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La Banque du Canada maintient son taux du financement à un jour mais avance son calendrier de relèvement du taux directeur, dans un contexte où l’inflation persistante suscite des inquiétudes. Anthony Okolie discute avec James Orlando, économiste principal, Groupe Banque TD, des conséquences pour l’économie canadienne.
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La Banque du Canada a maintenu le taux du financement à un jour à 0,25 %. Elle a aussi réitéré ses prévisions pour son taux directeur. James, qu’est-ce que tu retiens surtout aujourd’hui?
Merci, Anthony. Encore une fois, la Banque du Canada a souligné qu’il faut s’attendre à des hausses de taux. C’est l’une de ces réunions qui prépare ce que l’on annoncera dans la suivante. Et la prochaine réunion aura lieu en 2022. La Banque du Canada nous dit de nous préparer à une période plus tumultueuse parce que dès le début de 2022, il sera sans doute question de relever les taux.
D’accord, tu t’attends à des hausses de taux. Combien de hausses prévois-tu pour l’an prochain?
La Banque du Canada nous prépare à des hausses de taux presque dès le début de l’année, c’est-à-dire en mars ou avril. C’est un peu à pile ou face en ce moment. Les marchés anticipent une hausse au premier trimestre, et plus de cinq hausses en 2022. Selon nous, c’est un peu élevé. On s’attend plutôt à trois ou quatre hausses, en toute probabilité.
Mais ce qu’on essaie de dire aux clients, et à tout le monde d’ailleurs, c’est que ces hausses sont pour bientôt. Beaucoup de gens ont opté pour des produits liés au taux de la Banque du Canada. Et il y en a beaucoup, comme les prêts hypothécaires à taux variable. Beaucoup de gens ont acheté une maison en optant pour un taux variable, parce que c’était si bon marché.
Ce taux variable suit celui de la Banque du Canada, auquel est lié le taux préférentiel. Il y a aussi les lignes de crédit dont le taux correspond au taux préférentiel plus ou moins quelques points de pourcentage. Leur taux augmente en même temps que le taux directeur de la Banque du Canada. Notre point de vue, c’est que les gens qui ont choisi des produits liés à ce taux devraient se préparer à une hausse.
OK. Tout comme la Réserve fédérale, la Banque du Canada a cessé de qualifier les pressions inflationnistes de « temporaires ». Qu’est-ce que tu en penses?
Je pense que c’est une question de communication. L’inflation est très élevée en ce moment. C’est absolument indiscutable. L’inflation est là, elle est élevée et elle va probablement durer beaucoup plus longtemps que les gens ne l’imaginent. Je crois que la Banque du Canada veut s’assurer que c’est clair pour tout le monde. Quand on parle d’un phénomène transitoire ou temporaire, les gens doivent savoir à quoi s’attendre et combien de temps ça durera.
À mon avis, le problème quand on parle de phénomène transitoire, c’est que les gens pensent que l’inflation disparaîtra rapidement. Mais on sait que les problèmes d’approvisionnement qui entraînent l’inflation vont en réalité mettre beaucoup plus de temps à se résorber – jusqu’à deux ans avant un retour à la normale. Le Canada a déjà vécu cette situation, quand les prix du pétrole battaient des records. Il a fallu beaucoup de temps pour que l’offre rattrape la forte demande en pétrole. Et par conséquent, l’inflation a duré beaucoup plus longtemps. Je crois donc que la Banque du Canada veut simplement recadrer les attentes et faire passer le message que la forte inflation actuelle est susceptible de persister.
Tu as parlé des problèmes d’approvisionnement et de la hausse de l’inflation. Quels autres risques pèsent sur les perspectives de la Banque du Canada, du moins à court terme?
La Banque du Canada a souligné plusieurs points. Elle a mentionné de nouveaux facteurs dans son annonce d’aujourd’hui. Le premier, c’est le variant Omicron. C’est évidemment un facteur d’incertitude. Personne ne sait vraiment comment les choses vont évoluer.
