vous pouvez aussi voir comment vous pouvez beaucoup apprendre de ces nouvelles technologies par vous-même. Par exemple, avec le traitement du langage naturel, on va tous devenir des programmeurs, effectivement. Il y a un an, la plupart des gens se disaient qu’ils ne pourraient jamais être programmeurs. Mais maintenant, certains de nos analystes ont utilisé ChatGPT pour concevoir leur propre site Web, en en copiant un autre, et ce, en moins d’une journée. C’est donc assez provocateur. Je pense qu’il faut vraiment s’engager à l’expérimenter. Et ceux qui font preuve d’initiative et de créativité, je pense, vont beaucoup s’amuser et avoir une carrière très agréable.
C’est l’un des grands thèmes de l’IA en ce moment. Mais je remarque qu’on est en pleine période d’annonce des bénéfices, et que certaines des grandes sociétés technologiques disent déjà que bon nombre d’entre elles aiment aussi parler d’intelligence artificielle. C’est ce qui ressort dans les propos de tout le monde, et de ce qu’ils ont à dire sur l’avenir de l’entreprise. Qu’est-ce que vous retenez de certains des grands titres technologiques qu’on a vus au cours de la présente période d’annonce des bénéfices?
Eh bien, je pense que les grandes plateformes, les grandes plateformes sociales, prennent des parts de publicité aux plus petites. C’est clair. Et je dirais que le changement a été assez rapide. Je pense qu’elles ont toutes souffert l’an dernier, et les plus importantes accaparent maintenant des parts de marché. Oui, on parle beaucoup de l’IA dans la plupart de ces appels. Mais on pense que c’est un risque réel pour une société comme Alphabet. Je n’ai jamais moi-même vraiment aimé le moteur de recherche Google. J’aimerais qu’il soit plus intelligent. Je suis certaine qu’on a tous vécu cette expérience.
Eh bien, devinez quoi? ChatGPT, une fois qu’il va avoir commencé à extraire les données et à tenir compte des données récentes, je crois qu’il va remplacer le moteur de recherche. Google, ou Alphabet, indique qu’elle est là-dessus. Elle travaille sur le dossier. Et ça devrait être parce qu’elle fait appel à certains des meilleurs experts en IA au monde. Elle a acheté une société appelée DeepMind.
Mais pour une raison ou une autre, elle a une aversion pour le risque, et OpenAI a pris de l’avance sur ChatGPT. Et l’autre chose, c’est qu’avec les modules d’extension et ChatGPT, on essaie de comprendre quel sera l’impact sur Apple. Il se peut que ChatGPT élimine le rôle d’intermédiaire des applications avec modules d’extension et nous amène directement où on veut aller, quel que soit le site Web qu’on veut consulter. Il va l’anticiper. Je pense donc que même si les sociétés de technologie à mégacapitalisation sont devenues solides récemment, on regarde les risques de perturbation et d’élimination du rôle d’intermédiaire auxquels elles sont également confrontées.
Ce sont évidemment des perturbations qui auront des effets à long terme sur le secteur des technologies et qui vont le façonner à l’avenir. À l’heure actuelle, il est difficile d’ignorer que les investisseurs sont préoccupés par le ralentissement de la croissance. C’est aussi ce qu’on a entendu de la part de certaines sociétés, leurs clients devenant un peu plus prudents à l’égard des dépenses dans l’infonuagique et dans d’autres domaines... de plus, ce que la Réserve fédérale pourrait leur offrir, et la trajectoire des taux d’intérêt à l’avenir. À quoi devrions-nous réfléchir pour le reste de l’année, compte tenu de la volatilité?
Eh bien, je pense que c’est vraiment aux États-Unis qu’on observe les répercussions sur les banques régionales. Et je pense que ça s’accélère, contrairement à ce que Jamie Dimon a dit après l’achat de la First Republic ou de certaines parties de cette banque-là. On croit qu’en raison des hausses de taux d’intérêt de la Fed, qui ont été multipliées par 20 en un an, les dépôts quittent le système et sont transférés dans des fonds du Trésor.
Et il ne se passe rien avec les fonds du Trésor. Ils ne peuvent pas être prêtés. Ils ne peuvent pas encourager l’activité économique. Alors qu’avec les dépôts et le système bancaire, il peut y avoir des prêts. On a donc l’impression que la crise du crédit n’en est qu’à ses débuts et qu’elle sera beaucoup plus grave que ce à quoi la plupart des gens s’attendent.
Je pense que l’indice des banques régionales commence à le préciser. Il s’est replié, ce qui signifie que les dépôts vont continuer de sortir jusqu’à ce que la Fed revienne sur sa position, jusqu’à ce qu’elle fasse volte-face. Et on voit... vous avez mentionné le prix du pétrole. Je pense qu’il a dépassé les attentes de la plupart des gens cette année, en particulier ceux qui s’attendent à ce que la Chine revienne à la normale une fois qu’elle aura abandonné sa politique zéro COVID. Et ça ne s’est pas produit.
