La Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne ont de nouveau relevé leurs taux d’intérêt, poursuivant leur lutte contre l’inflation. Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, discute des dernières décisions de politique monétaire et de leurs répercussions sur les marchés.
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La Réserve fédérale américaine a relevé les taux d’intérêt à un sommet inégalé depuis 22 ans, après avoir augmenté son taux directeur de 25 points de base supplémentaires. La banque centrale a également indiqué que ça pourrait ne pas être la dernière fois, suggérant qu’une autre hausse soit en préparation plus tard cette année. Aujourd’hui, la BCE, la Banque centrale européenne a relevé son taux à un sommet inégalé depuis 23 ans et a également déclaré que ce n’était peut-être pas la dernière fois.
Que va-t-il se passer maintenant? Accueillons Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD. Brad, merci de te joindre à nous aujourd’hui.
C’est un plaisir d’être ici avec vous. Merci de m’avoir invité.
Brad, j’aimerais connaître ton point de vue sur la décision que la réserve fédérale américaine a prise au sujet des taux hier.
Eh bien, vous savez, mon Dieu! On a une heure. Allons-y. C’est bon? En fin de compte, je pense qu’il faut réfléchir à la fonction d’une banque centrale et faire le point sur la fonction de notre situation actuelle.
Chaque trimestre, on publie un document de recherche sur les grandes stratégies, et il se trouve que je suis ici aujourd’hui alors qu’on publie le nôtre, dans environ une heure. Il fait environ 80 pages, et probablement environ 30 de ces pages traitent de l’inflation et des banques centrales. Bref, je pense qu’il faut y réfléchir en ces termes, c’est-à-dire que l’inflation est la principale préoccupation des banques centrales.
Et je pense que si l’on revient sur le passé, je crois que tous les banquiers centraux du monde ont grandi dans un monde où ils sont allés à l’école et où ils ont écouté leurs parents discuter, et ils se souviennent des idées et des réflexions qu’ils ont entendues à répétition au sujet de l’inflation dans les années 1970, et des malheurs qu’elle apporte et comment, peu importe ce qui arrive, il faut s’assurer que le scénario de la fin des années 1970 et du début des années 1980 ne se reproduise jamais.
Je pense que si on y réfléchit dans ce contexte et dans mon article d’introduction à notre publication qui s’appelait Soundproof, il y a une citation de Ben Bernanke qui dit, vous savez quoi? Il faut réaliser que pour les banques centrales, cette situation est un peu comparable à un traumatisme subi pendant l’enfance. Elles ne l’oublieront jamais.
La réalité est que ce que les banques centrales ont fait depuis 2020 à aujourd’hui, de la pandémie de COVID-19, à la guerre entre la Russie et l’Ukraine et toute la politique budgétaire qui influence le contexte de la politique monétaire l’objectif est simple il faut d’abord traverser la crise de la COVID-19, puis unir nos efforts pour relancer l’économie. Et depuis, voyons les choses en face, je pense qu’on est tous d’accord pour dire qu’ils ont maintenu les taux d’intérêt trop bas trop longtemps et je ne suis pas vraiment ici pour les critiquer à cet égard c’est juste qu’en réalité, ils utilisent les taux d’intérêt comme un outil brutal.
Et maintenant, ce qui se passe du côté de l’inflation, c’est qu’ils vont suivre un processus pour s’assurer de s’en occuper et ce, au détriment de presque tout le reste. Donc aujourd’hui, vous savez qu’ils disent qu’ils dépendent des données et qu’ils s’y prennent un jour à la fois. Vous avez vu hier l’augmentation de 25 points de base de la banque centrale américaine. La BCE a également augmenté les taux aujourd’hui, et ça va durer jusqu’à ce qu’ils constatent que l’inflation a disparu ou, à tout le moins qu’ils ont confiance en un retour à la cible de 2 % à 3 %.
Oui, la tendance est bonne. Oui, ça semble bonne, mais je pense qu’il faut comprendre cet élan de leur part. Si on considère les choses sous cet angle, ça commence à nous donner une assez bonne idée de la situation.
D’accord. J’aimerais qu’on revienne à la politique monétaire. Peux-tu nous parler de la méthode par essais et erreurs qui a causé des ravages pour les gestionnaires de données et de portefeuille?