On examine les données, le nombre d’infections, et on tente de comprendre les conséquences. Ce variant semble se propager rapidement. Mais quelle sera la sévérité des répercussions sur le plan sanitaire? Est-ce que ce variant va alourdir la pression sur nos hôpitaux? On sait qu’au Canada, et en Ontario en particulier, les hôpitaux n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre pour admettre un grand nombre de patients.
Si le nombre d’admissions en soins intensifs ou à l’hôpital montait en flèche à cause de la COVID, le gouvernement pourrait imposer davantage de restrictions, ce qui ralentirait la reprise tant attendue dans le secteur des services et la croissance économique au Canada. Et c’est vraiment le cœur du problème.
La Banque du Canada a aussi parlé des inondations en Colombie-Britannique, qui exacerbent les problèmes de chaîne d’approvisionnement. Ceci dit, même si la Banque du Canada admet qu’il existe un risque, elle ne l’intègre pas vraiment dans les prévisions. Elle continue de dire que l’économie va se redresser d’ici le deuxième ou troisième trimestre 2022. Selon elle, même si ces risques sont bien réels et très présents dans la vie des gens en ce moment, ils ne feront pas dérailler la reprise et ils ne limiteront pas la capacité à augmenter les taux d’intérêt début 2022.
À ton avis, comment le dollar canadien va-t-il évoluer?
Étant donné que la Banque du Canada signale clairement qu’elle va relever les taux très prochainement, elle va devancer la Réserve fédérale. Elle va donc relever les taux à un rythme rapide. C’est elle qui va ouvrir la voie. Et la Réserve fédérale va rester en retrait et patienter un peu plus longtemps, d’abord parce que la reprise de l’emploi n’est pas aussi forte, et ensuite parce qu’elle s’est engagée à être plus patiente.
N’oubliez pas que la Fed pratique toujours l’assouplissement quantitatif, même si elle accélère la réduction de son soutien à l’économie. Elle n’est pas en mesure de relever les taux, contrairement à la Banque du Canada. La hausse du taux directeur va faire temporairement monter le dollar canadien au cours des prochains mois.
Mais quand la Fed passera à la vitesse supérieure dans la seconde moitié de 2022, ce sera défavorable pour le dollar canadien. Un vent d’optimisme pourrait pousser le huard aux alentours de 0,80 $. Il pourrait rester plus élevé avant de redescendre dans la seconde moitié de 2022.
James, merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions.
Merci.
[MUSIQUE]
Merci, Anthony. Encore une fois, la Banque du Canada a souligné qu’il faut s’attendre à des hausses de taux. C’est l’une de ces réunions qui prépare ce que l’on annoncera dans la suivante. Et la prochaine réunion aura lieu en 2022. La Banque du Canada nous dit de nous préparer à une période plus tumultueuse parce que dès le début de 2022, il sera sans doute question de relever les taux.
D’accord, tu t’attends à des hausses de taux. Combien de hausses prévois-tu pour l’an prochain?
La Banque du Canada nous prépare à des hausses de taux presque dès le début de l’année, c’est-à-dire en mars ou avril. C’est un peu à pile ou face en ce moment. Les marchés anticipent une hausse au premier trimestre, et plus de cinq hausses en 2022. Selon nous, c’est un peu élevé. On s’attend plutôt à trois ou quatre hausses, en toute probabilité.
Mais ce qu’on essaie de dire aux clients, et à tout le monde d’ailleurs, c’est que ces hausses sont pour bientôt. Beaucoup de gens ont opté pour des produits liés au taux de la Banque du Canada. Et il y en a beaucoup, comme les prêts hypothécaires à taux variable. Beaucoup de gens ont acheté une maison en optant pour un taux variable, parce que c’était si bon marché.
Ce taux variable suit celui de la Banque du Canada, auquel est lié le taux préférentiel. Il y a aussi les lignes de crédit dont le taux correspond au taux préférentiel plus ou moins quelques points de pourcentage. Leur taux augmente en même temps que le taux directeur de la Banque du Canada. Notre point de vue, c’est que les gens qui ont choisi des produits liés à ce taux devraient se préparer à une hausse.
OK. Tout comme la Réserve fédérale, la Banque du Canada a cessé de qualifier les pressions inflationnistes de « temporaires ». Qu’est-ce que tu en penses?