Il se passe donc quelque chose de plus vaste au-delà des États-Unis. On croit que la faiblesse de l’économie mondiale est beaucoup plus importante que ce que la plupart des gens ont estimé. Et je dirais que c’est intéressant, car la Chine a été fermée pendant tellement longtemps. Je pense qu’on s’attendait tous à un peu plus que ce qu’on a vu.
Certaines sociétés de biens de consommation ont connu une certaine activité, mais pas le marché du pétrole. Et il ne semble pas que la Russie ait été forcée de réduire sa production. Et il semble qu’elle continue de vendre sa production à rabais, ce qui commence à infecter le reste du marché. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
Les actions technologiques ont connu un bon début d’année après une année plutôt difficile en 2022. Mais cette remontée pourrait-elle se poursuivre en raison de certains signes de ralentissement de la croissance? Nous allons maintenant discuter avec Cathie Wood, chef de la direction et chef des placements chez ARK Invest. Cathie, c’est un plaisir de vous avoir avec nous aujourd’hui.
Merci, Greg. Je suis très heureuse d’être ici avec vous.
La technologie a été un secteur très intéressant. Commençons par parler un peu de la philosophie de placement d’ARK en matière de technologie. De quel genre de vision parle-t-on? Est-ce une vision à long terme?
Oui, l’horizon de placement d’ARK est de cinq ans, donc oui, c’est à long terme. Et c’est un peu à contre-courant dans ce marché, mais on pense que c’est très important de ne pas perdre de vue notre objectif et de faire des recherches approfondies sur la façon dont la technologie va évoluer. Et on pense qu’elle va évoluer très rapidement au cours des prochaines années.
Très bien. Alors qu’on parle de cette évolution rapide, j’aimerais soulever certains points que vous surveillez peut-être. Ça fait plusieurs mois que tout le monde parle de ChatGPT. Au fond, on parle d’intelligence artificielle, et des gens disent que les changements pourraient être rapides. À quoi vous attendez-vous dans ce secteur?
Eh bien, on fait de la recherche dans ce domaine depuis la création d’ARK en 2014. Et on pense qu’il est formidable qu’enfin quelque chose dans le secteur de l’innovation, comme ChatGPT, ait captivé à la fois l’imagination du consommateur et des entreprises, et aide vraiment les gens à comprendre que le monde de l’innovation évolue très rapidement, et que les changements sont assez profonds. Je ne sais pas si vous l’avez expérimenté.
Mais du point de vue de l’éducation, cela va changer la donne. Cela va changer complètement le travail, même dans des domaines comme les développeurs et l’ingénierie. On constate que la productivité en matière de codage a doublé en moins d’un an. Et on pense qu’elle pourrait être décuplée.
Et, bien sûr, il y a eu une grande pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur. Je sais qu’il y a aussi eu une annonce aujourd’hui. IBM a indiqué qu’elle n’embaucherait plus d’employés en arrière-guichet. Et donc pour le travail en arrière-guichet, ChatGPT et l’IA en général, vont probablement prendre la place des êtres humains. Mais à cet égard, cela va sortir les gens de certains secteurs fastidieux, pour ainsi dire, et créer d’autres occasions qui, selon nous, seront assez intéressantes.
Quand on parle d’intelligence artificielle, il y a évidemment de l’enthousiasme quant à ce qu’elle peut produire. Et j’ai expérimenté certaines des applications dont vous avez parlé. Mais les gens ressentent aussi une certaine peur et une certaine inquiétude à l’égard d’un changement de cette envergure. Un changement radical pourrait presque bouleverser considérablement la société.
Je pense que vous avez raison et qu’on aura besoin de recyclage professionnel et de rééducation. Mais ces technologies sont très intéressantes et sont aussi très prometteuses pour ceux qui sont du bon côté du changement. En expérimentant ChatGPT, vous voyez le pouvoir de l’IA. Et vous pouvez aussi voir comment vous pouvez beaucoup apprendre de ces nouvelles technologies par vous-même. Par exemple, avec le traitement du langage naturel, on va tous devenir des programmeurs, effectivement. Il y a un an, la plupart des gens se disaient qu’ils ne pourraient jamais être programmeurs. Mais maintenant, certains de nos analystes ont utilisé ChatGPT pour concevoir leur propre site Web, en en copiant un autre, et ce, en moins d’une journée. C’est donc assez provocateur. Je pense qu’il faut vraiment s’engager à l’expérimenter. Et ceux qui font preuve d’initiative et de créativité, je pense, vont beaucoup s’amuser et avoir une carrière très agréable.