Je crois que l’une des choses que j’aime le plus au sujet de l’environnement dans lequel on se trouve présentement, c’est cette sorte de contraste. Autrement dit, si on ouvre un journal, ou encore qu’on lit n’importe quel livre sur les affaires aujourd’hui, tout est une question de mégadonnées. Je sais que dans notre propre entreprise, on adore le mot mégadonnées. Rien n’emballe plus les gens que ça. J’ai une formation en macroéconomie et, en tant que gestionnaire de portefeuille, j’ai travaillé dans le domaine de l’analyse quantitative. Bref, j’aime beaucoup les données.
L’une des choses auxquelles on doit réfléchir avec cette approche d’essais et d’erreurs est que les étapes et le genre de mesures que les banques centrales ont entreprises au cours des dernières années surtout les trois dernières années, mais on peut parler de la dernière décennie, si on examine les mesures qui ont été prises, on ne sait pas exactement ce qui va se produire, lorsqu’elles font ce qu’ils font, et elles ne le savent pas non plus. La réalité est que ce que les économistes aiment faire, ce que les gestionnaires de portefeuille quantitatifs aiment faire, ce que les sociétés de placement partout dans le monde aiment faire, c’est utiliser de bonnes données bien organisées et il s’agit toujours de données passées et on prend ces données et on les extrapole pour prendre les décisions relatives à la répartition du capital.
Le problème qu’on a en ce moment, c’est qu’on utilise des données tirées du passé et qu’on essaie de les extrapoler à un avenir, et à un environnement qu’on a jamais vu auparavant. Je pense que ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est un peu comme les données à haute fréquence et ces données à haute fréquence créent toutes sortes de distorsions. Quand on y pense, ça veut dire que chaque fois qu’on tente d’utiliser ces données, ce qu’on constate c’est qu’elles déforment un peu notre façon de voir les choses.
Une des expressions qu’on aime utiliser dans le domaine des placements, et elle nous vient de Sir John Templeton dit de faire attention à ceux qui disent que cette fois-ci est différente. La réalité est que c’est toujours différent et cette fois-ci, c’est particulièrement différent. Donc l’idée est qu’on doit commencer à voir les choses en face et à être plus honnêtes avec nous-mêmes, car savons tous que l’avenir est compliqué, et je pense qu’on doit savoir lorsqu’on prend des décisions, soit pour tenter prédire ce à quoi l’économie ressemblera dans les trimestres à venir ou pour tenter de prédire ce qui va se produire sur les marchés des titres à revenu fixe sur les marchés boursiers et sur les marchés privés je pense qu’il faut être un peu honnêtes avec nous-mêmes et admettre que ce qu’on peut possiblement savoir est incroyablement limité. Et c’est normal. En fait, le problème est lorsqu’on ne veut pas l’admettre parce qu’on peut alors formuler toutes sortes d’hypothèses et faire terriblement erreur en fin de compte, et ce n’est pas ce qu’on souhaite.
Que va-t-il se passer maintenant? Accueillons Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD. Brad, merci de te joindre à nous aujourd’hui.
C’est un plaisir d’être ici avec vous. Merci de m’avoir invité.
Brad, j’aimerais connaître ton point de vue sur la décision que la réserve fédérale américaine a prise au sujet des taux hier.
Eh bien, vous savez, mon Dieu! On a une heure. Allons-y. C’est bon? En fin de compte, je pense qu’il faut réfléchir à la fonction d’une banque centrale et faire le point sur la fonction de notre situation actuelle.
Chaque trimestre, on publie un document de recherche sur les grandes stratégies, et il se trouve que je suis ici aujourd’hui alors qu’on publie le nôtre, dans environ une heure. Il fait environ 80 pages, et probablement environ 30 de ces pages traitent de l’inflation et des banques centrales. Bref, je pense qu’il faut y réfléchir en ces termes, c’est-à-dire que l’inflation est la principale préoccupation des banques centrales.
Et je pense que si l’on revient sur le passé, je crois que tous les banquiers centraux du monde ont grandi dans un monde où ils sont allés à l’école et où ils ont écouté leurs parents discuter, et ils se souviennent des idées et des réflexions qu’ils ont entendues à répétition au sujet de l’inflation dans les années 1970, et des malheurs qu’elle apporte et comment, peu importe ce qui arrive, il faut s’assurer que le scénario de la fin des années 1970 et du début des années 1980 ne se reproduise jamais.
Je pense que si on y réfléchit dans ce contexte et dans mon article d’introduction à notre publication qui s’appelait Soundproof, il y a une citation de Ben Bernanke qui dit, vous savez quoi? Il faut réaliser que pour les banques centrales, cette situation est un peu comparable à un traumatisme subi pendant l’enfance. Elles ne l’oublieront jamais.
