Les banques canadiennes peuvent officiellement augmenter leurs dividendes et reprendre leurs rachats d’actions après que l’organisme de réglementation bancaire du pays a levé un moratoire mis en place l’an dernier. Anthony Okolie discute avec Monica Yeung, analyste, Services financiers mondiaux, Gestion de Placements TD des réactions à attendre des banques.
Print Transcript
Jeudi, les banques canadiennes ont reçu le feu vert pour payer des dividendes et racheter des actions de la part de l’organisme de réglementation bancaire du Canada. Monica, pourquoi le BSIF a-t-il pris cette décision et pourquoi lui a-t-elle pris autant de temps?
D’abord, il faut dire qu’il s’agit d’une annonce très attendue, d’un développement très positif pour les banques canadiennes. Globalement, je pense que la décision renforce l’idée que le système bancaire canadien est solide et résilient, et le BSIF a été très clair qu’il est temps de lever les restrictions. Il a mis trois raisons de l’avant. Premièrement, les banques canadiennes ont résisté à la tempête et sont demeurées plutôt résilientes tout au long de la pandémie de COVID. Deuxièmement, les niveaux de capital sont demeurés excellents dans les 18 derniers mois. Troisièmement, l’organisme s’est dit confiant que les équipes de direction des banques et que les conseils d’administration prendraient des décisions responsables en matière de distribution du capital. Comme vous le savez, les banques canadiennes traînaient un peu de la patte à l’échelle mondiale, comparativement aux banques américaines entre autres, en ce qui a trait à cette décision de levée des restrictions sur le capital. La Réserve fédérale américaine a levé ces restrictions en juin dernier. Je pense que le BSIF a attendu si longtemps notamment en raison de ses habitudes très conservatrices et prudentes, qui entretiennent la solidité de notre système financier. Cela explique pourquoi les banques canadiennes se sont tellement bien portées pendant les crises financières passées. C’est également en partie la raison pour laquelle, je crois, l’organisme a attendu jusqu’à maintenant pour prendre cette décision.
OK, donc maintenant que les banques ont reçu le feu vert, est-il probable qu’elles déploient leurs énormes surplus de liquidités?
La première chose qui vient à l’esprit est l’augmentation des dividendes. En effet, les banques canadiennes n’ont pas eu la possibilité d’augmenter leurs dividendes pendant plus de deux ans. Et je pense qu’il est raisonnable de s’attendre à ce que les dividendes bondissent pour rattraper ce retard dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Regardons le contexte qui entoure ce qui se passe. Les banques canadiennes visent normalement un ratio dividendes/bénéfice qui représente entre 40 et 50 % de leurs bénéfices. Ces chiffres peuvent nous guider. Nos attentes sont qu’en moyenne, les banques canadiennes augmentent leurs dividendes jusqu’à atteindre entre 15 et 19 %. Et je souhaite souligner deux grands gagnants ici, soit la Banque Nationale et BMO. On s’attend à ce qu’elles puissent établir leurs dividendes à plus de 25 %, même à 30 %, d’un seul coup.
Quand la Réserve fédérale a annoncé la levée des restrictions pour les institutions financières américaines en juin, certaines banques ont annoncé d’importants rachats d’actions. Vous attendez-vous à la même chose dans ce cas-ci?
Oui, les rachats devraient constituer une partie plus importante de la stratégie de répartition du capital des banques désormais. Avant la COVID, pendant une année typique, les banques canadiennes pouvaient racheter de 1 à 1,5 % de leurs actions en circulation. Ce qui est différent à présent, c’est que les banques canadiennes disposent de grands surplus de capital. On peut mentionner quelques chiffres : au total, les banques canadiennes ont un capital qui dépasse d’environ 60 milliards de dollars la norme minimale réglementaire. Cela représente 8 % de leur capitalisation boursière. Il est donc très raisonnable, selon moi, de s’attendre à ce que certaines banques annoncent des rachats de peut-être 3 %, 4 %, 5 %, 6 % de leurs actions en circulation. La situation est semblable à ce qu’on a vu aux États-Unis, donc il faudra décidément surveiller les annonces en la matière.
Les actions bancaires ont un rendement incroyable depuis le début de l’année, avec une hausse d’environ 30 % au Canada. Y a-t-il encore des possibilités d’augmentation pour ce secteur?
Je compare souvent les banques à un ressort. Elles jouent un rôle essentiel dans la reprise économique, et leur progression atteindra un point critique l’an prochain, selon moi, quand on verra la croissance des prêts augmenter dans l’ensemble du système, et aussi la progression sous forme de taux plus élevés. Et donc les banques sont en excellente posture, vu sous cet angle. J’ajouterais ceci : avec la thèse des banques communautaires, si on la comparait à une pièce en deux actes, on se trouverait en ce moment pendant l’entracte, en attente du deuxième acte. Depuis le début de l’année, le crédit a vraiment aidé. Les banques se sont surpassées en matière de crédit en libérant leurs réserves pour pertes sur prêts. Et je pense que ce qui aidera, à l’avenir, sera de voir la valeur des prêts revenir et d’atteindre des marges d’intérêt nettes plus élevées. Donc au final, en prenant tout cela en compte, avec les évaluations qui dépassent de 10 ou 11 fois le ratios cours/bénéfice inférieur de leur fourchette historique, on demeure positifs et optimistes quant au secteur bancaire canadien.