C’est l’un des grands thèmes de l’IA en ce moment. Mais je remarque qu’on est en pleine période d’annonce des bénéfices, et que certaines des grandes sociétés technologiques disent déjà que bon nombre d’entre elles aiment aussi parler d’intelligence artificielle. C’est ce qui ressort dans les propos de tout le monde, et de ce qu’ils ont à dire sur l’avenir de l’entreprise. Qu’est-ce que vous retenez de certains des grands titres technologiques qu’on a vus au cours de la présente période d’annonce des bénéfices?
Eh bien, je pense que les grandes plateformes, les grandes plateformes sociales, prennent des parts de publicité aux plus petites. C’est clair. Et je dirais que le changement a été assez rapide. Je pense qu’elles ont toutes souffert l’an dernier, et les plus importantes accaparent maintenant des parts de marché. Oui, on parle beaucoup de l’IA dans la plupart de ces appels. Mais on pense que c’est un risque réel pour une société comme Alphabet. Je n’ai jamais moi-même vraiment aimé le moteur de recherche Google. J’aimerais qu’il soit plus intelligent. Je suis certaine qu’on a tous vécu cette expérience.
Eh bien, devinez quoi? ChatGPT, une fois qu’il va avoir commencé à extraire les données et à tenir compte des données récentes, je crois qu’il va remplacer le moteur de recherche. Google, ou Alphabet, indique qu’elle est là-dessus. Elle travaille sur le dossier. Et ça devrait être parce qu’elle fait appel à certains des meilleurs experts en IA au monde. Elle a acheté une société appelée DeepMind.
Mais pour une raison ou une autre, elle a une aversion pour le risque, et OpenAI a pris de l’avance sur ChatGPT. Et l’autre chose, c’est qu’avec les modules d’extension et ChatGPT, on essaie de comprendre quel sera l’impact sur Apple. Il se peut que ChatGPT élimine le rôle d’intermédiaire des applications avec modules d’extension et nous amène directement où on veut aller, quel que soit le site Web qu’on veut consulter. Il va l’anticiper. Je pense donc que même si les sociétés de technologie à mégacapitalisation sont devenues solides récemment, on regarde les risques de perturbation et d’élimination du rôle d’intermédiaire auxquels elles sont également confrontées.
Ce sont évidemment des perturbations qui auront des effets à long terme sur le secteur des technologies et qui vont le façonner à l’avenir. À l’heure actuelle, il est difficile d’ignorer que les investisseurs sont préoccupés par le ralentissement de la croissance. C’est aussi ce qu’on a entendu de la part de certaines sociétés, leurs clients devenant un peu plus prudents à l’égard des dépenses dans l’infonuagique et dans d’autres domaines... de plus, ce que la Réserve fédérale pourrait leur offrir, et la trajectoire des taux d’intérêt à l’avenir. À quoi devrions-nous réfléchir pour le reste de l’année, compte tenu de la volatilité?
Eh bien, je pense que c’est vraiment aux États-Unis qu’on observe les répercussions sur les banques régionales. Et je pense que ça s’accélère, contrairement à ce que Jamie Dimon a dit après l’achat de la First Republic ou de certaines parties de cette banque-là. On croit qu’en raison des hausses de taux d’intérêt de la Fed, qui ont été multipliées par 20 en un an, les dépôts quittent le système et sont transférés dans des fonds du Trésor.
Et il ne se passe rien avec les fonds du Trésor. Ils ne peuvent pas être prêtés. Ils ne peuvent pas encourager l’activité économique. Alors qu’avec les dépôts et le système bancaire, il peut y avoir des prêts. On a donc l’impression que la crise du crédit n’en est qu’à ses débuts et qu’elle sera beaucoup plus grave que ce à quoi la plupart des gens s’attendent.
Je pense que l’indice des banques régionales commence à le préciser. Il s’est replié, ce qui signifie que les dépôts vont continuer de sortir jusqu’à ce que la Fed revienne sur sa position, jusqu’à ce qu’elle fasse volte-face. Et on voit... vous avez mentionné le prix du pétrole. Je pense qu’il a dépassé les attentes de la plupart des gens cette année, en particulier ceux qui s’attendent à ce que la Chine revienne à la normale une fois qu’elle aura abandonné sa politique zéro COVID. Et ça ne s’est pas produit.
Il se passe donc quelque chose de plus vaste au-delà des États-Unis. On croit que la faiblesse de l’économie mondiale est beaucoup plus importante que ce que la plupart des gens ont estimé. Et je dirais que c’est intéressant, car la Chine a été fermée pendant tellement longtemps. Je pense qu’on s’attendait tous à un peu plus que ce qu’on a vu.
Certaines sociétés de biens de consommation ont connu une certaine activité, mais pas le marché du pétrole. Et il ne semble pas que la Russie ait été forcée de réduire sa production. Et il semble qu’elle continue de vendre sa production à rabais, ce qui commence à infecter le reste du marché. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]