La remontée du marché boursier a été en grande partie alimentée par les Sept Magnifiques. David Sekera, stratège en chef des marchés américains à Morningstar Research, explique pourquoi il est peut-être temps de regarder au-delà des grandes sociétés technologiques pour trouver des occasions potentielles en matière de titres axés sur la valeur.
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Les grandes entreprises technologiques sont en passe d'atteindre de nouveaux sommets en bourse. Certains investisseurs pourraient chercher des occasions au-delà des 7 magnifiques. David Sekera de MorningStar Research nous rejoint pour évoquer le potentiel des actions axées sur la valeur. Bonjour, David.
Bonjour, Greg, ça me fait plaisir.
Parlons-en. Ces marchés ont progressé de manière impressionnante l'an dernier, depuis le début de cette année, on parle de l'ampleur du marché, mais est-ce qu'il y a des possibilités hors des 7 magnifiques?
Nous le croyons. À l'heure actuelle, le marché dépasse de quelques pourcents notre juste valeur. Ce n'est pas encore une survalorisation, mais cela commence à paraître un peu étiré. Donc quand on ventile nos valorisations dans des styles, selon MorningStar, c'est la valeur qui demeure sous-valorisée pour les investisseurs aujourd'hui. Quand je songe à ce qui s'est produit sur le marché depuis 16 mois, il y a un an, la croissance était sous-valorisée, la technologie était l'un des secteurs les plus sous-valorisés selon notre modèle, mais tous ces secteurs ont tellement progressé, si loin et si vite, que plusieurs d'entre eux sont largement survalorisés et les actions axées sur la valeur sont à la traîne. Pour l'avenir, les investisseurs devront commencer à aller à contre-courant de ce qui a marché depuis un an, commencer à tirer leur épingle du jeu dans certains titres qui sont survalorisés et dont les bénéfices ne sont pas au rendez-vous et il faut aller à contre-courant. Depuis quelque temps, nous approfondissons les actions qui sont délaissées, qui suscitent la méfiance des marchés, qui ont déçu depuis un an et que nous considérons comme étant sous-valorisées.
Alors selon vos travaux, David, vous avez trois corbeilles. Commençons par les services publics.
Les services publics sont très corrélés aux taux d'intérêt. Beaucoup d'investisseurs utilisaient les services publics comme substitut des titres à revenu fixe lorsque les taux étaient très bas il y a quelques années. Le secteur des services publics a baissé l'automne dernier quand le rendement du bon du Trésor à 10 ans est monté en flèche au-delà de 4%. Le secteur des services publics a remonté quelque peu, mais nous pensons essentiellement que les perspectives des services publics sont aussi bonnes qu'elles ne l'ont jamais été. Notre équipe d'analystes spécialisés constate un fort potentiel de croissance de la transition à l'énergie renouvelable, beaucoup de potentiel de croissance, beaucoup de dépenses des gouvernements dans l'infrastructure, dans la modernisation du réseau électrique, nous pensons que la situation semble très positive pour l'avenir. Quand je parle à notre équipe d'économistes américains, ils pensent que les taux d'intérêt vont décliner sur toute la courbe dans le deuxième semestre de cette année. Avec de bonnes données fondamentales, et un coup de pouce imprimé par la baisse des taux d'intérêt, ce secteur est appelé à d'excellents résultats.
Voilà le scénario optimiste. Qu'est-ce qui pourrait entraver sa réalisation?
Bien sûr, si les taux d'intérêt demeurent élevés, cela va exercer une pression sur le secteur des services publics, beaucoup plus qu'on ne le pense. Et c'est la saison du budget à Washington. Si le budget était remanié, si l'on commençait à retrancher des dépenses d'investissement dans l'infrastructure, surtout sur le réseau, cela exercerait une certaine pression sur notre thèse.
Un autre domaine auquel vous vous intéressez, c'est le secteur de l'énergie.