Monica, merci beaucoup pour votre présence.
Merci de l’invitation.
D’abord, il faut dire qu’il s’agit d’une annonce très attendue, d’un développement très positif pour les banques canadiennes. Globalement, je pense que la décision renforce l’idée que le système bancaire canadien est solide et résilient, et le BSIF a été très clair qu’il est temps de lever les restrictions. Il a mis trois raisons de l’avant. Premièrement, les banques canadiennes ont résisté à la tempête et sont demeurées plutôt résilientes tout au long de la pandémie de COVID. Deuxièmement, les niveaux de capital sont demeurés excellents dans les 18 derniers mois. Troisièmement, l’organisme s’est dit confiant que les équipes de direction des banques et que les conseils d’administration prendraient des décisions responsables en matière de distribution du capital. Comme vous le savez, les banques canadiennes traînaient un peu de la patte à l’échelle mondiale, comparativement aux banques américaines entre autres, en ce qui a trait à cette décision de levée des restrictions sur le capital. La Réserve fédérale américaine a levé ces restrictions en juin dernier. Je pense que le BSIF a attendu si longtemps notamment en raison de ses habitudes très conservatrices et prudentes, qui entretiennent la solidité de notre système financier. Cela explique pourquoi les banques canadiennes se sont tellement bien portées pendant les crises financières passées. C’est également en partie la raison pour laquelle, je crois, l’organisme a attendu jusqu’à maintenant pour prendre cette décision.
OK, donc maintenant que les banques ont reçu le feu vert, est-il probable qu’elles déploient leurs énormes surplus de liquidités?
La première chose qui vient à l’esprit est l’augmentation des dividendes. En effet, les banques canadiennes n’ont pas eu la possibilité d’augmenter leurs dividendes pendant plus de deux ans. Et je pense qu’il est raisonnable de s’attendre à ce que les dividendes bondissent pour rattraper ce retard dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Regardons le contexte qui entoure ce qui se passe. Les banques canadiennes visent normalement un ratio dividendes/bénéfice qui représente entre 40 et 50 % de leurs bénéfices. Ces chiffres peuvent nous guider. Nos attentes sont qu’en moyenne, les banques canadiennes augmentent leurs dividendes jusqu’à atteindre entre 15 et 19 %. Et je souhaite souligner deux grands gagnants ici, soit la Banque Nationale et BMO. On s’attend à ce qu’elles puissent établir leurs dividendes à plus de 25 %, même à 30 %, d’un seul coup.
Quand la Réserve fédérale a annoncé la levée des restrictions pour les institutions financières américaines en juin, certaines banques ont annoncé d’importants rachats d’actions. Vous attendez-vous à la même chose dans ce cas-ci?
Oui, les rachats devraient constituer une partie plus importante de la stratégie de répartition du capital des banques désormais. Avant la COVID, pendant une année typique, les banques canadiennes pouvaient racheter de 1 à 1,5 % de leurs actions en circulation. Ce qui est différent à présent, c’est que les banques canadiennes disposent de grands surplus de capital. On peut mentionner quelques chiffres : au total, les banques canadiennes ont un capital qui dépasse d’environ 60 milliards de dollars la norme minimale réglementaire. Cela représente 8 % de leur capitalisation boursière. Il est donc très raisonnable, selon moi, de s’attendre à ce que certaines banques annoncent des rachats de peut-être 3 %, 4 %, 5 %, 6 % de leurs actions en circulation. La situation est semblable à ce qu’on a vu aux États-Unis, donc il faudra décidément surveiller les annonces en la matière.
Les actions bancaires ont un rendement incroyable depuis le début de l’année, avec une hausse d’environ 30 % au Canada. Y a-t-il encore des possibilités d’augmentation pour ce secteur?
Je compare souvent les banques à un ressort. Elles jouent un rôle essentiel dans la reprise économique, et leur progression atteindra un point critique l’an prochain, selon moi, quand on verra la croissance des prêts augmenter dans l’ensemble du système, et aussi la progression sous forme de taux plus élevés. Et donc les banques sont en excellente posture, vu sous cet angle. J’ajouterais ceci : avec la thèse des banques communautaires, si on la comparait à une pièce en deux actes, on se trouverait en ce moment pendant l’entracte, en attente du deuxième acte. Depuis le début de l’année, le crédit a vraiment aidé. Les banques se sont surpassées en matière de crédit en libérant leurs réserves pour pertes sur prêts. Et je pense que ce qui aidera, à l’avenir, sera de voir la valeur des prêts revenir et d’atteindre des marges d’intérêt nettes plus élevées. Donc au final, en prenant tout cela en compte, avec les évaluations qui dépassent de 10 ou 11 fois le ratios cours/bénéfice inférieur de leur fourchette historique, on demeure positifs et optimistes quant au secteur bancaire canadien.
Monica, merci beaucoup pour votre présence.
Merci de l’invitation.