La réalité est que ce que les banques centrales ont fait depuis 2020 à aujourd’hui, de la pandémie de COVID-19, à la guerre entre la Russie et l’Ukraine et toute la politique budgétaire qui influence le contexte de la politique monétaire l’objectif est simple il faut d’abord traverser la crise de la COVID-19, puis unir nos efforts pour relancer l’économie. Et depuis, voyons les choses en face, je pense qu’on est tous d’accord pour dire qu’ils ont maintenu les taux d’intérêt trop bas trop longtemps et je ne suis pas vraiment ici pour les critiquer à cet égard c’est juste qu’en réalité, ils utilisent les taux d’intérêt comme un outil brutal.
Et maintenant, ce qui se passe du côté de l’inflation, c’est qu’ils vont suivre un processus pour s’assurer de s’en occuper et ce, au détriment de presque tout le reste. Donc aujourd’hui, vous savez qu’ils disent qu’ils dépendent des données et qu’ils s’y prennent un jour à la fois. Vous avez vu hier l’augmentation de 25 points de base de la banque centrale américaine. La BCE a également augmenté les taux aujourd’hui, et ça va durer jusqu’à ce qu’ils constatent que l’inflation a disparu ou, à tout le moins qu’ils ont confiance en un retour à la cible de 2 % à 3 %.
Oui, la tendance est bonne. Oui, ça semble bonne, mais je pense qu’il faut comprendre cet élan de leur part. Si on considère les choses sous cet angle, ça commence à nous donner une assez bonne idée de la situation.
D’accord. J’aimerais qu’on revienne à la politique monétaire. Peux-tu nous parler de la méthode par essais et erreurs qui a causé des ravages pour les gestionnaires de données et de portefeuille?
Je crois que l’une des choses que j’aime le plus au sujet de l’environnement dans lequel on se trouve présentement, c’est cette sorte de contraste. Autrement dit, si on ouvre un journal, ou encore qu’on lit n’importe quel livre sur les affaires aujourd’hui, tout est une question de mégadonnées. Je sais que dans notre propre entreprise, on adore le mot mégadonnées. Rien n’emballe plus les gens que ça. J’ai une formation en macroéconomie et, en tant que gestionnaire de portefeuille, j’ai travaillé dans le domaine de l’analyse quantitative. Bref, j’aime beaucoup les données.
L’une des choses auxquelles on doit réfléchir avec cette approche d’essais et d’erreurs est que les étapes et le genre de mesures que les banques centrales ont entreprises au cours des dernières années surtout les trois dernières années, mais on peut parler de la dernière décennie, si on examine les mesures qui ont été prises, on ne sait pas exactement ce qui va se produire, lorsqu’elles font ce qu’ils font, et elles ne le savent pas non plus. La réalité est que ce que les économistes aiment faire, ce que les gestionnaires de portefeuille quantitatifs aiment faire, ce que les sociétés de placement partout dans le monde aiment faire, c’est utiliser de bonnes données bien organisées et il s’agit toujours de données passées et on prend ces données et on les extrapole pour prendre les décisions relatives à la répartition du capital.
Le problème qu’on a en ce moment, c’est qu’on utilise des données tirées du passé et qu’on essaie de les extrapoler à un avenir, et à un environnement qu’on a jamais vu auparavant. Je pense que ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est un peu comme les données à haute fréquence et ces données à haute fréquence créent toutes sortes de distorsions. Quand on y pense, ça veut dire que chaque fois qu’on tente d’utiliser ces données, ce qu’on constate c’est qu’elles déforment un peu notre façon de voir les choses.
Une des expressions qu’on aime utiliser dans le domaine des placements, et elle nous vient de Sir John Templeton dit de faire attention à ceux qui disent que cette fois-ci est différente. La réalité est que c’est toujours différent et cette fois-ci, c’est particulièrement différent. Donc l’idée est qu’on doit commencer à voir les choses en face et à être plus honnêtes avec nous-mêmes, car savons tous que l’avenir est compliqué, et je pense qu’on doit savoir lorsqu’on prend des décisions, soit pour tenter prédire ce à quoi l’économie ressemblera dans les trimestres à venir ou pour tenter de prédire ce qui va se produire sur les marchés des titres à revenu fixe sur les marchés boursiers et sur les marchés privés je pense qu’il faut être un peu honnêtes avec nous-mêmes et admettre que ce qu’on peut possiblement savoir est incroyablement limité. Et c’est normal. En fait, le problème est lorsqu’on ne veut pas l’admettre parce qu’on peut alors formuler toutes sortes d’hypothèses et faire terriblement erreur en fin de compte, et ce n’est pas ce qu’on souhaite.