Le secteur de l'énergie, globalement, représente un rabais considérable par rapport à la juste valeur. Le secteur de l'énergie me plaît pour plusieurs raisons. Tout d'abord, fondamentalement, quand on considère les valorisations, nous notons... le cours du pétrole prévu sur deux ans, nous pensons qu'à mi-cycle, le cours du pétrole va descendre jusqu'à 55$ le baril après la deuxième année. De même, en fonction de ces prix plus bas, nos modèles nous montrent toujours que ces titres sont sous-valorisés aujourd'hui. Cela donne également à votre portefeuille une bonne couverture naturelle. Si nous avons tort, que l'inflation demeure élevée plus longtemps, cela nous aiderait dans ce scénario et c'est une bonne couverture naturelle d'un portefeuille face aux risques géopolitiques. Le désavantage, c'est que si la demande diminue plus rapidement que nous le prévoyons, nous pensons que la demande va continuer à augmenter d'ici deux ans puis atteindre un plateau à la fin de la décennie avant de commencer à diminuer, ou s'il y a beaucoup plus de forages aux États-Unis, ou qu'il y a beaucoup plus d'offres mises en marché, cela pourrait faire baisser les cours du pétrole plus rapidement que nous ne le prévoyons.
Créer une thèse au sujet de l'énergie peut sembler un défi. Il y a les conflits géopolitiques, il y a l'économie chinoise, et la demande de pétrole brut, il y a tellement d'éléments à prévoir.
Oui, c'est pourquoi notre équipe de l'énergie travaille main dans la main avec notre équipe qui analyse l'économie américaine pour mettre au point la courbe de l'offre et de la demande et l'évolution des cours du pétrole. Pas nécessairement à court terme, mais tout au long du cycle économique. Voilà comment nous parvenons à ce prix de 55 $ le baril pour le brut de référence américain et 60$ pour le Brent à mi-chemin du cycle économique.
Vous avez dit qu'il y avait trois corbeilles. L'immobilier est très sensible aux taux d'intérêt.
Non seulement l'immobilier est-il très sensible aux taux d'intérêt, mais il s'agit de la catégorie d'actifs la plus détestée sur le marché aujourd'hui. Personnellement, je me méfierais des immeubles de bureaux urbains. Il pourrait y avoir encore des pressions à la baisse sur les valorisations, mais la bonne nouvelle pour les investisseurs, c'est que les valorisations des bureaux urbains ont fait diminuer les valorisations de l'ensemble du paysage immobilier. Il y a certains domaines qui nous paraissent intéressants pour les investisseurs. Les deux qui m'intéressent le plus sont dans des secteurs défensifs. Les soins de santé, c'est-à-dire les cabinets de médecins, les immeubles de sciences de la vie, je pense que ces immeubles-là vont se comporter positivement au fil des années, et puis... les centres commerciaux qui sont à présent de plus en plus des expériences, moins dépendants du commerce de détail, nous prévoyons que les taux d'intérêt vont diminuer, ce qui serait positif pour le secteur de l'immobilier. Si les taux d'intérêt demeurent élevés, cela exercerait une pression sur toutes les valorisations de l'immobilier et pourrait les faire baisser encore davantage.
Vous avez parlé de l'intelligence artificielle. À titre de thèse d'immobilier, parlons d'un titre qui a beaucoup bénéficié de cet engouement depuis un an, NVIDIA. À quoi ressemble-t-il à ces niveaux? Est-il pleinement valorisé?
Je pense que NVIDIA a trop augmenté à ce stade. Quand je considère NVIDIA, et notre scénario de base, je pense que les marchés s'attendent à une croissance trop élevée pendant trop longtemps. Selon notre modèle, non seulement la valorisation de la compagnie a doublé depuis un an, on prévoit qu'elle doublera encore d'ici un an avec une augmentation de 40 à 50% en 2025. On prévoit un taux de croissance annuelle composée de 30% d'ici cinq ans. On prévoit des marges qui sont plus élevées qu'elles ne l'ont jamais été pendant cette période de cinq ans. Le cours du marché est toujours beaucoup plus élevé que ce que nous voyons aujourd'hui. À moins que nous nous trompions complètement quant à la possibilité de croissance de l'intelligence artificielle, cette action a trop progressé.