Je pense que c’est une question de communication. L’inflation est très élevée en ce moment. C’est absolument indiscutable. L’inflation est là, elle est élevée et elle va probablement durer beaucoup plus longtemps que les gens ne l’imaginent. Je crois que la Banque du Canada veut s’assurer que c’est clair pour tout le monde. Quand on parle d’un phénomène transitoire ou temporaire, les gens doivent savoir à quoi s’attendre et combien de temps ça durera.
À mon avis, le problème quand on parle de phénomène transitoire, c’est que les gens pensent que l’inflation disparaîtra rapidement. Mais on sait que les problèmes d’approvisionnement qui entraînent l’inflation vont en réalité mettre beaucoup plus de temps à se résorber – jusqu’à deux ans avant un retour à la normale. Le Canada a déjà vécu cette situation, quand les prix du pétrole battaient des records. Il a fallu beaucoup de temps pour que l’offre rattrape la forte demande en pétrole. Et par conséquent, l’inflation a duré beaucoup plus longtemps. Je crois donc que la Banque du Canada veut simplement recadrer les attentes et faire passer le message que la forte inflation actuelle est susceptible de persister.
Tu as parlé des problèmes d’approvisionnement et de la hausse de l’inflation. Quels autres risques pèsent sur les perspectives de la Banque du Canada, du moins à court terme?
La Banque du Canada a souligné plusieurs points. Elle a mentionné de nouveaux facteurs dans son annonce d’aujourd’hui. Le premier, c’est le variant Omicron. C’est évidemment un facteur d’incertitude. Personne ne sait vraiment comment les choses vont évoluer.
On examine les données, le nombre d’infections, et on tente de comprendre les conséquences. Ce variant semble se propager rapidement. Mais quelle sera la sévérité des répercussions sur le plan sanitaire? Est-ce que ce variant va alourdir la pression sur nos hôpitaux? On sait qu’au Canada, et en Ontario en particulier, les hôpitaux n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre pour admettre un grand nombre de patients.
Si le nombre d’admissions en soins intensifs ou à l’hôpital montait en flèche à cause de la COVID, le gouvernement pourrait imposer davantage de restrictions, ce qui ralentirait la reprise tant attendue dans le secteur des services et la croissance économique au Canada. Et c’est vraiment le cœur du problème.
La Banque du Canada a aussi parlé des inondations en Colombie-Britannique, qui exacerbent les problèmes de chaîne d’approvisionnement. Ceci dit, même si la Banque du Canada admet qu’il existe un risque, elle ne l’intègre pas vraiment dans les prévisions. Elle continue de dire que l’économie va se redresser d’ici le deuxième ou troisième trimestre 2022. Selon elle, même si ces risques sont bien réels et très présents dans la vie des gens en ce moment, ils ne feront pas dérailler la reprise et ils ne limiteront pas la capacité à augmenter les taux d’intérêt début 2022.
À ton avis, comment le dollar canadien va-t-il évoluer?
Étant donné que la Banque du Canada signale clairement qu’elle va relever les taux très prochainement, elle va devancer la Réserve fédérale. Elle va donc relever les taux à un rythme rapide. C’est elle qui va ouvrir la voie. Et la Réserve fédérale va rester en retrait et patienter un peu plus longtemps, d’abord parce que la reprise de l’emploi n’est pas aussi forte, et ensuite parce qu’elle s’est engagée à être plus patiente.
N’oubliez pas que la Fed pratique toujours l’assouplissement quantitatif, même si elle accélère la réduction de son soutien à l’économie. Elle n’est pas en mesure de relever les taux, contrairement à la Banque du Canada. La hausse du taux directeur va faire temporairement monter le dollar canadien au cours des prochains mois.
Mais quand la Fed passera à la vitesse supérieure dans la seconde moitié de 2022, ce sera défavorable pour le dollar canadien. Un vent d’optimisme pourrait pousser le huard aux alentours de 0,80 $. Il pourrait rester plus élevé avant de redescendre dans la seconde moitié de 2022.
James, merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions.
Merci.
[MUSIQUE]