Bonjour, Greg, ça me fait plaisir.
Parlons-en. Ces marchés ont progressé de manière impressionnante l'an dernier, depuis le début de cette année, on parle de l'ampleur du marché, mais est-ce qu'il y a des possibilités hors des 7 magnifiques?
Nous le croyons. À l'heure actuelle, le marché dépasse de quelques pourcents notre juste valeur. Ce n'est pas encore une survalorisation, mais cela commence à paraître un peu étiré. Donc quand on ventile nos valorisations dans des styles, selon MorningStar, c'est la valeur qui demeure sous-valorisée pour les investisseurs aujourd'hui. Quand je songe à ce qui s'est produit sur le marché depuis 16 mois, il y a un an, la croissance était sous-valorisée, la technologie était l'un des secteurs les plus sous-valorisés selon notre modèle, mais tous ces secteurs ont tellement progressé, si loin et si vite, que plusieurs d'entre eux sont largement survalorisés et les actions axées sur la valeur sont à la traîne. Pour l'avenir, les investisseurs devront commencer à aller à contre-courant de ce qui a marché depuis un an, commencer à tirer leur épingle du jeu dans certains titres qui sont survalorisés et dont les bénéfices ne sont pas au rendez-vous et il faut aller à contre-courant. Depuis quelque temps, nous approfondissons les actions qui sont délaissées, qui suscitent la méfiance des marchés, qui ont déçu depuis un an et que nous considérons comme étant sous-valorisées.
Alors selon vos travaux, David, vous avez trois corbeilles. Commençons par les services publics.
Les services publics sont très corrélés aux taux d'intérêt. Beaucoup d'investisseurs utilisaient les services publics comme substitut des titres à revenu fixe lorsque les taux étaient très bas il y a quelques années. Le secteur des services publics a baissé l'automne dernier quand le rendement du bon du Trésor à 10 ans est monté en flèche au-delà de 4%. Le secteur des services publics a remonté quelque peu, mais nous pensons essentiellement que les perspectives des services publics sont aussi bonnes qu'elles ne l'ont jamais été. Notre équipe d'analystes spécialisés constate un fort potentiel de croissance de la transition à l'énergie renouvelable, beaucoup de potentiel de croissance, beaucoup de dépenses des gouvernements dans l'infrastructure, dans la modernisation du réseau électrique, nous pensons que la situation semble très positive pour l'avenir. Quand je parle à notre équipe d'économistes américains, ils pensent que les taux d'intérêt vont décliner sur toute la courbe dans le deuxième semestre de cette année. Avec de bonnes données fondamentales, et un coup de pouce imprimé par la baisse des taux d'intérêt, ce secteur est appelé à d'excellents résultats.
Voilà le scénario optimiste. Qu'est-ce qui pourrait entraver sa réalisation?
Bien sûr, si les taux d'intérêt demeurent élevés, cela va exercer une pression sur le secteur des services publics, beaucoup plus qu'on ne le pense. Et c'est la saison du budget à Washington. Si le budget était remanié, si l'on commençait à retrancher des dépenses d'investissement dans l'infrastructure, surtout sur le réseau, cela exercerait une certaine pression sur notre thèse.
Un autre domaine auquel vous vous intéressez, c'est le secteur de l'énergie.
Le secteur de l'énergie, globalement, représente un rabais considérable par rapport à la juste valeur. Le secteur de l'énergie me plaît pour plusieurs raisons. Tout d'abord, fondamentalement, quand on considère les valorisations, nous notons... le cours du pétrole prévu sur deux ans, nous pensons qu'à mi-cycle, le cours du pétrole va descendre jusqu'à 55$ le baril après la deuxième année. De même, en fonction de ces prix plus bas, nos modèles nous montrent toujours que ces titres sont sous-valorisés aujourd'hui. Cela donne également à votre portefeuille une bonne couverture naturelle. Si nous avons tort, que l'inflation demeure élevée plus longtemps, cela nous aiderait dans ce scénario et c'est une bonne couverture naturelle d'un portefeuille face aux risques géopolitiques. Le désavantage, c'est que si la demande diminue plus rapidement que nous le prévoyons, nous pensons que la demande va continuer à augmenter d'ici deux ans puis atteindre un plateau à la fin de la décennie avant de commencer à diminuer, ou s'il y a beaucoup plus de forages aux États-Unis, ou qu'il y a beaucoup plus d'offres mises en marché, cela pourrait faire baisser les cours du pétrole plus rapidement que nous ne le prévoyons.
Créer une thèse au sujet de l'énergie peut sembler un défi. Il y a les conflits géopolitiques, il y a l'économie chinoise, et la demande de pétrole brut, il y a tellement d'éléments à prévoir.
Oui, c'est pourquoi notre équipe de l'énergie travaille main dans la main avec notre équipe qui analyse l'économie américaine pour mettre au point la courbe de l'offre et de la demande et l'évolution des cours du pétrole. Pas nécessairement à court terme, mais tout au long du cycle économique. Voilà comment nous parvenons à ce prix de 55 $ le baril pour le brut de référence américain et 60$ pour le Brent à mi-chemin du cycle économique.
Vous avez dit qu'il y avait trois corbeilles. L'immobilier est très sensible aux taux d'intérêt.
Non seulement l'immobilier est-il très sensible aux taux d'intérêt, mais il s'agit de la catégorie d'actifs la plus détestée sur le marché aujourd'hui. Personnellement, je me méfierais des immeubles de bureaux urbains. Il pourrait y avoir encore des pressions à la baisse sur les valorisations, mais la bonne nouvelle pour les investisseurs, c'est que les valorisations des bureaux urbains ont fait diminuer les valorisations de l'ensemble du paysage immobilier. Il y a certains domaines qui nous paraissent intéressants pour les investisseurs. Les deux qui m'intéressent le plus sont dans des secteurs défensifs. Les soins de santé, c'est-à-dire les cabinets de médecins, les immeubles de sciences de la vie, je pense que ces immeubles-là vont se comporter positivement au fil des années, et puis... les centres commerciaux qui sont à présent de plus en plus des expériences, moins dépendants du commerce de détail, nous prévoyons que les taux d'intérêt vont diminuer, ce qui serait positif pour le secteur de l'immobilier. Si les taux d'intérêt demeurent élevés, cela exercerait une pression sur toutes les valorisations de l'immobilier et pourrait les faire baisser encore davantage.
Vous avez parlé de l'intelligence artificielle. À titre de thèse d'immobilier, parlons d'un titre qui a beaucoup bénéficié de cet engouement depuis un an, NVIDIA. À quoi ressemble-t-il à ces niveaux? Est-il pleinement valorisé?
Je pense que NVIDIA a trop augmenté à ce stade. Quand je considère NVIDIA, et notre scénario de base, je pense que les marchés s'attendent à une croissance trop élevée pendant trop longtemps. Selon notre modèle, non seulement la valorisation de la compagnie a doublé depuis un an, on prévoit qu'elle doublera encore d'ici un an avec une augmentation de 40 à 50% en 2025. On prévoit un taux de croissance annuelle composée de 30% d'ici cinq ans. On prévoit des marges qui sont plus élevées qu'elles ne l'ont jamais été pendant cette période de cinq ans. Le cours du marché est toujours beaucoup plus élevé que ce que nous voyons aujourd'hui. À moins que nous nous trompions complètement quant à la possibilité de croissance de l'intelligence artificielle, cette action a trop progressé.